Il se passe des choses intéressantes ce mois-ci. Nous en avons retenu deux. La torah électorale américaine, le retour allemand à ses fondamentaux d'après-guerre ; par lequel nous commençons.
AKK, patronne fédérale de la CDU et ministre de la défense allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer donc, a publié sur Politico (clic) un billet définitif sur la relation transatlantique germano-américaine, la veille de la présidentielle. Une rapide lecture confirme que les vessies françaises de la défense europenne n'éclairent plus vraiment à la Chancellerie. Il y a les mots, il y a les faits. Devant la menace trumpienne, qui s'estompe un peu ces jours-ci, de réduire le corps expéditionnaire américain d'un tiers en Allemagne, le BMVg de Berlin a acheté 45 avions à capacité nucléaire Boeing F-18 Super Hornet pour emporter les bombes atomiques US de type B61. Ces avions éprouvés remplacent les Panavia Tornado en fin de vie. Quant aux Tornado restants ils seront remplacés par des EF-2000 Typhoon produits en Allemagne. Sur un programme de 93 unités, 38 viennent d'être commandés chez Airbus. La question reste de savoir si l'avion SCAF franco-allemand succèdera après 2040 à cette flotte remaniée pour la Luftwafe. A priori oui, la synergie industrielle entre les avionneurs européens est une question de vie ou de mort.
Quant aux mots, ils sont très explicites. AKK appelle de ses vœux la signature du TAFTA et tout laisse penser qu'avec le relais d'Ursula von der Leyen à laquelle elle a succédé au ministère, appuyé sur les pays européens libre-échangistes, il en sorte quelque chose d'au moins commercial ! Parallèlement, le budget militaire va atteindre bientôt le plafond magique des 2%Pib pour remettre en état des armements dont l'entretien fut négligé à divers motifs qui ne furent pas que budgétaires. Il y a un pacifisme rampant dans la classe dirigeante allemande ou rhénane pour être précis.
Cette déclaration se double de la réaffirmation d'un destin atlantique commun à l'Europe "allemande" et à l'Amérique du Nord pour la défense des valeurs de la démocratie, ce qui consolide l'OTAN autour de son principal pilier remonté en puissance, l'Allemagne. Quid de la défense européenne ? Il ne faut pas confondre "industrie d'armement européenne" et "défense commune européenne", ce que les Français se plaisent à mélanger pour brouiller une intention de leadership. L'Allemagne enterre le concept de défense autonome européenne intégrée, même alliée dans l'OTAN à d'autres, sachant qu'elle a derrière elle vingt-cinq pays de l'Union européenne ; soit tous sauf la France. Aucun état-major européen n'a envie d'obéir à l'état-major français. Aucun gouvernement européen n'a envie d'être embarqué dans une future aventure post-coloniale de la Grosse Nation. Mais de cela monsieur Macron et ses minions ne veulent rien savoir. La défense européenne est devenue une question de foi. Nous disons depuis quinze ans que nous sommes seuls dans ce défi ! L'Allemagne vient de donner le coup de gong. Terminé ! Passons aux choses moins sérieuses.
Les Etats-Unis, première puissance du monde (que nous ne voyons rattrapée par personne encore), nous offre ces jours-ci le spectacle d'élections burlesques qui nous tirent des larmes. Et Loukashenko se marre ! A l'heure où nous mettons sous presse, on fouille les corbeilles à papier à la recherche de bulletins égarés ou détruits. Le scrutin est en lui-même un sketch, chaque Etat organisant le sien, la seule chose obligatoire pour tous est que le vote se tienne le même jour, et encore y a-t-il des accomodements sur les délais de poste par endroit. Le vote est une chose, le dépouillement, qui a tout de la corvée de bois, dépasse l'entendement - on peut par exemple téléphoner à un électeur pour qu'il confirme sa signature sur l'enveloppe. A la fin (pas encore !) le vote populaire désigne les grands électeurs qui iront plus tard porter leurs voix à Washington, soit par la règle du tout ou rien, soit à la proportionnelle. Mais me direz-vous, pourquoi la classe politique américaine n'a-t-elle jamais voulu ou pu réformer un mode de scrutin venu du fin fond de l'Ouest sauvage ? Parce que la Constitution des Etats-Unis d'Amérique de 1787 est sacrée. Ce n'est pas qu'un mot, la constitution de 1787 est au niveau de la Bible, de la Torah ou du Coran. Elle ne se réécrit pas puisqu'elle fut inspirée aux pères-fondateurs par l'Esprit saint et les Lumières. On l'amende si nécessaire par codicilles.
On peut gloser sur cette religion américaine du texte fondateur de la démocratie, mais on en comprendra la sacralité si l'on considère que le pays n'a pas d'histoire. Plus justement, l'Etat-nation américain n'a pas d'histoire. Avec la Déclaration d'indépendance de 1776, la Constitution de 1787 représente les papyrus de la pyramide, les rouleaux de la Mer morte. Ils n'ont rien de plus vieux en rayon, puisque les Indiens de la Plaine n'écrivaient pas. C'est pourquoi je me gausse d'entendre les politologues payés au mois nous expliquer la réforme indispensable du système électoral américain à la mode de chez nous. Ça ne les intéresse pas. C'est leur histoire à eux. Disons pour finir que le défaut d'une longue histoire ne les prive quand même pas de monuments aux morts. Les Etats-Unis ont partout livré bataille et ce n'est pas Joe Biden qui va se retirer à l'ashram ! Le désir de défaire ce que Trump a fait le poussera à intervenir, contre son gré peut-être pour l'avoir entendu lors d'une visite de vice-président à Kaboul où il avait défini la stratégie américaine en trois mots (de mémoire) et d'une courte explication : Occupy, Rebuild, Transfer ! La courte explication disait que le but ultime de l'intervention en Afghanistan était de sanctuariser les bombes atomiques pakistanaises en évitant par tous moyens la désintégration du pays. S'il n'a pas changé, Joe Biden ne sera pas un partisan d'une empreinte américaine partout dans le monde, mais les circonstances géostratégiques l'y obligeront, sauf à réarmer le Japon pour le Pacifique Nord et l'Europe anglo-saxonne pour l'Atlantique Nord. Deux tabous.
D'autres sujets auraient mérité un échange avec le distingué lectorat de Royal-Artillerie, à commencer par l'immiscibilité de l'islam en Europe continentale ; nous n'avons pas l'expérience et le flegme du Raj britannique pour vivre avec ce doute permanent de l'agenda caché des masses tranquilles en phase de réveil. Reste la Chine et le dernier conclave du Parti communiste chinois qui a approuvé le 14è Plan quinquennal, la coercition patriotique et la trajectoire Xi Jinping dite "Vision 2035". On y reviendra fatalement.
AKK, patronne fédérale de la CDU et ministre de la défense allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer donc, a publié sur Politico (clic) un billet définitif sur la relation transatlantique germano-américaine, la veille de la présidentielle. Une rapide lecture confirme que les vessies françaises de la défense europenne n'éclairent plus vraiment à la Chancellerie. Il y a les mots, il y a les faits. Devant la menace trumpienne, qui s'estompe un peu ces jours-ci, de réduire le corps expéditionnaire américain d'un tiers en Allemagne, le BMVg de Berlin a acheté 45 avions à capacité nucléaire Boeing F-18 Super Hornet pour emporter les bombes atomiques US de type B61. Ces avions éprouvés remplacent les Panavia Tornado en fin de vie. Quant aux Tornado restants ils seront remplacés par des EF-2000 Typhoon produits en Allemagne. Sur un programme de 93 unités, 38 viennent d'être commandés chez Airbus. La question reste de savoir si l'avion SCAF franco-allemand succèdera après 2040 à cette flotte remaniée pour la Luftwafe. A priori oui, la synergie industrielle entre les avionneurs européens est une question de vie ou de mort.
Quant aux mots, ils sont très explicites. AKK appelle de ses vœux la signature du TAFTA et tout laisse penser qu'avec le relais d'Ursula von der Leyen à laquelle elle a succédé au ministère, appuyé sur les pays européens libre-échangistes, il en sorte quelque chose d'au moins commercial ! Parallèlement, le budget militaire va atteindre bientôt le plafond magique des 2%Pib pour remettre en état des armements dont l'entretien fut négligé à divers motifs qui ne furent pas que budgétaires. Il y a un pacifisme rampant dans la classe dirigeante allemande ou rhénane pour être précis.
Cette déclaration se double de la réaffirmation d'un destin atlantique commun à l'Europe "allemande" et à l'Amérique du Nord pour la défense des valeurs de la démocratie, ce qui consolide l'OTAN autour de son principal pilier remonté en puissance, l'Allemagne. Quid de la défense européenne ? Il ne faut pas confondre "industrie d'armement européenne" et "défense commune européenne", ce que les Français se plaisent à mélanger pour brouiller une intention de leadership. L'Allemagne enterre le concept de défense autonome européenne intégrée, même alliée dans l'OTAN à d'autres, sachant qu'elle a derrière elle vingt-cinq pays de l'Union européenne ; soit tous sauf la France. Aucun état-major européen n'a envie d'obéir à l'état-major français. Aucun gouvernement européen n'a envie d'être embarqué dans une future aventure post-coloniale de la Grosse Nation. Mais de cela monsieur Macron et ses minions ne veulent rien savoir. La défense européenne est devenue une question de foi. Nous disons depuis quinze ans que nous sommes seuls dans ce défi ! L'Allemagne vient de donner le coup de gong. Terminé ! Passons aux choses moins sérieuses.
Les Etats-Unis, première puissance du monde (que nous ne voyons rattrapée par personne encore), nous offre ces jours-ci le spectacle d'élections burlesques qui nous tirent des larmes. Et Loukashenko se marre ! A l'heure où nous mettons sous presse, on fouille les corbeilles à papier à la recherche de bulletins égarés ou détruits. Le scrutin est en lui-même un sketch, chaque Etat organisant le sien, la seule chose obligatoire pour tous est que le vote se tienne le même jour, et encore y a-t-il des accomodements sur les délais de poste par endroit. Le vote est une chose, le dépouillement, qui a tout de la corvée de bois, dépasse l'entendement - on peut par exemple téléphoner à un électeur pour qu'il confirme sa signature sur l'enveloppe. A la fin (pas encore !) le vote populaire désigne les grands électeurs qui iront plus tard porter leurs voix à Washington, soit par la règle du tout ou rien, soit à la proportionnelle. Mais me direz-vous, pourquoi la classe politique américaine n'a-t-elle jamais voulu ou pu réformer un mode de scrutin venu du fin fond de l'Ouest sauvage ? Parce que la Constitution des Etats-Unis d'Amérique de 1787 est sacrée. Ce n'est pas qu'un mot, la constitution de 1787 est au niveau de la Bible, de la Torah ou du Coran. Elle ne se réécrit pas puisqu'elle fut inspirée aux pères-fondateurs par l'Esprit saint et les Lumières. On l'amende si nécessaire par codicilles.
On peut gloser sur cette religion américaine du texte fondateur de la démocratie, mais on en comprendra la sacralité si l'on considère que le pays n'a pas d'histoire. Plus justement, l'Etat-nation américain n'a pas d'histoire. Avec la Déclaration d'indépendance de 1776, la Constitution de 1787 représente les papyrus de la pyramide, les rouleaux de la Mer morte. Ils n'ont rien de plus vieux en rayon, puisque les Indiens de la Plaine n'écrivaient pas. C'est pourquoi je me gausse d'entendre les politologues payés au mois nous expliquer la réforme indispensable du système électoral américain à la mode de chez nous. Ça ne les intéresse pas. C'est leur histoire à eux. Disons pour finir que le défaut d'une longue histoire ne les prive quand même pas de monuments aux morts. Les Etats-Unis ont partout livré bataille et ce n'est pas Joe Biden qui va se retirer à l'ashram ! Le désir de défaire ce que Trump a fait le poussera à intervenir, contre son gré peut-être pour l'avoir entendu lors d'une visite de vice-président à Kaboul où il avait défini la stratégie américaine en trois mots (de mémoire) et d'une courte explication : Occupy, Rebuild, Transfer ! La courte explication disait que le but ultime de l'intervention en Afghanistan était de sanctuariser les bombes atomiques pakistanaises en évitant par tous moyens la désintégration du pays. S'il n'a pas changé, Joe Biden ne sera pas un partisan d'une empreinte américaine partout dans le monde, mais les circonstances géostratégiques l'y obligeront, sauf à réarmer le Japon pour le Pacifique Nord et l'Europe anglo-saxonne pour l'Atlantique Nord. Deux tabous.
D'autres sujets auraient mérité un échange avec le distingué lectorat de Royal-Artillerie, à commencer par l'immiscibilité de l'islam en Europe continentale ; nous n'avons pas l'expérience et le flegme du Raj britannique pour vivre avec ce doute permanent de l'agenda caché des masses tranquilles en phase de réveil. Reste la Chine et le dernier conclave du Parti communiste chinois qui a approuvé le 14è Plan quinquennal, la coercition patriotique et la trajectoire Xi Jinping dite "Vision 2035". On y reviendra fatalement.
Tout d'abord je dois dire que je ne me fais pas à cette mode américaine qui consiste à sigler, par les initiales des noms et des mots, les organisations et les personnes. Surtout quand ces initiales sonnent bizarrement à mon oreille. Celles de madame la ministre de la défense de l’Allemagne font un bruit de fusil d'assaut. Est-ce un signe?
RépondreSupprimerLe reste confirme mon analyse: l'Allemagne, considérée par les Américains comme LE pays bouclier face à l'URSS, a bénéficié de la protection US et a pu reconstituer après guerre, toute sa puissance. De ce fait, elle a progressivement pris la direction de l'Europe et bâti le Reich dont ont rêvé Guillaume II et ....Hitler! La menace russe n'est plus ce qu'elle était et les Américains ont un autre adversaire bien plus puissant à l'autre bout du monde, la Chine. Trump a fortement modifié les priorités stratégiques des USA, demandant aux Européens des efforts pour leur défense et provoquant ainsi l'angoisse des Allemands. Car une défense européenne ne peut se faire sans la France ni sans l'Angleterre. Et les Allemands n'en seraient pas leader.
Le deal que propose l'Allemagne à la nouvelle administration américaine est le suivant: nous sommes prêt à signer tous les accords défavorables pour l'Europe que vous nous présenterez, mais ne nous abandonnez pas seuls face aux Français et, dans une moindre mesure, face aux Anglais. Tout en sachant que les accords commerciaux défavorables aux Européens en général le seront beaucoup moins pour l'Allemagne qui a récupéré depuis quatre décennies toute la puissance de son économie.
L'attitude de l'Allemagne n'a rien à voir avec la défense de la démocratie. L'objectif de l'Allemagne est de conserver coûte que coûte son leadership sur l'Europe, leadership qu'elle a entrepris de bâtir il y a 150 ans. Aujourd'hui, elle ne veut pas que le désengagement des Américains fragilise son emprise (je pourrais dire son empire) et elle est donc prête à toutes les compromissions.
La Chine étant un gros morceau, il n'est pas certains que la nouvelle administration accède aux desiderata de Mmes AKK, Merkel et Van Der Layen.
Quant aux Français, ils peuvent réorienter leur politique européenne vers l'Angleterre et vers la Russie. Comme il y a 150 ans!
Pour Joe Biden, l'acronyme JB est déjà la propriété d'une marque de Whisky. A.K. Karante-sept aussi d'ailleurs.
RépondreSupprimerPlus sérieusement et dans la continuité de cette analyse, on ne comprend rien à l'Allemagne tant qu'on ignore sa frustration existentielle d'avoir été battue deux fois par la nation femelle européenne, alors qu'elle se considère comme la nation virile du continent. C'est dans Nietzche. D'où les rancoeurs habituelles de voir par exemple une position française imméritée au FMI, un siège permanent au Conseil de sécurité où "nous voyageons en première avec un billet de seconde" grâce aux Alliés etc...
Reste en plus dans leur subconscient la certitude que nous sommes des capitulards (Munich 1938, Forêt de Rotonde 1940 et pour les plus instruits, Hanoï 1940) et chaque fois sauvés par les anglo-saxons que nous nous permettons ensuite de rembarrer au motif de notre grandeur indépassable.
Il faut ajouter que les intérêts français et allemands divergent sur tous les points essentiels. La France cultive l'héritage colonial avec peu de retours sur investissements - l'uranium du Niger pourrait s'acheter n'importe où, comme le nickel de la Nouvelle Calédonie ou le café de Côte d'Ivoire - alors que l'Allemagne reste concentrée sur son hinterland naturel qui va des ports de la Mer du Nord aux bantoustans tchèques et hongrois où tournent les maquiladoras teutoniques au bénéfice de la Deutschland AG.
L'Allemagne est aussi aux premières loges pour négocier la fourniture d'énergie russe avec le Kremlin, lequel a plus besoin de clients solvables que de chantage au gaz, contrairement à ce que pense l'administration Trump. Le déblocage (éventuel) du gazoduc Nord Stream 2 en Mer baltique sera un signal de l'administration Biden.
Quant aux Balkans et jusqu'en Asie mineure, on veut oublier que depuis Guillaume II le IIè Reich eut comme alliés les Turcs et que le IIIè Reich put compter sur la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. L'alliance leur fut fatale alors mais au moment de la reconstruction de l'Allemagne par le plan Marshall, les Turcs arrivèrent en masse et de nouvelles entreprises allemandes arrivèrent en Turquie (9000 aujourd'hui). N'oublions pas que la monnaie de confiance lors de la guerre civile de Yougoslavie était le mark allemand.
Les Français ont aussi des intérêts en Turquie et dans les Balkans mais notre empreinte y est beaucoup moins marquée. En fait nous ne nous croisons nulle part ! Nos pôles d'intérêts sont aujourd'hui la Roumanie où nous plantons des choux, la Grèce qui n'exporte que du soleil, le Liban pour moitié infesté de problèmes, épicétou !
Pas étonnant des lors que le fameux "couple franco-allemand" ne soit qu'une marotte franco-française puisque personne en Allemagne ne voit notre collaboration sous cet angle... même si l'image est romantique !
Aujourd'hui tout nous sépare des réalités vraies, nos finances sont exsangues autant que notre arrogance croît quand les caisses allemandes sont pleines ; notre économie est sous l'eau alors que l'allemande brille sur toute l'Europe sérieuse ; nous pérorons au Conseil de sécurité gratis pro deo, tandis que Berlin signe ailleurs pour son compte et faire tourner ses usines.
Vous avez raison... ils ne nous aiment qu'en vacances...
Ayant combattu toutes les nations européennes ou presque, la France n'a pas d'allié naturel mais des ennemis héréditaires. Si un jour, un gouvernement assuré d'une certaine continuité dans son action orientait ses efforts exclusivement sur nos axes d'intérêts, nous y gagnerions du bien-être, des richesses et une certaine considération qui nous fait défaut aujourd'hui. Mais qu'attendre d'une classe politique socialiste dévorée par le clientélisme et les droits humains ?
La France a combattu toute l'Europe, mais c'est réciproque. L'Angleterre est un bel exemple de l'évolution des alliances au fil des siècles, elle qui est venue deux fois à notre secours alors qu'elle a été notre meilleur ennemi pendant longtemps.
SupprimerA mon sens, nous n'avons rien à attendre de plus de l'Europe allemande. Pire, je pense que cette Europe nous amoindrit (intellectuellement et économiquement) et que les Allemands ne nous considère guère mieux que la Grèce ou l'Italie, juste bons à faire le sale boulot que eux ne veulent pas faire: la police au Sahara, la guerre contre Daech au Levant. Sans sortir complètement du système, il serait temps de reconsidérer notre participation: révision des accords, des politiques (immigrationniste, judiciaire, commerciale, monétaire..) tout en développant des rapprochements avec la Russie et, bien entendu, l'Angleterre. Et comme nous sommes en train de commémorer De Gaulle, pourquoi ne pas reprendre son idée de 1940 et envisager une fusion des deux pays? Les idées les plus bizarres ne sont pas forcément les plus folles.
Le président Guy Mollet avait repris l'idée en 1956 lors d'un séjour à Londres. Mais je ne sais pas si la France passait sous la couronne britannique dans ce projet qui disparut l'année suivante avec le Traité de Rome. A noter que la titulature des souverains anglais nous a inclus jusqu'en 1801 sous Georges III, by the Grace of God, King of Great Britain, France and Ireland.
SupprimerA mon sens, toute sortie de l'Union européenne est exclue en France pour au moins deux raisons : la position géo-logistique intenable et le maillage inextricable des économies continentales. La Grande Bretagne qui est un île et qui se distingua par de multiples dérogations au droit commun (opt-out), n'arrive pas à s'extraire.
D'accord avec le constat utilitariste de l'Allemagne à notre endroit, et approfondir l'Europe fédérale nous pousse à entrer complètement dans la ratière. La seule solution qui coupe à angle droit la forfanterie européenne de la France serait de limiter l'Union au marché, normes et monnaie communs, et à la libre circulation, laissant à certains pays la possibilité de fusionner ou de former des attelages.
La cohésion d'ensemble pourait être obtenue par l'emboîtage des fédérations constituées (comme le Bénélux) dans une Confédération économique plus large. mais ceci aurait l'inconvénient de nous ramener à notre poids réel au lieu d'être juchés.
La difficulté élémentaire est le foisonnement des langues nationales, sa soeur est le nationalisme revenu dans tous les Etats, qui freine justement l'accroissement de l'intégration. Je ne crois pas à la collaboration de la Russie de Poutine et du FSB. Ils sont trop sur le qui-vive pour ne pas détourner les procédures à leur avantage, mais il y a des domaines où on peut coopérer - c'est déjà le cas.
De toute façon la réémergence des empires disparus va nous rétrograder à la fin du Top-10 et le niveau détestable de notre classe politique nous privera de tout sursaut.
Reste l'Angleterre. Nous avons de beaux souvenirs ensemble et quelques-uns de leurs rois enterrés ici mais je ne saurais par quel bout prendre une fusion. Chacun ses limites :)
Supprimer*Rethondes*
Supprimeret les roycos ils en sont ou? avez vous des news ? des can cans
RépondreSupprimerNon, rien pour l'instant.
Supprimerl'Allemand d'aujourd'hui est peut être traumatisé d'avoir perdu contre la "nation femelle" mais il suffit de s'y rendre pour constater que question burnes, il a a perdu les siennes également. Le réveillon 2015 à Cologne et Hambourg (qui vit des agressions sexuelles en pagaille) fut nettement moins viril coté réaction allemande que celui de 1942 à Stalingrad. Les bottes en cuir bien cirées avaient bien plus d'allure que les sandales birkenstock (portées avec chaussettes en plus)
RépondreSupprimerC'est leur classe politique qui est émasculée, comme la nôtre, mais les dirigeants économiques et industriels (j'en connais quelques-uns) ne le sont pas du tout.
SupprimerDe par la construction de l'Etat fédéral, le pouvoir central a moins d'emprise sur les acteurs économiques qui ont leur propre stratégie. C'est très différent de l'Etat jacobin français où le pouvoir central se mêle de tout et le plus mal possible, comme chez Renault-Nissan par exemple.
Le pacifisme que j'évoque dans cet article n'est pas vécu comme une faiblesse mais comme le mode opératoire d'une conquête de marchés solvables. On laisse la France et quelques autres s'énerver et parader pendant qu'on repeint les concessions Mercedes-Benz qui vont abonder aux caisses de retraites allemandes. C'est très prosaïque et nos ambitions puériles de grandeur les fatiguent.
Camisard, j'ai retrouvé le texte :
Supprimer"Il y a deux espèces de génies : l’une d’elles veut avant tout créer et elle crée, l’autre aime à se laisser féconder, et met au monde. De même, parmi les peuples géniaux, il en est à qui échoit le problème féminin de porter et le devoir secret de former, de mûrir et d’accomplir — les Grecs, par exemple, étaient un peuple de cette nature et aussi les Français — ; et d’autres qui ont la mission de féconder et d’être la cause de vies nouvelles — comme les Juifs, les Romains, et peut-être, soit dit en toute modestie, les Allemands ? — des peuples tourmentés et ravis de fièvres inconnues et poussés irrésistiblement hors d’eux-mêmes, pleins d’amour et de désir des races étrangères, (— de celles qui se « laissent féconder » —), avec cela despotiques comme tout ce qui se sait plein de forces génératrices, donc souverain par la « grâce de Dieu ». Ces deux espèces de génies se cherchent comme l’homme et la femme ; mais ils se méconnaissent aussi l’un l’autre — comme l’homme et la femme."
(F. Nietzsche in Par delà le bien et le mal, Chap. 8 - Peuples & Patries, cote 248)
N "oublions jamais que Nietzsche a fini cinglé parce que traumatisé par la vue de coups de fouets donnés à un canasson. Pour moi Nietzsche c'est Nicolas Hulot avec la moustache d'Edwy Plenel: tout sauf un modèle viril. Mais Je suis d'accord avec vous, on a l'air ridicule avec nos défilés militaires pendant que nos flics se sauvent devant des lycéens (à Compiègne hier) mais l'allemand de base d' aujourd'hui est aussi courageux devant "son" turc que nos petit blancs devant les racailleux du nord de l'Afrique. Si un Jean Mabire 2.0 devait écrire aujourd'hui "Les jeunes fauves de la chancelière" ou "Mourir à Bonn", personne ne les liraient...Ce continent sent la fin de race
SupprimerPersonne ne lit Nietzsche en recherche de virilité. Je viens de terminer La Volonté de puissance de 1901 rééditée par les Editions du Trident (Malliarakis) dans la traduction de Henri Albert ; et c'est effectivement "puissant" même si on y croise par moment de sérieuses fêlures. Je ne vous le recommande pas, son agnosticisme est dévastateur.
SupprimerM. Macron se lâche sur l'Allemagne dans une interview au magazine Le Grand Continent lue par L'Opinion. Les désaccords franco-allemands commencent à se voir :
RépondreSupprimerDeuxième surprise de cet entretien : la vigueur de la réponse du président Macron à la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK). Dans une tribune publiée le 3 novembre sur Politico, à la veille de l’élection américaine, cette proche d’Angela Merkel déclarait : « Il faut en finir avec les illusions d’une autonomie stratégique européenne », alors que cette idée est au cœur du projet macronien. « Je suis en désaccord profond avec [cette] tribune. Je pense que c’est un contresens de l’histoire. Heureusement, la chancelière n’est pas sur cette ligne si j’ai bien compris les choses », dit-il.
Ce n’est pas certain. Malgré sa prudence (« si j’ai bien compris… »), Emmanuel Macron n’ignore pas qu’Angela Merkel a récemment réaffirmé que « l’amitié transatlantique était irremplaçable », la qualifiant même de « trésor ». A Paris, la tentation existe toujours d’opposer les Allemands les uns aux autres, au risque de s’embrouiller avec la chancelière. (fin de l'extrait)
(source)
Je ne suis pas macronien, bien au contraire. Mais j'ai un neveu qui sert au Mali. S'il venait à mourir cela ne serait pas seulement pour "la gloire d'une aventure post coloniale". Les bons gros bourgeois allemands qui commandent l'Europe centrale et orientale font semblant de ne se concentrer que sur la Baltique et l'Est et considèrent ce qui se passe au sud comme étranger à leurs préoccupation. J'en viens a souhaiter une annexion de l'Ukraine et des baltes par le "voisin" histoire qu'ils sentent le vent du boulet. Et bien sur un "14 juillet -promenade des anglais" ou un "Bataclan" en Prusse ne m'arracheraient aucune larme. Juste histoire de voir comment il réagiraient par rapport au néo Sultan d'Istanbul. Quand on se rappelle la confrontation entre Ferdinand I° et Soliman, on peut craindre le pire (pour eux). On est peut être la reine des gitans mais l'Europe ressemble à la Suisse du Sonderbund: les alémaniques contrôlaient tout certes , mais ce sont bien les latins qui ont sauvé la Confédération en faisant le job. On est peut être arrogant, OK mais leur suffisance est tout aussi intolérable!
RépondreSupprimerTous les gouvernements européens jugent nos interventions en Afrique comme " aventure post-coloniale". Je ne dis pas autre chose dans ce billet et n'approuve pas ce terme.
SupprimerLes Allemands, nombreux au sein de l'EUTM Mali comme formateurs, ne sont pas d'un grand secours au désert. Ils ne participent pas aux forces spéciales Tacouba alors que des petits pays ont envoyé tout ce qu'ils avaient.
En attendant la montée en puissance des forces maliennes - n'oublions pas que le Soudan français fut le pourvoyeur majoritaire de tirailleurs sénégalais - la France ne compte vraiment que sur les Mauritaniens, les Tchadiens, les Américains et les Anglais. Mais si nous ne pouvons pas faire la tenaille avec l'armée algérienne, on y sera longtemps.
Des fois je me demande si le fait d'avoir ruiné jadis l'empire colonial allemand ne nous attire pas une certaine antipathie allemande dans nos affaires africaines.
Quelqu'un d'autre a vu l'embrouille atlantique : Ted Galen Carpenter qui avait écrit NATO, the dangerous dinosaur, dans The National Interest du 1er décembre.
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