Qu'est venu faire aux ides de mars monsieur Macron à l'hôpital de Poissy chez son ami Karl Olive ? Mesurer combien sa communication spontanée n'intéresse plus personne. Il est loin le temps des one-man shows communaux jusqu'à plus d'heure en bras de chemise ! Le charme s'est évanoui comme l'auditeur, d'ennui ! On analysera la séquence vidéo de la visite pour voir que le couloir est tenu par les gardes du corps, que trois infirmières au comptoir d'accueil lui tournent le dos, qu'on répond au téléphone pendant qu'il parle, que le ministre Véran s'ennuie ferme, que le chef de service attend que ça se passe, et que le discours du président est vide de sens. Tout y est !
La vidéo (codée HofiIcfMPvk) du passage de M. Macron au desk de l'hôpital de Poissy a finalement était retirée le 25 mars. No comment !
Le slogan des agences photographiques est qu'une seule image vaut mieux qu'un long discours. La séquence avait été précédée de celle d'un interminable convoi présidentiel franchissant l'accès à l'établissement (voir). J'espère que le porte-serviette chamarré était dans la voiture avec les codes nucléaires. Le roi est nu, l'enchantement populaire qui l'avait mis sur le trône républicain pour balayer une classe politique sclérosée et corrompue, a disparu. Aucune réforme d'ampleur n'a vu le jour. Le régime de pensions de retraite continue à empiler les schémas de Ponzi avant d'exploser quand la décroissance deviendra inévitable. Nous avons encore CMXXV parlementaires payés à parler pour ne rien dire. La loi électorale bannit des hémicycles un bon quart des votants qui s'ajoutent aux dégoûtés. La confiance en la Justice de mon pays est devenue une réplique de théâtre. L'Education nationale s'effondre sur elle-même sous le regard mort des déconstructeurs. Le système hospitalier est otage à la fois de Bercy et des coteries de mandarins. Notre industrie continue à perdre de la substance parce que les conditions d'exploitation sont déficientes (depuis longtemps). Nous avons perdu le majorat dans tous les domaines, même dans celui des vaccins.
A l'extérieur, l'Europe n'écoute plus les incantations du gentil monsieur Macron ; les défis sont sérieux, il ne l'est pas : la France est le contre-modèle absolu, dette non gagée, déficits partout, inefficacité d'une sphère publique démesurée, abonnement à la perfusion de la BCE, arrogance déplacée en toutes circonstances. La Chine populaire se moque ouvertement qu'un gouvernement "tel que le nôtre" ose s'aventurer dans les affaires taïwanaises. La Chancellerie du IVè Reich balaie les revendications françaises sur les règles communautaires et porte le fer où il fait le plus mal, sur notre savoir-faire aéronautique qu'elle entend partager. Les projets communs (quelle idée ?) du soi-disant couple franco-allemand sont ralentis ou reportés sine die. Nos recommandations en tout genre ne sont pas entendues, ni au Liban ni même au Sahel, et ce n'est pas le retour aux affaires bataves de Mark Rutte qui va y aider, notre Foutriquet l'horripile ! Ceux qui militent pour un retour au franc risquent bien de voir exaucer leur vœu si l'Eurogroupe nous fout dehors, au motif de mise en danger de la monnaie commune par notre gabegie éhontée. M. Macron a passé quatre ans à discourir, démontrer, incanter mais n'a rien fait de tangible comme s'y attendaient nos partenaires européens. Il est donc cramé !
Comment croit-il repartir en campagne présidentielle sur ce bilan ? Sans doute les sondages que lui renvoit le peuple des moutons lui indiqueront qu'il a ses chances arithmétiques, à défaut de bénéficier d'un élan populaire comme en 2016. Puisqu'au pays des aveugles les borgnes restent rois, c'est peut-être la triste promesse d'un nouveau succès. Ses contempteurs déclarés à ce jour ne font pas la toise. Rien de sérieux n'a été préparé dans l'opposition pendant quatre ans. Ce régime est décédé. Il suffit de voir les tronches.
Postscriptum : on fera son profit du billet de Philippe Bilger sur le manège enchanté des Républicains à l'approche de l'échéance présidentielle. Et encore il est gentil !
RépondreSupprimerLR: rumeurs etc....
c'est le terme "le peuple des moutons" qui me gêne un peu. Que faire ? "le gilet jaune"? et se retrouver au bout de quelques semaines avec des beaufs au RSA gauchisés comme ce fut rapidement le cas en 2018? Voter? Se barrer (beaucoup le font) ?La ritournelle que j'entends souvent est "On n'est pas en démocratie, mais que faire?" Je constate aussi que lorsque je dis "je ne vote plus depuis longtemps", on me répond de plus en plus "Pareil" ! Cela montre plus un désarroi désabusé qu'une soumission passive. "Mefi", ça pourrait bien flamber un jour prochain. Ou pas.
RépondreSupprimerBon an mal an, la moitié des Français en âge de voter délaisse les élections à des motifs divers (classe politique, truquage des scrutins, désintérêt de la chose publique, anarchisme...). Pour un peuple réputé "politisé" ça fait beaucoup. S'abstenir est-elle la seule réponse ? M'est avis qu'il va se passer quelque chose dès que les gens se reconnaîtront en quelqu'un (comme souvent en France).
SupprimerL'analyse est, comme presque toujours, très bonne. Reste que si les Chinois (et les Turcs, les Américains, les Allemands, bref, la terre entière) se moquent de nous, c'est que nous sommes à l'image de nos dirigeants, c'est à dire, mauvais. Cela fait 50 ans, que nous sommes tombés en léthargie politique et rien ne laisse présager un réveil; endormis par un confort matériel dont personne ne veut se passer, nous sommes la risée de la planète, mais nous ne nous en rendons pas compte, cela nous est indifférent parce que nous dormons. Nous étions des veaux sous De Gaulle, nous sommes, oui, des moutons maintenant. Et pas ceux de Panurge, qui bêlaient en se jetant à l'eau, des moutons endormis par et dans leur confort. Pour ceux qui douteraient de ce sommeil, je les invite à essayer de se remémorer et comptabiliser les défilés protestataires qui, depuis un an que nous sommes en régime d'exception, ont ponctué la mise sous tutelle sanitaire du pays. A ma connaissance, aucun, mais qu'on me le dise si je me trompe. Il y a d'autres exemples, on en reparlera sans doute.
SupprimerCinquante ans pas loin ! Le peuple français est immature politiquement. C'est pourquoi la Caste, qui commande à tout depuis le 18-Brumaire, truque les modes de scrutin pour sortir des majorités improbables actionnant des programmes la protégeant. C'est ainsi qu'on élit pour président un candidat qui fait vingt pour cent des voix exprimées au premier tour (Chirac 1995 : 20,67% des votants et 15,82% des inscrits). Où aller ensuite à partir d'un socle aussi étroit ? Nulle part ! Et ce fut exactement ça.
SupprimerCe peuple d'origine gauloise se fait le reflet de qui le gouverne. C'est à la mort de Pompidou que le pays est parti en vrille. La succession fut ratée par les barons gaullistes qui ont fait le lit d'un chiqueur, obsédé par le progressisme d'un côté et sa virilité de l'autre, et la première place en toutes circonstances, ne l'appelait-on pas le Pharaon ? Giscard a lancé le G7 de Rambouillet pour être le moteur principal de l'alliance occidentale, mais il a fait seul la majuscule connerie Khomeiny à Neauphle le Château sans suivre un plan stratégique. A côté d'une gestion patrimoniale avisée, il a succombé aux modes sociétales qui nous ont conduit à la ruine mitterrandienne. Son premier ministre tout fou a ressurgi en fin de cycle socialiste pour finir dans le char à boeufs des rois mérovingiens ! Vint ensuite, Zébulon de Neuilly, grand diseur, petit faiseur habillé comme un pequenot des fortifications dont l'avatar est aujourd'hui Jupiter le Gamin. Les sépare, l'apparatchik Hollande, obsédé par son image dans la presse et la raideur de son avantage, mais sans doute plus soucieux de l'Etat que les deux autres, qui adopta la couleur grise pour drapeau et un scooter pour faire le mur. Le menu 2022 fait carrément peur !
Cinquante ans de tourisme politique suffisent pour affaisser le moral d'un peuple.
Je ne discute pas de votre argumentation politique (pas très douée pour ça), mais je trouve votre style éblouissant et m'en régale à chaque fois.
RépondreSupprimerC'est gentil à vous. Je vais donc m'appliquer. Merci.
SupprimerComme je suis présomptueux , Unkown, je veux considérer les "votre" comme un pluriel dans lequel je serai. C'est pourquoi je vais moi aussi faire des efforts.
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