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Après les noyés d'Octobre

La presse algérienne et les tiersmondains, en service actif chez nous, ont jugé timide la démarche du président Macron à jeter des fleurs dans la Seine pour rappeler l'attaque préfectorale de la manifestation d'indépendance du FLN en région parisienne il y a soixante ans. Nous n'y reviendrons pas ; c'était dégueulasse de la part de Roger Frey, ministre de l'Intérieur et patron des barbouzes gaullistes, et du préfet de Paris Maurice Papon qu'on ne présente plus ! Le premier ministre était Michel Debré (le bazooka de Salan). Que du beau linge ! Mais nous ne nous sommes pas levés ce matin pour faire justice des noyades du 17 octobre 1961.

Macron au pont de Bezons

Ma question est en face. Est-il normal qu'un pays ne vive que contre un autre ? Nous avons l'exemple du régime nord-coréen perpétuellement en guerre contre les Etats-Unis sous peine de mourir ; sinon le Pakistan qui sans l'Inde ne pourrait tenir son peuple et nourrir les marchands de canons. Mais aussi celui de l'Algérie qui ne peut vivre sans la menace du royaume chérifien à ses portes et l'hostilité supposée de la France. Si l'on en doutait à l'Institut pour avoir parcouru toute l'histoire de l'Afrique du nord, de fait, l'Algérie n'existe plus aujourd'hui sans la France. Enfin, l'Algérie officielle. Pour le peuple c'est bien différent, à ce que nous livre d'intelligence et finesse l'article de Myassa Messaoudi dans le journal d'Alger Liberté de ce dimanche. Un extrait ?

Messaoudi
« Le dernier épisode diplomatique entre la France et l’Algérie a laissé place à une étrange surenchère. Non pas mémorielle, mais coloniale. Le président français reprochant à la Turquie de s’être mieux débrouillée pour faire oublier son occupation de l’Algérie. C’étaient, tout de même, quatre siècles de pillage et d’asservissement. Deux fois plus que la France ! Et à l’Algérie de n’être, après tout, qu’un bébé nation. La réponse du président Tebboune n’en fut pas moins surprenante. D’un coup, l’arabisme orthodoxe algérien s’est fait plus mixte et tolérant. Dare-dare, l’histoire ancestrale est venue à la rescousse de la diplomatie, et le président du pays en usa pour rappeler que nous sommes une nation depuis au moins l’empereur César. De Massinissa, de Jugurtha, et même un président américain est venu rappeler au président Macron que non, on n’est pas né de la dernière pluie. Jeanne d’Arc n’a qu’à bien se tenir, car l’Algérie regorge aussi de puissantes femmes guerrières. Et même pas voilées !» (source)


Il a donc suffi qu'un président en ses murs doute de la nation algérienne pour que le pouvoir d'Alger fasse un AVC. C'est ce qui s'appelle être indépendant ! Souverain ! Libre ! Enfin vous voyez quoi ! La moindre reconnaissance officielle d'un défaut de la colonisation déclenche la tempête de l'insuffisance, l'appel à se repentir, doublé de la justification perverse des allégations anciennes jamais dans leur contexte. Audin, Boumendjel périrent d'une opération de contre-terrorisme (les bombes dans les cinémas, les cafés de la bataille d'Alger) et c'est bienvenu pour leurs familles d'en avoir éclairé les circonstances peu flatteuses. Nous avons dénoncé en France les massacres de Sétif (1945) mais quand les autorités d'Alger ouvriront-elles leurs archives du FLN sur les tueries de Philippeville (1955) ou le massacre de Melouza (1957), sur la Rue d'Isly ou le grand massacre d'Oran de 1962 ? Elles ne s'excuseront pas plus des opérations terroristes attaquant des civils, femmes et enfants confondus, au motif absolvant de la lutte "légitime" pour l'indépendance. La liste est longue, infiniment longue et on pourrait l'accroître d'autant en y portant toutes les exactions toujours atrocement exécutées par l'ALN contre les leurs et les nôtres : la coupe cravate, les émasculations à vif couilles dans la bouche, les saignées à blanc au crochet de boucher, la torture partout, le registre est épais. Monsieur Tebboune aurait-il un commentaire ? Elle a bon dos l'indépendance pour un parti guerrier qui fait une attaque au moindre mot le desservant. L'Algérie n'est pas indépendante, ni souveraine ni vivable. Elle a des millions de ressortissants réfugiés chez nous et qui s'y sentent bien. Ce ne sont pas deux cents malheureux, précipités dans la Seine par des salopards de la Préfecture de Police et de la rue des Saussaies il y a soixante ans, qui leur feront prendre la route ! Ces réfugiés sont à votre endroit, monsieur Tebboune, une véritable insulte au régime algérien !

Commentaires

  1. J'ai lu, relu, et apprécié.
    Et votre conclusion en particulier.

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    1. Merci. Il me revient, et de partout, que l'Algérie (institutionnelle) fatigue tout le monde. Au prestige initial d'avoir bouté seule les kouffar de chez elle, a succédé la désespération générale de voir ses rentes et ses atouts dilapidés par la junte, transformant le modèle de libération en terre d'émigration soutenue !
      La France, malgré le côté sombre de la colonisation, leur avait tout donné. Qu'en ont-ils fait ?

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  2. Sauf que le 17 Octobre 61, il n'y a jamais eu de noyade ! Ni de massacre !

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    1. Ce serait bien pour nos lecteurs que vous argumentiez cette assertion en l'étayant de témoignages directs plutôt que d'analyses à distance dans l'espace et le temps..

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    2. Pas de problème, il suffit de demander.

      http://bernardlugan.blogspot.com/2021/10/17-octobre-1961-un-massacre-imaginaire.html

      Ce massacre est une fiction, et c'est tant mieux, sauf pour ceux qui vivent de la haine ou de la misère intellectuelle des algériens.

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    3. On connaît la reconstruction historique de Bernard Lugan (assez coutumier du fait) mais je ne vois pas des chefs d'Etat français qui eux, disposent des preuves de conviction, se fourvoyer dans un coup monté par le FLN.
      B. Lugan n'avait que 15 ans en octobre 1961 et je doute qu'il ait pénétré la ceinture rouge de Paris du côté de Bezons.
      Ceci dit, j'ai mis à la poubelle les deux commentaires d'injures à mon endroit comme à celui des Algériens, que vous avez fait suivre. En vous priant de faire un large détour lors de vos prochaines navigations !

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