Ceux qui on suivi la conférence de presse d'Olaf Scholz et d'Ursula von der Leyen à Bruxelles ce vendredi ont compris s'il en était besoin où se situe le barycentre européen. Le tour d'horizon des défis qu'affronte l'Union fut complet, ne laissant dans l'ombre aucune menace ou tentative hégémonique comme celles venues de l'est. Le chancelier insista sur le majorat allemand en Europe qui lui donnait des devoirs, des responsabilités à protéger le bien-être de ses partenaires, ce qu'il entend accomplir en exécution du pacte de coalition. Après l'exposé de chacun, le micro fut tendu aux journalistes et le premier, un Allemand, posa en termes mieux choisis que je ne le fais, la question qui tue : comment concilier l'approche dépensière française et le pacte de stabilité et croissance.
Il lui fut répondu par l'un et l'autre que l'assouplissement constaté n'avait aucun autre motif que la pandémie, dans des termes approchant ceux du ministre Lindner au Spiegel. Commission et chancellerie allemandes sont sur la même longueur d'onde, rigueur et durabilité des finances nationales. M. Macron avec sa dette, ses déficits et sa sébille, est déjà rangé dans le camp des nudistes. On le supportera quatre ou six mois, pas plus !
On a parlé aussi de la taxonomie européenne - classification des activités durables induisant une nomenclature des activités économiques selon leur contribution au changement climatique - pour signaler que l'énergie nucléaire n'était pas pour l'instant éligible aux financements durables. A priori le crochet du chancelier par Paris ce matin fut protocolaire et de courtoisie. Les sujets de fâcherie sont assez nombreux pour que, connaissant le caractère cassant de Scholz, il y ait de la friture sur la ligne dès le premier de l'an et une rupture en certains domaines à la Saint-Jean. Il faut comprendre quand même qu'il est lié par un pacte de coalition passé avec un parti très libéral (ultra ne veut rien dire), capable d'intervenir au niveau de la BCE pour stopper la perfusion des malades, et d'un parti écologiste anti-nucléaire primaire hostile aux Français. Il serait étonnant qu'on ne s'étouffe pas d'un bretzel ! Le communiqué de l'Elysée à la suite de cet impromptu est particulièrement bateau (clic).
Jeudi passé, notre djeune et fringant président s'est exercé à la conférence de presse du modèle gaullien, la deuxième de son mandat ! Il s'agissait de présenter au monde son agenda européen pour la présidence du Conseil qui s'ouvre le 1er janvier 2022. Pour ce faire les propos de l'oracle ont été retransmis en anglais sur le site de l'Elysée. Et Le Maire dénie à Zemmour de parler du déclin français ! Furent traités en vrac, l'harmonie des 27, les frontières et Schengen, la boussole stratégique, la défense européenne et la "souveraineté européenne", le renouveau de la relation UE-Union africaine et un contrat (moral) de paix et prospérité avec les Etats africains, la pacification des Balkans, l'emploi et le chômage de masse, un plan Europe 2030, le marché unique du numérique, le SMIC européen et l'égalité salariale homme-femme, la défense des "valeurs européennes", un service civique européen, être intraitable avec la Pologne, faire parler l'Ukraine avec la Russie, dépolitiser l'olympisme, résoudre la crise anglaise par la bonne foi de Londres (on rit), petite incantation sur le jour d'après en Nouvelle Calédonie et refus d'engager sa candidature au moment !(source).
Tout ça débattu à 27+ et lancé en six mois ?
Ce n'était qu'un exercice de style. Un de plus ! Ursula attendra que cesse le vacarme macronien le 30 juin prochain pour revenir aux fondamentaux, rigueur et fédération ! Elle et Scholz ont l'agenda et, c'est le cas de le dire, parlent la même langue.
Postscriptum : le nouveau pouvoir allemand est analysé dans le Guardian. Cliquer ici pour lire l'article complet.
[1993]
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