jeudi 9 décembre 2021

Nouméa - Bruxelles

Dans les vingt, trente jours qui viennent, il y a deux choses qui marqueront notre avenir, le résultat du référendum en Nouvelle Calédonie dimanche prochain et la présidence par la France du Conseil de l'Union européenne à partir du 2 janvier 2022. La campagne électorale pour la présidentielle d'avril, si elle est indispensable à la bonne santé financière des chaînes d'information qui en font tout un fromage avec le soutien des instituts de sondage, n'est pas déterminante pour l'avenir de notre pays trop profondément blessé pour être réhabilité en moins de dix ans comme certains nous l'annoncent. Le déterminisme socio-politique nous tire vers l'abîme, lentement, sûrement, parce que le peuple a été drogué à l'assistance publique depuis quarante ans, ce qui lui ôte tout ressort au-delà de grogner. Au milieu des dettes et des déficits, un peuple sain aurait lanterné ses dirigeants sur l'air guilleret de la Carmagnole.

Nouméa : le Conseil d'Etat a rejeté hier la demande de report du troisième référendum déposée par les indépendantistes à des motifs coutumiers. En parallèle, il a été saisi par quelques personnalités pour interdire la diffusion d'un dessin animé vantant le "non" à l'indépendance avec un humour que d'aucuns transforment en racisme, c'est à la mode. Des chercheurs anticipent un boycot du scrutin par la moitié "aborigène" de la population, ce qui enlèverait toute valeur au résultat. On avait bien compris, et ce depuis longtemps, que tout résultat qui ne donnerait pas l'indépendance à la Nouvelle Calédonie serait contestable. Le problème est qu'en l'espèce, plus de la moitié des habitants est française (métropolitaine, d'outremer ou walisienne) et que cette moitié, qui va au charbon chaque jour, n'entend pas nourrir longtemps des communautés contemplatives au niveau où elles sont assistées jusqu'ici. Il n'y a aucun suspense. Par le retrait du FLNKS, la grande île restera française... et l'agitation larvée d'une partie de la population canaque persistera, de manière plus ou moins violente selon le savoir-faire des agitateurs qui nous veulent du bien. Il est fort probable que la demande de report ait été motivée chez les indépendantistes par une prévision d'échec (ce serait la troisième fois). Ne doutons pas non plus que la fin de ce projet de rupture renverrait dans leur case les chefs du FLNKS qui n'ont que ça comme métier. On devra donc s'attendre à une sorte d'insécurité que le pouvoir local devra gérer.
Lévina Napoléon

Les grands déçus, outre la poignée de Canaques qu'on a convaincus d'un bonheur indépassable seuls au monde, seront l'Australie et la Chine populaire, toujours en recherche de minerai coté au London Metal Exchange et qui, pour la première, avait montré son intérêt à l'époque des "Evènements" (Ouvéa), en soutenant en sous-main l'insurrection de Tjibaou par ses agents de terrain. Notre souveraineté à Nouméa est la clef de toute influence française dans le Pacifique Sud. Aurions-nous perdu la Nouvelle Calédonie que la Polynésie française nous quittait à son tour sous les efforts conjugués de nos alliés de l'anglosphère et de l'Assemblée générale des Nations Unies qui a toujours cette "libération" à son agenda. C'est en fait du "grand jeu".

Le petit jeu est le semestre français au Conseil européen. Bruxelles : on nous y attend, n'en doutez pas. En fait, nos partenaires attendent surtout les déclamations de notre donneur de leçon national qui va se prendre pour Napoléon pendant quatre ou six mois. L'Europe rieuse (le Club Med) bizarrement ne rit pas, car elle sait déjà qu'elle va être sollicitée jour et nuit par les gens de M. Macron en renfort des objurgations françaises à défaire les contraintes et seuils qui brident la gabegie de Paris. L'Europe sérieuse par contre, se marre, parce qu'elle sait déjà qu'elle va mettre le nez du fringant jeune homme dans l'état de calamités financières de son pays après cinq ans de son gouvernement. Les coups les plus durs viendront des pays dont la balance commerciale est excédentaire. A faire en revanche la liste des pays en déficits sur ce plan*, nous comprenons que jamais ne fut mieux porté par la France son titre de Reine des Gitans. Il ne confère aucune autorité plus loin qu'aux Saintes-Maries-de-la-Mer. S'il ne le sait, il va l'apprendre.
* Roumanie, Grèce, Espagne, Portugal, Croatie, Chypre et Bulgarie (source)
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M. Macron arrive à Bruxelles en même temps que MM. Scholz et Lindner qui ont pour cible la restauration progressive d'une rigueur budgétaire à laquelle devront se plier les grands programmes européens initiés par les Français. Ils viennent à Paris cette semaine pour serrer des mains et donner leurs limites, n'attendant de notre pays qu'un plan Shröder/Hatz de réparation des comptes sociaux, comme notre Miquet à la Houppe l'avait promis à la chancelière quand il accéda à l'Elysée. Il ne pourra pas leur faire le coup deux fois. Lindner, ministre FDP des finances est droit dans ses bottes libérales, Scholz, ancien roi de Hambourg, n'a pas la souplesse du roseau et ricane plus souvent qu'il ne sourit. Quelqu'un va dire enfin les quatre vérités à notre convoi de bateleurs incapables.
En attendant le nouvel an, lire l'article de Jacques Fayette sur Le Moment allemand de l'Europe dans Telos.


[1990°]

3 commentaires:

  1. Si ce n'était les restrictions de voyager que je suis obligé de subir par la faute du covid et du gouvernement, l'ambassadrice m'aurait convaincu qu'une visite sur place s’imposait!

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  2. Echec assourdi par les "chercheurs" du CNRS pour les indépendantistes calédoniens qui voient s'achever le processus Rocard de trente ans d'âge sans eux. Les "experts" de plateau télé ont tous pris fait et cause pour les Canaques dont la coutume aurait été violée par le refus du Conseil d'Etat d'obtempérer. Comptant peut-être sur le blocage du "corps électoral d'invasion" de leurs adversaires et la démographie galopante de leur côté, ils espéraient renverser le résultat des deux référendums précédents.
    La pirouette consistant à repousser d'un an la défaite annoncée par les sondages d'opinion n'est pas prise au sérieux dans la presse internationale. Sauf dans quelques pays hostiles par principe à la présence de la France dans l'océan pacifique, la plupart des médiats étrangers ont acté le voeu calédonien de rester français. Point-barre !
    Il reste maintenant à travailler à l'intégration de tous les groupes de l'archipel dans un projet calédonien commun. Mieux vaut sans doute les laisser parler entre eux. Les revenus des mines devraient y aider.

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