Les efforts diplomatiques éperdus des chancelleries européennes qui ont été déployés pour prévenir une guerre ouverte en Ukraine n'ont pas abouti : oubliant qu'il commande un pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, Vladimir Poutine attaque son voisin, lui-même fondateurs de l'ONU (on l'oublie), au motif indépassable dans sa paranoïa, qu'il lui appartient et qu'il est libre d'en faire sa chose. Malheur, a-t-il dit, à quiconque oserait se mettre en travers de la reconquête de sa propriété. J'avoue n'avoir pas cru à cette fébrilité de sa part en privilégiant un bluff diplomatique adossé à une menace existentielle qui en resterait au stade de l'intimidation. J'ai eu tort.
Nul ne sait jusqu'où l'affaire ira. Ecoutons nos polémologues qui font assaut d'alarmes : la Pologne et les trois Baltes seraient déjà menacés. Qu'en tirer à ce stade qui nous serve ? Une évidence : la diplomatie non adossée à la force n'en est pas une. Il est coutume de dire dans les écoles de guerre que celle-ci n'est que le prolongement violent d'une politique étrangère assumée (c'est de Clausevitz). Dans le cas présent, la maxime s'applique à la Fédération de Russie et nullement au bloc occidental qui n'a pas les moyens de la faire sur le continent qu'il prétend régenter. En ce sens, et même si ce fut mieux que rien, les rencontres à convaincre qu'avaient décidées nos dirigeants étaient vouées à l'échec sans menace actionnable dans la sphère polémologique. Prenons-en de la graine, si Poutine nous en laisse le temps.
Un mot sur les sanctions internationales : la Fédération de Russie va en pâtir, et ses peuples d'abord : mais aussi profondément plongés dans une misère noire qu'ils le soient, ils devront compter dans cette dictature de brutes sur les corps de police à la mode d'antan décidés à les contenir par tous moyens. On les fera taire, on tuera ses chefs sans même se cacher. Le logiciel de la terreur est en place comme l'a montrée l'humiliation publique du chef du Renseignement extérieur Narychkine, au conseil de défense l'autre jour. On comprend aussi que les "tables" immenses n'avaient pas qu'un intérêt prophylactique sous Covid mais font parties de l'image du petit tsar proposée au monde. Les limites de la caricature du Dictateur de Charlie Chaplin sont franchies.
Déjà qu'elle n'est pas si brillante, l'économie russe risque gros, qui devra mettre tous ses œufs dans le panier militaire pour parer à toutes représailles au sol ou dans les airs, et parce que Poutine ne voit plus que "ses" armées. Crève qui n'en est pas, ce n'est pas son problème tant que roulent les chars.
Plus finement : rien ne dit à ce stade que la Chine populaire ne soit pas contente in petto d'une crise économique russe puisque la seule force à sa mesure sur sa frontière nord serait durablement fragilisée, mettant Moscou en position de quémandeur. La Chine a un agenda éternel sur sa frontière steppique : reprendre la Mongolie (extérieure) et toute la rive droite de l'Amour. Outre le caractère "impérial" de ces territoires (comme Poutine avec l'Ukraine et la Biélorussie), ils regorgent de ressources minières. L'affaiblissement économique russe peinant à fournir chenilles et canons, missiles et munitions sophistiquées au front, lui offre le levier des secours financiers. Ce qui lui donne en même temps plus de liberté dans l'ingestion de ces pays voisins autrefois soumis à l'empereur de Chine.
Revenons ici. Nos dirigeants ayant, pour plaire aux masses laborieuses et démocratiques qui les élisent, tout misé sur le soft power, se retrouvent fort dépourvus quand la bise fut venue. Pour ce qui concerne la France, entre la fusée atomique sous-marine et le voltigeur de la Légion, il n'y a rien qui tienne au feu d'une vraie guerre plus longtemps qu'une semaine ; et notre aviation de chasse tiendra l'air cinq jours en cas de conflit continental selon un dernier rapport parlementaire déjà cité ici. C'est le leurre d'une sécurité par dissuasion nucléaire qui ne dissuade pas un ennemi passant sous le radar de la riposte finale qui rayerait notre pays de la carte. Il fallait une armée de mêlée, en coalition sans doute, qui fasse peur. Nous ne l'avons pas. Si les armées de Poutine se rapprochent délibérement des frontières polono-baltes, nous serons happés dans le conflit latent par l'article 5 de la Charte atlantique. Soit, à divers motifs rhétoriques fumeux, nous ne ferons rien comme en 1938 - il ne faut pas écarter cette dépression mentale de notre peuple avachi - soit nous répondrons présent dans l'honneur, mais avec quoi ? Une semaine de soutien aux Lettons ? Le roi Macron est nu.
C'est tout le modèle social français qui doit être repensé car il n'est à l'évidence pas protégé physiquement. Cesserons-nous la gabegie dans l'assistance aux rachitiques et difficiles à venir pour nous réarmer à hauteur de l'idée que nous nous faisons de la France en Europe ? Ou disparaîtrons-nous des pupitres décisionnels où notre logorrhée universaliste ravissait le monde depuis, paraît-il, 1789 ? Les interventions des candidats à l'élection présidentielle française deviennent complètement décalées à partir d'aujourd'hui. Tous ces programmes se fracassent sur le mur des réalités caché derrière le rideau des idéologies démagogiques. La social-démocratie en prend un sacré coup ! J'attends avec intérêt comment le président va vendre nos faiblesses consenties à l'opinion française. Quant à la présidence européenne...
Nul ne sait jusqu'où l'affaire ira. Ecoutons nos polémologues qui font assaut d'alarmes : la Pologne et les trois Baltes seraient déjà menacés. Qu'en tirer à ce stade qui nous serve ? Une évidence : la diplomatie non adossée à la force n'en est pas une. Il est coutume de dire dans les écoles de guerre que celle-ci n'est que le prolongement violent d'une politique étrangère assumée (c'est de Clausevitz). Dans le cas présent, la maxime s'applique à la Fédération de Russie et nullement au bloc occidental qui n'a pas les moyens de la faire sur le continent qu'il prétend régenter. En ce sens, et même si ce fut mieux que rien, les rencontres à convaincre qu'avaient décidées nos dirigeants étaient vouées à l'échec sans menace actionnable dans la sphère polémologique. Prenons-en de la graine, si Poutine nous en laisse le temps.
Un mot sur les sanctions internationales : la Fédération de Russie va en pâtir, et ses peuples d'abord : mais aussi profondément plongés dans une misère noire qu'ils le soient, ils devront compter dans cette dictature de brutes sur les corps de police à la mode d'antan décidés à les contenir par tous moyens. On les fera taire, on tuera ses chefs sans même se cacher. Le logiciel de la terreur est en place comme l'a montrée l'humiliation publique du chef du Renseignement extérieur Narychkine, au conseil de défense l'autre jour. On comprend aussi que les "tables" immenses n'avaient pas qu'un intérêt prophylactique sous Covid mais font parties de l'image du petit tsar proposée au monde. Les limites de la caricature du Dictateur de Charlie Chaplin sont franchies.
Déjà qu'elle n'est pas si brillante, l'économie russe risque gros, qui devra mettre tous ses œufs dans le panier militaire pour parer à toutes représailles au sol ou dans les airs, et parce que Poutine ne voit plus que "ses" armées. Crève qui n'en est pas, ce n'est pas son problème tant que roulent les chars.
Plus finement : rien ne dit à ce stade que la Chine populaire ne soit pas contente in petto d'une crise économique russe puisque la seule force à sa mesure sur sa frontière nord serait durablement fragilisée, mettant Moscou en position de quémandeur. La Chine a un agenda éternel sur sa frontière steppique : reprendre la Mongolie (extérieure) et toute la rive droite de l'Amour. Outre le caractère "impérial" de ces territoires (comme Poutine avec l'Ukraine et la Biélorussie), ils regorgent de ressources minières. L'affaiblissement économique russe peinant à fournir chenilles et canons, missiles et munitions sophistiquées au front, lui offre le levier des secours financiers. Ce qui lui donne en même temps plus de liberté dans l'ingestion de ces pays voisins autrefois soumis à l'empereur de Chine.
Revenons ici. Nos dirigeants ayant, pour plaire aux masses laborieuses et démocratiques qui les élisent, tout misé sur le soft power, se retrouvent fort dépourvus quand la bise fut venue. Pour ce qui concerne la France, entre la fusée atomique sous-marine et le voltigeur de la Légion, il n'y a rien qui tienne au feu d'une vraie guerre plus longtemps qu'une semaine ; et notre aviation de chasse tiendra l'air cinq jours en cas de conflit continental selon un dernier rapport parlementaire déjà cité ici. C'est le leurre d'une sécurité par dissuasion nucléaire qui ne dissuade pas un ennemi passant sous le radar de la riposte finale qui rayerait notre pays de la carte. Il fallait une armée de mêlée, en coalition sans doute, qui fasse peur. Nous ne l'avons pas. Si les armées de Poutine se rapprochent délibérement des frontières polono-baltes, nous serons happés dans le conflit latent par l'article 5 de la Charte atlantique. Soit, à divers motifs rhétoriques fumeux, nous ne ferons rien comme en 1938 - il ne faut pas écarter cette dépression mentale de notre peuple avachi - soit nous répondrons présent dans l'honneur, mais avec quoi ? Une semaine de soutien aux Lettons ? Le roi Macron est nu.
C'est tout le modèle social français qui doit être repensé car il n'est à l'évidence pas protégé physiquement. Cesserons-nous la gabegie dans l'assistance aux rachitiques et difficiles à venir pour nous réarmer à hauteur de l'idée que nous nous faisons de la France en Europe ? Ou disparaîtrons-nous des pupitres décisionnels où notre logorrhée universaliste ravissait le monde depuis, paraît-il, 1789 ? Les interventions des candidats à l'élection présidentielle française deviennent complètement décalées à partir d'aujourd'hui. Tous ces programmes se fracassent sur le mur des réalités caché derrière le rideau des idéologies démagogiques. La social-démocratie en prend un sacré coup ! J'attends avec intérêt comment le président va vendre nos faiblesses consenties à l'opinion française. Quant à la présidence européenne...
On doit transpirer à Taipei....Et les Bielorusses qui ont des passeports devraient les prendre en photo, ça leur fera un souvenir: celui du bref interlude entre l'URSS et le statut prochain de quasi oblast russe!
RépondreSupprimerLe pouvoir chinois attend de voir si la guerre ouverte conventionnelle est moins ou plus dommageable qu'une asphyxie économique, parce qu'elle est l'usine du monde avec presque un milliard d'ouvriers/employés menacés alors que la Russie n'est qu'une station service. Donc ça va laisser du temps aux Taïwanais.
SupprimerD'un autre côté, secourir la Russie ne l'enchante pas, elle qui contemple la Sibérie orientale comme son arrière-cour, et plus faibles seront les tsars, meilleures seront ses chances.
Le revirement stratégique et culturel de la "chancellerie du Reich revenu de loin", qui réarme sans aucun complexe, va entraîner la France dans la même spirale Chromes et Flammes. S'il fallait plus amples justifications à l'inflation de nos dépenses militaires, elles sont maintenant là !
RépondreSupprimerLes forces françaises seront en concurrence sérieuse avec les forces allemandes à échéance de dix ans. Où trouver l'argent ?