L'armée blindée russe se signale par un grand Z blanc peint sur le flanc des chars et des transports de troupe. La signification est vaseuse : est-ce le Z de la direction de l'ouest, le Z nazi de la cible Zelenskiy, l'initiale du prénom de la maîtresse du major général Guerrasimov, le héros de Crimée commandant la 41è Armée, Zhannochka peut-être, hélas pour elle déja veuve de la main gauche, tué sous les murs de Karkhov hier, après que son adjoint Sukhovetsky y ait péri au début du mois ? Le mystère reste entier, mais s'il en est un qui rit jaune, c'est bien Zorro Zemmour, zélateur de Musculator, qui a ravalé sa salive au faux-pas du "oui mais" dont est coutumière l'extrême-droite française. Chacun sait bien que les condamnations de ce bord sont de pure forme en période électorale, parce que 99% de la population française compatit aux malheurs de l'Ukraine, et qu'en régime de suffrage universel direct, chaque voix compte. Mais à connaître ce milieu, on devine sous le bruit de la compassion forcée, la porteuse de la petite musique soutenant Poutine malgré tout. La destruction de Grozny, la destruction d'Alep n'ont jamais soulevé d'inquiétudes dans ce camp habitué à éponger l'ardoise. Les barils de poudre largués par les hélicoptères de Bachar el-Assad dévastaient immeubles et civils de tous âges que des parlementaires français prenaient l'anisette en terrasse à Damas en se laissant filmer par la propagande du régime.
S'il en était besoin, avec les têtes de pioche il est toujours besoin, le mouvement vers l'Ouest des trois républiques évadées de l'Union soviétique que sont la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine, indique à l'opinion compréhensive qu'elles y cherchent refuge contre l'Hégémon dément du Kremlin ; et que ce n'est pas l'Ouest qui avance vers l'est mais l'inverse. Que la Finlande et la Suède ouvre des discussions avec l'OTAN pour entrer dans le commandement intégré ne doit pas les émouvoir non plus. Ce sont bien sûr pour eux les abrutis du Pentagone qui avancent, et quand passe l'escadrille de la chasse russe sur l'île de Gotland c'est parce que son GPS a été brouillé par les méchants Finlandais. Il sera intéressant de savoir combien prendra de temps l'acceptation par l'extrême-droite que la translation géostratégique est à l'inverse de ce qu'elle dénonçait jusqu'ici ! Mais le programme électoral est imprimé et ça coûte cher. On y trouve donc encore le projet de retrait du commandement intégré atlantique alors que grossissent les prémices d'une guerre mondiale par dépit (Philippe de Lara s'en inquiète), et que nous ne sommes pas plus capables de nous défendre seuls que nous ne l'étions en septembre 39 ; peut-être moins encore, vu les dotations matérielles de type démonstrateurs dont nous disposons aujourd'hui. Réarmons, putain, réarmons tout de suite !
Dans cette guerre déclarée, une chose ne laisse de m'étonner : la capture des avoirs extérieurs de la Banque centrale de Russie. J'en sais la raison, j'en sais les effets, mais on ne bloque pas un trillion de dollars impunément. Le précédent de l'Afghanistan taliban n'en est pas un, les réserves confisquées sont d'origine budgétaire américaine. Bruno Le Maire a parlé de guerre économique "totale". Le séquestre des liquidités russes et l'arrêt à venir le 12 mars des échanges instantannés par le réseau Swift sont des sanctions nucléaires contre une économie somme toute peu résiliente et portée seulement par ses échanges extérieurs. Contrairement aux négateurs de toute efficacité des sanctions (Iran, Syrie, Russie), je pense que l'effondrement de la bourse de Moscou et du rouble appauvrissant la classe moyenne basse à très court terme ne pourra pas être tempéré par la propagande lourde d'un pouvoir acculé devenant dangereux pour tous. Le Russe informé du caractère tchétchénien des opérations n'en voudra rien croire. Pour l'instant ! Mais en 2022 l'information finit toujours par percer le mur de la censure, d'autant que le pouvoir n'a pas coupé les télécommunications avec le reste du monde et qu'arrivent des descriptions et des images qui contredisent l'opération spéciale de dénazification sous les fleurs et les vivats de la foule libérée. Acculé, Poutine va-t-il péter les plombs et tirer ?
Le quatrième point est la fable chinoise du poulet et du singe : on tue le poulet au sol pour effrayer le singe dans l'arbre. A ce qui suinte des allées du pouvoir chinois (voir les sites choisis par RA), les stratèges si sûrs d'eux jusqu'ici sont carrément sur le cul à observer la vitesse incroyable et la masse destructrice des sanctions décidées par le G7 et l'UE. Ils en mesurent toutes les conséquences et les appliquent au pantographe sur l'économie chinoise en cas d'une invasion de Taïwan. Même s'il est un peu tôt pour l'affirmer, je crois pouvoir écrire dans un mois que Poutine a sauvé Taïwan. Outre la possibilité que l'île rebelle entrerait dans une résistance inexpugnable (la géographie montagneuse de Taïwan s'y prête cent fois mieux que les plaines d'Ukraine) obligeant les troupes chinoises à excéder le temps imparti par l'état-major avant réaction musclée des Américains et des Japonais, les sanctions économiques et financières déstabiliseraient durablement la société industrielle et manufacturière chinoise, dont le premier marché est l'Amérique du Nord, jetant à la rue des cohortes immenses de chômeurs vindicatifs. Dans le passé, le pouvoir chinois a toujous reculé devant une répression sanglante car le peuple Han est éduqué depuis le berceau aux vertus de la révolution marxiste léniniste. S'attaquant au peuple des gueux laborieux et fiers, il passerait sous le drapeau fasciste. Merde alors !
L'enterrement est celui de l'amitié russo-ukrainienne. Poutine attaque deux grandes villes emblématiques de l'Ukraine russe, Kharkov et Odessa, qui lui étaient tout dévouées il y a deux mois encore. Les dévastations et le malheur des gens exposé par tous les canaux de communication, comparés à une propagande russe imbécile tenant d'une époque révolue, auront durablement retourné les populations "russes" vivant en Ukraine, d'autant qu'elles n'ont senti jusque là aucun effet de la nazification du pays ; même si le front du Donbass fut chaud tous les jours depuis 2014 ; mais avec l'avion de la Malaysian Airlines en prime, la cause était entendue. Ce qui est plus grave encore est que la prévention naturelle des pays de l'Europe de l'Est contre les Russes comme peuple slave attardé va se diffuser en Europe occidentale, et on peut parier que l'amitié franco-russe en soit atteinte assez largement tant que Poutine vivra malgré les efforts d'apaisement des zélateurs intéressés ou pas dans leur fortune. Que meure Poutine est la seule véritable porte de sortie de cette guerre protéiforme contre nous. Cela fera un bel enterrement avec les flonflons et les pom-pom girls tout droit venues de la Nouvelle Orléans !
Pour réarmer, il faut déjà vouloir se défendre. Pour vouloir se défendre, il faut avoir quelque chose à perdre. La question c'est : quoi ? La 5ème république ? Notre dette publique abyssale ? Notre souveraineté énergétique légendaire ? Notre production industrielle, textile ? Nos allocations de la CAF ? Notre prestige au Mali et en Afghanistan ? OTAN ne rien ajouter à cette longue liste... J'en connais même quelques uns qui ne verraient pas d'un mauvais oeil une invasion Russe en France, tant la haine des USA est forte. Le souvenir de l'Irak et la perpétuation d'une forme de communication de propagande n'y sont sans doute pas pour rien, dans une France gilet-jaunisée et rendue complotiste grâce au virus chinois. Enfin, la campagne éclair de France a duré un mois et demi en 1940, ici nous en sommes à 15 jours pour un territoire un peu plus grand, que Poutine ne souhaite pas prendre en intégralité. Il nous suffisait de fermer les yeux quelques jours. Mais hélas la protestation officielle ne pouvait suffire, le levier des sanctions nous démangeait. Ils ont tiré celui qui flingue le financement du commerce international et provoque la hausse des cours... pour nous. Au plaisir. PdC
RépondreSupprimerMoi, j'y ai à perdre : le caveau de ma famille, ma cathédrale de grès rose, les fenestras du tour de ville et la poésie de François Fabié.
Supprimer« Une patrie, disait Maurras, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ; ce sont des autels et des tombeaux ; ce sont des hommes vivants, père, mère et frères, des enfants qui jouent au jardin, des paysans qui font du blé, des jardiniers qui font des roses, des marchands, des artisans, des ouvriers, des soldats, il n’y a rien au monde de plus concret.»
Le patriotisme est un vaste sujet mais la patrie, on y marche dessus.
Le bombardement de la cathédrale de Kharkiv signe le commencement du sac des villes par les barbares toujours prêts à éradiquer une culture qui les défie. Nul ne sait l'issue de la guerre mais la nuit soviétique est déjà là.