mercredi 2 mars 2022

Ukraine J7 jour-pivot

Un des ordres permanents de l'arme blindée-cavalerie est : « si vous faites une connerie, faites la vite ! » Au septième jour de la guerre d'Ukraine, on sent que le Tyran s'impatiente, qui va demander des comptes à ses généraux playmobil avant de les adresser à la Loubianka ! L'art de la guerre n'a jamais été russe, elle n'est chez eux que destructions, ravages et ruines pour ensevelir les corps, les scores étant toujours impressionnants, à Grosny comme à Alep les toutes dernières fois. Le Russe n'avance que sur des gravats ! Blessé dans son incommensurable orgueil par la résistance ukrainienne, même dans les zones réputées russophones (Kharkiv), Poutine a-t-il décrété le nivellement des villes qu'il rencontre sur son chemin ? On commence à le craindre, même si on ignore toujours son chemin. Il est déjà sûr d'entrer au panthéon des Huns. Que s'est-il passé pour que ça foire ?

VTT russe en feu à Kharvik

On avait compris, en croisant les déclarations pugnaces du Kremlin et les images satellitaires des attaques menées sur le terrain, qu'il s'agissait de prendre d'assaut la Diète ukrainienne, la télé d'Etat de Kyiv, les infrastructures de transport de la capitale, nœuds routiers, gare et aéroport et surtout, de capturer le président comique juif Zélensky avec l'espoir qu'il se défende l'arme à la main, auquel cas il aurait pris une ogive entre les deux yeux, et terminé bonne nuit ! Deux semaines de "dénazification" avec licence de tuer auraient réglé ensuite toute résurgence de la pieuvre hitlérienne. Avec un gouvernement pro-russe ou carrément russe et un parlement purgé au calibre 7.62, l'affaire était terminée avant même que Joe Biden ne sorte du coma. Merde alors !

Le directeur du Renseignement extérieur a rapporté sans doute ce que le Tyran souhaitait entendre. Cela va lui coûter cher : le peuple ukrainien, appartenant à une nation de papier, se défend sous ses couleurs bleu et jaune, et dans la zone russophone tout autant ! Defense One analyse cinq causes de ce premier échec qui malheureusement vont motiver la guerre russe classique de destructions élargies (source - ndlr: le texte ci-dessous n'est aucunement une traduction):
  • Obsédé par le secret de sa stratégie formidable, Poutine n'a pas informé à l'avance son état-major des véritables buts tactiques des opérations attendues pour lesquelles il avait amassé des moyens considérables aux frontières, sans les entraîner dans un but précis. L'impulsion était donnée sur le Donbass et à la garantie de sécurité apportée aux républiques croupions reconnues à dessein. Finalement c'est parti de Biélorussie et de Crimée.
  • Le raid préalable sur Kiev des forces spéciales a foiré lamentablement et, contrairement à ce qui était partout dit, la suprématie aérienne n'a pas débordé le théâtre des combats au sol. L'armée de l'air ukrainienne, diminuée certes, persiste à voler dans le tiers sud-ouest du pays. L'état-major russe a dû engager la masse de manœuvre sur des objectifs plus durs à prendre, mais sans préparation logistique. Il faut être très con pour étirer un convoi d'infanterie portée sur soixante-dix kilomètres ! Essence et vivres ont été taries : les moteurs tournent en permanence pour avoir un peu de chauffage en période de gel dans les camions à l'arrêt ; les vivres sont un consommable comme un autre qui disparaît plus vite dans l'inaction (même si les rations de combat sont périmées depuis 2015 à ce qu'on a vu des cartons pris à l'ennemi).
  • Saturé de propagande, l'état-major a surestimé ses forces dont les manœuvres impressionnantes passaient en boucle sur les télés du monde entier. En découlait une opération hit ans run sans bain de sang, l'Ukraine et ses soutiens passifs occidentaux étant bien sûr mis en sidération par la puissance russe. Le renseignement était faux, le moral des conscrits particulièrement bas après des semaines de manœuvres à patauger dans le froid vif ; la coordination et l'intendance... typiquement russe ! S'en suivirent par endroits des redditions sans combattre, des désertions peu nombreuses mais quand même, et fatalement des morts. Beaucoup si l'on en croit les Ukrainiens qui parlent de cinq mille ! Les cercueils rentrent en ce moment en Russie.
  • L'appui aérien n'a pas été à la hauteur de l'enjeu, peut-être pour éviter de perdre de beaux avions tout neufs dans une guerre présumée facile. Mais ça va changer, Poutine ne peut pas rentrer sans contempler dans son bunker les ruines des villes qui le défient.
  • le dernier "imprévu" est la force et la vitesse de réaction des nations européennes qui ont substitué en deux jours une vraie guerre économique aux menaces diplomatiques d'usage. Tout le travail de division du Kremlin, qui craint l'Union des démocraties plus que l'OTAN finalement, s'est avéré inadapté à la conscience européenne profonde des vingt-sept pays. A tel point que les Etats-Unis en ont été surpris, jusqu'à nous suivre sans rattraper leur retard dans la mise en œuvre de sanctions lourdes. L'espace aérien américain ne vient d'être fermé aux avions russes que ce matin. La chasse à l'oligarque commence seulement alors qu'en Europe tous leurs comptes sont gelés jusqu'en Suisse ! Les Îles vierges britanniques vont-elles recevoir le coup de téléphone "nucléaire" qui les forcera à rejoindre ?
Comme le note hélas Dmitri Alperovitch (CrowdStrike) dans l'article source : "...à mesure que diminuent les options qui sauveraient la face de Poutine, pires deviennent-elles. Le changement de tactique exigé par l'échec misérable de l'entrée en campagne annonce le nivellement zéro des villes, les buts mêmes de la guerre s'en trouvant tout autant modifiés. Plus longtemps durera l'affaire, plus sérieuse sera la menace sur Poutine, une révolution de palais n'est pas exclue."

Il se pourrait malheureusement que le prochain article ici soit titré : "Le sac de Kyiv par les ribauds tchétchènes".

4 commentaires:

  1. L'ermite du gave3 mars 2022 à 11:29

    Je vais sans doute faire hurler mais je pense qu'on commente trop la guerre et qu'on applaudit trop fort les sanctions. Du moins voudrais-je que l'on parle ou que l'on murmure que des pourparlers "secrets" sont en cours pour trouver une issue. Je ne considère pas que les déclarations martiales de nos dirigeants (nationaux et européens) soient opportuns, eux dont le rôle premier serait d'essayer d'éteindre le feu, pas d'y mettre de l'huile.
    J'ajoute que je considère qu'ils commettent une faute politique grave de déclarer haut et fort envoyer des armes aux Ukrainiens et que nous avons tort de nous réjouir de ces déclarations.
    Je souhaiterais que la diplomatie reprenne de la vigueur (par exemple pour créer des couloirs aériens d'approvisionnement en vivre et matériels civils), que les va-t'en guerre soient moins présents pour laisser leur place aux négociateurs et que l'on me dise que l'option "armes" est abandonnée au profit d'une aide massive aux réfugiés et aux pays qui les accueillent. Bref, je voudrais que l'on cesse d'alimenter en sensationnel ces p...de télé en continu.
    Je rêve?

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    1. Bien d'accord !
      Nos politiques et leurs relais médiatiques ne mettent pas que de l'huile sur le feu, ils jouent avec le feu !
      Pour ma part, je suis pour qu'on fasse le nécessaire y compris dans le réarmement de l'armée d'Ukraine mais qu'on n'en fasse pas un motif de communication. Qu'on se taise ! A l'ancienne.
      Je sais que c'est trop demander.
      Télé en continu : les émissionss spéciales font le tri entre les journalistes qui bossent, cherchent de l'info, lisent les communiqués étrangers, tous les communiqués, sortent de l'info de première main ; et la masse de ceux qui commentent le journal du matin avec un "sérieux d'expert". Ces émissions sont submergées de banalités et de bavardages, chacun voulant son temps d'antenne. La conne du jour : Géraldine Woessner du Point.

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    2. L'avenir appartiendra à celui qui ne "communiquera" pas mais suivra son idée en silence. Les dommages collatéraux de la communication de Joe Biden sont épouvantables.

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    3. Pour sûr, il aurait dû laisse planer le doute quant à l'intervention militaire des Etats-Unis, mais il est prisonnier du régime démocratique de transparence avec des mid-terms déjà perdues.

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