lundi 11 avril 2022

De Lassalle à Le Pen

Jean Lassalle
J'ai pensé que Jean Lassalle répondait à la lettre de Jean-Paul Brighelli et j'ai voté pour lui. Et dans certains départements du midi, il a obtenu entre 7 et 10% des suffrages, ce qui prouve que son discours assez rugueux a résonné dans des thématiques rurales comprises par un nombre important de citoyens réveillés. Le vote Lassalle n'était justifié que pour appréhender le niveau de réponse de l'électorat face à "l'authenticité". Peut mieux faire certes, à trois pourcent, mais c'est un bon tremplin pour revenir au Palais Bourbon porter la voix des terroirs contre la technocratie métropolitaine. Repartir de la base communale pour refonder la nation française était le socle programmatique du candidat de Lourdios-Ichère. Nous partageons ce point d'appui, comme en son temps y abondait Rodolphe Crevelle avec les cantons du Haut Languedoc ; c'est une autre histoire.

Le vote utile auquel se sont abandonnés tant d'électeurs est sans effet pour son utilité, sauf à faire le lit d'un candidat contre un autre, à nulle conséquence quant à la politique du pays. Parce que ce n'est pas la politique qui gouverne ce pays qui a rendu toutes ses clés ; c'est son environnement géopolitique, ses dépendances contraintes et la perception populaire des menaces qui le guettent. Qu'ont fait Sarkozy, Hollande et Macron pour ce pays ? Au résultat, pas grand chose, sauf à le mesurer dans les classements internationaux où nous sommes toujours aussi mal classés ! Revenons aux fondamentaux.
L'affaire d'Ukraine vient de catapulter les nations européennes dans le champ des réalités et l'atterrissage est douloureux. Le rêve de Brandt-Schröder-Merkel s'est évanoui. La base de pérennité d'une nation est encore et toujours son autosuffisance sur l'essentiel, la peur qu'elle inspire, l'admiration qu'elle suscite. Quand vous manquent ces trois piliers, toute politique n'est qu'agitation. M. Macron est l'archétype de l'agité, moins peut-être que M. Sarkozy mais pas loin. C'est en ce sens que le vote utile n'est utile à rien ! L'élection présidentielle est le casting des rôles attribués à la comédie politique des faux-semblants. Les vrais patrons sont ailleurs, et au fond, chacun s'en doute, même si on ne sait pas les identifier. D'ailleurs sont-ils identifiables ? Même pas. Le gouvernement des nations est neuronal. Les décisions qui comptent sont prises par les échanges d'influx nerveux de millions de connexions qui nous échappent et qui s'agglutinent en une tendance de fond. Et les connexions politiques y comptent finalement pour très peu.

Pour ce qui nous concerne aujourd'hui, Marine Le Pen est à un point de l'égalisation au second tour. Mais les grandes voix de la République de gauche comme les grands traîtres de la République de droite n'ont pas encore donné tout leur volume contre la fille du Pirate. Cela risque d'ailleurs d'être assez dégueulasse. Plus loin sur l'horizon se découpent déjà les élections législatives destinées à dégager une majorité de gouvernement. Le risque d'une cohabitation bridant toute grande réforme n'est pas mince. C'est même l'issue probable. Au milieu des tempêtes, ce pays risque d'être le jouet de la politique politicienne à l'italienne et en conséquence, voir son influence en Europe quasiment disparaître. Ce n'est pas le moment certes, mais il sera difficile de l'éviter, sauf article 16.

De toute éternité, la force a primé le droit, celui-ci ne présidant qu'au jugement du vaincu. Nous avons oublié un monde de force, il nous revient en pleine gueule ! Ou bien nous entrons dans ce schéma réel et y mettons tout le disponible que la nation peut excaver chez elle, ou bien nous allons basculer dans la fosse des pays déclassés pour longtemps. Le destin du Portugal, aurait dit le Général. La tranquilité de vivre cachés peut aussi ne pas déplaire. Et cette Grosse Nation est peut-être au bout de son projet, comme le Bas Empire en 410. Il faut avouer que déconner à plein tube depuis la chute du Second Empire devait finir un jour par finir ! Nous n'avons plus d'industrie digne de ce nom, plus d'Etat en capacité de gérer le régalien, aucun compte public équilibré, une dette honteuse, des régimes sociaux partout déficitaires en situation de submersion exogène, un armée prête à livrer trois jours de bataille, et des sols dévastés par l'agriculture chimique intensive. Quel politique issu du "jeu" démocratique pourrait résoudre une équation à tant d'inconnues ? Aucun ! C'est pour cela que le vote "utile" est dérisoire !

L'affaire est assez sérieuse pour déclarer la nation en péril et remettre les pleins pouvoirs à un dictateur romain qui forcera le destin. Comment ? Comment ! Il me demande comment ! D'abord en détruisant tous les déficits sociaux. En appliquant une décroissance compatible à la crise climatique et en produisant sur notre sol le plus possible d'énergie domestique après avoir réduit les thermostats à 16°C. Ensuite en régénérant une industrie tournée vers le futur. Puis en se donnant les vrais moyens de nous défendre, en doublant pour ce faire le budget des armées, pour commencer ! Il nous faut impérativement faire peur ! Emmanuel Macron n'a pas les épaules pour cela. Jean Lassalle, si, mais pas le look ni la ruse exigible ! Le 24 avril, pour me dire que j'ai tout tenté à mon échelle, j'irai voter pour un président sans majorité parlementaire, Marine Le Pen.

9 commentaires:

  1. Les synthèses du premier tour commencent à être publiées. Il en est une plus intéressante que les autres, c'est la répartition géographique du vote "Mélenchon".
    Il emporte la région capitale et de grosses métropoles de province comme Nantes.
    Voir la carte du parisien en cliquant ici.

    Si Macron persiste dans son projet de retraite à 65 ans, on sait déjà quels territoires se soulèveront, et spécialement ceux proches des lieux de pouvoir.
    Mais déjà au premier tour de sa campagne d'entre-deux-tours, Macron a reculé au motif risible de consultations, comme il reculera sur tout pendant cinq ans.

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  2. Et la dette, qui en parle??? Dernièrement le premier ministre espagnol s'est fait sévèrement tacler par celui des Pays Bas à ce sujet! Il a fallu que ce soit Macron qui fasse l'intermédiaire (mal placé). Il n'est pas question que je perde une seule seconde de mon temps à choisir entre deux candidats cigales (mais les 10 autres du départ étaient pareils) qui font mine d'ignorer qu'à un moment ou un autre les fourmis voisines vont nous présenter l'addition. Et ce jour là, ça va saigner! mais nos guignols préfèrent promettre la lune faisandée du "toutétat"....Vieil adage calviniste que j'applique à la lettre: "Mettez votre confiance en Dieu et votre poudre au sec".

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    1. L'argent magique est le sang des démagogies et l'Europe sérieuse que vous citez en a plus qu'assez de nos palinodies démocratiques à compte d'autrui. Notre voix est inaudible en Euroland.
      Au plan intérieur, avec trente pourcent (30,19%) d'insoumis au sens large, aucune réforme des régimes sociaux n'est possible, or ce sont les régimes sociaux qui plombent ce pays. L'insurrection des Gilets Jaunes n'était qu'un apéritif. Aujourd'hui, la gauche extrême se sent forte. Une révolte sourde va accompagner le prochain mandat présidentiel

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  3. On se prépare quelques bonnes années. Entre mécontents de tous bords abreuvés des slogans simplistes ânonnés par les candidats de tous bord et ceux pour qui tout est bon pour aller à l'affrontement (des Corses aux antifas en passant par les anciens gilets jaunes toujours à l’affût, sans oublier les pros de la gréve) il faudra autre chose que les communiqués lunaires façon darmanin pour maintenir l'ordre. Autant dire qu'on n'a pas fini de regarder les voitures brûler et les centre villes se faire dévaster. On a goûté aux files d'attente, aux rayons vides à l'époque du Covid, et la queue aux pompes à essence, on connait aussi grâce aux routiers en colère. La queue au distributeur bancaires avec des montants plafonnés pourrait elle être une option des cinq prochaines années? A ne pas vouloir reformer ni économiser que reste t il à l’état sinon l'augmentation des prélèvements et la confiscation de l’épargne lorsque l'emprunt sera devenu impossible? La photo surprise du pitre qui s'affichera la semaine prochaine à 20h00 me semble du coup bien anecdotique. Peut être suis je trop pessimiste.

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  4. Voter Le Pen?
    C'est facile de jouer avec le feu quand on ne risque pas grand chose, mais attention au retour de flammes.
    C'est sûr, l'incompétente Le Pen ne pourra pas gouverner car elle n'aura pas de majorité, heureusement.
    Mais sa victoire au second tour risque de lâcher dans le pays jusque dans le moindre petit village, les paroles et les actes les plus immondes contre les boucs émissaires d'aujourd'hui et de demain et personne ne peut prédire comment ça se terminera.

    Demain si Le Pen passe, ses aficionados abreuvés à CNews ou C8 vont s'en donner à cœur joie.
    On aura certainement un bon exutoire pour tous les frustrés mais aussi et sûrement beaucoup de victimes d'injustices à cause de leur faciès : Les arabes, les noirs mais aussi les asiatiques, notamment car les tensions avec la Chine ne peuvent que s'accentuer.


    « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

    Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.

    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

    Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
    Martin Niemöller

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    1. Vous exprimez une inquiétude, légitime selon votre propre analyse de notre société, mais que je ne partage pas parce que je ne fais pas la même. Et ce serait trop long ici d'en donner la synthèse.
      Les électeurs de Marine Le Pen ne sont pas des skinheads ni des néo-nazis ; je le dis parce que j'en connais beaucoup.
      Donc la réduction ad hitlerum est imméritée.

      Par contre, j'anticipe une ardeur nouvelle des forces de l'ordre (Bac, GM et CRS) à combattre la criminalité et la chienlit publique.

      De toute façon, si MLP passe, elle n'aura que les deux domaines réservés à présider, le CSM et un mot à dire sur le ministre de l'Intérieur. Le reste sera entre les mains du parlement, s'il arrive à former une coalition majoritaire. Sinon... c'est une dissolution ou un coup d'Etat référendaire... ou autre chose que je ne vois pas encore. Conseil constitutionnel, Cour de Cassation, Conseil d'Etat ??? Je n'en sais rien.

      Le vote que je prévois de ma part est purement tactique.

      Pour mémoire, il n'y a jamais eu aucun racisme ni antisémitisme sur Royal-Artillerie, même allusifs.
      Bonne soirée.

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    2. En effet il n'y a jamais eu ce genre de propos sur RA. Je ne remets pas en cause la ligne éditoriale de ce blog, je souligne simplement que la victoire de Le Pen risque d'ouvrir une porte vers des perspectives dont on connaît les ressorts.
      Le racisme est un des sentiments humains les plus communs chez les humains et il faut éviter de jouer avec lui car ça se finit toujours très mal.

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  5. J émettrais même un doute pour "l'ardeur nouvelles des forces de l'ordre". Les policiers et gendarmes pensaient vraiment que l'arrivée de Sarkozy comme MI changeraient les choses en 2002. C'est pour cela qu'en 2007 le vote fut massif aux présidentielles. Malgré les indices de la faiblesse affichée en 2005, et particulièrement aux Mureaux (2007) ou les consignes avaient été de se laisser tirer dessus , un certain enthousiasme accompagna l'élection de 2007. . Les Alliot-Marie, Hortefeux et Gueant ne firent jamais autre que chose que ce qu'avaient fait ou firent les socialistes. Le retour de manivelle fut brutal et la déception grande. Aujourd'hui tout le monde sait dans ces corporations que la présomption de bonne volonté dont fait preuve MLP ne vaut pas plus qu'une promesse

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  6. On apprend (AFP) que Jean Lassalle se retire de la vie politique avant d'entrer au bloc pour une chirurgie cardiologhique.
    Nous lui souhaitons que tout se passe bien.

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