samedi 16 avril 2022

Le "Moskva" par le fond !

Les serpents de l'île éponyme étaient plus venimeux que prévus. Le navire amiral de la flotte de la Mer Noire était le bâtiment russe qu'on disait le mieux défendu avant qu'on entre avec le diable dans les détails. Sur le papier il disposait d'un système automatique d'acquisition et réponse à toute menace dans les trois dimensions. Sauf que la valeur de l'équipage semble être du même niveau que celle de l'infanterie ou de l'arme blindée russes, et qu'il a suffi par gros temps de l'amuser par la voltige de deux drones pour lui sortir la tête des écrans. Et boum... boum !

le Moskva
Le missile anti-navire Neptune est précis à cent kilomètres, et bon jusqu'à 250km dit la fiche, et la carte publiée par la BBC (dans cet article complet) nous montre la position du *121* à soixante nautiques de la côte méridionale d'Ukraine, soit à portée balistique efficace ! L'amiral ayant sa marque sur le Moskva et le commandant sur la passerelle ont-ils été présomptueux ? Bien trop certainement, comme tout l'état-major de l'armée de terre !

L'équipage a été transbordé pendant l'incendie dit l'amirauté russe, même si le doute persiste sur l'évacuation de la salle des machines après un impact à la flottaison déclenchant l'embrasement des soutes à munitions de l'étage au-dessus. Le commandant lui-même est présumé mort. Cent quatrevingt-six mètres de long et douze mille cinq cents tonnes envoyés par le fond pour le prix de deux Neptunes, il y a de quoi enrager le petit csar ! D'autant que le croiseur n'est pas le seul bâtiment de la flotte en Mer Noire coulé ou gravement endommagé. Selon le colonel Goya, outre l'Orsk coulé à Berdoyansk et ses deux escorteurs de classe Ropucha endommagés mais navigants encore, un patrouilleur de classe Raptor a été touché par deux missiles à Marioupol. Les côtes ukrainiennes ne peuvent pas être approchées sans risque et l'arrivée de missiles anti-navires occidentaux sur le théâtre des opérations navales va interdire toute idée de manœuvre amphibie russe, ce qui ne laisse à Moscou que l'option de la destruction systématique par l'artillerie classique des villes qui résistent, s'attirant ce faisant la haine de tout le monde libre et au-delà !

Alors que l'empire russe revenu s'essaie à la domination des sept mers sous la férule d'un Lt Colonel du KGB ayant fait carrière sur sa chance insolente, ne pas tenir des mers intérieures comme Azov ou la Mer noire est très mortifiant. Après l'état-major tactique en Ukraine et le FSB, il va y avoir de l'avancement dans l'amirauté. La flotte bloquée au Bosphore par les Turcs, va se réfugier à Sébastopol et y rester confinée pour ne pas accroître l'humiliation du Kremlin. L'ire y est grande ! Comme la tentation de se venger !

3 commentaires:

  1. Les pertes dans l'équipage du croiseur sont plus importantes qu'on ne l'avoue au ministère à Moscou. Sur 500 marins, on en a vu une grosse centaine à la cérémonie d'hommages de Sébastopol ; des témoins ont vu environ 200 marins brûlés hospitalisés en Crimée : Il en manquerait presque 200 dont des appelés.
    Dans la vidéo qui circule, les deux impacts à la flottaison, un par tribord-arrière l'autre par le travers ne laissaient que peu de chances.

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  2. Repris sur le blog de Michel Goya en commentaires :
    Vidéo intéressante de Lazerpig "What sank the Moskva ?"
    Selon le rapport d'inspection émanant de la Marine russe elle-même et datant de la fin février, aucun des trois systèmes de défense aérienne n'était véritablement opératoire, portes étanches fuyardes, nombreux extincteurs manquants, matériel de sauvetage sous clé (la clé étant dans la cabine de l'amiral), moteurs ayant dépassé de plus de 10000 heures leur dates de révision, ce qui interdisait au croiseur de passer à pleine puissance, nombreuses chaînes de contrôle-commande en panne, indicateurs absents ou en panne, gouvernail ne pouvant tourner que de 20 degrés, etc... Et malgré ce rapport datant de décembre 2021, le navire a été jugé bon pour le service et envoyé au combat.

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  3. Vous dites dans l'article que "la flotte bloquée au Bosphore par les Turcs, va se réfugier à Sébastopol et y rester confinée pour ne pas accroître l'humiliation du Kremlin". Je vous signale qu'elle a déjà quitté Sébastopol pour la côte du Caucase, y compris hier les sous-marins classe Kilo. C'est bien pire donc.

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