mercredi 13 juillet 2022

Faire peur !

« Ils sabrèrent le gouverneur de Launay puis lui coupèrent la tête au couteau de cuisine avant de la mettre sur une pique qui précèderait les braillards.»

Les quatre jours du soulèvement de Paris contre le roi résumeront toute la Révolution française. Il fallait être terriblement myope pour ne pas voir que le régime avait fondu comme neige au soleil. Le 15 juillet, le président de la Noblesse aux Etats généraux et vénérable du Grand Orient, Sigismond de Montmorency-Luxembourg, avait foutu le camp pour Londres abandonnant derrière lui une fortune considérable ; le 16 c'était Artois et Condé qui passaient la frontière ; les suivront des secrétaires d'Etat et les pairs les plus exposés jusqu'à La Vauguyon, précepteur des quatre fils du Dauphin et in fine ministre des affaires étrangères quatre jours avant de monter incognito et sans perruque dans la berline pour Le Havre, où il se fit prendre, avant d'être sauvé par Mirabeau le grêlé.

En cela la prise de la Bastille, un monument d'incompétence d'un pouvoir liquéfié, est devenue le symbole le plus fort de la Révolution française parce qu'elle l'enferme toute. Même si d'irréductibles Gaulois ne célèbrent pas le 14-Juillet, la journée est notre fête nationale articulée traditionnellement sur trois manifestations : les bals des pompiers, les feux d'artifice et les défilés militaires. C'est le jour des contacts armée-nation qui sont d'une importance capitale en temps de crise, surtout depuis que la suppression de la conscription a distendu le lien génétique entre les familles et les régiments.

Le défilé militaire de Paris est présenté ici par le ministère des armées, lequel nous propose cette magnifique photo de la garde à cheval que le monde entier nous envie (pour une fois c'est vrai).

la Garde à cheval

Ce spectacle sur les Champs Elysées est la plus proche représentation de nos armées en l'état, c'est-à-dire des unités de démonstration, parfois même de simple échantillonnage. Les écoles de cadres des trois armes sont nombreuses, mais les troupes de manœuvre étiques en proportion. Nous attendons du chef de l'Etat, déstabilisé sur le front intérieur par de piètres résultats électoraux, qu'il annonce dans son discours officiel le réarmement du pays et quels arbitrages de dépenses publiques seront convoqués à sa réussite. Il lustrera son profil de médaille bien plus sûrement qu'en politique intérieure où il ne semble pas avoir compris que la nouvelle chambre élue veuille parler au nom de toute la nation au lieu d'enregistrer bêtement ses caprices narcissiques, comme on l'a vu au long des cinq années passées.

Comme nous l'avons déjà dit, en citant les chefs d'état-major du pays, il faut doubler déjà nos dépenses militaires de temps de paix pour ne pas susciter de chantage dans notre zone d'intérêts et sur nos outremers particulièrement vulnérables. En un mot comme en cent : il faut de nouveau faire peur ! Et pour le temps de guerre, il faut savoir convertir notre économie en économie de guerre à commencer par nos arsenaux ; il y a du travail et le temps n'est pas aux pitreries de la Nupes ou aux acidités gastriques de Mme Borne.

Un petit hommage à la reine des batailles :


Postscriptum du 14 : Le site provençal de La Faute à Rousseau produit aujourd'hui une page de Chateaubriand, spectateur affligé de la prise de la Bastille. On peut y accéder en cliquant ici puis sur l'image de la forteresse en feu.

1 commentaire:

  1. La France n'est pas prête à rejoindre le front balte avec armes et munitions en quantités suffisantes pour participer au sérieux d'une réaction atlantique dans le corridor de Suwalki comme nous le supposons dans le billet post-14 juillet sur l'interview de macron. C'est le colonel Goya qui nous explique clairement l'hologramme militaire français sur son blogue La Voie de l'épée. Nous faisons illusion, mais pas sur les armées de nos adversaires ; et le piéton pourra remonter la critique de notre impréparation aux temps bénis des FFA quand, affecté en compagnie de combat, il mit deux mois à comprendre que son régiment n'était pas là pour vaincre mais comme sonnette d'alarme avant de disparaître corps et biens ! L'infanterie portée en Allemagne (celle qui se mouille) n'avait aucun effet étanche au combat !!! On se foutait de nous tout autant dans les compartiments de l'armement et des véhicules. C'est vrai que le général Ailleret avait refusé de monter au front de Bohème aider les Américains à combattre en cas de clash.
    L'analyse de M. Goya est accessible par ici. Elle est sévère et juste.

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