#2257 - Soixante-quinze ans, ça fait un bail ! Qui aurait cru que l'OTAN survivrait à la chute du Mur de Berlin ? Pas grand monde, même à l'intérieur de l'institution. Le désarmement engagé pour toucher les dividendes de la paix convoquait de nouvelles missions, plus civilisationnelles, démocratiques voire écologiques. Les Américains, sûrs d'avoir vaincu définitivement l'axe du Mal, créèrent même un commandement allié de la transformation à Norfolk (ACT) pour mettre en musique le changement, et ils en confièrent la direction à un général français pour montrer qu'ils avaient tourné la page du French Denial.
La nouvelle Russie était invitée à rejoindre à Bruxelles une structure permanente de coopération dans la gestion de la sécurité du continent européen, le Conseil OTAN-Russie (2002-2022). Mais c'était sans compter avec les ambitions psychopathologiques des dirigeants de Moscou qui surent s'affranchir du chaos provoqué par l'effondrement de l'Union soviétique pour revenir à l'éternel impérial russe, faire chier ses voisins. La guerre inutile d'Ukraine a boosté l'Alliance atlantique à un point inimaginable, chaque membre ayant déclenché ses procédures de réarmement rapide devant la montée des périls orientaux. Mais ce jubilé est aussi le moment d'un affranchissement des Etats-Unis de la part de l'Europe atlantique, puisqu'il est devenu évident que l'affaire en cours est typiquement un conflit intra-européen et que les pays européens doivent y prendre toute leur part, qui, de vous à moi, n'est pas la moitié du fardeau mais plutôt les deux tiers. Quel que soit le prochain président des Etats-Unis, ce partage se fera et l'Europe aura une certaine vitesse acquise sur la voie d'un réarmement complet pour n'avoir pas à compter sur les stocks américains, des fois qu'ils soient au moment mobilisés ailleurs, sur leur côte ouest par exemple.
Le seul atout de l'OTAN jusqu'ici était de faire peur, de provoquer une peur panique chez ses adversaires potentiels. Le Nain maléfique du Kremlin ne cesse de déclarer qu'il ne veut pas attaquer l'OTAN quand ses affidés expliquent très posément que les vraies limites de l'empire russe sont celles qu'avait atteintes l'URSS. Quelle que soit l'intensité de la réorganisation attendue pour donner plus de place aux Européens dans les effectifs et les commandements alliés, le jubilé centenal fêtera une OTAN remontée à bloc, en capacité d'effrayer son principal contempteur, ce qui est la meilleure garantie de sûreté de nos sociétés. Mais elles devront accepter d'en payer le juste prix.
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