dimanche 6 janvier 2008

Dakar Africa, attention les secousses

in memoriam DakarAl-Qaïda Maghreb Branch International vient de dicter sa loi par un avis sans frais. Son interdiction fait autant de bruit que le bazookage d'un camion en pleine course sous l'oeil médiatique de l'hélicoptère voyeur. La Pieuvre n'a pas exposé ses méharistes, ni engagé de gros débours pour obtenir un résultat appréciable. Comptait-elle sur le "principe de précaution" franco-occidental qui ferait se coucher la cohorte des rupins mécaniques sur ordre du Quai ? A l'évidence, oui. Y avait-il une possibilité de passer outre ? A l'évidence, oui. En négociant sous couverture Awacs la sécurisation du parcours avec l'armée mauritanienne, et la doter pour y réussir des moyens logistiques nécessaires, et des incitations trébuchantes d'acception commune en pays de rezzou. Mais voilà, la France n'a plus les moyens de protéger quiconque dans sa propre zone d'influence, pas même ses pieds nickelés humanitaires. Alors ramenez-moi tout ça au garage, l'an prochain on fera le Paris-Grosny-Samarkande ! ...

En deux mois, l'Afrique vient de donner deux fois la fessée à la France qui reste plantée là comme le dimècre en attendant l'OTAN, faisant des passages à basse altitude tant qu'il reste de l'essence ! On me dit dans l'oreillette que ce sont des moyens européens qui sont attendus au Darfour. Et dans quelle organisation militaire ces moyens sont-ils intégrés ? Mais ce n'est pas le fond du problème, le Darfour c'est déjà fini, à cause des Jeux Olympiques de Pékin.

Le continent n'est pas sûr. D'Alger à Nairobi, de la Corne d'Afrique au Golfe de Guinée, bombes de fanatiques ou explosion des bidonvilles surviennent sans préavis. La misère fait rage, la guerre aussi. Deux des pays les plus riches et "avancés" d'Afrique noire, fiers de leur skyscraper line, se sont embrasés à la stupéfaction des bailleurs de fonds internationaux qui payaient sans souci : la Côte d'Ivoire hier, le Kenya aujourd'hui. Le voisinage de ces deux pays n'est pas prometteur non plus, ci et là des guerres rampent avec leur lot d'atrocités auxquelles nous sommes complètement habitués.

gratte-ciel Nairobi
L'injection de fonds importants n'est donc pas la panacée, du moins si l'économie de ces pays n'émerge pas carrément comme on l'a vu en Asie. Jusqu'à présent les institutions internationales misaient tout sur la Globalisation, dont nous proposons ici une définition de M. Lahsen Abdelmalki, énoncée lors du séminaire 2004 "Bâtir le Togo Deutschland" :
« la globalisation correspond à la généralisation des interconnexions géographiques entre les produits, les marchés, les entreprises et les facteurs de production (main d'œuvre, capitaux, information, etc.) pour chacun desquels une portion croissante est créée ou disponible dans un nombre croissant de pays, et notamment de plus en plus les pays en voie de développement. Cette définition liminaire trouve l’une de ses meilleures justifications dans le développement des échanges commerciaux internationaux, dans la formation d’un vaste marché des capitaux et dans l'augmentation du nombre et du poids des firmes transnationales dans le système de l’économie mondiale. »

Apparemment ça ne marche pas en Afrique, ou lorsque les "choses" s'emboîtent bien et laissent espérer enfin un démarrage assez puissant, un accident survient qui ruine tous les efforts précédents. De plus, si les indicateurs statistiques de croissance sont au vert, on se demande ce qu'ils recouvrent, à voir la stagnation de la misère presque partout. Les penseurs néo-coloniaux (!) brassent le défi en tout sens et n'aboutissent qu'à des ajustements à la marge, couplés aux imprécations démocratiques, véritable tisane miraculeuse de prêcheur.
Qu'adviendrait-il si un géant comme l'Afrique du Sud était en proie à ces convulsions ? L'enthousiasme de la règle noire arrachée de force aux racistes ne va durer indéfiniment, et les problèmes sociaux sont toujours là, sans parler des bantoustans qui sont très plombés. C'est la moitié du continent noir dans sa section la plus riche qui basculerait alors dans le chaos, répandant une onde de choc jusqu'en Europe, voire plus loin. Emigration massive déclenchée par les collisions locales en chaîne.
Pour peu que l'Afrique arabe succombe en partie et dans la même période à des agressions terroristes, nous verrions alors la submersion du Nord par les masses africaines épouvantées, comme nous en prévient gentiment son excellence Boutros Boutros Gali, à qui je trouve un sourire intérieur déplaisant.

tirailleurs d'autrefoisLa pénurie de compétences africaines maintes fois brandie par les "développeurs" étrangers est une question obsolète. Je discutais l'an dernier avec un jeune cadre sénégalais qui revenait des Etats-Unis avec un MBA de la Loyola University de Chicago et un an de pratique à la SFI (Société Financière Internationale de la Banque Mondiale) à Washington - s'il se reconnaît, je lui souhaite la bonne année à Ouaga - et il me confiait que les jeunes cadres africains compétents étaient assez nombreux déjà pour tracer les voies d'un véritable développement moderne, à la réserve près que les équipes mises en place sur crédits occidentaux ne pouvaient être décramponnées de la mangeoire internationale, sous-entendu : "à vous de les retirer puisque vous les y avez mis !". Quand je lui répondis que sa solution ressemblait furieusement au slogan " ôte-toi de là que je m'y mette" il me rétorqua sur un ton sérieux qu'il pouvait prouver le contraire.



- Dictature par Alpha Blondy -

Les pouvoirs en place se maintiennent, me dit-il, d'abord par leurs forces armées. Après une période de transition à définir, il suggérait un désarmement général des nations africaines auxquelles seraient laissées seulement des forces de maintien de l'ordre public et la police du quotidien. Il est sûr que beaucoup d'argent serait libéré en ce cas, et que disparaîtrait (peut-être, mais ne faut-il pas essayer pour le savoir) le premier des maux du continent : les guerres ouvertes ou sourdes, et consécutivement la faim, la misère endémique et ce complexe de sous-humanité qui ravage les mentalités.
A y réfléchir ensuite, j'ai convenu avec moi-même que si les aides de toutes sortes et surtout les ajustements structurels mensuels du FMI et consorts étaient assujettis à la suppression des armées, les récalcitrants, que la communauté internationale pourrait contenir facilement à l'appel de leurs voisins pour peu qu'on inclue dans les forces internationales de vrais contingents originaires d'Afrique, seraient vite déclassés en prestige et autorité par l'écart croissant de développement et de niveau de vie affiché par ceux qui auraient optés pour le pacifisme. Reste la question des guerres civiles comme au Congo belge, que l'on pourrait assécher assez vite si les voisins cessaient leurs manipulations de toutes sortes, faute d'armées projetables à l'extérieur.

alpha blondyMieux. Les bonnes âmes pétitionnent périodiquement pour l'effacement de la Dette du Tiers-monde. Ce serait l'occasion de mettre en œuvre cette démilitarisation. La poudre ou la dette. Utopie ? Pas tout à fait. On a perdu le souvenir que les accords de sûreté militaire passés avec nos anciennes colonies africaines au moment de leur indépendance n'avaient d'autre but que de leur éviter d'engloutir des fonds importants dans la constitution d'armées nationales du modèle forcément mexicain. Hélas, la nature humaine n'est pas si sage que la gloire et les médailles ne puissent l'éblouir et transformer l'universitaire parisien cultivé en ogre insatiable s'il a les pleins pouvoirs. Ces promotions damnées disparaissent heureusement par l'inéluctabilité de leur fin naturelle. Les derniers, s'ils traînent, finiront dans l'alidade d'un fusil à éléphant.

Quelle est l'intention de ce billet ? La compassion envers nos frères d'Afrique ? Il en manque un peu quand même. Il ne s'agit que de réfléchir à la solution d'un problème grave pour l'Europe, l'immigration massive voire sa submersion, en cherchant voies et moyens nouveaux pour tarir l'émigration à sa source. Seul le développement économique de l'Afrique permettra de substituer aux flux migratoires de survie des flux d'échanges ordinaires, normaux, sachant que ce continent est lui-même assez vaste et riche pour équilibrer sur son territoire les besoins de main d'oeuvre, les intentions d'établissement, les aventures de vie nouvelle, les ambitions d'entrepreneurs, etc. ; ce qui est déjà le cas, notez bien, puisque les migrations intra-africaines sont bien plus importantes que l'émigration globale vers le Nord. Nous reviendrons une autre fois sur l'estime que mérite l'Afrique, car ce serait trop long.

Il faut travailler également sur un meilleur régime politique que ces démocraties de pacotille qui fracturent des pays déja morcelés ethniquement, en majorité contestée et minorité écrasée, selon la loi du nombre fabriqué dans les officines de scrutin ; et s'affranchir sans doute aucun des découpages coloniaux qui sont à l'origine de tant de désordres.

C'est à ce chantier de démilitarisation contre développement, exploré par mon jeune et brillant ami sénégalais, que les pays occidentaux et africains devraient s'atteler, et ne plus se cacher derrière le (gros) doigt des ONG et des bailleurs de fonds internationaux qui versent sans discontinuer leurs aides routinières au tonneau des Danaïdes, pour sauver l'honneur.
L'histoire a montré que de vastes espaces de paix sont une base certaine d'enrichissement mutuel. Le problème n'est plus seulement économique, ni humain, mais politique au sens noble. Est-il nécessaire de concrétiser au même moment une nouvelle situation apaisée par une organisation transversale ? Jusqu'ici ces tentatives ont été risibles, mais avec les jeunes générations compétentes et affranchies des réflexes tribaux, le continent pourrait tenter alors de se réunir afin de vivre sans nous.
Qui peut commencer ?


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2 commentaires:

  1. D'accord avec vous sur la "prime" accordée à Al-Quaida gratuitement.

    Pour le reste de votre article, je ne vois pas comment supprimer ces armées mexicaines coûteuses à moins de les battre d'abord !

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  2. Le service Action n'a pas mis longtemps à les gauler ces pourris.

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