mardi 26 août 2008

Dépendances nationales

frapeu tricolore balson d'anjouDans un article de contre-attaque sur l'axe de l'empirisme organisateur publié par Le Petit Maxime, Philippe Champion promeut le nationalisme intégral jusqu'au slogan fameux de Maurras : la France seule ! L'Action Française Etudiante avait auparavant annoncé son intention de quitter le souverainisme jacobin (il était temps) et de se consacrer dorénavant à la lutte pour l'indépendance française, ce qui esquisse un retrait de l'Union européenne.
L'exercice d'une souveraineté sans souverain dans un cadre indépendant, s'inscrit exclusivement dans la gestion des dépendances ou contraintes auxquelles est assujetti l'ensemble national. Royal Artillerie se propose aujourd'hui d'en faire un début d'inventaire à l'intention des estivants du CMRDS 2008 actuellement en séminaire à Lignières.


Deux champs de dépendances/contraintes sont identifiés :
- Les dépendances de la Nation
- Les dépendances de l'Etat
Commençons par l'Etat.

Le premier fil à la patte est la dette trillionnaire accumulée par des gouvernements clientélistes, dont le service absorbe plus de ressources budgétaires que nous n'en distrayons pour nous défendre (assez mal en plus).
La pression fiscale étant à son maximum, le retour à l'équilibre budgétaire ne peut être obtenu qu'en comprimant les dépenses. C'est ce que tente le gouvernement actuel dans sa sphère de gestion : fonction publique et dépenses sociales ; les restrictions à cette addiction provoque des soubresauts équivalant à ceux que subissent les drogués en phase de sevrage.
Or toute politique de rénovation, forcément coûteuse au départ, est conditionnée par le dégagement de moyens budgétaires repris sur le service de la dette. Autant dire que la nouvelle politique empruntant la voie étroite de l'assainissement budgétaire ne sera pas populaire.

Le second fil à la patte de l'Etat est moins perceptible. C'est le siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU avec droit de veto. C'est le dernier vestige d'une grandeur passée dont l'effondrement déclencherait des réactions imprévisibles contre une humiliation supplémentaire de notre pays qui court au destin du Portugal, à la remorque de joueurs de pipeau comme celui de Hamelin.
Cette position prestigieuse et démesurée commande une diplomatie universelle très typée "droits de l'homme" et "démocratie forcée", et reste très dispendieuse dans les diverses agences internationales où nous sommes obligés de contribuer.

joueur de fluteLa troisième contrainte est la monnaie unique dont l'utilisation exige des garde-fous. Malgré une idée répandue dans les milieux nationalistes, la France n'a pas de monnaie nationale crédible depuis la dévaluation Poincaré, et malgré son déficit récurrent, elle ne surnage dans les officines internationales de notation que parce qu'elle est en zone deutschemark, la devise étant hors d'atteinte des ajustements périodiques provoqué par sa gabegie endémique. Nous avons une réputation de "sauteurs" dans la finance internationale. Sortons de l'Euro et c'est la banqueroute par élévation des taux d'emprunt sur le marché des capitaux.

La quatrième dépendance est notre vaste zone économique d'outremer parsemée de colonies à divers stades de développement mais incapables de s'auto-suffire. On ne peut moralement pas les abandonner.

Les dépendances de la Nation sont plus fortes.

Hormis les produits agricoles dont les flux sont gérés par la Commission européenne en volume et en prix, nous importons presque tout le reste, et l'évaporation de notre industrie accentue ce déséquilibre. Nous dépendons donc d'accords commerciaux nombreux et croisés passés sur toute la planète. Bien des pays sont autant imbriqués dans la globalisation que nous le sommes, mais notre nonchalance nationale cumule les deux déficits, commerciaux et financiers. Autant dire que l'entreprise France n'est pas rentable en l'état. Bonjour à celui qui restaurera notre compétitivité.

Si nous n'avons plus de matières premières sur notre sol, sauf le nickel calédonien pour quelques temps encore, nous n'avons pas non plus les moyens de transport des produits que nous importons ou exportons, notre flotte commerciale ayant été coulée par le modèle social. La dernière compagnie de navigation française remontée par des Libanais, CMA-CGM, commence même à s'agacer des contraintes qu'elle rencontre ici.

Une dépendance nationale moins évidente mais terrible à terme est notre pyramide des âges. Le produit en forte augmentation dans ce pays est le "vieux" destiné à l'acharnement thérapeutique. Je laisse donc à chacun ses réflexions sur la culture des endives à l'hospice et le syndrome européen de régression du blanc, couplé à notre aversion universelle pour les travaux d'intérêt général salissants ou fatiguants.

Il y a d'autres dépendances gérables ou ingérables que chacun trouvera, mais on ne peut terminer sans celle-ci : notre incommensurable orgueil dès que nous nous mesurons aux autres nations.
Cette dernière dépendance sera très difficile à gérer quand sera venue l'heure de réduire la voilure de notre grandeur à proportion de nos capacités réelles pour maintenir l'allure dans le marathon mondial que nous ne pouvons esquiver. Une septième ou huitième place serait un objectif jouable, au moins jusque dans les années cinquante ! Nous avons fait "dixième" aux JO de Pékin ; nous pouvons améliorer notre classement.

La France indépendante, pourquoi pas ?
Pour quoi faire ? Décider des dates d'ouverture de la chasse ?
A vous les studios du Berry !


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4 commentaires:

  1. Le concept de La France Seule était déjà caduc en 1939. C'est aujourd'hui une ânerie pour faire applaudir les niais.

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  2. On peut aussi considérer que c'est un outil critique pour mesurer nos possibilités d'indépendance.

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  3. Vous êtes gentil, mais je ne vois pas en quoi l'Europe serait la solution. Tous les pays sont atlantistes refusant une Europe puissance.
    L'affaire géorgienne a montré deux fronts: un qui serait favorable à un rapprochement avec la Russie (l'Europe occidentale) et l'Europe de l'Est antirusse.

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  4. L'Europe n'est la solution de rien, mais le meilleur outil de tout car elle nous permet d'exister si nous savons faire.
    La France seule n'existe plus au delà des frontières du sous-continent.
    Le "gentil" est-il au sens de saint Paul ?

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