Les Chinois ramènent leurs gens en Chine, tous bons ouvriers qualilfiés du BTP, les Egyptiens prennent leurs ressortissants à la frontière orientale de Cyrénaïque et les Tunisiens les leurs à la frontière occidentale de Tripolitaine. Mais qu'adviendra-t-il de tous les autres ?
Le gouvernement Fillon-Juppé va transborder cinq mille Egyptiens d'ouest en est car ils sont - coup de pot - sur le trajet de la force "Jeanne d'Arc"¹ qui descend présentement de Brest vers la Mer Rouge. L'Egypte n'a pas donné son port d'atterrissage mais nous pensons à Port Saïd. Les autres réfugiés seront humanitarisés in situ et le trop-plein reconduit dans les pays d'origine non agités, en attendant que les choses évoluent en Libye... et autour ! Y a-t-il d'autres façon de faire ? Non !
Les défenseurs de l'ingérence, dans le sillage du bon Dr Kouchner, prêchent une intervention éradicatrice des bédouins fidèles à Ray-Ban-Man par les forces occidentales qui ne doivent en faire qu'une bouchée ! Au moins pire, la "no-fly-zone" intégrale calmerait leur prurit révolutionnaire de salon. Nous croyons utile de s'approcher sans tarder du guéridon divinatoire et d'interroger le maréchal Rommel sur les heurs et malheurs d'une guerre sans haine dans le désert mais cette fois gagnée.
Vous me direz que les moyens militaires actuels sont sans rapport avec ceux de l'Afrika Korps, mais au bout du bout, il y a un homme dans ses bottes qui se sent chez lui, le fusil d'assaut à la main, et qu'il faut retirer du paysage pour dire qu'on a fini le job. Les bédouins de Tripolitaine ne sont pas les Arabes des marais². Les anciens des opérations tchadiennes les connaissent bien et les respectent, et à moins pour nous de leur déclarer une guerre d'incinération (sous mandat onusien), ils seront comme le sable dans la main, impalpables.
De Ghadamès à Djaghaboûb, il y a près de 1400 kilomètres ouest-est, du Golfe de Syrte vers le Sud il n'y a pas de limite avant le massif (inexpugnable) du Tibesti (10 degrés de latitude) ! Kadhafi le sait qui est venu nous disputer la Bande d'Aouzou au Tchad. Le terrain n'est pas partout le désert plat que l'on imagine pour une bataille de chars, mais coupé de massifs érodés parfois hauts.
Au nord-ouest le Djebel Nefoussa (kabyle) fait 190km de long et culmine à 968m ; au sud, le massif volcanique du Tibesti culmine à 2286m en Libye mais monte jusqu'à 3415m au Tchad (4 autres sommets à plus de 3000) ; les djebels de l'intérieur comme le Djebel Akhdar en Cyrénaïque près de la côte (872 mètres), le Djebel as-Sawda en arrière du Golfe de la Grande Syrte et le petit massif de l'Hulayq al Kabir qui monte à 1200 mètres dans la région d'Al Jufrah, sont autant de points d'alignement et de résistance. Reste à la frontière algérienne les Monts Acacus (1428m) dont nous vous passons une image parlante. Ils sont adossés au plateau algérien du Tassili qui est à 1000m en moyenne sur 120000km².
Donc le champ de manoeuvre n'est pas la plaine à joncs entre Tigre et Euphrate (suivez mon regard) !
Les renforts touaregs montent déjà du Niger, du Hoggar, du Tchad et du Darfour, et monteront aussi longtemps qu'ils seront soldés.
Quid de l'Algérie
Le jeu de l'Algérie qui a une longue frontière commune avec la Libye en plein Sahara n'est pas clair. Cinq mille garde-frontières contrôlent les imports pour empêcher le trafic d'armes lourdes vers AQMI, mais dans l'autre sens la marée des mercenaires leur passe dans le dos. Ceux-là rapporteront des armes en quantité à la fin du conflit, qui nourriront toutes les disputes tribales de la région. Jusqu'en République sahraouie démocratique occupée ?
D'un autre côté, la victoire de la révolution libyenne couplée à des réformes sérieuses au Maroc, augurent mal d'un apaisement du mécontentement populaire algérien. La voie est étroite pour l'oligarchie militaire au pouvoir, elle navigue au gré de ses intérêts propres, sans principes affirmés. On peut penser que le chaos le plus médiatisé possible en Tunisie et en Libye sert leur cause en montrant à la jeunesse perdue d'Algérie mais surtout à la classe moyenne, qu'il y a bien pire !
Kadhafi, Gbagbo, même combat : durer
C'est Mouammar Kadhafi qui a l'initiative. Un fou a l'initiative. Soit il se retire "dans l'honneur" d'un exil négocié par Chavez, en compagnie de son infirmière ukrainienne - mais où ? au Vénézuela, pas de sable où planter la tente ! - et l'affaire se termine dans une conférence des tribus libyennes qui voudront peut-être revenir au modèle monarchique antérieur, gage de paix. Ils ont déjà retrouvé les drapeaux. Soit il fait sienne la Tripolitaine, expulse les insurgés, partage le pouvoir avec les tribus bédouines et les Touaregs du sud, et attend de voir la réaction internationale. Dans la mesure où les armes se taisent, même dans la paix des cimetières, il peut faire le roi de Tripolitaine jusqu'à sa mort - sûr que ça le botterait !
J'en prends le pari car les gouvernements détestent les reportages sanglants qui sont autant d'appels à intervenir. Mourir en silence ne les dérange pas. La "communauté internationale" s'est déjà accomodée de ses frasques malgré deux attentats aériens spectaculaires³, elle continuera, au moins pour l'or noir du Fezzan et l'exploitation tranquille des gisements voisins.
Maintenant, tout peut changer en mieux depuis que notre marchand de bois & philosophie s'est rendu à Benghazi faire une télé avec le Conseil National Transitoire et lui prodiguer ses conseils.
Le titre du billet exclut l'hypothèse aussi probable d'une défaite du raïs libyen, qui l'emporterait dans la tombe.
Mais c'est peut-être prématuré.
Note 1: BPC Mistral et frégate anti sous-marine Georges Leygues en escale à Toulon pour terminer leur armement. Le groupe part pour quatre mois d'application en mer des éleves-officiers de l'Ecole navale.
Note 2: c'est ainsi que le Foreign Office désignait les Chiites de Mésopotamie, leur prêtant peu de vertus guerrières
Note 3: Boeing-747 de la PanAm à Lockerbie (1988) et DC-10 de UTA au Ténéré (1989)
Postscriptum :Note 2: c'est ainsi que le Foreign Office désignait les Chiites de Mésopotamie, leur prêtant peu de vertus guerrières
Note 3: Boeing-747 de la PanAm à Lockerbie (1988) et DC-10 de UTA au Ténéré (1989)
On ne peut laisser passer cette pépite que constitue l'analyse percutante du vieux Lider Maximo que le site Bellaciao a traduit pour nous : CLIC.
Une faute d'orthographe, de grammaire, une erreur à signaler ? Contactez le piéton du roi à l'adresse donnée en bas de page et proposez votre correction en indiquant le titre ou l'url du billet incriminé. Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Gilles Klein, journaliste à Atlantico, arrive à la même conclusion. C'est Kadhafi qui décide !
RépondreSupprimerhttp://www.atlantico.fr/decryptage/interdire-survol-libye-politiquement-et-militairement-delicat-48584.html
Il y a une semaine, Khadafi paraissait au bout du rouleau, et le voilà qui tire de son sac à malices des chars et des avions, comme par magie. Quant aux insurgés, ils sont de mieux en mieux équipés.Uniquement avec ce qu'ils ont pris aux soldats de Khadafi ? Vous qui avez une solide formation militaire, veuillez s'il vous plaît m'expliquer.
RépondreSupprimerEssai :
RépondreSupprimerKadhafi a pris en otage les fils des chefs de tribu qui suivaient leur cursus des différentes écoles militaires. Le temps que leurs papas réfléchissent bien de quel côté aller.
Une bande de joyeux couillons qui déchargent toutes leurs munitions en feux d'artifices ne peuvent faire le poids devant des unités régulières manoeuvrant selon le règlement et commandant leurs appui-feu, surtout dans la bande côtière qui, mis à part le petit Djebel Akhdar, est chauve comme la main !
Le problème de Kadhafi va être l'argent liquide pour solder ses troupes et payer les "réassorts".
Les informations militaires sérieuses qui filtrent montrent que l'armée régulière ne se bat pas à fond, mais reste à distance en envoyant la chasse.
RépondreSupprimerComme tergiverser est contre-productif en termes de couverture territoriale, on ne peut croire à une tactique de l'état-major (Saïf al-Islam) mais plutôt à du "mauvais esprit" de la part des chefs de corps.
C.
GREAT!
RépondreSupprimer