Leonidas nous livre un bouquet de réflexions sur le sujet.
Monarchie populaire !
Pour réconcilier le pays réel et ses défenseurs
À travers les dernières élections présidentielles, et plus encore le référendum du mois de mai dernier, la République et les partitocrates se sont vus administrer coup sur coup deux camouflets spectaculaires.
Jamais le divorce entre pays légal et pays réel n’a été signifié de manière aussi claire par les Français. Pourtant, sans modèle alternatif prégnant (les partis contestataires, droite nationale en tête, se refusant à remettre en cause les fondements républicains), ces claques sont immédiatement ravalées au rang de simples mouvements d’humeur des électeurs. Et la valse du petit partage du pouvoir entre (au pire) des escrocs et (au mieux) des complices, peut dès lors tranquillement reprendre. Le traitement réservé au refus du Traité constitutionnel européen illustre parfaitement cette situation. Les commentateurs y ont immédiatement décelé un non de droite, ou un non de gauche, répondant totalement au schéma d’hémiplégie mentale imposé. Et les politiques se trouvèrent trop heureux de voir dans ce refus LEUR victoire, ou d’y stigmatiser la défaite de tel ou tel. Chacun se refusant à constater une évidence : l’existence d’un NON français, au sein duquel se mêlent les idées d’identité et de souveraineté, de justice sociale et de refus de la mondialisation. Mais il était bien trop urgent de diviser à nouveau la nation…
L’existence même de la France est aujourd’hui hypothéquée. Celle-ci se voit remise en cause et menacée à sa base comme à son sommet.
L’Etat centralisé ne parvient pas à apporter une réponse mesurée et sereine aux revendications régionalistes, confinant parfois au séparatisme, qui émergent un peu partout. La technostructure parisienne subit la réponse à deux cent ans de mépris et de négation des identités charnelles et des réalités provinciales. D’un autre côté, un communautarisme d’essence extra européenne (se basant sur un fondement ethnique et/ou religieux) met en péril la matrice même de la nation française. Si nous ne sommes pas de ceux qui crient à la négation ou la destruction des liens communautaires au nom de l’émancipation individuelle, nous ne pouvons pas pour autant accepter que des solidarités et des liens se nouent sur des bases contraires à notre tradition et se nourrissent d’un antagonisme à l’encontre de la France et des Français.
La France se voit aussi menacée par le haut. L’Union Européenne vient chaque jour imposer son poids et ses obligations bureaucratiques à des Français qui ont déjà bien du mal à supporter la confiscation de leurs libertés locales et populaires par l’Etat. Là où l’Union Européenne devrait assurer un cadre rassurant et épanouissant aux citoyens des pays membres (économie, défense, immigration extra européenne), elle ne leur offre qu’instabilité et insécurité. Et que penser d’une structure institutionnelle qui se rêve de plus en plus comme une super-nation, et se refuse pourtant à se définir clairement comme le démontre pour notre plus grand malheur l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie. Non, définitivement, l’Union Européenne ce n’est pas (encore ?) la civilisation européenne. On se situe, quoi qu’il en soit, bien loin du principe de subsidiarité. Enfin, rongées par un mondialisme hérité en droite ligne des principes de 1789, comment la République française ou l’Union Européenne pourraient-elles bien défendre notre économie et nos emplois face à l’agression permanente de la mondialisation et de la spéculation sans frontières ?
Nous le constatons, la fracture est bien là. Le divorce entre pays légal et pays réel est consommé et il n’a jamais été aussi vrai que la France se défait sans Roi !
Face à une crise identitaire, une crise sociale et une crise institutionnelle, l’alternative monarchiste apparaît comme un recours porteur de solutions concrètes et d’espoir.
Pourtant…
Pourtant, alors que le constat royaliste peut se vérifier à tous les niveaux de la société, nos idées sont raillées ou caricaturées.
Une distribution de tracts en appelant au retour du Roi suscitera le plus souvent l’indifférence ou un sourire gentiment moqueur nous renvoyant au rang d’une secte de doux dingues. Si une réaction agressive est provoquée, ce ne sera jamais en fonction de ce que nous sommes et de ce que nous prônons mais plutôt par un réflexe conditionné de réduction ad hitlerum de toute velléité traditionnelle, nous plaçant de fait dans le camp des vilainsfachospasbeauxdextrêmedroite.
Soyons clairs, je ne dis pas qu’en France il n’y a plus de monarchistes. J’affirme en revanche que ceux-ci sont sans prise sur le réel, sur le pays réel. Constat amer pour ceux qui s’en réclament pourtant les porte-parole et les défenseurs.
Combien de mécaniciens monarchistes ? Combien de jeunes apprentis royalistes ?
Trop souvent notre combat s’identifie à un « milieu ». Et quand des idées deviennent un milieu, cela s’appelle un ghetto. Combien de jeunes voient dans l’engagement royaliste la simple continuation de leurs activités du week-end en rallye ou dans leur troupe scoute ?
Loin de moi l’idée de critiquer les familles de tradition. C’est notamment à travers elle que l’idée monarchique a pu se maintenir vive depuis deux cent ans. Que leur résistance au totalitarisme républicain soit saluée. Néanmoins, notre sphère d’influence ne peut se résumer à un royalisme héréditaire et à un milieu aux codes sociaux très marqués. Si en 1793, le soulier de la résistance contre-révolutionnaire était, de la Vendée au Comté de Nice, le sabot de bois, il n’y a en revanche aucune raison que les royalistes de 2005 ne se chaussent que de Sebago ou de Paraboot… Cette image du sabot de bois nous rappelle d’ailleurs que l’immense majorité de ceux qui refusèrent d’abjurer leur Foi et leur Roi étaient des paysans et des sans-titres. Je ne suis pas certain que ce soit des minets, des jeunes cadres dynamiques ou des RoyBo (Royalistes Bohêmes) qui ramèneront le Roi sur son trône.
S’appuyant sur nos forces, il faut désormais insuffler au royalisme un nouvel esprit de conquête, de reconquête, en partant d’un postulat simple : pas de Monarchie populaire sans peuple !
Pour cela il s’agit d’opérer une véritable « révolution culturelle » au sein de la famille monarchiste. Il s’agit ici, en 2005, de réinventer certaines modalités d’action et de repenser certains schémas. Un peu d’audace, que diantre !
S’adresser au peuple c’est lui parler de ce qui le concerne. Il faut en finir avec des réflexes frileux (j’ai très envie de dire bourgeois !) qui nous entraînent trop souvent à prendre « de la hauteur » en débattant de beaux et grands concepts, tout en nous refusant à prendre en compte des problèmes en prise directe avec la vie de nos compatriotes. Je le dis sans rougir : les royalistes se doivent d’être présents sur le terrain de l’immigration et des questions sociales. Crier « vive le Roi » et asséner de belles démonstrations intellectuelles ne suffit pas à sensibiliser les Français à l’idée royale. Encore moins à leur prouver que nous sommes à leur côté. Pour tirer des constats lisibles par nos compatriotes, il faut partir du constatable : « Problème concret > lié à la République, comme idéologie et/ou comme institution > recours au Roi ». Nos activités doivent se concentrer autour de cet effort pédagogique, amener les gens au royalisme à partir de leurs problèmes les plus concrets et quotidiens. Elaborer un corpus adapté à cette dynamique devrait être au cœur des activités des différents cercles de réflexion et de travail de la galaxie monarchiste.
Certains argueront que ce travail en direction de la masse est réservé à ceux pour qui le militantisme de terrain reste un référent fort, et qu’eux travaillent à l’imprégnation et la formation d’élites conscientisées. Tout d’abord, ce serait se méprendre que de penser que l’action au sein du peuple se limite au triptyque « collage-tractage-boîtage ». Ce serait mésestimer les possibilités énormes offertes par le domaine culturel et l’engagement associatif. Ensuite, il convient de se demander quelle serait la possibilité d’action de ces royalistes, placés à des postes de direction de notre société, sans soutien populaire, sans préparation des esprits ? Rompre avec une certaine impuissance, c’est tout le sens de notre propos.
Pour toucher le pays réel, prenons acte du réel. Pour paraphraser Lénine « Faisons de la cause du peuple, la cause de la Monarchie, et la Monarchie sera la cause du peuple ».
À tous ceux que l’idée d’une évocation de l’immigration ferait frissonner, je répondrai que l’illustre homme qui fut à l’origine de la dynastie des carolingiens est entré dans la légende en stoppant les Maures à Poitiers.
Prendre acte du réel, c’est aussi constater les méfaits de notre belle Education nationale sur la jeunesse de France. Je ne m’attarderai pas ici sur un catalogue de ses perversions idéologiques, mais ne pointerait du doigt que l’état d’acculturation généralisée dans lequel elle laisse nos compatriotes. Il faut alors s’interroger sur notre discours (au sens littéral du terme) et la façon dont celui-ci peut-être reçu et perçu. Trop souvent, dans notre activité militante ou nos formations, nous sombrons dans un autisme absolu que nous ne pouvons percevoir mais rend totalement opaque à nos contemporains notre positionnement. Il convient de constater le niveau général, en particulier sur le plan historique, est d’y adapter un argumentaire rénové, à la fois facilement compréhensible et assimilable. Sans cela, le royalisme restera la doctrine des bac+2, et le domaine des cercles d’étudiants…
Les Français ont besoin d’intemporel, de permanent et d’un idéal supérieur. La Monarchie porte en elle une force mobilisatrice extraordinaire. Une communauté s’appuyant sur une méthode repensée et un corpus doctrinal redécouvert sera à même d’œuvrer au retour du Roi.
La France est les Français souffrent, ils nous appellent. Sachons les entendre, sachons leur répondre.
Et si la Monarchie populaire de demain passait par un royalisme populiste aujourd’hui ?
Léonidas, ViveLeRoy, octobre 2005
Deux remarques :
(i) Les royalistes ne proviennent pas tous des classes favorisées. La distance avec la monarchie augmente avec la réussite sociale, sauf engagement intellectuel précoce. L'accumulation capitalistique ou la course aux prébendes publiques ne s'accommodent pas d'un souci "populiste".
(ii) Le "totalitarisme" de la République n'est pas avéré. A preuve la présente publication. Il n'est pas utile de diaboliser un adversaire à qui on pourrait reprocher surtout sa mollesse et sa pusillanimité.
Le roi est le meilleur bouclier du peuple ! Dites-le lui !
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