Le Comment appartient à l'historien patenté, le Pourquoi est plus complexe. Les "histoires" d'ordres de fantaisie et le trafic de décorations qu'elles peuvent générer, ont été réglées par l'ordonnance Villèle du 18 avril 1824, confirmée par le décret impérial du 10 juin 1853. Voici le texte in extenso de l'ordonnance Villèle.
Ordonnance du 16 avril 1824 sur les Ordres et Décorations
LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE
Vu l'Article 259 du Code Pénal ainsi conçu : "Toute Personne qui aura publiquement porté un Costume, un Uniforme ou une Décoration qui ne lui appartenait pas, ou qui se sera attribué des Titres Royaux qui ne lui auraient pas été légalement conférés, sera punie d'un emprisonnement de six mois à deux ans."
Vu les Articles 67 et 69 de notre Ordonnance du 26 Mars 1816, portant : "Tous les Ordres Étrangers sont dans les attributions du Grand-Chancelier de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur.- Il prend nos ordres à l'égard des Ordres Etrangers conférés à nos Sujets, et transmet les autorisations de les accepter et de les porter."
Etant informé que plusieurs de nos Sujets se décorent des Insignes de divers Ordres que Nous ne leur avons pas conférés, ou pour lesquels ils n'ont pas obtenu de Nous l'autorisation qui est nécessaire afin d'accepter et de porter les Décorations accordées par les Souverains Etrangers;
Qu'ils s'exposent, par cette conduite, aux poursuites et aux condamnations prescrites par l'Art. 259 du Code Pénal;
Voulant faire cesser des désordres d'autant plus fâcheux que leur effet naturel est d'affaiblir le prix des récompenses obtenues régulièrement et données à des services certains et vérifiés;
Voulant en conséquence que la Loi Pénale reçoive à l'avenir toute son exécution, et que nos Officiers de Justice ne négligent plus d'exercer à cet égard la surveillance qui leur est prescrite;
Sur le rapport de notre Cousin le Grand-Chancelier de l'Ordre Royal de la Légion-d'Honneur, et de l'avis de notre Conseil,
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Art. 1. Toutes Décorations ou Ordres quelles qu'en soient la dénomination ou la forme, qui n'auraient pas été conférés par Nous, ou par les Souverains Étrangers, sont déclarés illégalement et abusivement obtenus, et il est enjoint à ceux qui les portent de les déposer à l'instant.
Art. 2. Tout Français qui, avant obtenu des Ordres Etrangers, n'aura pas reçu de Nous l'autorisation de les accepter et de les porter, conformément à notre Ordonnance du 16 Mars1816, sera pareillement tenu de les déposer, sans préjudice à lui de se pouvoir, s'il y a lieu, auprès du Grand-Chancelier de notre Ordre Royal de la Légion d'Honneur selon la dite Ordonnance, pour solliciter notre autorisation.
Art. 3. Nos Procureurs-Généraux poursuivront, selon la rigueur des Lois, tous ceux qui, au mépris de la présente Ordonnance, continueraient de porter des Ordres Etrangers sans notre autorisation, ou d'autres Ordres quelconques sans que Nous les leur ayons conférés.
Art. 4. Nos Ministres, Secrétaires d'Etat et notre Grand-Chancelier de l'Ordre Royal de la Légion-d'Honneur, sont chargés de l'exécution de la présente Ordonnance.
Donné à Paris, en notre Château des Tuileries, le 16me jour d'Avril de l'An de Grâce 1824, et de notre Règne le vingt-neuvième.
LOUIS.
Par le Roi,
Le Président du Conseil des Ministres,
J.B. DE VILLELE.
Ces dispositions furent incluses dans le Code de la Légion d'Honneur, et la dernière entrée à cet égard date du 4 décembre 1981 pour signaler que l'attention de l'Etat est maintenue sur ces questions.
Vers la fin du règne de Louis XVIII, une instruction du Grand Chancelier de la Légion d'Honneur du 5 mai 1824 donna la liste exhaustive des ordres français réglementaires. Ils n'étaient plus que six :
*Ordre du Saint-Esprit
*Ordre de Saint Michel
*Ordre de Saint Louis
*Ordre de la Légion d'Honneur
*Ordre du Mérite Militaire
*Ordre de Saint Lazare & Notre-Dame du Mont-Carmel Réunis, pour lequel il était spécifié qu'il ne donnait plus lieu à aucune nomination depuis 1788 et qu'il s'éteindrait avec son dernier chevalier.
Par ordonnances royales des 10 février et 22 mars 1831, Louis-Philippe abolit tous les ordres - on comprend un peu pourquoi - excepté celui de la Légion d'Honneur qui était l'ordre de l'armée.
Les deux obédiences rivales de l'ordre de Saint Lazare actuel doivent être considérées comme des associations séculières de charité, décorées du souvenir d'un ordre de chevalerie éteint. Sans plus. Est-il besoin de se déguiser pour faire du bien aux déshérités est la vraie question. Si le port de l'uniforme est irrésistible, il vaut mieux choisir alors un ordre autorisé. Malte ou le Sépulcre n'ont jamais refusé un prince chrétien de sang royal à jour du denier du culte.
Le port de décorations étrangères en public est soumis depuis Louis XVIII à autorisation de la Chancellerie, et celle-ci ne connaissant que l'Ordre souverain de Malte et celui du Saint-Sépulcre relevant du Saint Siège, le port des croix de Saint Lazare est de ce fait réservé aux manifestations strictement privées qu'elles rehaussent d'un certain éclat, c'est vrai.
Pourquoi va-t'on aux ordres hospitaliers ?
Aux origines, sans doute pour couper le manteau de St Martin, exercer les vertus de charité et de protection des faibles dans un cadre efficace par sa discipline consentie, l'oeuvre accomplie améliorant aussi le pronostic d'un avenir privilégié dans un monde meilleur. Les conditions d'accès et de vie exaltaient l'humilité et autres vertus chevaleresques.
La Croix Rouge a repris le flambeau depuis longtemps sur les champs d'horreurs modernes avec des résultats éloquents qui plaident pour son savoir-faire et son intégrité. Des initiatives privées et ciblées ont été lancées dans tous les domaines de la galaxie humanitaire avec plus ou moins de bonheur, quelques grands succès et des petits scandales aussi. Même l'insoupçonnable fondation Raoul Follereau fut épinglée pour dérives fâcheuses. On attend un jour les comptes du Hamas ! Mais tout cet univers caritatif disparate soulage douleur et misère.
Par contre peut-on savoir ce qui pousse les sociétaires des anciens ordres à porter des tenues de commodores dès le premier grade avec croix, plaques ou pendantes dans leurs manifestations officielles ou à l'occasion de ...... leur propre mariage ? D'ordinaire l'uniforme est réservé au militaire et au religieux. Il semblerait bien que les amiraux de la flotte caritative ne sont plus ni l'un ni l'autre. A leur défense, remarquons qu'ils ne sont plus armés de glaives, haches ou marteaux à clous quand ils sortent la grande tenue, même dans des cérémonies exotiques en pays vaudou, et jamais à cheval même si les bulles ad hoc les autorisent à entrer sans déchausser dans les cathédrales ; ce qui est finalement dommage pour la connexion chevalière. Perceval en mocassin verni sans rapière, l'oreille collée au portable ... ouefff !
Pourquoi s'inquiéter ?
Parce que nos sociétés politiques sont devenues des marchés d'image où le non-dit comme le prétendu muet, ont autant de force que le verbe des déclarations que le peuple a appris à décoder. Savoir si l'évolution nous convient ou pas n'est pas vraiment productif. Par contre attacher plus de prix à l'image que donne le mouvement royaliste est devenu primordial dès lors que l'on envisage d'oeuvrer à la restauration d'une monarchie dans ce beau pays de railleurs.
Les responsables militants devraient commencer par mieux évaluer leurs sympathies démonstratives avec la mouvance de droite-extrême qui dans sa diversité unit le pire et le meilleur dans les proportions du pâté de cheval-à-l'alouette. L'offre politique monarchique est fondée sur la suprématie systémique et l'excellence d'application. Elle est écornée quand elle est portée par des slogans-réflexes débités par des esprits primaires. Même si l'ADN du Royco est à 99% semblable à celui du Natio, seul un des deux est descendu de l'arbre.
Dans le registre de l'excellence, ou plutôt des excellences, la Cause accueillerait dans la plus grande joie qu'au niveau où passent les héritiers de nos meilleures valeurs, se manifestent une pénétration politique sérieuse, la sérénité qui va avec l'héritage, et l'assurance d'une belle humilité. Nous en avons grand besoin en ces temps de corruption mentale et de faux-semblants.
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