Le paon héraldique est généralement représenté de front, la tête ornée d'une aigrette à trois plumes, la queue étalée en forme de roue ; ainsi figuré on le dit rouant. Lorsque le paon est posé de profil, sa queue paraît traînante. Lorsque les yeux de la queue sont d'un émail particulier on dit cet oiseau miraillé. Et voici ce que ça pourrait donner si un riche tonnelier providentialiste s’entichait d’un manoir à titre.
Le paon symbolise la roue solaire, sa plume seule, l'orgueil bien placé. L'orgueil étant cousin de la vanité, il sied d'assimiler maintenant la procédure après le paragraphe héraldique. Avez-vous un beau nom, mademoiselle, comme aurait dit Jacques Laurent ?
Article 61 du code civil : "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom./ La demande de changement de nom peut avoir pour objet d'éviter l'extinction du nom porté par un ascendant ou un collatéral du demandeur jusqu'au quatrième degré./ Le changement de nom est autorisé par décret".
Le notaire me précise : La demande doit être adressée au Ministre de la Justice.
Elle comprend les motivations de la personne ; et une proposition de noms de remplacement par ordre de préférence. Le changement de nom est autorisé par décret. Toute personne peut s’y opposer dans les deux mois de sa publication au journal officiel. Le changement de nom prend effet une fois le délai d’opposition expiré ou après le rejet de cette opposition. Le changement est mentionné en marge de l’état civil. Il s’étend aux enfants de moins de 13 ans. Pour ceux de plus de 13 ans, leur consentement est requis. Le changement de nom doit être publié à la Conservation des hypothèques si nécessaire, par exemple si la personne avant de changer de nom, était propriétaire d’un bien immobilier, ou avait bénéficié d’une donation ou donation-partage de ses parents.
Il faudra donc contacter son notaire à cet effet. Le Conseil d'Etat statue en dernier ressort.
C'est ainsi que la lecture de la dernière page du Journal Officiel de la République est un moment de détente très prisé des bureaucrates obligés par leur fonction à lire le quotidien le plus triste du pays :
Il y a le changement de noms insupportables; quoique certains en fassent une arme redoutable, tel ce professeur d'université du midi, colonel de réserve, qui au premier amphi de l'année, écrivait son nom au tableau et disait d'un ton de commandement :" Connard ! C'est mon nom ! Vous avez quatre minutes de rigolade obligatoire, ça vaut pour tout le reste de l'année !" Sans particule, je le savais de la Haute, apparenté aux ambassadeurs Seydoux et au champagne Krug.
A côté de cela, on trouvait - moins aujourd'hui - le relèvement de noms disparus par les filles ; mais il était rare d'y croiser un relèvement trivial comme Germain ou Blouzot, par contre "de Saint-Germain" ou "de Labarrère de Blouzot" avaient leur chance.
Le plus tordant reste la naturalisation des rastacouères. Les Grandchamps, Beauchamps, Lavallée, Lavalière, tout ce qui fait "de-vieille-souche" a la cote.
Quand ça ne mange pas de pain, on peut en sourire et comprendre que la plaque future de marbre noir ne soit pas destinée à secouer de rire les affligés qui passeront à l'ombre des ifs, devant un Gaston Culard ou Emile Bitar. La vraie vanité est ailleurs, dès lors qu'il s'agit de relever un nom célèbre tombé en déshérence, des armes prestigieuses, en visant jusqu'au château un jour prochain à vendre et à s'y employer. Et trois générations plus tard, quand les témoins de l'usurpation auront disparu, les rejetons seront enracinés dans le haut Moyen Age, chasseront à courre et causeront dans le grand monde, s'ils ne se cherchent pas quelque bâtardise royale pour continuer sur l'échelle de la gloire innée.
Pour y parvenir, il faut avoir déjà ses entrées au Conseil d'Etat.
Le plus surprenant est quand cette quête de la riche particule est le fait de parvenus, reconnus par ailleurs pour leur intelligence et leur hauteur de vue, et quand cela demande le travail appliqué et rigoureux de trois générations. C'est la saga des Giscard.
Papa Edmond, grand serviteur public, très sensible aux ornements sociaux, obtint en 1922 du Conseil d'Etat de relever le nom d'Estaing, illustre famille qui se distingua à Bouvines en sauvant Philippe-Auguste, ce qui leur valu les trois lis de France sur leur écu avec une simple brisure en chef d'or. Cette famille de robe courte fut toujours comptée parmi les parents du souverain ; elle érigea le clocher de la cathédrale de Rodez, eut prélats et comtes en conseils du roi, et finit avec le vice-amiral Charles-Henri d'Estaing, vainqueur aux Antilles et guillotiné à Paris le 28 avril 1794.
Le motif déclencheur de la revendication de M. Edmond était une trisaïeule Lucie d'Estaing (+1844) descendant d'un Joachim, dit d'Estaing parce que bâtard de Charles d'Estaing (+1661), condamné pour usurpation de noblesse mais autorisé à porter le nom de son père présumé.
Le lien avec la bureaucratie républicaine des Giscard-Bardoux n'est pas évident - c'est un euphémisme - mais le décret de 1922 fut édicté sous la IIIè République où certaines choses étaient plus faciles à obtenir qu'aujourd'hui. Les sarcasmes entendus dans la brillante carrière politique de VGE ne les freinèrent pas dans leur investissement nobiliaire. Président de la république, il fit des représentations pour être admis parmi les Cincinnati, descendants des combattants américains et français de la guerre d'Indépendance ! Il avala l'affront de n'y être admis qu'en viager, le titre ne pouvant poursuivre. Son frère, Olivier, prit la mairie d'Estaing (Aveyron) afin de clouer les planches du théâtre à amuser les gueux du cru. Le père ayant acquis le château de Varvasse à Chanonat, le fils ne pouvait faire moins que de se hisser jusqu'à celui d'Estaing. Les frères en SCI l'ont racheté récemment sous les applaudissements du conseil municipal dont il grevait par de trop le budget.
Il ne restait qu'à s'approprier les armes aux trois lis et chef d'or ! Le petit-fils Frédéric (*1986) vient d'éditer les siennes. Les 3 lis y sont. Ouf !
Il n'est plus que de relire désormais la fable du geai et du paon.
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