mardi 24 octobre 2006

Anjou en Anjou

Louis & Marguerite
SAR le prince Louis est passé par la Lorraine en venant d'Anjou pour une affaire de croix, dans le cadre de sa lutte contre le vice de pérégrinité. C'est de l'humour !

En revenant de la commémoration des 300 ans des Invalides à Paris, "De la croix de Baugé à la croix de Lorraine" était le magnifique alibi pour une prise de contact avec deux de nos plus belles provinces. Autorités administratives et religieuses l'ont accueilli chaleureusement. Ses fidèles aussi bien sûr.

Baugé ou la croix double d'Anjou (bref historique)

la sainte Croix de Baugé
C'est l'histoire d'un chevalier de Philippe-Auguste qui fit Bouvines et partit en Terre Sainte respirer les parfums sarrasins sous les ordres de Thibault de Champagne, IVè du nom et dit Le Chansonnier, dans ce qui fut inscrit au livre des désastres comme La Croisade des Poètes (1240). Il s'appelait Jean d'Alluye. Sur la route du retour il croisa un évêque sur l'île de Crète qui lui confia un trésor, un morceau de la Vraie Croix en forme de traverse double, ayant appartenue à l'empereur byzantin Manuel 1er Comnène, celui-là même qui avait pourri la Seconde croisade (ca. 1148).
Les raisons de ce cadeau ne nous sont pas parvenues à l'heure où nous mettons sous presse, mais l'impécuniosité certaine du beau chevalier battu l'avait-elle guidée dans le sauvetage risqué d'une relique inestimable, nul ne l'a dit. Rentré au pays, il vendra la pièce aux Cisterciens de la Boissière pour 550 livres, mais près de chez lui en Anjou.
Au déclenchement de la Guerre de Cent ans, les moines portèrent la relique au duc d'Anjou qui l'enferma dans son château. Il tomba en adoration devant cette merveille, créa pour l'honorer l'Ordre de la Croix et l'enchâssa d'orfèvrerie.
En 1364, la croix fut offerte à Charles V. Elle fit bien des aller-retour entre l'abbaye de la Boissière et le château d'Angers sous le nom de "croix double d'Anjou" jusqu'à l'avènement du bon roi René qui devint duc de Lorraine par son mariage avec Isabelle.
Surgit ensuite en Lorraine Charles le Téméraire, celui-là que louis XI abandonna aux loups sur l'étang gelé, qui avait entretemps jeté hors de Lorraine le petit-fils de René d'Anjou, René II, lequel dans la reconquête de ses droits, inscrivit la double croix d'Anjou sur sa bannière. Comme il gagna la partie, la croix devint celle de Lorraine. Duc et croix d'Anjou devinrent donc duc et croix de Lorraine. CQFD.

Comment fut-elle un jour la croix de la France Libre est une autre histoire. C'est le vice-amiral Muselier, un lorrain, qui arbora une croix de Lorraine rouge sur sa marque en juillet 1940. De Gaulle ne pouvait qu'être d'accord puisqu'il avait la même sur les chars qu'il commandait à Montcornet.

La croix double d'Anjou, la vraie, est depuis la Révolution conservée à l'Hospice des Incurables de Baugé, en Anjou, et vénérée comme il se doit. C'est ce pèlerinage que Louis duc d'Anjou est venu faire.

Reçu à la cathédrale d'Angers par l'évêque Bruguès pour un office solennel, Mgr Louis de Bourbon a prononcé le soir une allocution notée par Gérard de Villèle et publiée par France Royaliste, dont nous extrayons ce passage significatif.

"Nous remercions ceux qui, autour de Monseigneur Jean-Louis Bruguès, évêque d’Angers, nous ont accompagnés dans l’émouvante cérémonie de préparation à notre pèlerinage qui vient de se tenir en fin de journée dans la cathédrale.
Nous avons aussi pu honorer la seconde dynastie d’Anjou qui donna ses rois à la Hongrie, comme j’avais pu m’en souvenir lors des voyages officiels effectués il y a deux ans.

Vous tous ici, ce soir, par votre présence, vous renforcez le lien de fidélité qui nous unit les uns aux autres à travers les générations autour de monsieur le duc de Beauffremont et présidents des autres associations, et de tous ceux qui ont travaillé à la réussite de ce déplacement. Fidélité qui impose des devoirs que mon épouse et moi-même assumons pleinement. Nous sommes conscients du rôle que nous avons, comme aînés de la Maison de Bourbon, c’est-à-dire successeurs légitimes des rois de France.

Certes, des circonstances actuelles semblent, à vue humaine, ne faire de ce droit qu’un droit virtuel, mais l’histoire de France n’est-elle pas là pour nous dire en permanence que l’impossible n’est pas français, que le désespoir n’a pas cours pour ceux qui croient dans les destinées de la France. Dans deux jours, nous poursuivrons notre déplacement en rendant hommage à Jeanne d’Arc, continuant ainsi, après la sainte Croix de Baugé, à pénétrer dans le mystère de la destinée nationale. À son époque aussi, certains devaient avoir des doutes mais pourtant, l’épopée de Sainte Jeanne s’est achevée par le sacre du roi Charles VII."


Un diaporama impressionnant de la visite en Lorraine est disponible sur le site de l'Institut de la Maison de Bourbon. Nous en tirons cette photo. Le prince Louis a fait son service militaire dans l'armée de l'Air. On notera que le service d'ordre est assuré par les Dominicains.

hélicoptère
C'était le voyage en France de Louis et Marguerite, du 24 septembre au 1er octobre 2006, voyage au cours duquel a été confirmée officiellement la situation intéressante de la princesse au regard de la dynastie.

vendredi 20 octobre 2006

Lien d'automne

fleur d'automne
Avant de se calfeutrer pour l'hiver il est d'usage de nettoyer sa chaumière sous le regard courroucé des pénates. Les miens sont intraitables sur l'ordre et la propreté ; aussi m'arrive-t-il de ne pas rentrer chez moi si je ne suis d'équerre. J'ai donc entrepris de vérifier les liens de ce blogue afin d'en évaluer la pertinence ou l'intérêt. La colonne commence par les princes. A tout seigneur ...

Maison de Bourbon : le site est cossu mais assoupi. Il ne semble frémir qu'aux voyages en France du prince Louis-Alphonse de Bourbon et Madame, charmante en passant, et je verrai mal aucun déclassement de ce site qui nous propose un diaporama de cinq cent treize clichés sur le pèlerinage récent du prince en Lorraine.

Maison d'Orléans : on dort. La manifestation à venir est la messe pour Louis XVI du 21 janvier 2006 ; le dernier mouvement est un appel oecuménique du prince Henri du 17 juillet 2006, et le chapitre des "défis de notre temps" est ... vide depuis le début de ce site. La dernière lettre électronique date de mars. On est en droit de penser que la maison royale de France a choisi un autre vecteur pour peser sur l'histoire.

Maison de Bourbon Parme : c'est un site personnel qui lui est étranger. N'ayant pas bougé depuis son lancement, on attend encore les images illustrant les chaînes généalogiques. Nous ne le conservons pas.

Maison de Bourbon Deux Siciles : le site dispose d'une belle charte graphique mais est ossifié. les dernières "news" datent du 25 juin 2005. Il s'est d'ailleurs passé beaucoup de choses en Italie en juin 2005. Depuis lors, la maison royale a sans doute décidé de limiter les frais cybernétiques. Nous allons en faire de même.

Maison de Bourbon-Busset : c'est un site personnel, bien fait, qui lui est étranger. Il présente la lignée jusqu'à nos jours. Mais comme il ne peut exprimer les idées de cette maison nous allons le reclasser dans la généalogie.

Maison de Bourbon-Naundorff : la navigation de ce site est bloquée. Sans préjuger de la thèse survivantiste, nous enlevons ce site de la liste des liens puisqu'il ne fonctionne plus, du moins sous IE6.

Chapelles : Tous les sites sont à jour et rechargés régulièrement, même celui de la NAR qui vient de lancer sa boutique avec paiement en ligne. On notera sur le site de la RN son forum interne peu fréquenté mais pourri par les trolls. Un forum non modéré est contre-productif pour la cause royaliste.

Communautés :

Les Manants du Roy restent en tête et d'une sacrée longueur. Articles quotidiens d'actualité, reportages ; ils doivent être une vingtaine là-dedans à plein temps !

L'Unité Capétienne : le site sous forme de carnet mondain est assez agréable et a été mis à jour pour le gala Bourbon-Parme du 12 juin 2006. Cela permet de mettre des visages sur des noms.

Réformés royalistes : le site est stoppé apparemment depuis fin 2000. On ne va pas le garder en lien mais nous invitons ceux qui souhaitent garder le contact avec l'ARR de passer leur propre adresse e-mail pour recevoir des nouvelles (en cliquant sur le nom ci-contre).

Vexilla Regis : la mine inépuisable. Incontournable. Dernier texte : les Contradictions de la démocratie par Olivier Rossi. Bravo aux participants et au taulier.

Communion carliste : le site est arrêté depuis fin 2000. On ne peut pas le garder.

Plein d'espoir, nous avions au début inséré Gens de France. Mais ce site est dans le formol et nous l'avons déjà supprimé de la liste.

Les organes :

Les Epées, que ferait-on sans les Epées ?

La Gazette Royale en PDF continue. On en est au numéro 106 et le numéro 105 est chargeable in extenso en pdf.

Alternative s'est arrêté au début du second trimestre 2006. Nous en faisons de même mais vous pouvez sauver les archives sous pdf en cliquant sur le lien de titre. On va le remplacer par le bulletin de l'ASC qui est pratiquement sur le même axe.

Politique Magazine, mensuel de référence à acheter en kiosque plutôt que sur le web où on ne trouve que l'édito, toujours à la pointe.

AF2000, les éditos de Pujo, l'inlassable, sont indispensables. Le site paraît malgré cela très statique.

Viennent ensuite les blogues. Tous fonctionnent. Nous restons attentif à toute naissance.

Quelques bases

Vrai bonheur que d'avoir enfin un site Maurras par Maurras, avec une charte graphique d'excellente qualité. Ils prévoient d'y ouvrir un chapitre "poésie" ; enfin !
Semper Fidelis, bases solides de la Contre-révolution.
Contra Impetum Fluminis, mis à jour très récemment.
Pièces sur Utrecht et les Lois grâce à Heraldica. A relire les contributions de Sixte de Bourbon-Parme.
Les trois sites sur Maistre, Bonald et l'histoire de l'AF fonctionnent bien.

Militaria :
Tous fonctionnent.

Le site Praetiriti Fides a migré chez Free.
Le fusilier Stiegel a déserté chez Alice.

Décoration :

Chivalric Orders est inaccessible. Nous n'avons rien trouvé d'équivalent pour le moment mais restons éveillé. En attendant le lien est retiré.

Respiration :
Le site de la radio finnoise en latin YLE me bluffe chaque fois !

Le ménage étant fait, prenons une tasse de café et concluons.

tasse à chat
D'abord une saute d'humeur à l'égard de nos jeunes princes - ils finiront par ne plus l'être tant que ça - qui désertent la Toile. Que ce soit Jean d'Orléans ou Louis-Alphonse de Bourbon, aucun n'a pris la peine de monter un site personnel pour garder le contact avec ses fidèles ! Pourtant la démarche est à la portée d'un gamin de treize ans et ne coûte rien, sauf à passer régulièrement sur son site pour le nourrir de réflexions, nouvelles, photos, carnets, voire déclarations. Faites l'expérience de parler de nos princes autour de vous dans la jeune génération, et viendra la question sur "son site ?". Rien donc. Les intéressons-nous vraiment ? (fin de la saute d'humeur).

Les sites des chapelles sont inégaux mais généralement faibles. Question de moyens. Il faudrait un semi-permanent qui passe dessus chaque jour, poser une brève, réagir à l'actualité quotidienne, publier un billet de fond. Ces sites sont trop souvent des catalogues de liens. Celui de l'AF est comparativement assez pauvre en matière, et celui de la NAR très bricolé ... Le site de la RN se détache du lot mais manque aussi de matière et n'a pas plus de réactivité que les autres. La galaxie Gutenberg est en crise, mais le saut de la Toile semble impossible. Affaire de génération peut-être. Le Web est abordé comme un complément alors que partout ailleurs il prend la première place. Même Libé se tâte pour passer au tout électronique ! Le problème majeur vient sans doute qu'il faudrait changer les équipes qui dans leur domaine n'ont pas démérité, mais sont maintenant offshore !

Les blogues par contre fleurissent. Ne nous attardons pas sur les blogues associatifs de proximité qui s'utilisent comme des bulletins de liaison, ou certains blogues militants qui se recopient entre eux, pratiques et pas chers. On voit apparaître des blogues de réflexion, qui ne sont plus les porte-parole officiels mais s'affranchissent de certains dogmes pour simplement poser des interrogations ou faire part de leurs convictions. Royal-Artillerie est de cette veine, qui ne roule pour personne mais publie ses inquiétudes, humeurs, réflexions ou provocations, afin de nourrir voire promouvoir un certain débat hors des chapelles. D'autres le font avec infiniment plus de talents, surtout les blogues collectifs comme La Messe en Mer. Mes préférés sont tous en liens. Je suis en chasse pour en rapporter d'autres.

Forums :
J'ai été interpellé par des administrateurs de forum sur l'absence de liens vers leur site. Cette absence de liens est délibérée. Le problèmes des forums (ou fora pour les puristes) est le contrôle des contenus. La plupart sont en "entrée libre" pour faciliter leur consultation par des néophytes ou des citoyens en recherche de réponses ; mais par cet accès sans porte s'engouffrent les tramps du web, les trolls, et les forums peuvent très vite devenir le réceptacle d'humeurs diverses plus ou moins incongrues ou même condamnables. Vive Le Roy, initiative légitimiste et élitiste de Blancroy, a été fermé en son absence dans sa première version par son hébergeur, pour racisme et homophobie avérés ! Le forum est reparti ailleurs sur des bases plus surveillées ; le lien ci-dessus est le bon.

Comme les administrateurs des forums sont des gens courtois et libre-échangistes, je ne souhaite pas qu'un lien de retour sur Royal Artillerie s'affiche sur une sidebar en face d'éructations incontrôlables, rarement mais quand même parfois stupides, racistes, vulgaires ou autres, contributions malintentionnées qui n'auront pu être modérées par le staff pour toutes bonnes raisons, la plus fréquente étant la masse de posts à suivre. C'est un choix en attendant les forums sur invitation.

Voila, tombent les feuilles mortes, le ménage d'automne est terminé.

jeudi 19 octobre 2006

Provinces

Pour une fois, le billet est en cartes.
Parler de monarchie fédérative débouche à un moment ou l'autre sur la résurgence des provinces d'ancien régime dont les noms qui fleurent bon le terroir n'ont survécu qu'en météo. L'exercice le moins fatiguant et le plus chronophage quand on aborde lé décentralisation, c'est le découpage territorial. A quelques-uns autour d'une table avec gommes et crayons on peut se disputer trois heures sans mi-temps.

Voici trois cartes. Il est de très belles cartes anciennes disponibles sur la Toile.
La première ci-dessous donne le découpage provincial de l'Ancien Régime. Notons déjà que le redécoupage administratif des généralités et des baillages était une revendication fréquente dans les Cahiers de doléances établis pour les Etats-Généraux de 1789. Donc les disparités était nombreuses qui nuisaient à l'efficacité administrative.


Découpage 1789

La deuxième carte donne le découpage départemental que nous a légué la Constituante en 1790, avec les ajustements ultérieurs. La départementalisation respecta autant que faire se put les limites des provinces et celles des paroisses, et reconstruisit tout le tissu intermédiaire en brassant présidiaux, sénéchalités et autres ressorts, en appliquant des paramètres aussi divers que les bassins drainants ou les distances à parcourir jusqu'au chef-lieu, plus l'histoire (on trouve encore aujourd'hui des enclaves) ! De la départementalisation découla l'uniformisation des règles, poids et droits, et bientôt des moeurs et opinions.
Sauf cas spécifiques ayant abouti autrefois à la création de "restes", soldes de départements enracinés, il serait avisé de conserver les arrondissements (futur pays) comme unités de base dans le Lego des redistributions que vous vous proposez déjà d'opérer.

Découpage conventionel
La Vè République créa les régions de programmes en groupant les départements par affinités pour mieux maîtriser l'aménagement du territoire dans le cadre du Plan. Des soucis partisans amenèrent à considérer ces régions parfois minuscules comme des lots de consolation pour des personnalités politiques battues au plan national. Cette corruption de l'idée originale amoindrit énormément l'efficacité recherchée. Cela continue de nos jours, aucun homme d'état n'est président de région, fonction qui s'exerce en Division 2. Les évolutions économiques obligent maintenant à élargir les compétences des régions mais leurs territoires souvent étriqués deviennent des handicaps dès lors que l'on aborde les grandes infrastructures ou les projets industriels et de recherche, sans parler de la coopération inter-régionale en Europe.

Ainsi viendra la période, le roi revenu, de redessiner l'administration de la France, fondée sur ses anciennes provinces "météorologiques" pour le fun, en tenant compte de la masse critique à atteindre au plan européen. Un premier balayage aboutit à quinze régions (au lieu de 22). C'est la troisième carte. Les noms retenus par l'auteur sont parfois de la pure provocation ! La Corse trop petite est rattachée l'Ile de France pour lui éviter le dépeçage marseillais et faciliter à l'occasion le transfert d'inculpés. L'île de Ré est en débat ; les îles anglo-normandes menacées d'apparaître.

Découpage 2012
Bien plus tard, si je suis élu au Conseil privé, je proposerai d'honorer la lourde charge de président de région d'un titre de duc ou de comte le temps de leur mandature. Et revivrons sous nos yeux ébahis, le duc d'Aquitaine, le comte de Provence ou d'Artois, le duc d'Anjou ou le marquis d'Alsace, titre enfin refondés sur une réalité terrienne loin de la pacotille qui nous pousse à pouffer !

Et les Basques, et les Catalans, et les Flamands, il n'y aura donc rien pour ces nations impérissables ?
... c'est le débat houleux qui commence ...,
et que fait-on de l'ermitage de Monaco ?
et le vicomté de Vendée ?
et la sirerie d'Albret ?
et les Saintes ?
et Hyères ?




mercredi 18 octobre 2006

Monarchie active au café politique

le roi des Français21 octobre 16heures Café politique de Versailles Rive Droite - direct depuis St Lazare. Jean Philippe Chauvin ouvre la saison avec la monarchie héréditaire, active et fédérative à la française. Mazette !

Héréditaire, on comprend assez vite automatique, même si l'histoire nous laisse quelques sauts de dents de la crémaillère capétienne.
Fédérative, c'est l'aboutissement de la Décentralisation "provençale" de Maurras et Daudet et ... Defferre. Dans trente ans nous serons tous bilingues, patois et anglais.
Active, c'est peut-être là que tout commence.

" La Monarchie n’est pas un « régime-miracle » qui, d’un coup de « sceptre magique », résoudrait toutes les difficultés, mais c’est ce régime qui, sans vouloir faire un « homme nouveau », reconnaît et s’appuie sur les réalités, les qualités et les imperfections humaines, et cherche à en tirer les meilleures possibilités : bien sûr, les chemins qu’emprunte la Monarchie peuvent apparaître parfois impraticables ou difficiles, mais, en politique comme en circulation, ce n’est pas forcément la ligne droite qui est la meilleure ou la plus rapide des voies… Le fait que la Monarchie « prenne le temps », parce qu’elle le maîtrise ou l’accompagne par son mode de succession héréditaire, est une assurance contre la précipitation des gouvernements prompts à plaire à leur base électorale au détriment, parfois, de l’intérêt commun : en assurant la permanence de l’Etat, la Monarchie permet les alternances tranquilles. Que les gouvernements gouvernent et passent, la Monarchie reste alors ce point de repère pour tous les citoyens, qu’ils soient électeurs de la majorité parlementaire ou de l’opposition : la Monarchie est ce trait d’union des différentes composantes, individuelles ou communautaires, de la nation, et c’est ce « plus petit dénominateur commun » qui symbolise le mieux l’unité du pays sans écraser les libertés des cultures et des personnes mais, au contraire, en leur permettant la plus grande possibilité d’épanouissement…" (JP Chauvin - AF2000, août 2006)

Active et immuable même si elle est évolutive pour se succéder, la monarchie du professeur Chauvin va-t-elle par son essence même, pacifier le champ politique gaulois ? Rien n'est moins sûr. Elle convoque le Temps à l'exercice de sa propre sérénité mais celle-ci va-t-elle déteindre sur l'étage subalterne de la joute politique ?

Dès lors que le gouvernement de la Nation se dispute entre une majorité et une opposition déterminées par des résultats électoraux et donc par des faisceaux d'opinions, il semble difficile d'accéder aux certitudes apaisantes d'une lamaserie. Sauf si le champ politique manoeuvrable est réduit aux affaires du quotidien, qui d'habitude sont des questions raisonnables.
On peut choisir sur dossier un TGV ou une voie d'eau pour relier deux points stratégiques du territoire en faisant la synthèse honnête des études abouties en dehors de toute idéologie. De même pour la socialisation des vieux ou leur confinement, l'apprentissage de l'anglais ou du turc à la Maternelle, le relèvement des ruines de Montségur ou la construction d'un tunnel pour les ours espagnols.

D'expérience en France, la dispute est terrible à l'étage des grands principes. Les débats pré-électoraux montrent déjà le bout du nez de l'idéologie quand le champion défié sur une mesure pratique à prendre, l'accepte ou la repousse non par les conséquences attendues mais par la conformité à un dogme. L'exemple des 35 heures est très parlant :
Bien que cette mesure autoritaire ait été condamnée par tous les économistes au simple motif que l'inversion de la pyramide démographique obligera au contraire à accroître la production de richesses afin que les actifs moins nombreux subviennent malgré tout aux besoins élémentaires de inactifs plus nombreux, on entend encore des politiciens dotés de responsabilités soutenir que leur généralisation totale est indispensable au bien-être de la classe ouvrière parce que ... "c'est comme ça !". Ils ne veulent pas imaginer par exemple l'éventualité d'une liberté pour chacun de faire 30 ou 45 heures hebdomadaires si le patron est d'accord ; ceux-là seraient des traîtres de classe. L'ouvrier est décrété stupide et vulnérable ; il ne s'en sortira qu'en monolithe, collectivement : pas une tête ne doit dépasser !

Pour obtenir "les alternances tranquilles" de JP Chauvin, il convient, après la déportation de Besancenot aux Kerguelen, de descendre le plancher des pouvoirs régaliens au niveau des grandes disputes les plus probables. Et ce réglage difficile n'est donné pour l'instant dans aucun manuel de la collection La Monarchie pour les Nuls.
En contrepartie il faut donner beaucoup plus de libertés d'organisation ou d'anarchie à "la France d'en-bas".

On cerne très bien les pouvoirs régaliens actuels qu'exerce l'Elysée sans partage mais avec beaucoup de pusillanimité : Défense et Diplomatie. Si le monarque, appuyé sur ses conseils bien sûr, est convié à étendre ses pouvoirs afin de retirer de la matière à dispute, le troisième champ actif le plus évident est celui de la Justice. Le quatrième est celui de la Finance ou plus précisément de son contrôle.
Ainsi devrait-on envisager de retirer le Garde des Sceaux et la Chancellerie centrale du gouvernement parlementaire et les incorporer au conseil privé du souverain. Le roi présiderait toujours le CSM et son Garde des Sceaux la Cour de Cassation.
Entreraient aussi au conseil privé par leurs présidents, et seraient donc hors d'atteinte de la classe politique, la Cour des Comptes et le Conseil d'Etat. Le conseil constitutionnel serait aboli dans un souci de cohérence.
A y être, confier aussi la protection des Cultes au souverain ne soulèverait aucun tumulte.

On peut déjà comprendre qu'un chef d'Etat permanent disposant de la tête de pyramide de la Justice, chef des armées (si possible véritablement), et contrôleur général des Finances de l'Etat central, ne sera pas menacé par les alternances (bien que ce ne soit pas le but), mais surtout déchargera son gouvernement des recherches houleuses en meilleure gouvernance, pour le laisser administrer avec efficacité la société au jour le jour. Doit-il nommer le premier ministre ou accepter celui désigné par la Chambre, reste une question ouverte.

En passant je suis contre le bicamérisme actuel qui fait du Sénat un cimetière à éléphants alors que le commerce de l'ivoire est illicite. Recomposer le parlement sur la base des effectifs sénatoriaux me semble utile et économique. Une chambre issue de collèges électoraux représentant toute la Nation et pas quelques "Happy Few" est indispensable tant au bon fonctionnement de l'Etat qu'à la paix politique.

N'entrons pas dans le fonctionnement du gouvernement central, responsable devant le parlement, mais disons simplement que tout ce qui ne ressortit pas aux pouvoirs régaliens strictement définis, lui appartient.

Dans une monarchie fédérative, le gouvernement central dont nous nous occupons dans ce billet, est plus réduit, compact et espérons le, plus compétent car appliqué à l'essentiel. Reste à organiser le gouvernement des Provinces dans la même articulation entre pouvoirs régaliens et vulgaires. Et c'est une autre affaire, pour une autre fois !

parlement monocaméral

mardi 17 octobre 2006

Les Meilleurs, par Vivatrex

sans peur et sans reprocheOn oppose parfois le gouvernement du nombre, la démocratie, et celui de l'excellence, l'aristocratie, pour démontrer que le second contrevient aux lois sacrées de l'Egalité en droits, sinon en tout. Et de vite conclure qu'en république, la porte du pouvoir est ouverte à tous, à peine pour eux de convaincre le plus grand nombre de les y porter par leurs suffrages.

L'aristocratie ne serait en revanche que le gouvernement d'une caste oeuvrant à la confiscation d'avantages indus. Il n'est pas midi dans ce postulat qu'on voit déjà l'usure de sa trame, car ainsi que le dit Vivatrex dans un fil du forum Vive Le Roy, "au moins jusqu'à un certain niveau, et qu'on le veuille ou non, on est déjà dans une société du gouvernement des meilleurs". Mais laissons-lui maintenant tout l'espace :

On peut dire ce que l'on veut de la Révolution, mais c'est elle qui a tout de même imposé la méritocratie en France. Le mérite, les "capacités" devaient être récompensés. Et il y avait un certain consensus là dessus puisque, même si elle avait ses opposants, l'idée n'était pas défendue que par les bourgeois du Tiers mais était aussi par de grands nobles libéraux.
Donc notre société est tout de même celle du mérite et du gouvernement des meilleurs. A la tête de l'Etat se trouve, il faudrait être de bien mauvaise foi pour ne pas le reconnaître, souvent beaucoup d'intelligence et de culture. Au moins beaucoup de diplômes ! Nous sommes donc, d'un certain point de vue, déjà dans le gouvernement des meilleurs.

Alors où est le problème ?
Le problème est dans l'élection.

Car cette intelligence va se dépenser non dans une gestion sincère des questions d'importance pour notre pays, mais dans l'analyse des rapports de force politiques, afin d'en tirer profit pour obtenir le pouvoir par l'élection. Nos hommes politiques sont les meilleurs... les meilleurs menteurs, les meilleurs comédiens, les meilleurs rapaces, les plus grands cyniques ! L'élection pousse toute cette intelligence à se dépenser souvent dans de vaines querelles (les querelles d'hommes), mais surtout elle pousse à caricaturer le débat et les idées pour stigmatiser l'adversaire et déchaîner les passions (il faut "fidéliser la clientèle"...), elle pousse à chatouiller les passions populaires afin de récolter les voix... quelqu'en soit le prix. Les élections à venir vont encore nous en donner la démonstration.

Problème encore dans l'élection, lorsqu'elle donne la possibilité à des incapables notoires de se présenter et d'avoir des chances d'être élus ou d'obtenir du pouvoir.
Que dire lorsque un facteur peut faire campagne pour devenir chef d'un Etat comme la France ? Les niais diront que c'est très beau et que c'est l'égalité ? La belle affaire !
Que dire lorsque des "néants" comme Voynet ou Bachelot parviennent, pour de simples raisons de cuisine électorale (c'est au moins certain pour Voynet), à être ministres de notre cher pays ?


Que dire lorsqu'une incapable comme Ségolène Royal est en tête des sondages à la veille d'une élection présidentielle ? Même un journal comme Le Monde a noté son incapacité au moins dans certains domaines comme les affaires extérieures (ressortissant pourtant au "domaine réservé") et les finances (à l'heure où le déficit bat des records), cela laisse rêveur...

Je n'ai donc rien contre le gouvernement des meilleurs... dès lors les portes du gouvernement sont ouvertes à tous et que les postes ne sont pas la propriété de quelques-uns. Je suis foncièrement contre la stratification du pouvoir par le retour à une "aristocratie" dans le sens du gouvernement d'une noblesse héréditaire et privilégiée, idée à mon avis complètement saugrenue et ridicule. Là dessus je serai d'accord avec 99,99% de la population française qui refusent viscéralement toute idée de rétablissement d'une "noblesse" avec tout ce que le mot sous-entend.
Cela pour dire que non seulement l'idée de rétablissement d'une "noblesse" est ridicule, mais qu'en plus elle est impossible à réaliser, et complètement contre-productive politiquement pour notre cause. Sans avoir besoin de répéter, parce que c'est l'évidence même, que rétablir une "noblesse" serait la pire ânerie à ne pas commettre si nous voulons le bien de notre pays.

Je m'étonne d'ailleurs qu'un républicain et démocrate dans l'âme comme on en croise souvent, s'insurge contre l'idée d'un gouvernement des meilleurs. D'une part quel est le gouvernement qui, d'une manière ou d'une autre, ne se déclare pas le gouvernement des meilleurs mais celui des plus nuls ? Et d'autre part, cette idée de gouvernement des meilleurs rejoint très bien l'idée de gouvernement des plus méritants et des plus capables, point sur lequel nous pouvons nous entendre... au moins avec une large part, sans doute majoritaire, des royalistes. Je note que l'Action française est, à commencer par elle, complètement opposée à toute idée de rétablissement d'une "noblesse" héréditaire et privilégiée.

Nota : si je mets des guillemets à "noblesse", c'est parce que croire qu'il suffit de naître dans un certain groupe pour bénéficier de qualités particulières est non seulement la preuve d'un immense orgueil mais surtout une erreur criante. La noblesse est personnelle et se juge à son tempérament, voire à l'aune de ses actions. Sinon, on n'est pas noble, mais on est le "fils de"...
(fin de la citation)



Effectivement, mais l'on peut accepter qu'une éducation au sein d'une famille aux antécédents prestigieux ne soit pas un handicap pour les rejetons, si les successions n'ont pas abâtardi la veine. Toutefois, la résurrection d'une noblesse d'Etat ouvrirait aujourd'hui tant d'immenses et ridicules disputes sur l'origine des armes brandies - il y a tant de noms illustres mais relevés -, qu'elle y perdrait tout le lustre que lui accorde encore le vulgaire.

Sans plus épiloguer, nous dirions aux jeunes Roycos, suivez les conseils de Vivatrex et décrochez les meilleurs diplômes, car c'est le bagage que vous présenterez qui primera, malgré tout, votre "notoriété" a fortiori son absence (provisoire) ! Aux autres, déjà connus, souvenez-vous de la parabole des talents. Nous, les manants, les piétons, les sans-grades et pauvres ribauds, allons avoir besoin des meilleurs d'entre vous, avec ou sans "de".
Vive le roi !



fiat lux

samedi 14 octobre 2006

Kuehnelt-Leddihn

KLCatholique autrichien convaincu de la supériorité en toute choses de la monarchie, le professeur Erik von Kuehnelt-Leddihn passera la première moitié de sa carrière aux Etats-Unis et la seconde au Tyrol. Anti-démocrate fervent et distingué, il annonçait la couleur dès le début de sa veine politique en publiant en 1943 La menace du troupeau.
Sur le tard, il livrait encore en 1990, La gauche revisitée, de Sade et Marx à Hitler et Pol Pot, deuxième édition où il remplaçait Marcuse par le chef des Khmers Rouges.
Mais la bible Kuehnelt fut son Liberté ou Egalité de 1952. Il y oppose démocratie et monarchie en déployant un argumentaire impeccable sur la supériorité de la seconde. La monarchie n'est pas fondée sur le régime de la dispute des partis qui provoque les affrontements par décompte de nombres décrétés tous égaux et classés par opinions, ce qui ruine le foisonnement de la diversité sociale, mais elle s'emboîte génétiquement dans la matrice familiale et ecclésiale de la société chrétienne. A l'opposé de la forfaiture démocratique qui au prétexte de La Liberté bride les libertés ou les supprime, le gouvernement monarchique fabrique de la liberté par essence.

"The relationship between the King as 'father of the fatherland' and the people is one of mutual love".

Erudit, le bonhomme parlait six ou sept langues et en lisait bien plus. Il fut même professeur de japonais à l'université américaine Fordham. Il s'éteignit le 26 mai 1999, dans sa quatrevingt-dixième année. Sa bio est passionnante.

Nous présentons aujourd'hui Guerre et Monarchie, un opuscule moins connu qui nous a été suggéré par un forumeur de Vive Le Roy. On peut en cliquant là télécharger l'ouvrage, par courtoisie du Ludwig von Mises Institute d'Alabama.

Le chapeau de ce long article saisit déjà par sa fulgurance. Jaillie de Socrate, la bille du flipper rebondit sur la démocratie pervertie des Grecs, pour faire un tour complet de la Rome antique entre César et Dioclétien, et finir par l'évolution naturelle de la république de Weimar en tyrannie nazie.
Même un théoricien aussi soupçonneux que Theodor Herzl considérait la démocratie comme le plus vil des régimes pour la nouvelle Sion. Ceci dit, on entre dans le vif du sujet démocratique par ... le marquis de Sade.
Fin de l'apnée.

Les Lumières mettent le feu à la Montagne des charlatans, et l'escroquerie intellectuelle qui associe liberté et égalité, principes antinomiques, débouchera sur le règne de la seconde ; on approche de l'uniformité obligatoire, sameness dit l'auteur. Dans le même mouvement, la dictature de la majorité devient celle du nombre, qui va tendre naturellement sur l'unanimité (de façade au moins), au seuil largement franchi par la Terreur, du totalitarisme. Et la guerre dans tout ça ?

La guerre moderne découle de cela en ce que la Révolution française a inventé la Levée en Masse, prédisposant aux massacres de masse. Le mirage de la Horde d'Or renaissait, on allait étendre à l'ensemble de la Nation la solidarité de la tribu et pour ce faire, égaliser les consciences, former à la technique, endoctriner à la haine. On passait de l'armée de métier, formée de gentilshommes, vaillants manants, joueurs ruinés et parfois bandits en fuite, tous d'accord pour en découdre pour la solde, aux armées de conscription, formées de matricules combattant selon le règlement.

Les monarchies voisines de la Révolution furent submergées par les masses automatiques françaises brillament déployées par Bonaparte, et durent se résoudre pour survivre à accroître la ressource dans des modèles similaires. En réagissant ainsi, on lançait par toute l'Europe le militarisme qui en moins de deux siècles allait la dévaster. Les monarques eux-mêmes prirent la pose dans un uniforme militaire !

Mais le plus grave pour les nationalités européennes fut sans doute l'endoctrinement généralisé du soldat à la haine, ciment à prise rapide des unités de combat. La guerre de territoires devint rapidement un affrontement idéologique. Les deux guerres mondiales furent vendues aux peuples de l'Ouest comme la lutte du Bien contre le Mal, le bien étant indiscutablement la démocratie. C'est en conséquence de quoi les monarchies vaincues furent aussitôt abattues et dépecées. Quatre empires furent effondrés, le prussien, le russe, l'austro-hongrois et l'ottoman. Avait-on enfin imposé la paix perpétuelle au sous-continent ? La revanche des peuples centraux humiliés et abandonnés à la démagogie, allait être terrible.

Versailles et ses traités démocratiques semaient les germes d'une confrontation certaine en Europe, et Eric von Kuehnelt-Leddihn le montre parfaitement dans un de ses raccourcis dont il a le don.
"La destruction de l'empire des Habsbourg fit de l'Allemagne le vainqueur géopolitique de la Grande Guerre. N'ayant plus à ses frontières qu'une seule grande puissance, la France, elle allait vite comprendre que ses voisins de l'Est et du Sud étaient devenus des Etats en partie artificiels, en partie indéfendables militairement. Il serait bientôt temps d'en prendre l'avantage !"

Le pire résultat des guerres démocratiques modernes est leur incapacité à se terminer par un traité de paix permettant de repartir sur un protocole de confiance. Les haines populaires ne s'éteignent pas facilement, alors que la raison prend facilement son avantage dans les maisons dynastiques, la plupart du temps internationales. On y mesure de combien l'histoire a avancé à la fin du conflit et à quel prix pour la Nation. Les termes de la paix sont faits pour être acceptables par toutes les parties, et surtout pour protéger l'avenir.

En revanche, le peuple vainqueur et "souverain" veut toucher tout de suite les dividendes de sa victoire, le vaincu mûrit sa haine plus encore. Le fossé s'élargit. L'impossibilité d'un accord "populaire" conduit ...... à l'armistice. On est bien loin des traités de liquidation du Premier empire français qui se fit entre gens de bonne compagnie et affecta peu le territoire national. De nos jours on ne compte plus dans le monde "démocratisé" les lignes d'armistice à feu couvert.

La démocratie ou le démocratisme, découle d'une idéologie gnostique qui veut sauver le monde. Jusqu'en Irak ! La monarchie a une approche familiale des questions nationales. La famille est quelque chose de naturel, qui n'a besoin d'aucune impulsion philosophique, ne crée aucune religion séculière. Les intellectuels peuvent même la juger inférieure car trop simple.

Il faut lire Eric von Kuehnelt-Leddhin. Nous avons omis certains chapitres ; dont celui qui traite du dédain avec lequel les Alliés entreprirent d'écraser sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale toute la culture continentale au motif d'éradiquer le Mal. Mais laissons-lui la conclusion (p.38) :

"Les guerres sont indésirables en toutes circonstances. La solution idéale serait un conseil de monarques chrétiens qui contrôlerait le Globe, ayant pris conscience que du fait des progrès technologiques, chimiques, physiques et biologiques, les guerres ont acquis un caractère suicidaire. Elles menacent la survie de tout le genre humain, bien qu'il n'ait aucun dénominateur spirituel commun. Non plus que les Nations Unies ou l'Union européenne d'ailleurs ! En ce qui concerne l'U.E., elle ne peut se vanter que d'un désir économique commun à devenir plus "prospère", voire d'une défense commune contre ses ennemis extérieurs. En cela elle pourrait porter sur ses armes l'image d'un porc-épic bien gras, une bête plutôt en sécurité dans son environnement naturel, mais sans doute pas un symbole convenable pour L'Europe."

jeudi 12 octobre 2006

Socialisme royal


logo ASC

Le premier numéro de l’ASC, Action sociale corporative, vient de sortir sur un site dédié à la réflexion sociale d’Action Française. C’est un bimestriel pour commencer.
On peut télécharger le document PDF et le lire à l’écran ou l’imprimer. Il fait 1,1 mégaoctets.

Socialisme royal c’est peut-être vite dit. Loin du prêt-à-porter matérialiste épuisée, c’est de corporatisme qu’il s’agit, au sens privilégié par l’empirisme organisateur des pères de l’Action Française. Et oui, ça vient de sortir, ça n'arrête pas d'être nouveau, même si on n'en a pas encore parlé à la télé !

Qu’y trouve-t-on ?

Sous une citation de La Tour du Pin «Le travail n’a pas pour but la production de richesses mais la sustentation de l’homme » et un chapeau de Firmin Bacconnier définissant le royalisme social il y a presque cent ans, la première livraison a l’ambition de faire découvrir les bienfaits du corporatisme à travers la critique des systèmes idéologiques courants qui se disputent l’ouvrier !

Le premier article, signé Jean-Philippe Chauvin, remet l’économie au service des hommes et milite pour l’ingérence du Politique dans la loi du marché. Le phénomène le plus grave étant actuellement la carence quasi-totale des états dans la maîtrise de la Globalisation, le rédacteur insiste sur la pertinence du périmètre national pour fonder une confrontation pugnace contre le capitalisme effréné qui piétine tout. La Nation nous dit-il, est la première protection sociale et le plus vaste des cercles communautaires à mesure humaine et historique, qui offre des solidarités fortes en son espace souverain au-delà de la diversité professionnelle ou culturelle qui la compose.

Est-ce l’espace adapté aux réalités de l’heure ? Peut-être, mais il faudra le prouver dans un billet complémentaire.
Pour le moment le Politique semblerait plutôt à côté de la plaque en ce qui concerne la globalisation. Avec un peu de recul on s’aperçoit que la compétition économique mondiale privilégie les acteurs émergents aussi, autant que les vieilles puissances industrielles se maintiennent sur des positions très disputées pour des motifs louables certes, mais qui engloutissent le disponible exigé par les secteurs de pointe et l’innovation, qui resteront longtemps les seules vraies chances de survie de nos nations. Le Politique est donc convoqué à exprimer d’abord devant le peuple certaines vérités qui fâchent pour convaincre la Nation d’investir massivement sur le futur au lieu de reculer pied à pied en attendant une impossible embellie. Seul un pouvoir pérenne est capable de convaincre car il sera plus crédible s’il invoque les atouts laissés ce faisant à nos enfants.


Le second article est de Stéphane Blanchonnet. Il disqualifie le Parti Socialiste pour résoudre la question sociale française. Le rappel historique de la vocation internationale des socialistes se heurte tout de même au désenchantement actuel des militants qui brûlent ce que leurs cadres avaient adoré, à peine d’en avoir jamais vu les fruits. Le code du travail international socialiste a le même avenir en dehors de nos frontières que le modèle social français. Invendables!

Ainsi la crispation nationaliste actuelle du PS consécutive au refus de la Constitution européenne Giscard, est-elle naturelle en période électorale, et faute d’arguments, la défense du faible et de l’opprimé est passée aux mains de la Gauche sinistre qui fera illusion longtemps encore sur des slogans éculés. Je crois que le PS n’était pas à proprement parler la bonne cible ; l’ouvrier ne les écoute plus. La clientèle du parti est complètement renouvelée.


Un troisième article nous parle de l’économie sociale en coopérative. Il est signé Philippe Kaminski. C’est l’expert. Il choisit pour conduire le lecteur le ton de l’Encyclopédie et ça passe très bien. On démarre à l’adjectif « coopératif » selon Bescherelle aîné pour en arriver bientôt à la première « société de coopération », les Pionniers Equitables de Rochdale, firme anglaise fondée en 1845. Ce fut un succès financier retentissant, et nous aurions aimé que M. Kaminski délaye un peu le face-à-face actionnaire-consommateur au sein de la société.
Le second modèle est allemand, une société de crédit mutuel, en vrai ! Le succès fut également au rendez-vous puisqu’en 1882 on comptait déjà 1875 sociétés de ce type. Le modèle coopératif foisonna dans tous les domaines et déborda largement jusqu’au Etats-Unis. En France il fallut attendre 1848 pour que l’idée soit à la mode. Ce mouvement a de beaux restes. Il faut lire l’article.

En décembre paraîtra le deuxième bulletin de l’Action Sociale Corporative par les mêmes voies. Nous sommes impatient de voir le volet social renforcé dans la doctrine royaliste. Il y manquait un peu malgré les germes semés par des revues de qualité comme le Lys Rouge.
D’autres d’ailleurs sont tout autant impatients, qui posent déjà la question de transformer le bel essai de la première livraison en fondant un syndicat ASC.

Ils vont pulvériser les faux frères du prolétariat agrippés à la mangeoire publique, puisque le corporatisme s’autofinance naturellement !

Monarchie populaire ?
L’ASC est plein cadre. Bravo !

fusain au marteau-piqueur



Un site corporatiste récent à visiter dans la même veine que l'ASC :
La croix, les lys et la peine des hommes.

mardi 10 octobre 2006

Invalides, chaise vide

église des Invalides
Le 24 septembre 2006 était célébré le 300e anniversaire de la consécration de l’église Saint-Louis des Invalides sous la présidence du chef d'Etat-major de l'Armée de terre, l'office étant célébré par Mgr Le Gal devant une assistance nombreuse et recueillie.

Reportage complet des Manants du Roy en cliquant ici

Chacun a noté l'absence très visible de la Maison de France, malgré invitations relancées comme le souligne Portemont dans son article.

Si quelque chose n'est pas net au royaume de Danemark selon Marcellus, il semblerait que chez son alter ego nec pluribus impar on soit retombé en enfance, à se demander ce qu'en penserait le maître d'oeuvre original s'il nous regardait de là-haut, lui qui est à l'origine de la grande division de sa Maison.
Les relations entre les branches les plus affichées de la dynastie des Bourbon participent du jeu de cache-cache sur le manège enfantin où l'on se dissimule à l'autre dans la diagonale du pilier central. On n'observe que ce qui dépasse devant ou qui traîne derrière sans jamais voir complètement le camarade. L'un s'avance et jette un regard en coin, l'autre recule la tête, on ne lui voit plus que les pieds. Mais tout le monde tourne à la même vitesse !

Personne n'aime faire la liste des gracieusetés échangées au motif qu'elle bénéficie aux adversaires de la Cause. Partisan de Dagobert III, à défaut, de Childéric IV, je m'y autorise en doublant quand même la paire de gants, avec l'espoir secret que le ridicule finira par tuer le procès permanent des uns aux autres.

On peut s'agacer du retour d'affection de l'aîné des Bourbon d'Espagne pour le trône de France quand il se sut défavorisé en Espagne. Mais cet intérêt subit pour des espérances bien plus virtuelles que celles abandonnées au moment, aurait pu être considéré ici avec humour. L'humour est un levier puissant. Au lieu de quoi nous vîmes la branche résidente (d'autres la nomment cadette) courir les "lits de justice" pour s'enregistrer Bourbon, dénier des titres anciens à nul effet, et pour finir, singer les excès des aînés en courant aux ducatures de courtoisie jamais ou déjà portées, puis aux capes des ordres chevaleresques, afin de se faire pièce réciproquement.

Il nous serait utile qu'une petite association du Protocole et des Sceaux se mêle de certaines choses, limite le poids des enjoliveurs, et freine les emportements de nos princes aimés, qui dans le registre "m'as-tu vu" commencent à dériver un peu vers la roture parvenue. Ceci nous éviterait ici les adoubements tchèques de chevaliers de fantaisie d'un Ordre éteint - il suffisait de téléphoner au Vatican pour prévenir les fou-rires - ; là, l'entrée à l'office nuptial du fiancé chamarré comme à Dysneyland, au bras de sa maman dont le sépare sa propre épée. Elémentaire et pourtant le détail est significatif d'une rupture dans l'instruction - ce qui est grave dans le système monarchique ; plus encore, nul dans l'organisation ne lui demanda de permuter. Glissons.

Les royalistes souffrent de cette dispute dynastique quand ils ne s'y épuisent pas. Les branches concurrentes sont de la même grande famille et nous souhaiterions qu'à leur niveau il soit possible de faire mentir l'adage qui veut que l'on ne se chamaille bien que chez soi. Alors messeigneurs, rajoutez, de grâce, un soupçon de modestie à votre naturelle élégance et partagez un instant nos doutes.
L'un "prétend", l'autre "est", un troisième y "pense", un quatrième se "sacrifierait", selon la lecture que chacun soutient des lois fondamentales d'un royaume disparu corps et biens il y a deux siècles. L'histoire ne nous donne aucune indication sur la meilleure façon de réparer une rupture de régime aussi longue, et d'aucuns se disent in petto qu'une dynastie battue trois fois en soixante ans et plus encore si on amalgame toutes ses branches, se grandirait peut-être dans la sérénité de son Aventin. Si ce n'est pas diable possible, embrassons-nous Folleville et gardons le sourire car nous sommes filmés.

Oui, filmés, depuis que des partisans du roi mouillent leur chemise pour remettre le régime monarchique en selle, tout au moins le réacclimater au départ dans l'esprit des gens de ce pays, en attendant de pouvoir le populariser avec les moyens nécessaires.
Que l'attitude de tous, et celle des militants de terrain d'abord, prenne en compte la difficulté de cette démarche de notoriété d'une cause oubliée, perdue, voire incongrue. Ce qui ont la fibre du débat de conviction savent combien il est difficile de discuter sérieusement de royauté dans la France d'aujourd'hui. Or le peuple dont l'attention peut être captée par certaines manifestations, est convoqué à ce débat. En exergue de la couverture des Epées on lit que "Le droit du prince naît du besoin du peuple". Il est permis de penser qu'il soit appelé à méditer cette maxime un jour ou l'autre, si l'aventure d'une accession royale se précisait. Au moins pour le prier de rendre la souveraineté que la Nation lui a confiée plusieurs fois dans l'histoire moderne.
Epargnons ceux qui s'y collent en surveillant l'impact médiatique de notre affichage, nos absences ici, nos présences là, nos déclarations ici, etc.

Nous privilégions l'institution monarchique parce que nous sommes convaincus que ce régime est supérieur à tous autres pour continuer notre Nation dans le peloton de tête des nations tout en préservant le Bien commun. Le prince en est la cheville ouvrière, la clef de voûte, la cerise sur le gâteau, mais tous ses termes présupposent ici l'essieu, là la voûte, ici le gâteau. C'est la pérennisation de l'institution qui compte pour ce pays plus que la perpétuation d'une dynastie. En soi, le prétendant n'est pas une condition préalable ou dirimante, mais le roi si ! Même si l'institution est construite et réglée pour passer en douceur sur les cahots d'un règne "sous la moyenne".

Les qualités propres au souverain faciliteront ou freineront le gouvernement du pays dans les domaines essentiels qui relèveront de sa compétence, et il est à souhaiter que le premier revenu montre des aptitudes à l'excellence pour convaincre et régner naturellement. Mais le principe doit se suffire à lui-même et laisser passer les rois, sinon à quoi bon ?
Cherchons, disent certains, le leader exceptionnel et charismatique qui va arracher le pays au déclin et restons en là ! Gallois, Lauvergeon, Blanc, Royal ?

Nous, nous voulons une monarchie fédérative, populaire et successible qui dure sur son axe.
Le roi sait faire. C'est prouvé ! Mais le principe d'abord !

mercredi 4 octobre 2006

Mixité des régimes politiques

Dans son excellent blogue de campagne, le candidat aux présidentielles Yves Marie Adeline pose la redoutable question du "régime mixte".

« Les trois formes (de gouvernement) monarchie, aristocratie et démocratie, les Grecs les appelaient "les formes pures". A chacune de ces formes correspondait une "forme corrompue" : respectivement, tyrannie, oligarchie et démagogie. Ils estimaient que si l’une de ces formes était laissée sans contrepouvoir, elle dégénérait immanquablement vers sa forme corrompue.
La solution qu’ils préconisaient consistait à mettre ensemble les trois formes, de sorte que chacune donne le meilleur d’elle-même, et que le poids des deux autres empêche le pire d’en sortir. C’est le principe du “régime mixte”. »


L'histoire nous montre que tous les régimes même les plus démocratiques, créent leur "aristocratie", plus ou moins dérivée du modèle antique. Dans le même temps elle nous apprend que la confrontation des ambitions de ces deux pôles du pouvoir réel, monarchie/aristocratie, est fréquente et moins équilibrante que ne le disent les grimoires, et quelquefois fatale au deux.

En situation de puissance, les pouvoirs concurrents se corrompent dans la capture réciproque de l'espace nécessaire à l'exercice de leur droit ; sans qu'il soit nécessaire qu'ils soient en situation de monopole. La destruction du Moyen Age est un exemple :

Le Moyen Age, le mal jugé, fut peut-être le seul temps où les principes sociaux naturels apportés par les Barbares ruraux dans l'empire citadin romain vécurent en équilibre avec les principes quasiment antagonistes proclamés par l'Eglise catholique ascendante. La symétrie des pyramides fut la tentative d'organisation et de cohabitation la plus remarquable qui renouvela la face de l'Occident.
La morale des envahisseurs était fondée sur l'amour des champs et l'indépendance de l'homme. Ils conquirent une civilisation fondée sur la ville et la collectivisation des moeurs, et conservèrent le pouvoir essentiel hors d'elle tant ils s'en méfiaient. Le réflexe anti-cité perdure au sein des vieilles familles féodales françaises.

Hélas l'Eglise ayant conquis tout son espace, voulut asservir les âmes, et le message évangélique muta en une effroyable tyrannie qui décima par fatwa des populations entières comme on le raconte de la croisade des Albigeois.

Le roi affirma son despotisme qu’il jugeait éclairé. Arbitrant entre les ambitions de deux autres pouvoirs selon les forces respectives en présence, il devint un politique oublieux de sa fonction christique aussi vite que l'Eglise se mêlait du siècle. Il aurait dû suffire qu'il parlât pour régler son royaume. Mais le charme était usurpé depuis Pépin le Bref.

La bourgeoisie toujours à marée montante, et sa fraction anoblie, fermentèrent dans l'accaparement fébrile des signes de leur influence et furent incapables de transmettre la liberté qui les avait fait éclore. Elles réglèrent le champ civique par des codes minutieux qui enserraient l'individu dans une norme, et qui pis est, le présumaient pêcheur ou coupable.

Sous les coups d'une royauté jalouse poursuivant un projet hégémonique, d’une bourgeoise cupide avançant "le nez dans le guidon", et d’une sécularisation du champ d’action des prêtres qui propagea des vertus artificielles à l'espèce, le Moyen Age passa de l'adolescence à la décrépitude sans atteindre ses promesses.
Seule la vieille noblesse d'épée tint parole.

La dynastie qui liquida l'héritage fut certainement horrifiée de la queue de trajectoire de son projet. Comme le dit si bien en son temps le sage de Massanne, " les Capétiens accomplirent l'oeuvre de destruction du Moyen Age lentement, patiemment, quelquefois à regret ; sortis des entrailles de la Féodalité, un pressentiment secret leur disait que cette oeuvre était un suicide. 1789 se chargea de le leur prouver".
Les réparations qui suivirent le séisme révolutionnaire ne pouvaient rebâtir un édifice aussi patiemment ruiné par les pouvoirs précédents surtout en les confiant aux mêmes. Les portes s'ouvrirent en grand sur la ruée démocratique. "La démocratie c'est l'envie". Nous le mesurons quotidiennement. Des trois pouvoirs le plus neuf et le plus ardent à s'imposer, s'avère aujourd'hui le plus corrompu. CQFD. Il va s'effondrer à son tour.

Comment retrouver cette harmonie perdue sans se laisser dévorer par l'avatar le plus courant de la démocratie, la démagogie qui fait rage ? En privilégiant dès le départ UN pouvoir suprême. N'écimons pas la pointe de la pyramide pour en élargir le siège à des concurrents.
L’Eglise ayant disparu corps et biens de l’épure, grâce à Dieu sans doute ; l’aristocratie en situation d'émigration intérieure devant être broyée par la roue de notre déclin ; il ne restera que le roi.

Dagobert le second



A condition qu'il soit indiscuté ce roi, dans ses pouvoirs strictement essentiels et qu'il laisse la bride sur le cou aux pouvoirs subalternes dont la dispute sera organisée par une charte. On atteint là à la définition indispensable des pouvoirs régaliens qui doivent être à la fois peu nombreux et jamais partagés. Pour les écrouelles ...... on verra plus tard.

Dans une autre livraison nous aurons peut-être l'occasion - en réponse à M. Adeline ? - d'énoncer les pouvoirs régaliens dévolus au roi, qui sont nécessaires à la perpétuation de notre Nation.

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