mardi 7 novembre 2006
La robe perdue de Christian Lacroix
Retour vers la profanation de la chapelle royale de Versailles.
On se souvient de l'émeute soulevée au mois d'octobre par le projet d'exposition Lacroix dans cette chapelle consacrée. Il s'agissait d'une exposition de robes de mariées, qui avait donné lieu à un brillant reportage préalable à la télévision, dans le cadre de la Nuit Blanche.
Extraits de l'agacement de madame la conservatrice, paru dans Le Figaro du 13 octobre :
"Faire ainsi référence aux événements du passé et notamment au mariage de Marie-Antoinette et de Louis XVI, tout cela composait un projet cohérent, de nature à servir le lieu. Nous n'avons pas été déçus et tous ceux qui ont vu l'oeuvre ont été frappés par sa beauté et sa poésie.
Cette possibilité, malheureusement, n'a pas été offerte à nos 30 000 visiteurs, qui auraient voulu admirer, eux aussi, et qui en ont été empêchés par des manifestants parfois violents, puisque trois de nos agents ont été blessés, ce qui nous a contraints à fermer le pavillon Gabriel et la chapelle.
[...]
L'affirmation, essentielle, de convictions religieuses, qui n'étaient aucunement bafouées en l'espèce, ne saurait s'exercer aux dépens de certaines libertés elles aussi essentielles, liberté de penser, liberté de créer, liberté de montrer, liberté de juger. Ces libertés, nous aurions aimé les voir respectées."
Bien que je n'aie pas ressenti de profanation dans le reportage télévisé précité, certains n'y ont vu que le porte-jarretière oubliant en même temps le fameux "honni soit qui mal y pense". Néanmoins, les libertés dont parle Mme Albanel trouvent à l'évidence leurs limites quand elles s'affrontent à des convictions religieuses, même si elle décrète un peu vite leur affirmation, secondaire, rapprochées de sa liberté de faire comme bon lui chante ! Liberté, que de crimes ...
Elle a choisi la chapelle. Elle s'est trompée, aux dépens de son public !
Et Lacroix de son côté a oublié la robe la plus émouvante, celle d'un grand petit mariage célébré en ce saint lieu, le mariage de Marie Pearlie Hargrave. On rembobine :
Closes alors depuis cinquante ans, les lourdes portes de la chapelle s'ouvrirent pour laisser passer une foule de guerriers, un jour de décembre 1944. Le général Eisenhower conduisait à l'autel son chauffeur, une chauffeuse en fait, l'élégante et dévouée Pearlie, qui épousait l'amour de sa vie rencontré dans les sables de Libye, le sergent texan Mickey MacKreogh. Le consentement des époux fut reçu par le chapelain-capitaine John Keagan, et l'armée anglaise délégua une cantatrice célèbre de l'opéra de Glasgow, le sergent Dorothy Robertson, pour chanter l'Ave Maria de Gounod sur l'orgue Robert Clicquot de 1711, qui fonctionna à merveille. C'est à peu près la seule chose qui fonctionnait encore en France.
L'assistance était composée exclusivement d'uniformes et ce fut sans doute le seul mariage vraiment militaire dans cette chapelle. Après avoir reçu la traditionnelle poignée de riz sur le parvis, une voiture de l'Etat-major emporta les jeunes mariés vers le Ritz à Paris, pour une brève lune de miel. Les affaires mécaniques reprirent pour l'épousée quarante-huit heures plus tard, Eisenhower avait reçu sa cinquième étoile, il était temps d'entrer en Allemagne.
[...]
Christian Lacroix n'a pas retrouvé la robe de taffetas blanc faite spécialement pour l'occasion par un grand couturier parisien qui s'était maintenu avec quelque bonheur jusque là.
Souhaitons que la chapelle royale de Versailles retrouve vite sa vocation première qui est de célébrer des mariages. Nous avons un duc, je crois, qui tarde à y entrer !
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Merci pour le boogie-boogie qui achève le saccage mais reste en situation !
RépondreSupprimerBravo pour ce blog spécial.
Vous avez un peu raison, Romain, aussi ai-je supprimé le boogie-boogie. D'autant qu'il ouvrait un contrôle Active X que Microsoft Explorer ne maîtrise pas bien.
RépondreSupprimer