mercredi 25 avril 2007
13 mai Jeanne d'Arc
Dimanche le 13 mai 2007 à 9h30, à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint Honoré, nous nous retrouverons pour nous souvenir qu'une volonté surhumaine les soulève effectivement ces montagnes !
Jeanne d'Arc c'est une des plus belles vies, réelles et légendaires, du répertoire du Moyen Âge. La bergère touchée par la grâce, fait le roi, boute ses ennemis hors du royaume reconquis et finit brûlée vive pour l'amour de son Dieu. La rencontre de Chinon, le sacre de Reims, la prise d'Orléans, la personnalité de ses capitaines de guerre, celle de son juge, tout est dramatique et authentique à la fois !
Les sites royalistes vont multiplier sans doute les évocations. Nous avons choisi cette semaine de faire une présentation du "connétable" Jeanne d'Arc et de nous en tenir à sa guerre, normal chez Royal-Artillerie.
Tout commence à Vaucouleurs (aujourd'hui en Meuse) où le commandant de la place forte, Robert de Baudricourt, harcelé sans relâche par ses suppliques, finit par plier et lui accorde pour aller en sûreté jusqu'à la cour du dauphin Charles, deux chevaliers, Bertrand de Poulengy et Jean de Metz qui participeront à toute l'épopée johannique.
C'est à Chinon que tout se joue. Elle conquiert le timide dauphin de France et forme immédiatement une maison militaire qu'on appellerait aujourd'hui un état-major, composé de l'écuyer Jean d'Aulon, du page Louis de Coutes, d'un héraut, d'un chapelain, le tout sous l'oeil attentif de Jean de Valois duc d'Alençon, dit "gentil duc". Elle prend pour bannière un jeté de lys d'or sur fond blanc portant l'inscription Jhesus Maria, commande à Tours une armure complète comme un homme, et ceindra sa taille robuste de l'épée de Charles Martel cachée dans la chapelle de Ste-Catherine-de-Fierbois, son Excalibur en quelque sorte. Si les docteurs de la cour peuvent jurer de sa virginité, ce n'est pas une pucelle au sens d'aujourd'hui ni une rosière évaporée dans les visions, mais bien un chef de guerre, bon cavalier et habile à la lance, et forte assez pour se battre à la rapière ! Cette aptitude innée contraste avec les récits villageois de son enfance de bergère et a fait le lit de doutes quant à ses origines réelles. Jeanne était-elle une enfant de sang royal de l'Empire que les accidents de la politique avaient placé chez des laboureurs ? Peut-être, mais cela ne change rien.
Sa guerre de libération débute par la levée du siège d'Orléans, défendue par le maréchal de Sainte-Sévère et le Bâtard d'Orléans, Dunois, avec un renfort de gardes écossaises dont beaucoup archers aussi réputés que les Gallois. Un millier d'hommes en tout selon les livres de soldes. La bataille n'est pas un assaut courageux comme le montrent les enluminures, mais de véritables opérations amphibies exécutées de concert et d'instinct par les assiégés et l'armée du dauphin. L'affaire que Wikipedia va vous narrer par le menu ci-dessous prendra quand même dix jours. Talbot lève le camp le 9 mai 1429.
Wiki : La levée du siège procède d'une série de coups de mains tactiques extrêmement bien exécutés. Orléans sur la rive nord de la Loire est cernée au nord et à l'ouest par un réseau de fortifications, et l'accès par l'est est verrouillé par le fort de Saint Lou. Le pont sur la Loire au sud de la ville est tenu par les Anglais (son accès sud est fortifié). Enfin l'accès fluvial est verrouillé en amont par le fort de Saint Jean le Blanc qui est le pendant de Saint Lou sur la rive sud. (Ndlr : en fait les assiégés ont coupé le pont quand son châtelet de défense sur la rive opposée a été pris par l'ennemi)
Le 4 Mai 1429, une escarmouche oppose des français aux défenseurs de Saint Lou. Jeanne d'Arc, réveillée en pleine sieste, charge la bastille avec un fort parti de miliciens orléanais. Pour contrer cette sortie, Talbot envoie des troupes de ses fortifications au nord pour prendre Jeanne d'Arc à revers et soutenir Saint Lou. Dunois voyant la manœuvre sort à son tour et attaque la bastille de Saint Pouair qui marque l'extrémité nord de son réseau de fortifications. Talbot doit alors rapatrier ses hommes pour ne pas être pris de flanc et perdre Saint Pouair. Dunois se replie et Saint Lou est prise par Jeanne d'Arc.
L'accès fluvial par l'est n'étant plus verrouillé, les anglais transfèrent des troupes de Saint Jean le Blanc vers la bastide de la Tourelle qui permet de tenir le pont. Malgré les difficultés dues aux bancs de sable qui encombrent le lit du fleuve à Orléans, Jeanne d'Arc réussit à traverser la Loire en bateau à l'est de la ville avec un fort contingent, jusqu'à l'île aux Toiles. Voyant l'importance de ces troupes, la garnison de Saint Jean le Blanc abandonne la bastille qu'elle tenait et se replie vers la Tourelle. Les sapeurs français construisent un pont au dessus du petit bras de Loire qui sépare l'île aux Toiles de la rive sud, et Jeanne prend facilement possession de la bastide de Saint Jean le Blanc. (merci Wiki)
Ce premier succès "coagule" les troupes de France qui obtiennent la preuve d'un commandement professionnel. A l'époque c'est très important. On descend donc les rives de la Loire et en quarante jours tombent toutes les quilles anglaises : Jargeau, Meung-s/Loire, Beaugency, et Patay le 18 juin 1429. Cette bataille est intéressante car elle fut la première bataille en rase campagne. Chacun sait qu'elle fut meurtrière pour les Anglais qui trop sûrs d'eux et d'une tactique éprouvée, ne s'éclairèrent pas suffisamment loin jusqu'à se laisser surprendre par l'avant-garde française en maraude.
Les Anglais qui refluaient depuis Orléans s'étaient renforcés des troupes fraîches de Fastolf dépêchées depuis Paris. Ils décidèrent de bloquer la progression au village de Patay et prirent leurs positions comme chaque fois, mettant leurs archers derrière la palissade de pieux "antichar".
Ils furent détectés lors de leur mise en place bruyante et chargés aussitôt par les capitaines La Hire, Xaintrailles et Loré dont les piquiers les taillèrent en pièces. Notre cavalerie lourde rappliquait déjà pour passer sur la chevalerie anglaise qui n'avait plus d'espace pour se lancer.
L'armée anglaise perdit les plus vaillants de ses officiers et son corps d'archers de métier et de beaux chevaliers. John Talbot est pris. Il mourra 24 ans plus tard l'épée à la main à Castillon (notre illustration ci-dessous). John Falstof parvint lui à s'enfuir, pour essuyer la disgrâce du régent de Bedford qui le lui reprocha. En France, la route de Reims était ouverte, Troyes, Auxerre et Châlons ne furent que des formalités.
Après le sacre (17.07.29) l'élan diminue. Sauf à se parjurer du serment de bouter l'anglois hors du royaume, Jeanne aurait pu considérer sa mission accomplie par la restauration du roi. Bien lui en aurait pris, car le nouveau Charles VII, conforté dans ses fonctions par sa gloire toute neuve, retrouva son caractère taciturne et hésitant. Alors que la France entière était prête au soulèvement derrière son jeune roi, il mettra trente-six jours pour parcourir les cent cinquante kilomètres qui séparent Reims de Paris... l'objectif militaire majeur. Laon, Château-Thierry, Crépy-en-Valois, Coulommiers, Compiègne, Beauvais ouvrent leurs portes dans une allégresse inimaginable. Mais le roi veut parlementer avec le duc de Bourgogne pour fendre l'alliance anglaise d'un coin définitif. Le sort de la bataille de Paris ne l'intéresse pas vraiment dès lors qu'il a choisi la diplomatie pour terminer la guerre de Cent Ans.
Le 8 septembre 1430, nous sommes à Saint-Denis pour descendre attaquer la porte Saint-Honoré. L'assaut dure une journée, en vain, le charme est brisé. Nos pontonniers n'ont pas fini de lancer un pont de bateaux sur les douves que les ordres du roi arrivent. C'est fini, on lève le camp. Jeanne a reçu une mauvaise blessure à la cuisse. L'armée royale est congédiée. Ne restent avec elle que quelques fidèles de la première heure. Soignée, elle reprend sa route vers Saint-Pierre le Moûtiers qu'elle prend et la Charité sur Loire tenue par des compagnies de brigands qu'elle ne prend pas. A la Noël 1429 le roi anoblit Jeanne et ses frères pour services rendus, c'est un signal de mise à la retraite. Elle ne le voit pas et guerroie avec de petits moyens contre les Bourguignons pendant tout l'hiver avec quelques succès, infligeant des pertes désormais inutiles à ses adversaires.
Sentant le parti français affaibli par l'irrésolution de Charles VII, le duc de Bourgogne n'hésite pas à refaire son alliance anglaise et tente de reprendre les villes passées au roi de France. Celui-ci mesure les limites de sa diplomatie "désarmée" et laisse faire Jeanne. Elle engage des mercenaires et resserre le dernier carré de ses fidèles pour être à Pâques à Melun où la population l'acclame. Le 24, elle attend à Senlis les renforts demandés au roi qui traîne. Elle choisit d'attaquer seule le blocus de Compiègne assiégée. Elle gagne et multiplie les sorties contre l'ennemi pour assurer sa position. Celle du 23 mai 1430 lui sera fatale. La suite appartient à l'Inquisition.
Ses capitaines sont passés à l'histoire. Ce n'étaient pas vraiment des mystiques mais de rudes soldats dans l'air du temps qu'elle arriva à subjuguer par une autorité naturelle et ce "je ne sais quoi" que chacun confiera par la suite. On s'arrêtera pour finir sur le plus extravagant, le baron de Retz.
Orphelin élevé par un grand-père sévère et brutal, Gilles de Laval débutera une brillante carrière militaire dès l'âge 16 ans, en se trempant dans la guerre de succession de Bretagne avec son duc, Jean V.
Celle-ci finie, il s'attaque aux Anglais en souvenir de son grand oncle Duguesclin, au service du dauphin de France. Il prend le château du Lude en 1427 non sans étriper son commandant, puis la forteresse de Rennefort, et le château de Malicorne-sur-Sarthe, dans le Maine. Il est du parti de Jeanne d'Arc dès le début, ouvre la route d'Orléans et prend Jargeau le 12 juin 1429. Après la victoire de Patay la bien-nommée, il monte à Reims où il a l'insigne honneur d'aller quérir la sainte ampoule du sacre. Il est fait maréchal de France. Il est avec Jeanne à Paris quand les choses tournent mal. Sa disgrâce est aussi rapide que sa promotion et le motive de retourner dans ses terres. On le voit encore à la prise de Melun, et l'année suivante à la levée du siège de Lagny-sur-Marne par les Anglais. En 1436, il commande avec le maréchal Pierre de Rieux l'avant-garde de l'armée française, sous les ordres du connétable de Richemont. Puis il rentre définitivement au château de Tiffauges en Vendée. Riche à millions par sa naissance et son mariage, il verse dans un luxe inouï, entretenant une garde de deux cents piques et une armée de profiteurs de tout calibre. Il dilapide sa fortune et se jette dans l'alchimie, la magie et le satanisme. Une querelle sur l'abolition de droits concédés dans une possession vendue et non payée, comme savait en susciter le droit féodal, sera le prétexte de son assignation devant le tribunal épiscopal de Nantes pour profanation d'une chapelle à Pentecôte et mise aux oubliettes d'un clerc (le nouveau propriétaire indélicat). Le procès suivra son cours avec moult péripéties et ruses car on le craignait beaucoup. Le duc de Bretagne s'en saisira. Il sera mis au gibet en Prairie de Biesse à Nantes le 26 octobre 1440. Il avait 36 ans.
Participez au souvenir de l'épopée johannique, dimanche 13 mai à Paris et ailleurs. Et relisez un peu l'Histoire avant, ça inspire pour la méditation sur notre temps !
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Je serai à cette manifestation, j'espère sincèrement que nous pourrons nous rencontrer.
RépondreSupprimerKiavel: reponsable de l'AFE Bordeaux
Si je suis à Paris ce jour-là ça se fera. On échangera le "mot de passe" (:-) par mail.
RépondreSupprimerLa revue NRH de ce mois ci publie un papier interessant sur Yolande d'Aragon qui a aidé Jeanne à accomplir son destin.
RépondreSupprimerLe compte-rendu de la manifestation est donné par les Manants du Roi avec un diaporama complet et les textes des allocutions.
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