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Les Epées, ça coupe aussi

couverture du 23Comme de nombreux tradicathos de la mouvance royaliste vous pensez avec raison que "vous n'avez pas le choix des armes et devez reconstituer des communautés catholiques par des écoles catholiques, des journaux catholiques, des radios catholiques, des réseaux catholiques, des entreprises catholiques, des lobbies catholiques, un parti catholique, et défendre ainsi l'identité des catholiques pour assurer la perpétuation de leur groupe en obtenant des droits, en étant inscrit sur la liste des groupes dont il faut séduire les voix pour être élus. Bref "peser", être respecté, se faire craindre ".

Avec d'autres et pas des moindres (Van Gaver, de Guillebon, Sérapion, PM Couteaux) vous voulez " reconstituer une "France véritable" dont les catholiques seraient le "vrai peuple" et la "vraie jeunesse" pour mener la reconquête de la nation, fille aînée de l'Eglise", avant peut-être que de se précipiter dans le camp des saints de Raspail si ça s'aggrave.

Avec Renaissance catholique vous proclamez que " ce n'est pas au nom de la laïcité qu'il est possible d'interdire la construction de mosquées ou l'ouverture d'écoles musulmanes en France, c'est uniquement au nom de la défense de l'identité nationale et de la tradition chrétienne de la France ".

Hélas vous avez tout faux.
Dans la 23è livraison de la revue des Epées, Alain Raison démonte en 6 pages l'absurdité du communautarisme, pire, il le fustige en dénonçant le "blasphème structurel". Le catholique a une vocation apostolique universelle par le commandement que lui fit le Christ de porter la Bonne Nouvelle par toute la Terre.

" Quand nous écrivons "nous autres catholiques" nous ne sommes déjà plus catholiques, c'est à dire que nous ne sommes plus universels "(Gabriel Marcel).

Je ne vais pas vous donner les clés de la démonstration. Il faut acheter la revue ! Elle le mérite. Un seul sous-titre de cet article vous mettra la puce à l'oreille : Substituer la logique d'assomption à celle de reconquête".

Quand vous aurez assimilé Alain Raison, vous pourrez passer à l'Europe de Louis de Bonald et au dernier Védrine, Continuer l'histoire ! La critique de Bruno Lesvez pourrait dispenser d'acheter le livre tant elle est complète (6 colonnes), mais ce serait dommage pour un opuscule fondamental à 10 euros (Fayard). L'ouvrage est fait de quatre chapitres qui forment le meilleur bréviaire diplomatique depuis longtemps. Le premier est consacré à la psyché occidentale, les suivants déroulent une théorie réaliste des relations internationales.

" La première remise en ordre, dit Védrine à propos de notre politique étrangère, consisterait à cesser de prétendre que nous ne défendons pas des intérêts, que nous parlons "pour l'Europe", "pour le monde", "pour la communauté des nations", "pour la paix", "l'universel" etc. Cela pour plusieurs raisons : 1- C'est faux. Nous avons des intérêts précis : ceux de 60 soixante millions de Français qui ne sont pas des êtres virtuels ; 2- personne à l'extérieur ne nous croit. cela suscite sourires ou énervement ; 3- cela désoriente l'opinion française. Défendre clairement nos intérêts ne nous empêche pas de promouvoir en même temps nos idées pour l'Europe, pour l'ONU, de faire rayonner la France que le monde aime ".

On mesure la distance avec le feu follet Kouchner.

Avec tout ça vous aurez fait 9 pages sur 66 ! Disons-le déjà pour n’y pas revenir : la couverture du 23, bon … mouaif, même si on a compris l’intention. Le gros dossier est consacré au "Bon Sens" ! 14 pages et beaucoup de grain à moudre. De Richelieu à De Gaulle en passant par Tocqueville et Pétain, c'est très fouillé et actuel ! On pourrait tenir ce blogue pendant quinze jours rien qu'en surfant sur les articles de ce dossier remarquable.

l'épée de YodaA suivre "La tentation de l'Empire" ou l'insondable complexité de la saga lucasienne Star Wars. Il faudrait traduire cette imposante contribution en anglais et l'adresser à Georges Lucas. Sauf s'il rompt l'anévrisme, il fera aux Epées une pub d'enfer à Los Angeles, c'est sûr ! Extrait à méditer par les surfeurs de Venice Beach :

"La confrontatioon jedi/sith, au-delà de sa dimension métaphysique, est au centre du discours de l'hexalogie [...] Mais sous une belle apparence de multiculturalisme se cache une forme extrême de discrimination biologique, reposant sur la récupération politique d'un infestation parasitaire bégnine : les midichloréens, genre de mitochondries chloroplastes - leur taux dans le corps détermine à lui-seul l'admissiblité puis le potentiel de carrière de tout jedi . Le recrutement de la Waffen SS à côté, c'était les United Colors de Benetton " (Robert Hubert).
A partir de là j'exige mon scooter spatial pour aller voter et je jette ma bécane au fumier !

Suit la critique littéraire dont l'utilité est de pouvoir parler en ville des livres que vous n'avez pas achetés ou lus :
- Moralement correct de Jean Sevilla,
par Aristide Leucate
- Le Trésor de l'Action française de Pierre Pujo,
par Gilles Chabrier
- La haine à l'état d'antiquité de Günther Anders,
par A. de Contrepont
- J'ai déjà donné (polar) de ADG,
par Bruno Lesvez
- Constat d'Occident (essai) de Laurent Schang,
coulé par Philippe Mesnard
- Le pacte secret (fiction politique) d'Algoud & Fioretto,
encensé par Nathalie Bouvard
- Moby-Dick, Pierre ou les ambiguïtés de Herman Melville,
par Michèle Pinson
- Huysmans, le forçat de la vie de Patrice Locmant,
par Stéphane Giocanti
- Arkhalià le livre sans pages de Pierre de La Coste,
par Philippe Mesnard
- Spectres contre-révolutionnaires de Jean Zaganiaris,
coulé par Alain Raison
- Réflexions d'un inhumaniste de Jean-Claude Albert-Weil,
encensé par Jean Desfontaines
- Les Orphelins du Mal par Nicolas d'Estienne d'Orves,
par Arnaud Bordes
- Microfictions de Régis Jauffret,
par Rémi Lélian
- Les vignes de Berlin de Daniel Rondeau,
par Gilles Chabrier
- Noureev l'insoumis d'Ariane Dollfus,
par Stéphane Giocanti
- Comment parler des livres qu'on n'a pas lus de Pierre Bayard,
par Philippe Mesnard
- Face/s d'Olivier Roller,
par David Foubert
- American Black Box de Maurice Dantec,
encensé par Rémi Lélian
- Ernest Psichari, l'aventure et la grâce de Hugues Moutouh,
par Edmond Naudé.

Et un superbe entretien d'Ibn Assidim avec Laurence Varaut pour Un avocat pour l'histoire, Mémoires interrompus 1933-2007 de Jean-Marc Varaut, la critique de l'ouvrage étant tenue par E. Marsala.

Je termine en signalant un entretien remarquable avec Jean-Pax Méfret, la chronique habituelle de bandes dessinées de Mesnard qui nous parle cette fois de F'murr, et la nouvelle des Dinosaures en fin de revue. Ca se lit sur un mois !

Les Epées
6 rue Henri Say
92600 Asnières

L’abonnement normal à 4 numéros, soit 4 mois de lecture, 18 euros.
Abonnez-vous, vous n'avez aucune excuse, sauf d'être républicain ! Mais ce n'est pas un crime.

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Commentaires

  1. Je suis assez d'accord avec vous, en ajoutant que tous les groupes, absolument tous les groupes ont tout faux !

    Pas seulement ceux que vous avez cités.

    Nous sommes dans une situation de brouillage final de toutes les logiques.

    Et lorsque certains tombent d'accord pur un même constat, c'est ensuite qu'ils divergent, dans le choix des mesures à appliquer.

    Dans la question communautariste, que trouve-ton, d'abord, sinon quelqu'un qui aujourd'hui a réussi son coup, soutenu par tout ce que la France avait de traditionnel, en remorque du reste ?

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  2. Pourriez-vous être plus explicite ?

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  3. Je pense que tous les groupements, absolument dans toutes les familles d'idées - et donc pas seulement chez les royalistes - se trouvent aujourd'hui englués dans une absence de logique. Tout repose sur l'absence d'arguments.

    Il n'y a plus que de très imprécises perceptions d'intérêts - confort, bien-être économique - qui incitent à se raccorder aux groupes les plus puissants : c'est ainsi que, contre toute logique, ceux qui défendent des idées qui passaient pour traditionnelles, ont soutenu l'actuel locataire de l'Elysée ou tout au moins, ont voté pour lui.

    D'une façon générale, le monde est paumé. Cela entraîne de la part des opinions, une adaptation rapide aux données du monde telles que les groupes de pression les écrivent, et cela sauve pour un temps l'apparence. Les mouvances royalistes, et leurs constellations, elles, persistent comme je l'ai déjà dit ailleurs, à s'accrocher aux bouées ringardes.

    je ne dit pas qu'elles devraient devenir des caméléons, mais seulement qu'elles devraient se réformer d'une manière assez forte pour constituer un horizon à offrir.

    Pour tant que cet horizon rompe avec ce que les Français refusent : les vieux mythes du Trône et de l'Autel, et toutes les références qui les rejoignent.

    De même, puisque le Royalisme se veut placer aujourd'hui à l'amorce possible d'un tournant, il devrait laisser ouverte l'hypothèse du renouvellement complet de la perspective dynastique. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est l'occasion d'offrir au pays une perspective renouvelée, et par conséquent de ne pas lui servir obligatoirement les plats déjà servis.

    Les Capétiens ont fait leur temps, et s'ils veulent qu'on leur avance à nouveau un trône, c'est à partir de leur capacité à gouverner aujourd'hui, et non à partir de leurs anciens fondements, que cela, seul, est souhaitable.

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