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Aller aux municipales ou pas

armes de VersaillesLa question de l'implication directe des royalistes dans la vie démocratique est depuis longtemps posée. Beaucoup d'entre eux sont au fond "démocrates" au sens commun et se contenteraient de couronner le système actuel en pérennisant le titulaire de la fonction présidentielle afin de créer un axe de continuité de l'Etat et se défaire de l'orgie électorale quinquennale avec laquelle on a touché le fond de la démagogie naturelle au régime. "Quinquennale" dans les textes, mais au concret le président est élu pour six mois, reconductible tacitement. Qu'a-t-il fait de ses premiers six mois ? Peu de choses définitives, les déficits se sont creusés, les faveurs de l'Opinion baissent déjà ! L'imperator se laisse tiré vers la négociation pour ne pas perdre le cinquième tour des élections, le tour social. Les sondages règlent les injecteurs du moteur gouvernemental, le programme sert de carburant. C'est la démocratie, faut faire avec.
...

Ces royalistes, constitutionnalistes, ne sont pas hors-normes. Sur quels critères le seraient-ils d'ailleurs, personne ne détient l'autorité d'une doctrine institutionnelle royaliste, et les princes à qui elle devrait être confiée, sont muets sur ce plan.

Finalement sortir de la satrapie persane actuelle serait un vrai progrès au moment où le pays est sous la pression d'évènements extérieurs graves et que ses axes de défense doivent être sûrs. Le nouvel ami de l'Amérique déclenche la standing ovation au Congrès des Etats-Unis pour son libéralisme économique, la bombe iranienne et la contention de la Syrie, les renforts afghans, mais rejette la Turquie américaine au parlement de Strasbourg, le libre-échange anglo-saxon, le brassage migratoire mondialisé et promeut la défense européenne. C'est de l'affichage en fonction de l'auditoire visé, l'Opinion intérieure n'étant pas le dernier ! Un pays encore un peu grand ne doit pas afficher des caprices mais des tendances lourdes. Je ne les vois pas. Mais pas d'argent pas de suisses, dit-on. Et le début de notre faiblesse tant dans la conception d'un destin français que dans l'action, réside bien dans notre misère budgétaire.

En attendant, que faire au-dessous de l'étage régalien ?
Il y a cinq niveaux et un lot de consolation : Sénat (scrutin uninominal indirect - notables), Assemblée Nationale (scrutin uninominal majoritaire universel à 2 tours), Conseil régional (scrutin de listes), Conseil général (scrutin direct uninominal universel par canton), conseil municipal (scrutin de listes). Le lot, les Européennes (au scrutin proportionnel de listes).

blason sur fond lunaireL'expérience montre que les scrutins de listes sont les plus difficiles à affronter pour des structures modestes. Même le Front National bourre parfois ses listes, d'individus non prévenus en position non éligible, pour faire le poids requis. Il faut donc convaincre un dizaine ou plus de vos concitoyens de s'afficher royalistes sur votre commune. L'aventure n'est jouable que dans des cas particuliers où une résonance est attendue. Versailles, Fontainebleau, certaines villes des bords de Loire. Mais la difficulté à constituer une liste peut n'être pas la pire. Quelle thématique "royaliste" développer au niveau d'une commune ? Les professions de foi lues jusqu'ici sont frappées au coin du bon sens ! Mais dans ce coin-là, il y a la concurrence des partis recentrés et celle des bilans. La bonne gouvernance dans l'intérêt général est une tarte à la crème, sauf à faire tirer la liste par un leader de niveau national qui chercherait dans les municipales un ancrage et ne s'en cacherait pas. Auquel cas l'élection municipale serait un plébiscite local à gagner ou à perdre. C'est ce que cherche François Bayrou à Pau. Aucun royaliste de notoriété nationale ne s'est encore déclaré. Le plus proche idéal est M. le comte de Villenoisy qui se lance sur Paris où il n'a aucune chance de prendre aucun arrondissement, ni de se faire entendre des médias qui vont être absorbés par les querelles internes des trois bords (Delanoë® contre Baupin ; Panafieu contre Debré et Sarnez contre Cavada). Les partis placent leurs candidats sur les listes d'arrondissement à la proportionnelle, pour un total de 163 sièges. C'est la guerre de tranchée, arrondissement par arrondissement. Y figurer exige un tempérament exceptionnel. En avant !

Si l'on observe les modes de scrutin on voit que trois d'entre eux sont uninominaux et donc évitent le casse-tête des listes : les élections sénatoriales, les législatives et les cantonales. Normalement l'échelle de perroquet de tout bon politicien commence aux cantonales. Quand Valéry Giscard d'Estaing fut battu à la présidentielle de 1981, il se présenta aux cantonales suivantes. A "faire le démocrate" autant suivre le chemin tracé d'expérience.

Les conseils généraux (qui gèrent les départements) ont plus de pouvoir qu'auparavant, le président Chirac était un départementaliste. Le département est une communauté d'intérêts plus large et moins visibles que la commune, et surtout d'actions structurantes. La fibre royaliste a plus de chance de se développer au conseil général que dans un conseil municipal où, passé le débat budgétaire annuel (< 5% de marge de manoeuvre quand on a payé les jardiniers), les questions demeurent triviales et ne peuvent nous servir de levier en rien.

Quel argumentaire royaliste au niveau du département ? Voici les compétences :

- action sociale (RMI, FAJ, logement social, protection judiciaire jeunesse, ...)
- action sanitaire (PMI, vaccinations, ...)
- aménagement de l'espace (voirie départementale, autocars, ramassage scolaire, gestion des plans d'eau domaniaux)
- équipement (génie rural, ports de commerce, de pêche, aérodromes)
- éducation (collèges avec leurs TOS, schéma d'enseignement artistique)
- culture (bibliothèques centrales, ...)
- patrimoine (archives, certains monuments classés, patrimoine rural non protégé)
- action économique (aides directes et indirectes aux entreprises sur un plan de développement d'activités)


armes de WittenheimLa démarche courageuse de Mme Sandrine Pico-Deprez, AR, aux cantonales de mars 2008 à Wittenheim est sur le bon axe. Demandez le programme en cliquant sur le blason catonal de Wittenheim.
Le royaliste peut choisir une niche d'intérêts dans l'assemblée départementale, et y briller. Il y a cent conseils généraux et 3978 cantons. Restent les deux autres structures d'accueil.

Les élections législatives, par le mode de scrutin majoritaire à deux tours, sont le royaume de la combine partisane ouverte. Ce mode majoritaire oblige aux reclassements du second tour et donc à passer des accords de toute nature, parfois politiques. Ces élections sont celles qui se préparent le plus tôt car elles sont instrumentalisées par le procédé des titularisations des candidats par leurs partis, procédé mettant en oeuvre en amont des accords trans-partisans qui évoluent avec les sondages. C'est un sac de noeuds posé sur la mare des sables mouvants, fait pour la syndication des sortants. Reste une autre aire de contact des partis, le Sénat :

Le Sénat est l'exemple type du fromage républicain. C'est un garage à politiciens meublé par la connivence des notables de la démocratie indirecte. 331 sièges affectés principalement aux cadres régionaux des partis, incapables de percuter au scrutin universel ou trop âgés pour mener une campagne électorale debout ; on y trouve de tout, sous la devise commune de "Mourir au Sénat" : Charles Pasqua, Dominique Voynet, Jack Ralite, Catherine Tasca, Pierre Mauroy, Serge Dassault, Jean-Michel Baylet ... et surtout beaucoup d'inconnus. Le garage est fermé au franc-tireur, il faut avoir sa carte et militer longtemps dans la nomenklatura, ou disposer d'un pouvoir de nuisance déjà exercé que la contemplation des ors du palais apaisera, du moins vos adversaires le souhaitent-ils.
Quand la chasse démocratique a généré trop de pression, on les retrouve au Conseil économique et social.

Alors à la question initiale, "y aller ou pas", nous répondrions plutôt "pas".
En revanche il serait intéressant d'explorer l'étage des conseils généraux, même si l'on n'a pas le département chevillé au coeur. A noter que le département est une circonscription électorale parfaitement balisée qui pourrait survivre à la suppression des conseils généraux, après les funérailles internationales de M. Chirac.


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Commentaires

  1. Sous quelle étiquette se présente le comte de Villenoisy?
    La question est plus pour moi se présente t-on aux élections pour être élus ou pour faire connaître nos idées? La multiplication de candidatures roycos serait une bonne chose, même si à la fin aucun n'est élu... Et rappelons enfin que des royalistes, monarchistes sont et seront élus sous le sigle de partis traditionnels. Il y aurait aussi du travail d'organisation à faire de ce coté là...

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  2. M. de Villenoisy se présente sous l'étiquette Alliance Royale.

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  3. Non, je ne pense pas, moi non plus, que ces royalistes, constitutionnalistes, dont je suis modestement, soient hors-normes. Et, peut-être, est-ce eux qui véritablement préparent la route.
    Ensuite, il faut un soutien, par de nombreuses formes possibles mais qui ne dénaturent pas le message. Aussi sont courageuses et doivent être soutenues pour cela toutes les tentatives de se présenter par la voie démocratique aux élections dans les instances où cela est accessible, et en fonction des modes électoraux. Ils auront besoin également des autres formes de propagation de la pensée, des plus classiques aux plus actuelles.
    L'essentiel maintenant, il me semble, est d'être plus que jamais présent sur le terrain médiatique. Car, comme le dit diable boiteux, d'après Talleyrand, à force de murmurer le nom du roi..

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  4. (Message personnel)

    Je propose d'apporter un correctif à certains commentaires un peu imprécis chez moi. A suivre, demain... T.

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  5. Il faut prendre exemple sur la Franc-Maçonnerie. Que les royalistes s'organisent en "société secrète" et infiltrent les partis existants. Cela prendra du temps... A moins qu'à force de pourrissement la République ne tombe comme un fruit gâté. Pourquoi entend-on toujours parler de l'avènement de la 6e République et jamais de la monarchie comme alternative ? Il faudrait expliquer et expliquer encore aux Français que vouloir pérenniser un système de gouvernement qui a échoué à 5 reprises est vain...

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