vendredi 18 janvier 2008

Au milieu des ruines

donjon ruinéL'éditorial des Epées n°24 ouvre sur leurs autosalutations empressées. Publié quelques semaines après l'ouverture d'une succession dans la première chapelle royaliste de France, et même s'il n'y a pas d'intention ad hominem, on y lit au premier paragraphe ceci :
« Depuis maintenant près de 7 ans qu'elles paraissent, Les Epées se sont installées dans le paysage intellectuel français : au milieu d'un champ de ruines ; ruine du royalisme qui n'est que l'ombre de ce qu'il devrait être, ruine du débat, ruine de l'engagement. A lors pourquoi continuer ? Parce que s'engager est vital, parce que le débat semble renaître, parce que le royalisme est une idée nécessaire. »
Il n'est pas un vieux royaliste qui n'approuve le constat amiable. Et pour ma part, j'ai souvent dénoncé ici et ailleurs notre affaissement quant à la propagande de masse qui, pour certains cadres de chapelle, est inutile : l'Avènement sera "ex machina" ou rien ! Il faut s'inquiéter de la machina, en clair convertir la haute fonction publique ou la synarchie (que décrit si bien Olivier Dard dans l'article "X-crise" (p.31).
Prenant à contre-pied cette diplomatie de "couloirs et conférences", j'ose, sans titre ni grade, prétendre que l'assentiment de l'Opinion sera un jour recherché, sinon avant, plus certainement après : dès lors il faut l'ensemencer.

Et c'est là que nous découvrons les ruines !

la Sybille au milieu des ruines
Lire sur le site Web des Epées la rencontre avec Gilbert Comte, ancien secrétaire de Pierre Boutang, et "accessoirement" journaliste au Monde, nous en dit long sur l'érosion subie par le mouvement royaliste, même si les idées n'ont jamais disparu vraiment. Nous n'allons pas commenter le commentaire, et nous invitons le lecteur à prendre le temps nécessaire pour lire cet article édifiant de Tony Kunter. Au niveau du royaliste de base, j'ai eu les mêmes perceptions. L'école de pensée (les trois chapelles en font parties) ouverte par les grands maîtres a dérivé vers le harcèlement d'actualité, le marquage à la culotte des socialistes, le supplétif électoral contre-nature d'avance pardonné par le redoutable "compromis nationaliste". Bien sûr, l'Action Française d'avant-guerre était au front, chaque jour, et doublait la propagande de sa doctrine d'une polémique acérée qui tenait lieu de travaux pratiques. Mais cette guerre fut perdue. Deux fois. En certaines occasions, on se gausse de ces états-majors qui préparent la guerre du passé et n'ont pas d'imagination pour identifier les menaces futures, et lancer les longs développements qu'exigent les réponses. Le mouvement royaliste a commis ce péché grave en politique populaire : astiquer ses rétroviseurs avant de passer l'éponge sur le pare-brise. Heureusement qu'il n'était pas mortel !

Alors, quels que soient les accommodements que nous trouverons avec l'histoire in petto, cessons par exemple les "explications" sur les intentions du Maréchal, et bien pire, celles visant à relativiser l'antisémitisme des années trente que la "pensée" unique" nous attribue généreusement tout entier. Ces disputes sont stériles, anachroniques, et je crois que la nouvelle équipe aux manettes du Centre royaliste d'Action française le sait. Je leur souhaite bonne chance pour tourner les lances vers les vrais défis. La moitié de "notre problème" réside dans la France de nos enfants, pas dans celle de nos parents :

Retrouver une puissance économique digne de notre rang si nous voulons exister "Français" jusqu'au bout de ce siècle ! Se méfier dans ce sujet des émotions souverainistes qui ne luttent que pour la préservation des attributs de souveraineté, inversant causes et conséquences. Explorons sans a priori les outils de notre renouveau par tous moyens absolument, même ceux que peut nous offrir l'Europe, plutôt que nous abandonner au réflexe pavlovien franchouillard :

Energiser la recherche des ultra-sciences comme les nanotechnologies, la physique nucléaire de production, à tous prix et sans affaiblir la recherche fondamentale. S'il manque des milliards, arrêtons les climatiseurs dans les hospices (traduction d'un propos de Jacques Attali que je partage) !

Promouvoir le retour aux valeurs évidentes naturelles (en plus c'est très tendance de ne pas modifier la génétique !) sans verser dans les polémiques sociétales qui sont systématiquement instrumentalisées par les conservateurs du système mortifère actuel. Je n'irai pas à la marche Pro-vie.

Poussons à reconstruire l'Etat sur des bases administratives diminuées de moitié au moins, en avançant des projets précis et lisibles ; sans cela la déperdition d'énergie qui nous met en banqueroute, continuera.
Le format royaliste, débarrassé des connotations injustes qui le plombent, est le plus adapté et de loin, à cette contraction & durcissement de l'Etat renouvelé.
Le deal qui vise à récupérer les quatre pouvoirs régaliens au profit d'un exécutif permanent contre l'helvétisation des pouvoirs locaux est à creuser.
Mais ceci n'est que la moitié de notre problème.

La seconde moitié ne nous concerne pas plus loin que le libre-arbitre des princes ne nous l'autorise :
Le pays est près du fond, presque dans la même situation où le prenait en main la technostructure de la Quatrième République qui expédiait au FMI pour confirmation ses grands argentiers successifs. Notre FMI c'est la BCE de Francfort. Or dans cette époque très critique pour le pays, des princes nous n'entendons pas grand chose qui aide aux points évoqués ci-dessus, si tant est que nous entendions tout ; à l'exception notable du Duc de Vendôme qui construit une dialectique propre sur des sujets généraux éligibles au consensus. Nous aimerions qu'il creuse un peu les questions avec les conseils avisés que méritent ses espérances.

Le Comte de Paris dont nous attendons avec impatience et curiosité les voeux de nouvel an, se cantonne aux relations mondaines nécessaires à sa maison, et laisse aux frontières de ses occupations la Gnose, où d'ailleurs il excelle.
C'est avec tristesse que nous mesurons la distance que laisse le Duc d'Anjou entre lui et nos angoisses nationales. Je ne sais si le seul témoignage suffira à faire avancer la cause royaliste en France. Pour le moment nous irons à la messe du roi porter nos invocations au Ciel pour qu'il dote nos princes bien-aimés du sens politique nécessaire à l'approche du désastre.
Au milieu des ruines, nous y serons bientôt.
Sommes-nous patients ?


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3 commentaires:

  1. PS : Je signale le blogue décapant d'Ivane dont nous avons emprunté le titre pour ce billet :
    Au milieu des Ruines.

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  2. Avant Ivane les "ruines" appartenaient à Julius Evola !
    Mais pour ce que j'en dis ...

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  3. Pouvez-vous me joindre, s'il vous plaît, pour infos et liens ?

    A bientôt...

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