Le problème de monsieur Bouton est que, sur la planète Fric, personne ne le croit ; sauf à accepter que notre énarque (promotion Rabelais 73) soit un touriste-financier de rencontre et que sa chaîne hiérarchique, issue pour l'essentiel de la haute fonction publique française, ne vaille pas mieux, et que les procédures universellement reconnues soient faillibles, et que tout le monde soit en danger ! Et s’il y avait la main d’Al-Qaïda sur le clavier ?
Mais à coup sûr on peut lui reprocher d'avoir sérieusement plombé la cote lundi dernier en se défaisant fébrilement des positions extravagantes de sa banque virtuelle, cette fébrilité dénotant un manque de sang-froid, qualité nécessaire à tout banquier travaillant sur les opérations à levier. Mais monsieur Bouton n'est pas Oncle Picsou, ni banquier pur-sang. Kerviel, si !
Ce vivier de pointures nationales qui passent pour des nains dès qu'elles prennent l'avion, a déjà coulé la réputation de la finance française. Rappelez-vous Haberer Jean-Yves (ENA 59) jeté du Crédit Lyonnais, renfloué de 15 milliards d'Euros par l'Etat, Bon Michel (ENA 71) jeté de France Télécom, grevée de 70 milliards d'euros de dettes à découvert - il fait du management-conseil aujourd'hui ! -, Messier Jean-Marie (ENA 82), jeté de la Générale des Eaux devenue Vivendi Universal, le parangon du délire monomaniaque onéreux. Cela continue donc. Le Stewie Wonder de la haute finance, Trichet Jean-Claude (ENA 71), est barricadé à Francfort dans son délire anti-inflation quoique cela puisse coûter aux économies de l'Euroland en désarroi. Son refus de coordonner en temps de crise mondiale la politique de la BCE avec celle de la FED est proprement criminel. Mais il n'a pas été formé à ces questions. Ce n'est qu'un haut comptable sans esprit. Il faut téléphoner à Ravaillac et se défaire de ce remugle de la chiraquie imposé aux Européens non pour ses compétences mais sur le billard du marchandage à trois bandes franco-allemand.
Comment ne peut-on leur barrer l'accès aux affaires sérieuses ? Elémentaire, mon cher Watson, c'est impossible : depuis les nationalisations de 1981, la caste énarchique a investi le monde mathématique de la banque au détriment des "industriels", plus ouverts au calcul mental et à l’intuition, et moins obsédés par le parapluie. Ceux qui avaient les qualités requises sont partis faire la fortune de la City de Londres ! Des énarques, Vous en "tuez" dix, il en repousse cent. A tel point que des anciens élèves comme Juppé et d'autres proposent de fermer l'ENA pour débloquer l'Etat.
Revenons au Top-gun Kerviel. Imaginons les circonstances de l'embrouille avec l'aide professionnelle d'un ami trader de la Barclays qui réclame l'anonymat sinon un virement conséquent à Cayman Island. En croisant Einstein et Fantômas, nous dit-il, on pourrait monter une banque virtuelle dans la banque réelle, qui a quelque chose de virtuel elle aussi sur les marchés de grand vent comme les dérivés d'indices. Ce serait donc, ainsi que le reconnaît le patron de la Générale, une banque secrète manipulant des sommes énormes à hauteur des fonds propres de la "maison mère", et ceci au milieu d'une salle des marchés peuplée de dizaines de traders au travail, tous face à des écrans donnant les positions au dixième de seconde. On voit déjà le défi ! Par contre cette banque virtuelle fabuleuse ne pourrait pas vivre plus de quelques jours à deux ou trois semaines avec une chance inouïe, car il y a des fusibles sur les positions qui sont coupées en cas d'emballement. Quelqu'un les a-t-il neutralisés ? C'est là que se cache le noeud gordien. Un an de cachotteries est impensable à notre ami, sauf à diffuser du gaz moutarde dans les bureaux d'audit interne. Il recommande donc de prélever l'ADN de sa maman et de cloner le rejeton, mort ou vif.
La logique du marché des options et dérivés est expliquée en cliquant ici. Ce n'est bien sûr que la base, et pour l’aspirine cliquez ici.
Pour finir, nous ferons remarquer que le capitalisme anglo-saxon a aussi des accidents, à la différence près que ses patrons douteux ou incompétents dorment en cellule. Ici, la République commence par les fumigènes - les déclarations du ministre de l'économie et des finances sont lamentables de niaiserie - puis leur laisse la Légion d'honneur et les bénéfices de leur charge.
On pourrait conclure sur l'impérieuse nécessité d'une régulation du capitalisme mondial au moment où s'ouvre à Davos la grand-messe solennelle du Veau d'Or, et bla bla bla, mais des coups d'épée dans l'eau nous en donnons suffisamment déjà. Attendons les détails croustillants à moins que …… mademoiselle Bruni n’aille se baigner nue dans les vasques de la Concorde à l’ouverture de l’audience correctionnelle, ce printemps !
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Si la position intenable prise par Kerviel au début du mois a été détectée le 19, cela donne un peu moins de 3 semaines ! C'est beaucoup.
RépondreSupprimerLe pire est qu'il a triché tout au long de 2007 sur de moindres expositions sans déclencher de réaction de sa hiérarchie.
Incompétence.
La déclaration d'entêtement de JC Trichet est à l'aune de son aveuglement. Il ne peut pas comprendre qu'il doit se coordonner avec la FED, puisqu'il n'en parle même pas.
RépondreSupprimerVraiment !
Reuters clic !
Précisions du Spiegel :
RépondreSupprimerJérôme Kerviel aurait acheté 140.000 contrats sur l'indice-vedette DAX en Allemagne, affirme samedi le site internet de l'hebdomadaire Spiegel, Spiegel-Online. Ces contrats ont été négociés selon le Spiegel "il y a quelques semaines" sur le marché dérivé Eurex, qui est une filiale suisse de l'opérateur allemand Deutsche Börse. "Si l'on admet que Kerviel est entré sur le marché quand le DAX était au-dessus de 8.000 points, la bourse devait alors créditer chaque jour 25 euros par contrat sur le compte de la Société Générale pour chaque point gagné. A l'inverse, pour chaque point perdu sous les 8.000, la bourse récupérait 25 euros" de la banque française, écrit le Spiegel. "Or le DAX a perdu 600 points entre le début de l'année et le 18 janvier - et Kerviel probablement autour de 2 milliards d'euros", estiment des experts
cités par le site internet, qui ajoute que "les chefs de la banque parisienne ont reçu d'Allemagne les signaux d'alerte" sur ces pertes colossales.
Formidable, c'est la presse allemande qui nous informe !
La Société Générale est débordée par la bourse. Elle met trop de temps à expliquer la mécanique fatale de son trader.
RépondreSupprimer2 milliards ? Il n'y a pas le compte. Ou bien la banque explique clairement, ou bien les suppositions vont fuser, à son détriment !
RépondreSupprimerC'est toujours pareil !
C'est Bouton qui bloque car il se sent morveux. Le trading est une grande famille, on va savoir comment se comptent les 4,9 Mds€.
RépondreSupprimerSi ça se trouve Kerviel a perdu 2 Mds et Bouton 2,9 Mds dans sa précipitation stupide !
Les Echos ont parlé d'un milliard seulement à la découverte du pot aux roses le 19. Donc c'est la hiérarchie de la banque qui a perdu le plus gros.
RépondreSupprimerLa remarque de Catoneon débinant les énarques est assez juste.
Explications d'un pro du trading Duo & Co :
RépondreSupprimerLe trader en question, Jérôme Kerviel, a réussi son coup à partir d'un procédé simple qui consistait à créer dans le système interne de la Société Générale de fausses contreparties, autrement dit de faux clients. Le système en question s'appelle Eliot, c'est le système central du département dérivés actions dans lequel l'ensemble des "deals" sont "bookés". C'est forcément un système très sensible, très contrôlé par différents middle & back offices. Problème, Jérôme Kerviel était issu de ces départements et il a sans doute gardé des logins lui donnant des accès privilégiés à ce système. (j'ai moi-même gardé en tête des codes front de la maîtrise d'ouvrage donnant accès à pas mal de données...) A partir de là, il était facile pour lui de traiter sur les marchés en prenant des positions au nom de la Société Générale, des positions, bien sûr, totalement fictives car sans contreparties....
Puis est venu le temps de la crise, les 15, 16, 17 & 18 janvier, les marchés financiers ont énormément baissé, la position "longue", c'est à dire "acheteuse" a fait perdre énormément d'argent à ce trader qui s'est retrouvé acculé. C'est devenu impossible pour lui de masquer ses opérations frauduleuses en cause du système d'appels de marge des marchés organisés. (à ce niveau, demeure un point obscur, a-t-il traité "OTC" ces futures ou a-t-il traité "listé"...désolé pour ce jargon mais, c'est pas clair à ce niveau là) Bref, le vendredi 18 janvier, les middles offices chargés du contrôle ont finalement découvert la fraude. Pendant tout le week-end, c'est le branle-bat de combat, le trader est "séquestré" à la banque. On arrive finalement à lui faire cracher le morceau. En début de semaine, les plus hauts responsables de la banque & de la partie dérivés actions se chargent de déboucler cette position énorme accumulée depuis plusieurs semaines, de l'ordre de 50 milliards d'€ sur des futures Eurostoxx50. C'est tellement énorme que ça déséquilibre le marché qui prend conscience sans doute qu'un truc ne tourne pas rond à la SG. De là, les spéculations à la baisse sur le titre.
Je lis sur les news de Free :
RépondreSupprimerUne blague en anglais fait déjà le tour de la planète en ligne raillant "le niveau de stress insoutenable" pour un jeune trader assujetti à 35 heures de travail hebdomadaires: "Kerviel était connu pour commencer son travail à neuf heures du matin et être encore au bureau à cinq heures voire cinq heures et demi, avec à peine une heure pour déjeuner voire trente minutes".