Le basculement de la Chine méridionale dans le camp du capitalisme sauvage doit certes beaucoup à la vitrine hongkongaise, mais combien plus à la Révolution culturelle de la Bêtise qui a montré l'usure extrême de la tunique maoïste.
Les intérêts économiques (et surtout miniers) ou les revendications identitaires sont plus puissants que l'idéologie, matière purement intellectuelle qui ne se mange pas mais peut devenir un poison violent en injection.
Dans Le Figaro d'hier, Laure Mandeville énonce les dominos qui vibrent à l'annonce de l'indépendance du Kosovo. En partant de l'épicentre du séisme kosovar, il n'y en a pas tant que ça finalement :
La province albanaise de Macédoine, la Bosnie serbe, le Kosovo serbe (appelons le ainsi), la Roumanie hongroise, la Moldavie transnistrienne, l'île de Chypre turque, la Catalogne et le Pays Basque ; Tchétchénie, Abkhazie et Ossétie du Sud ; le Kurdistan ; le Tamoulistan cinghalais, l'île philippine de Mindanao et si l'on veut aller au bout du monde, le Tibet, le Xinkiang ouigour et Formose. Rajoutons la Corse pour faire joli.
Chaque fois, des nations s'opposent à des états. Elles et moi-même serions-nous plus heureux si ces territoires acquéraient leur indépendance ? La question est égoïste, mais honnête. Il y en a une seconde : que veut dire indépendance dans un monde globalisé comme la Terre d'aujourd'hui ?
Après les trois premiers mois de réglages, le Kosovo sera à la merci des bailleurs de fonds qui le feront vivre au quotidien. L'indépendance se limite-t-elle à l'immunité diplomatique des dirigeants ? Dans le cas du Kosovo l'on peut se le demander, comme nous en prévient le général italien Fabio Mini qui a dirigé les forces de la KFOR en 2002-2003, et qui se lâche dans le Corriere della Serra :
« L’indépendance conviendra à ceux qui commandent : le premier ministre Thaçi qui fait des affaires avec le pétrole, l'ancien premier ministre Haradinaj qui est jugé devant le Tribunal pénal international de La Haye , l'ancien premier ministre Ceku qui veut devenir généralissime, le milliardaire Behgjet Pacolli qui a besoin d’un endroit pour mettre l’argent de son empire ». Et de préciser : « Ce qui intéresse les clans, c’est un endroit en Europe où vont s’ouvrir de nouvelles banques. Un port franc pour l’argent qui arrivera de l’Est. Monte-Carlo, Chypre ou Madère ne sont plus sûrs. Je comprends la hâte des Kosovars. Je ne comprends pas celle de la communauté internationale. » (source Novopress).
La France souveraine elle-même est-elle si indépendante que cela ? Le gouvernement n'arrive même pas à administrer correctement son Etat vermoulu, et se réfère en tout aux puissances extérieures, sauf pour les affaires du théâtre démocratique intérieur. A la différence près, qu'elle ne vit pas (encore) de subsides internationaux. Finalement, le critère objectif devrait être tout contenu dans la question-qui-tue posée aux "indépendantistes :
"Subvenez-vous déjà à vos besoins, et persisterez-vous à y subvenir dans le futur ?". Si vous répondez deux fois "oui", vous vous engagez à ne pas solliciter de transferts d'ajustements structurels auprès du FMI pendant trente ans à compter de ce jour !
La parole est aux Catalans : oui, oui, aux Basques : oui, oui, aux Taïwanais : oui, oui, aux Ossètes du Sud : euh, aux Corses : euh, ... facile ! Trop !
Trop, parce que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes dispose aussi de mes contributions fiscales et, que cela puisse finir par faire beaucoup si l'on multiplie les états mendiants, ne semble pas freiner les grands élans d'émotion kouchnérienne. C'est un "droit acquis" donc inattaquable. J'en fais à ma tête et tu paies ! A noter en passant que la Serbie débarrassée du Kosovo devrait mieux rebondir et assumer ce rôle de tigre balkanique que lui offre les économistes distingués.
Comment les royalistes approchent-ils cet affrontement nation-état ? En désordre ! Les plus en vue n'hésitent pas à donner la main aux Jacobins créateurs de la nation territorialisée par la Constituante, et précipitent à dessein dans le concept de nation, l'Etat, la souveraineté, les frontières, la patrie voire la "race", bricolage politique du plus mauvais aloi. Or il est tant de différences dans le monde brassé d'aujourd'hui entre tous ces ingrédients que l'on peut s'étonner d'y voir participer les royalistes, eux qui sont supposés avoir plus de recul dans leur réflexion et de bases. C'est pour ça qu'on les aime !
Hormis la Terre Promise (?) - un vieux truc qui marche encore - il n'est aucune loi supérieure qui légitime un Etat au-delà de la protection et du meilleur bien-être relatif procurés à ses administrés - une définition du Bien commun. Un Etat ne peut se maintenir moralement de son propre chef, par le fait accompli, il doit servir. Or nos états modernes se jugent inexpugnables des territoires qu'ils administrent - j'allais dire sans titre - étant admis universellement qu'ils sont la meilleure réponse aux défis de toutes sortes qu'affronte l'espèce humaine. C'est loin d'être vrai et en l'espèce, l'Etat serbe qui gérait la Yougoslavie, ne fut pas un modèle. Mais s'attaquer à l'un d'eux c'était s'attaquer à tous jusqu'à dimanche dernier, dans l'esprit du moins de la Charte de San Francisco qui régit les Nations Unies ou plutôt les Etats qui tiennent ces nations. On peut légitimement douter du bien-fondé de ce postulat, sauf à accepter que l'expérience séculaire des chancelleries impose de brider les citoyens dans une sorte de paix congelée sur toute la planète. Ainsi l'observation de certains "dégels" comme celui du Kosovo qui doit normalement aboutir à la Grande Albanie, état-croupion de l'Union européenne, est d'autant plus intéressante qu'ils font bouger les lignes, et qu'insensiblement ce sont les nations qui reprennent sournoisement l'avantage sur Rome. La Yougoslavie n'a pas fini de réorganiser ses nations et l'Europe de se "länderiser".
Les Etats ont perdu la manche. Certains veulent l'ignorer ou pensent que la bataille n'est pas finie.
J'ai entendu dire que les Sardes voudraient quitter la Botte. Que me prendront à moi les Corses ? Rien ? Alors qu'ils partent avec ma bénédiction s'ils ne se retournent pas ! On me dit dans l'oreillette qu'ils veulent quand même l'huile d'olive, l'oliveraie et la presse à pierre, plus les bouteilles gratuites avec les étiquettes collées devant derrière !?^^ Sont devenus sionistes !
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Que de caprices de la part de ces indépendantistes... Comme si tout devait leur être dû.
RépondreSupprimerJe me demande bien comment l'europe compte régler (si elle le souhaite du moins) le fait nombre de ses pays ne sont plus des nations.
Comment vivre dans un vaste ensemble supra-national avec des peuples qui ne peuvent plus vivre en bonne entente, qui ne veulent plus vivre les uns avec les autres ?
Une länderisation arriverait-elle à stopper ces velléitaires en leur coupant l'herbe sous le pied ?
C'est le vice caché du nationalisme. Il s'exacerbe contre l'autre.
RépondreSupprimerLe patriotisme en revanche est "centripète".
Oui la Serbie (qui va conserver les cantons utiles du nord du Kosovo) s'en sortira mieux si elle sait se recentrer sur son coeur de projet. C'est l'état le plus fort de l'ex-Yougoslavie avec une mentalité de battant.
RépondreSupprimerLes territoires sont parfois une lourde charge à un moment donné, et l'Histoire ne se finit jamais.
Exactement Catoneo, le problème du nationaliste c'est "l'autre".
RépondreSupprimerAvec les concepts figés et éculés de la nation, il devient impossible d'en sauver une par ces moyens. Cela revient à du communautarisme, ni plus ni moins (voire de l'éthnocentrisme)...
La réaction d'Yves Marie Adeline à l'expiation de la Serbie est très instructive mais je doute qu'il soit largement suivi dans le milieu royco.
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