mercredi 14 mai 2008

Africa works !

Barack Obama fait la couverture de Time Magazine et d'Africaworks. Sur la seconde, Martin Luther King est en incrust et l'on rêve du premier président noir d'Amérique ; sur la première, on le donne gagnant ; du moins pour l'investiture démocrate. Les politologues américains les plus affûtés le donnent vainqueur ultime de la course présidentielle.
l'ane démocrate ruantLe jeune sénateur de l'Illinois est une véritable éponge politique qui apprend le métier en dormant. Parti dans l'affaire comme un étudiant monté en graines que les books de Londres ne cotaient pas contre l'expérience du sénateur Clinton de New York, candidat de l'establishment wasp qui souhaitait passer à la postérité comme celui ayant mis le pied du premier président féminin des Etats-Unis à l'étrier, le "nègre alibi" du parti de l'Âne les a tous enfumés.
Nous n'allons pas refaire le script mais relèverons deux approches stratégiques différentes entre Hillary Clinton et Barack Obama :

Le Clinton Happy Team a répété ses campagnes antérieures, et sûr de l'expérience accumulée, a construit une équipe de fidèles, prédestinée à les suivre à la Maison Blanche.
Barack Obama est parti de la feuille blanche !
Plus jeune d'esprit, il a eu l'intuition d'une campagne de dons style PayPal qui l'ont mis à la tête d'une véritable fortune en cash, immédiatement disponible. Mais plus que tout, il a été un candidat extrêmement réactif, appliquant au mot près la devise de Saumur : "si vous faites une connerie, faites-la vite !". Ainsi s'est-il quelquefois trompé, mais loin de perdre son temps à se justifier auprès de ses collaborateurs ou des journalistes spécialisés, il a rectifié. Même l'épisode du révérend Wright, "American chickens come home to roast", a été retourné de manière professionnelle et subtile.
C'est un bon candidat.

McCain HanoiSera-t-il un bon président ? On ne peut dénier au système américain électoral de sélection d'être très éprouvant pour l'intelligence et la résilience du futur président, même si parfois des QI médiocres parviennent à passer par surprise grâce au principe démocratique de choix du chef. Suivez mon regard !
Avant d'emménager à la Maison Blanche, il devra battre le vieux requin McCain qui fait le rallye des rednecks et autres Joe-six-pack, les plus susceptibles de reconduire GW Bush aux affaires s'il leur était possible. Il est le zélé continuateur de la vieille politique hégémonique qu'il critique chaque jour impair. Fils d'amiral et le faisant savoir à ses supérieurs, il n'acquit de notoriété qu'après s'être fait descendre par la DCA tonkinoise au retour d'un bombardement de Hanoï. Les blessures aux jambes furent causées par un défaut ou une fausse manoeuvre du siège éjectable. Le reste est légende, et il n'est pas de héros magnifique qui bombarde les populations civiles aux bombes à billes. C'est ce que pensait François Chalais qui l'avait visité alors à l'hôpital.

Son site de campagne ouvre sur sa photo de prisonnier blessé alité, photo légendée par lui-même comme celle du courage et du vrai héros américain ! C'est finalement son seul capital politique. Que devraient dire tous les fantassins rescapés des fosses à tigre, blessés et contraints aux marches forcées dans la jungle putride pendant des semaines ? Rien, ils ne sont pas fils d'amiral. Pas plus intelligent que le président actuel, habile à se créer de la publicité en prenant ses amis à contre-pied, défenseur instinctif de l'uniforme qui fait partie de son jeu de cartes, il aura fort faire contre l'animal politique Obama qui conquit son siège de sénateur grâce à la conjonction rare du bizness juif libéral du lac Michigan et des fermiers blancs de l'Illinois méridional. Mais la masse des esprits simples, distingués dans les Béatitudes, pourrait encore l'emporter et "nous" repasser le plat du Cheneyland.

Afrique en iceberg
Avec le ralliement des électeurs non noirs qui apprécient le bagage et son ton universitaires, Obama, s'il n'est plus seulement le candidat des blacks aux Etats-Unis, est devenu l'espoir de toutes les communautés noires du monde. C'est le message que passe dans ses colonnes Africaworks pour qui le démocrate, bien au-delà de son charisme naturel et de ses origines intéressantes, est un rassembleur armé de bon sens au-dessus des couleurs. United Colors of Benetton ? Bien évidemment, Alessandro Benetton est, je pense, partie prenante de cette revue puisqu'il soutient activement "Birima", banque de microcrédit associée à Africaworks.

Sambe Lo, directeur de la publication, a eu la courtoisie de m'adresser un mot de remerciement pour l'entrefilet concernant Africaworks dans le billet sur la TICAD paru sur ce blogue. J'ai reçu ce matin le numéro 2 de ce bimestriel de qualité, qui pourrait nous montrer la voie.

Soixante douze pages, 3€, une préhension équivalente à celle des hebdos classiques, papier glacé 20x27, charte graphique classique, mise en pages soignée, photos nombreuses, pubs. La revue est "all black" car c'est le fonds de lectorat ciblé.
Voici les pubs collectées :
- Air Sénégal, 2ième de couve
- Benetton, 2 doubles pages
- Yema (montres), 1 double page, visuel très technique
- Fréret-Roy (horlogers à Paris), 1 pleine page
- Air Burkina, 1 demi page
- Banque ouest-africaine de développement, 1 pleine page
- Gadaye (promoteur immobilier sénégalais), 1 pleine page
- Dakoun.com (tek design), 3ième de couve
- France24, 4ième de couve qui a donné l'image "iceberg".
Par contre leur site "www.africaworks.net" doit avoir été marabouté par un concurrent, il ne s'ouvre toujours pas !

pêcheur BirimaLe projet rédactionnel est aussi transparent que pourrait être le nôtre : "Africa works !" veut dire en anglais : l'Afrique, ça marche ! Et pour ne pas trébucher en marchant, on regarde devant soi. Sur les 62 pages de rédactionnel, il n'y a que le dossier de 5 pages "Martin Luther King" qui évoque le passé, en contrepoint de l'article sur Barack Obama.
Editorial lucide de Sambe Lo couvrant toute la livraison, analyse de l'actualité internationale et française, reportages sur les sommets africains récents, perspectives concrètes de développement, prospective. Pas de rétroviseurs. Et figurez-vous que ces gens-là n'en sont pas morts ! Prenons-en de la graine, même si l'expérience est une luciole vietcong en cage, portée dans son dos, qui éclaire le suivant mais pas vous-même.

Avec un clin d'oeil, je termine sur le roman de Mariama Barry "Le coeur n'est pas un genou que l'on plie" à la NRF (17€). Le parcours d'une toute jeune fille contrainte de se prendre en main et qui résiste aux coutumes ancestrales et aux malversations humaines... C'est, dans la Guinée de Sékou Touré débordant d'armes, de slogans, de bidets et de chasse-neige envoyés par le Comecon, l'histoire, au style transparent plein d'ironie, de muette tendresse et d'humour, d'une Candide rusée dont voici quelques titres de chapitres balisant et sauvant la vie d'une éducation socialo-ubuesque :
mariama Barry« La tête sans savoir portera les fardeaux... La chance est au bout des pieds... Nul ne connaît l'histoire de la prochaine aurore... La pointe de l'épine se forme quand l'arbre est jeune... Il n'est pas meilleure cohabitation que les dents et la langue... N'ayant rien payé pour son physique, on n'a aucun mérite s'il est beau... Voir la panthère et prétendre l'ignorer, c'est s'attendre à ses griffes... L'héritier d'un noyé ne doit pas jouer sur les rives... Quand toutes les barbes prennent feu, chacun s'occupe de la sienne... » (source Gallimard). Et dans un monde où l'être humain vaut moins que l'âne qui le porte... elle ne se prend pas pour un écrivain !

A notre tour disons donc "le roi ? ça marche !" et lançons-nous sur le marché professionnel de la politique, dès fois que de bonnes fées se pencheraient sur le berceau au soleil de la cour des grands.


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