Au même endroit hier soir, des centaines d'hirondelles chassaient bas à cause du temps lourd. Elles volaient en tous sens dans un grand désordre sans se percuter, et prenaient des virages à angle droit derrière leurs cibles. Anarchie régulée.
La presse française est un vol d'étourneaux ...
Je suis depuis quelques temps la « cabale Enderlin » par le blogue d'Yvan Rioufol (s'il n'en reste qu'un, je serai ce Mohican-là !). Pour les termites de la Cause, je résume : Charles Enderlin, correspondant permanent de FR2 en Palestine, a adressé un reportage à la chaîne montrant l'abattage dans les bras de son père d'un enfant palestinien de 12 ans par l'infanterie israélienne, le 30.09.2000.
Tout laisse croire – y compris un examen minutieux des rushes - que le reportage a été bidonné par le caméraman palestinien, membre lui-même du Fatah, Enderlin n'étant pas sur le lieu même de la prise d'images. Cela ne serait pas si grave, mais la diffusion de cette séquence a déclenché la seconde intifada, et le journaliste Daniel Pearl, décapité en Afghanistan, portait sur son cadavre la photo de l'enfant mort.
La dénonciation de la supercherie par l'agence de notation Media-Ratings dirigée par Philippe Karsenty, a dressé la profession dans son entier contre un crime de lèse-majesté pour lequel les assignations ont plu. Déboutée en première instance, la corporation fait appel. On soupçonne plus facilement de dépucelage une moukhère de Lille qu'on ne brade la vertu de la classe médiatique. Ils font bloc comme les étourneaux ! Même Régis Debray s'insurge contre "l'insulte" à ses pairs.
S'il en était besoin, la réaction corporatiste confirme ce que Jacques Attali dénonçait comme une « société de connivence et de privilèges » dans ses 300 décisions pour changer la France.
Cet épisode dans l'histoire sulfureuse de l'Ordre Médiatique (Pétain a oublié de le créer) est très justement synthétisé par l'un des commentateurs du billet de Rioufol : « Obnubilés par leur sentiment de supériorité et les idées qu'ils veulent imposer, maints journalistes s'écartent de leur mission et s'exposent ainsi aux compromissions dictées par leur nouvelle ambition : celle de faire triompher le monde dont ils rêvent, quitte à créer les événements ou les adapter, selon les besoins de leur cause, au lieu de les relater. Et dire que dans ce monde-là, ils seraient les premiers exclus pour ne pas dire plus. » (L'Expatrié – 13.06.08 – 5:40 – commentaire/blogue)
Quelles sont donc nos chances d'accéder à l'espace médiatique pour « vulgariser » l'offre monarchiste ? Nulles par le canal historique ! Du moins tant que nous ne faisons pas l'actualité mais nous limitons à la commenter, épisodiquement. Nous ne perçons qu'au niveau des ouvrages historiques et des thèses universitaires, et toutes les conférences de débat-vente ne parviennent pas à insinuer le début du commencement d'une réflexion royalisée dans l'esprit citoyen, celui qui sera convoqué un jour à nous dire que nous avons raison.
Nos éditions de périodiques ne me semblent pas très percutantes, et me donnent l'image de chaufferettes pour les coeurs chouans qui saignent. Par contre leurs livraisons sont remarquables sur le plan historique et sur les analyses de fonds de notre société. Hélas, d'avoir raison sur la connaissance du fond sondé ne fait pas avancer le navire, c'est juste une ligne dans le journal de bord.
Sommes-nous condamnés à la crypte parce que nous n'accédons pas aux médias ? Oui ! Du moins tant que nous n'aurons pas mis au point un plan professionnel de propagation de nos idées, de la vraie propagande. Peut-on en parler ? A voir la énième guerre à l'Action Française, il semblerait que cela soit très difficile, jusqu'à se demander si l'axe d'effort désigné est réellement la conquête des esprits ou la commémoration un peu triste d'une conquête inachevée avant la Seconde Guerre mondiale ! Cela commence à faire loin !
Prenons le champ médiatique comme il est organisé par la corporation des journalistes et, comme au judo, essayons de profiter de ses lignes de forces plutôt que de dénoncer ses faiblesses :
La presse est moutonnière : une actualité bien construite et valorisée sur un seul grand média va se diffuser. Nul doute que la présence hier à l'Elysée de l'aîné des Bourbons à la remise de la croix d'officier de la Légion d'Honneur au père médiatique de La Morandais, a été notée et diffusée, ne serait-ce que par la participation de l'abbé à certains émissions un peu sulfureuses du PAF. Le Figaro du week-end a fait une brève avec photo dans sa rubrique des « Confidentiels ».
La presse est paresseuse : les Editions Perrin ont lancé le dernier bouquin de Daniel de Montplaisir sur le Comte de Chambord chez un joallier de la place Vendôme :
« Le présent ouvrage dissipe le mystère politique et humain. Mais l'héritage du dernier monarque continue de planer comme une ombre sur l'histoire de France. » En contrepoint de quoi elles invitent le Duc d'Anjou, héritier dynastique du Duc de Bordeaux, à y venir aussi. La chaîne du service public FR2 fait un court reportage mais très construit pour son journal de 13-heures hier, évoquant la querelle Bourbons vs. Orléans avec un peu d'humour et laisse parler Louis-Alphonse de Bourbon. Les Editions Perrin et le secrétariat privé du prince ont mâché le travail. Même le webmestre du site officiel du Comte de Chambord, l'ami Lamy, fut convoqué, s'il y avait eu des questions noiseuses !
La presse est irritable : inutile de l'agresser avec des slogans éculés la dénonçant, du moins si l'on veut faire parler de soi. Il faut savoir brosser dans le sens du poil pour laisser passer les idées. Surprendre aussi.
Il est dommage que le blog de campagne présidentielle d'Yves-Marie Adeline ait été fermé, car il contenait les reportages et permettait de comprendre son angle d'attaque, et les améliorations possibles.
Quand décidera-t-on de faire du chiffre ? Pour pénétrer les consciences, étudions bien ce vol d'étourneaux et évaluons les meilleurs vecteurs possibles.
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Vilepin dit la même chose que vous mais autrement sur le NouvelObs.
RépondreSupprimerCe week-end la presse s'abat comme une nuée ardente sur l'équipe de foot, ce qui laisse respirer les têtes de turcs habituelles.
RépondreSupprimer