La présomption d'aboutissement s'est évanouie avec l'échec de la ratification irlandaise du Traité de Lisbonne, car le délai mesuré pour exercer ce pouvoir « semestriel » va être grignoté par la Commission et son président de droit divin, anxieux de rafistoler l'ouvrage qui assure le viager de leurs positions juteuses. Les institutions européennes et les termites qui les habitent resteront la priorité de Bruxelles, n'en déplaise à l'Elysée, lequel a reçu déjà son "avertissement" de modération dans ses cinq objectifs (immigration, énergie, climat, défense et agriculture), crime de lèse-majesté dans cet appel à modestie qui se paiera plus tard ! Il va falloir cependant que la Commission accepte sa subordination au Conseil européen à peine d’être dynamitée par les principaux gouvernements nationaux à l’échéance du mandat de Barroso dont la versatilité dialectique en fonction de son interlocuteur du moment est raillée.
Aussi dès l’extinction de la Tour Eiffel étoilée d’or, voilà la Pologne, la Tchéquie et la Suède qui remettent le traité en cause, l’Espagne qui veut bloquer toute régulation supranationale de l’immigration et tout plafonnement de la fiscalité pétrolière ! On n’a pas fait deux jours ! Si l’on ajoute l’Allemagne qui interdit à tous que la BCE soit critiquée, on voit que nous sommes mal partis.
J’ai laissé de côté l’Union française pour la Méditerranée qui se limitera en 2008 à son lancement du 13 juillet et à la mise en place de fonctionnaires internationaux soit au Caire soit à Tunis ; si tant est que les deux tiers au moins des pays arabes se présentent. Le seul projet qu’elle puisse porter est celui de la dépollution générale de la mer, à condition que les riverains du Nord paient les installations d’épuration au Sud, études locales, dépenses d’administration et commissions comprises. Si les crédits annuels européens de fonctionnement se tarissent, les vannes de la pollution resteront ouvertes.
Les points à mes yeux importants sur lesquels la France peut réussir, sont le climat et l’agriculture. Depuis que les pays travaillés autrefois par les partis écologistes reviennent à la pertinence des centrales nucléaires, seule production d’énergie neutre sur le climat, les industries européennes d’ingénierie atomique retrouvent des couleurs. Officialiser ce mode énergétique au plan européen nous rendrait service, en même temps qu’il serait labélisé aux yeux du monde entier pour élargir nos voies d’exportation. Il y a beaucoup d’argent à gagner par un secteur où nous sommes bons !
Le second ouvre la question de la PAC. La crise alimentaire mondiale rebat toutes les cartes : le déversement de denrées européennes subventionnées sur les pays pauvres détruit leurs cultivateurs moins productifs et pas du tout aidés. Le président de la CNUCED déclarait récemment que « l'abolition des subventions agricoles dans les pays riches est essentielle pour trouver une solution durable à la hausse des produits alimentaires », et le secrétaire général Ban Ki-moon estimait « qu'il est temps pour les nations les plus riches de repenser leurs programmes démodés de subventions agricoles qui pénalisent de façon disproportionnée les pays pauvres et contribuent à l'urgence actuelle ».
La tentation chez Sarkozy sera d’attendre que les Etats-Unis lui montrent leurs cartes. Je crois plutôt que si l’Europe avance seule ou avec quelques autres sur un programme mondial d’alimentation durable, les Etats-Unis, s’ils n’ont pas rejoint rapidement avec Obama, devront supporter alors seuls toute la charge des revendications du Tiers-monde et des empires émergents, avec en prime une terrible stigmatisation de leur diplomatie : démocratisation forcée, commerce forcé, famine forcée !
Quels que soient les différents que l’on puisse afficher à l’endroit de Sarkozy – c’est vrai qu’il est très agaçant dans son immodestie et ses effusions kouchnériennes sur talonnettes - on doit souhaiter que dans ces deux domaines il réussisse pleinement. Les agriculteurs français sont parmi les meilleurs du monde et peuvent exporter leurs talents et faire la soudure partout où c’est nécessaire ; l’industrie nucléaire et le BTP français sont capables de produire en série des centrales très performantes.
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