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Anarchie devant

charles maurrasEn revenant d'Athènes, le "crétin profond" de Gauchet Marcel disait : « la brève destinée de ce que l'on appelle la démocratie dans l'Antiquité m'a fait sentir que le propre de ce régime n'est que de consommer ce que les périodes d'aristocratie ont produit. [...] Des biens que les générations ont lentement produits et capitalisés, toute démocratie fait un grand feu de joie [...] Etre nationaliste et vouloir la démocratie, c'est vouloir à la fois gaspiller la force française et l'économiser, ce qui est l'impossible »

Il est des démocraties capables de saine gouvernance, elles sont en général réduites au périmètre de conscience politique de leurs administrés. Par contre les démocraties étendues sont toutes en perte parce que le gigantisme des masses mues tant dans le domaine de la production que dans celui des finances, foisonne sur des moyennes qui ne correspondent que rarement aux cas individuels et parce que les détournements opérés par les "gérants" du pot commun ne sont pas immédiatement ressentis par le citoyen. Ainsi la nationalisation des pertes bancaires succède sans vergogne à la privatisation des bénéfices au motif immoral que la vie de tout un chacun est en jeu, mais l'annonce faite à midi ne crée aucun tsunami à minuit.

C'est tout l'art de la démocratie que de procurer des avantages immédiats aux souffrances sociales réelles ou supposées que l'on compensera par des sacrifices ultérieurs. L'important dans une démocratie d'opinions est bien ce que l'on "voit". Quand les sacrifices plus tard apparaissent - par exemple en servant une dette abyssale sur un budget public limité - il n'est pas si difficile de détourner l'Opinion des causes vraies déjà anciennes et souvent multiples nées de la politique de gouvernements parfois lointains dans l'histoire, et si ça chauffe vraiment, on saisira l'échappatoire efficace du bouc émissaire.
Si les sacrifices provoqués sont trop lourds à supporter pour des raisons aussi diverses que la situation économique des ménages ou l'entrée en campagne électorale des partis au pouvoir, on n'aura aucune hésitation à décréter des avantages pour les catégories "rentables" en termes de suffrages, avantages compensés un jour lointain par d'autres sacrifices. L'important est le "visible" au moment T, l'invisible n'intéresse personne ; à preuve le peu d'intérêt des Français pour diminuer à tout prix la Dette qui ronge comme un cancer l'avenir des enfants de ce merveilleux pays.

braderie de Wall Stret par Chappatte
Dans le Québécois Libre, le philosophe libertarien Jérémie Rostan nous dit que ...
« La démocratie n'a rien à voir avec la liberté de la presse, ou bien la séparation de l'Église et de l'État. Il peut y avoir des démocraties n'ayant pas ces caractéristiques, et des régimes non-démocratiques qui les ont. Ce qui caractérise la démocratie, c'est le fait que l'organisation qui monopolise l'utilisation légale de la violence — constitutive de tout État — soit contrôlée par qui obtient le plus grand nombre de suffrages. Or on réunit des suffrages en promettant et faisant pleuvoir des avantages présents visibles dont les désavantages futurs sont invisibles. On est élu, par exemple, sur un programme d'expansion de pseudo droits sociaux, de vastes chantiers publics, de "relance de la consommation", etc., toutes choses qui ne peuvent être financées que par la taxation. C'est là, d'une manière générale, le seul moyen d'action publique.
Mais la taxation présente ne peut pas être indéfiniment accrue : toute taxation diminuant l'activité économique, dont elle spolie le produit, il est un point au-delà duquel l'activité serait si diminuée par l'augmentation de la taxation que les recettes fiscales, c'est-à-dire le "pouvoir d'achat" du gouvernement, s'en trouveraient elles-mêmes amoindries. Il est alors nécessaire de différer la spoliation, c'est-à-dire de mener des politiques monétaires expansionnistes; bref, d'engendrer une inflation monétaire.
Pire, le système démocratique ne pousse pas seulement, structurellement, à la social-démocratie, à la taxation et à l'inflation; il incite aussi ceux qui sont "aux commandes" à combattre les réajustements nécessaires à la solution des problèmes qu'eux-mêmes, ou leurs prédécesseurs, ont posés à la société. Le mot d'ordre des gouvernants et des banquiers centraux, "pas de crise sous mon règne", revient en effet à dire: "pas de retour à la réalité concomitant à mon exercice du pouvoir". »


Si je cite Marcel Gauchet en ouvrant ce billet, c'est pour signaler un entretien qui fait écho à cette supercherie signalée par Rostan, entretien publié sur le site de Causeur. Son titre "Dialogue de sourds à la française" traduit mal l'essence du propos qui est la fracture irréductible entre pays réel et pays légal, même si on ne la présente pas en ces termes. Cliquez donc ici, ça le mérite et oubliez le blasphème anti-maurrassien.

Si les libertariens sont contre la démocratie, nous arrivons à un confluent d'idées. La lutte anti-état des libertariens est l'avatar moderne et instruit de la vieille anarchie. Nous avons un slogan de notre bord qui devrait leur plaire pour autant que nous en développions la doctrine :
« le royalisme c'est l'Anarchie plus Un »

logo anarchie en feu
On y reviendra quand nous aurons creusé le concept de l'ordre anarchique. Si, si, ça existe même si ça n'est pas passé à la télé ! Maurras n'a-t-il pas démontré que le Bien ne se situait pas intrinsèquement dans les choses, mais dans l'ordre des choses, non plus dans le nombre ou la quantité, mais dans la composition et la qualité. L'anarchie serait-elle le champ magnétique qui va orienter toute la limaille citoyenne ?
Reste que la droite mathématique d'une politique visant au Bien commun est asymptote à cet aboutissement qu'elle ne rencontrera jamais. Il nous suffit de les voir tangenter !


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Commentaires

  1. Je ne savais pas que l'Anarchie empruntait sa déco au KKK !

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  2. Tiens, c'est intéressant ça. Je suis impatient de voir ce que vous proposez comme concept d'ordre anarchique.

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  3. Je n'en suis qu'au stade de l'intuition me gardant du syndrome des lemmings !
    Ca va venir ...... :)

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