samedi 18 octobre 2008

Que joue la presse ?

le secrétaire d'Etat LaporteS'est joué mardi dernier le psychodrame de La Marseillaise lors de la rencontre amicale de football France-Tunisie. Le pouvoir qui avait glissé sur deux broncas précédentes s'est pour le coup décidé à réagir fermement sans aller jusqu'à virer le secrétaire d'Etat aux sports, demeuré planté là à essuyer l'insulte.
Demain, on arrêtera le match ! Ainsi les forces de l'ordre, dont on ne doute pas de la pugnacité, vont-elles expulser du stade et canaliser plus de cinquante mille personnes en colère ... vers Paris ! Je fais confiance aux hauts fonctionnaires de la police parisienne pour user au mieux de la méthode de raisonnement tactique appliquée à une émeute plus géante encore que celle de mai 68 au Quartier latin ! Et je plains par avance les sapeurs-pompiers.
Ne me demandez pas de réfléchir aux solutions possibles, c'est déjà se mettre en péril ... les abysses de la connerie ordinaire sont insondables par définition.

John Travolta"From Paris with Love" : la transmutation en or du plomb des cités a échoué. EuropaCorp se retire sur son aventin de proximité : la Cité du Cinéma à Saint-Denis ; enfin, dès que les plâtres auront séché, courant 2009.
A ce que nous dit la presse généralement bien informée de la saga des ghettos, les figurants résidents, ne connaissant pas les us de la profession, voulaient toucher des cachets en proportion du budget de la production, et encaisser le prix de l'image, entendez, les prises de vue de "leur"cité ! Ils ont appuyé leur détermination dans la prise d'otage de Montfermeil City par l'incendie de dix véhicules que le producteur avait garés là pour les besoins du tournage. Cette appropriation d'un territoire par la force n'est pas forcément un fait nouveau dans l'histoire des conquêtes, du moins est-il convenu que les nouveaux maîtres organisent le banal et le vulgaire au bénéfice de toute la communauté ayant survécu à la guerre d'invasion. Ce qui n'est pas exactement le cas dans nos ghettos BBB : les guerriers dépendent des allocs quand ils ne vivent pas de rapines ou de l'élevage des drogués !
Ne me demandez pas de réfléchir aux solutions possibles, c'est déjà se mettre en péril sous le feu de batterie de la HALDE ; il n'est permis que de "les" comprendre.

Joseph FouchéLe John Edgar Hoover français qui survécut à huit ministres de l'Intérieur grâce à ses calepins nous dit à juste raison son étonnement de voir des scellés de justice diffusés par la presse. Que sert-il de juger la basse police, elle est aussi vieille que "le plus vieux métier du monde" avec qui parfois elle ne fait qu'un. C'est un travail de vidangeur assez nauséabond mais indispensable à l'exercice de tout pouvoir car la nature humaine est la plus complexe des organisations. Même les entreprises font leur basse police à l'intérieur pour sonder sans douleur coeurs et reins. Il ne sert à rien de charger l'ancien patron des Renseignements Généraux, c'est un métier qui demande des aptitudes rares, comme bourreau ou fossoyeur. Louis XVI en eut-il eu un meilleur qu'il aurait peut-être sauvé sa tête.

Dans le cas des carnets noirs du Point, l'osmose justice-presse mesure la déliquescence du régime actuel, fondé en droit sur la vertu. On brandit à tout bout de champ la "séparation des pouvoirs" mais on laisse libre d'entrée le plus dangereux, le quatrième. Ce pouvoir de presse qui ameute au premier signal le populaire, ce pouvoir perfusé au scandale qui se vautre dans le malheur tout en le protégeant de la médecine qui le réduirait, ce pouvoir illégitime moralement qui fait et défait les trois autres, ce pouvoir fermement établi dans la conscience collective devrait être la première cible d'une rénovation politique de notre société. Responsabilité, déontologie, on en entend trop souvent parler pour croire qu'il s'y règle. A son encadrement il oppose la force des lobbies malfaisants que son abaissement avantagerait, n'avouant jamais qu'il est devenu le plus puissant d'entre eux.

crieur electroniqueDans le cas de la bronca du Stade de France, la presse s'est épanchée très tôt sur "ses" prémonitions, sur les sifflets inévitables de l'hymne national, convoquant avent le match pour faire sérieux le secrétaire d'Etat en personne, lui qui jura devant l'objectif de FR2 qu'il quitterait la tribune sur le champ ! Pour sûr l'audience devait être forte dès l'ouverture des hostilités, et les annonceurs d'écrans obtinrent ce qu'ils avaient payé.

La même chaîne FR2 monte à Montfermeil pour comprendre les "jeunes" incendiaires, mal dans leur peau de faux-français (c'est moi qui les qualifie ainsi) qui, une fois le tournage fini, auraient dû assister au remballage de la production sans qu'il ne leur reste rien de plus que leurs cachets de figurants ; une misère par rapport à ce que peut rapporter une semaine d'activités normales. Que voulaient-ils sinon fixer leur tribut à la société active. La démarche qui consiste à tenir la balance égale entre les victimes et les victimes des victimes entretient l'égalité constitutionnelle de traitement d'une couche sociale à qui on devrait simplement botter le cul. Le ministre Sarkozy abandonna le projet Kärcher aussitôt qu'il lui mangeait des voix. Et c'est chaque fois pareil ... le compte des espérances en voix détruit le bon gouvernement des hommes.

kiosque des grands boulevards
Cette propension à dramatiser pour assurer le tirage est un vice intrinsèque à la presse populaire. Les titres doivent faire mouche en souvenir de l'époque où ils se criaient. Cette liberté de la presse arrachée dit-on par la Révolution serait un des droits fondamentaux de la démocratie : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi (art.11 de la DDHC) ».
Qu'on ne s'y trompe pas quand même, fonder la légalité du pouvoir et celle de la violence qui lui est attachée sur le sentiment populaire exprimé au suffrage universel, oblige à "construire " ce sentiment dans le sens de la pente jusqu'à obtenir une majorité convergente relative, que la mécanique institutionnelle transforme comme par enchantement en majorité absolue. La presse est donc essentielle à la démocratie puisqu'on lui confie la formation de l'Opinion. L'instruction publique n'est pas dans le même wagon mais fait partie du même train, à la réserve près qu'elle ne forme pas le citoyen plus longtemps que vingt ans en moyenne ; alors que la presse est à la manoeuvre jusqu'à sa mort !

Faut-il un code de presse à l'instar du code civil, surtout depuis qu'Internet a englobé cette fonction ? Question à creuser.


PS positif : je m'étonne souvent de l'approche mesurée des actualités par la presse non-hallal Bolloré qui disribue matin et soir ses deux gratuits avec une demi-colonne nous expliquant le saint catholique du jour !



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2 commentaires:

  1. Avant j'étais pour la liberté de presse, d'expression.... Maintenant je comprends la condamnation de ses fausses libertés par les papes au XIXème siècle. La presse nous cherche à nous désinformer pour imposer une idéologie en haut du pouvoir.

    Et je dirai, que cette liberté ne sert à rien, puisque que nous avons le capitalisme, ultime stade de la démocratie. Ni la liberté de la presse, ni la démocratie (concrète) ne servent à rien.

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  2. La manipulation de l'opinion remonte à la création des chamans et sorciers du Néolithique.
    Le problème surgit lorsque cette liberté s'exerce au sein d'une population gouvernée par la loi du nombre.

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