lundi 24 novembre 2008

Capétiens forever

monnaie HCIl nous arrive à tous une ou deux fois par an de lire un texte que nous aurions bien aimé écrire nous-même tant il coagule de sens épars et met en ordre nos brouillons d'idées jusqu'à la quasi-perfection.
2008 s'achèvera dans le genre avec le texte "royal" d'Emmanuel Barbier édité par le site Sed Contra.fr pour l'anniversaire officiel de la mort de Hughes Capet le 24 octobre. Demain sera attribué un prix littéraire par l'association Unité capétienne. Ma préférence - voir la sélection sur le site des Manants - va à La double mort du Roi Louis XIII de Françoise Hildesheimer (Flammarion).
Ceci étant dit, nous publions quelques extraits (en caractères Times) du texte de Barbier en vous adressant d'un clic au "billet original ; son titre "Actualité des Capétiens" est tout son programme.

« le premier Capétien fut élu ou accepté par des seigneurs dont certains régnaient en maîtres absolus sur de plus vastes territoires que le sien. Hugues Capet cependant ne sortait pas de l’ombre, ni d’une conspiration occasionnelle de l’Église et des “grands”. Il est le fils aîné du fameux “Duc de France”, personnage plus puissant dans la vie du royaume que l’héritier carolingien : un véritable chef historique de la nation franque, allié à tous les princes d’Europe, maître de la politique française sous trois règnes différents.
[...]
Le roi n’aimait pas le faste des palais carolingiens ni le bavardage des intrigants. Il aimait la vie simple et les moines de l’Ordre bénédictin, qui le lui ont bien rendu. Il aimait revêtir la chape du “comte-abbé” pour s’asseoir dans le chœur et chanter avec eux. Il s’y forgea une très haute idée politique et spirituelle de sa mission de roi :
Dans un "diplôme" de 991, Hugues Capet déclarait : Nous n’avons de raison d’être que si nous rendons bonne justice à tous ... Eliminer tout ce qui pourrait être nuisible au progrès de la société humaine et augmenter tout ce qui lui serait profitable... Mettre la puissance royale donnée par le Ciel, non pas au service des voluptés lubriques, mais à l’instauration et à la défense des saintes églises, à la protection des opprimés, au châtiment des malfaiteurs, en y apportant toutes nos capacités ».


louvre medieval
Prototype des rois consciencieux, la tête pragmatique et les pieds au sol, Hughes Premier emmènera inlassablement toute sa descendance dans le sillon de cette besogne du pré-carré le plus grand et le plus sûr, ouvert sur quatre mers. Avec des hauts et des bas, des succès divers contre ses contempteurs, la troisième dynastie fera aboutir le Projet en sept siècles (Denain 1712), établissant fermement la première puissance continentale européenne constituée en Etat unifié, lié par un fort sentiment national, un pays éclairé par une civilisation brillante elle-même portée par une langue mathématique unique en son genre. De cette exception nous profitons encore un peu.

Les derniers capétiens, s'ils ont continué l'histoire en assurant définitivement nos périmètres - à tel point qu'on nous les rendit à l'issue du Premier Empire -, ont pris sans doute moins soin des peuples de France qu'il aurait été nécessaire au moment, à tel enseigne qu'un sentiment populaire d'indestructibilité ouvrit les vannes d'immenses désordres au motif de "moderniser" nos moeurs et nos "idées". Le roi disparut dès qu'il ne tira plus le char.

« Les Révolutionnaires de 89, comme ceux qui en perpétuent aujourd’hui les doctrines sous des masques divers, préfèrent le cosmos au terroir, les idées aux hommes, et leurs systèmes de domination étatique aux conditions concrètes de l’épanouissement social. Même sans idéologie formelle, le politique contemporain favorisera toujours la puissance de l’Etat contre le rayonnement et l’autonomie de la personne dans ses structures naturelles d’organisation ; contre ses libertés concrètes, familiales, municipales, professionnelles : ces libertés que la justice du roi protégeait tant bien que mal contre les banquiers, les rapaces, les féodaux. Et il ne sert à rien de dire que la famille capétienne n’y parvenait pas complètement. Aucun régime n’abolit les passions mauvaises dans le cœur de l’homme. »

Il nous reste du Vieux Projet un patrimoine prestigieux, foncier et culturel, qui fonde notre plus sûre activité économique : le tourisme (hélas). Mais le pays n'est déjà plus des pays moyens le plus grand ; il vit sur l'ombre portée de ses gloires perdues, et les ruptures historiques du consensus mondial comme celle que nous apporte la crise économique et financière sont l'occasion de reclassements : jusqu'à quand ferons-nous illusion ? On se dispute autour de nous déjà nos privilèges réputés anachroniques !

chateau versailles
Relever le titre de Duc des Francs est placer la barre très haut. Il faut recommencer le Projet en attelant le char !

Merci à Emmanuel Barbier.




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1 commentaire:

  1. Tout cela est très beau, pour un texte de promenade à travers l'Histoire... En ces Temps, ce n'est pas ce dont à mon avis le pays a besoin !

    Evidemment, je le comprends, dire "qu'il faut recommencer" permet de conserver intact le capital d'espérance.

    Croire que l'on peut renouveler à partir de certains symboles, sans portée significative en cette époque, ne ressemble-t-il pas à l'exemple que vous aviez donné, de l'athlète sur le tapis de course qui souffle, abat les kilomètres au compteur, "mais qui rapporté au droit de la fenêtre du monde extérieur n'a pas avancé d'un mètre" ?

    Doit-on supposer, à cette évocation du Duc des Francs, que vous accepteriez la formule que représente Henri ?

    Pour ne plus se faire illusion sur les capacités du pays, il faut rompre avec les apparences. En termes d'intérêt national (pour ceux que ça intéresse) il faut rompre avec ces réflexes de porter aux élections, par réflexe de camp, le candidat qui ment le mieux. C'est ce camp-là qui aujourd'hui détruit ces valeurs-là, plus efficacement et plus sûrement que ne saurait le faire la version la plus enragée de l'autre camp.

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