L'analogie entre la présidence en 3D de M. Sarkozy et le VRP prolétaire s'arrête à la souffrance de la charge : M. Sarkozy a des porte-valises et bidons qui le dispensent de suer, lui laissant juste le moment de gloire du camelot convaincant :
« approchez, mesdames et messieurs, approchez ...ça va commencer... » ...
Quand il va faire le chanoine à St Jean du Latran, on le soupçonne d'intégrisme fraternital ; à l'archevêché de Paris, il promeut Don Camillo contre Peponne pour l'éducation ; chez les ouvriers il parle de Jean Jaurès et de Léon Blum ; il pique Guy Môquet aux communistes qui n'ont plus grand chose à eux (quel salaud !); chez les israélites français, il invente le tamagouchi de chambre à gaz pour le cours préparatoire ; sans respirer, il passe à la promotion des centres commerciaux dominicaux, enseigne Darty comprise (merci Siné); puis il enlève la publicité mercantile aux chaînes de télé socialistes qui concurrencent son ami d'enfance, ce que le PS ne peut pas comprendre tant il est obsédé de nullité ; et pour finir (jusqu'ici du moins) il lance le métissage républicain par la discrimination positive (clic) afin de relancer la chaudière médiatique qui pourrait s'essouffler à l'issue de sa parade européenne. Et comme à chaque fois, il nomme un visage pour incarner l'idée. C'est de meilleure communication.
Il n'est pas étonnant que la tornade aspire ensuite les têtes qui ont fait leur temps, ceux dont l'effet sur la notoriété du gouvernement est amorti. On pense à Rama Yade que Claude Estrosi trop impulsif a dématérialisé¹ dans une "immobilisation corporelle" du cabinet Fillon. Quel sera son prix de cession ? Son ministre, Bernard Kouchner, a calculé sa valeur résiduelle à zéro. Va-t-on taxer sa valeur ajoutée en lui mettant des bâtons dans les roues dans une prochaine consultation électorale ? Cette femme a toutes les qualités pour réussir une carrière politique au-delà d'un simple siège d'élu ; elle suscite pour cela les contre-feux de ses concurrents. Un retour d'ouverture ou de flamme pourrait la rapprocher de ... son socialiste de mari ! Mais il n'y a pas qu'elle de démodé.
Sont menacés par le défilement de l'actualité et en conséquence par l'obsolescence de leur profil politique tous les membres du gouvernement "hors-G7", donc étrangers à cette task force que le président réunit chaque semaine à l'Elysée avec son "conseil privé". Le Conseil de l'Elysée supplée aux absences sur ses propres effectifs. Les rassurés G7 sont :
- ministre du Travail, Xavier Bertrand
- ministre de l'Education, Xavier Darcos
- ministre du Budget, Eric Woerth
- ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux
- ministre de l'Emploi, Laurent Wauquiez
- secrétaire d'Etat à la Consommation, Luc Chatel
- secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano
On dit que Claude Guéant traite les questions de police en lieu et place de Mme Alliot-Marie et que Jean-David Levitte remplace avantageusement M. Kouchner du Quai. Parlent plus qu'à leur tour laissant ainsi penser qu'ils ont un pouvoir décisif : le maurrassien Henri Guaino, Catherine Pégard en charge des médias et de l'image ; ont de l'avenir : Franck Louvrier, conseiller communication en charge de la presse et Cécile Fontaine, conseiller défense ; l'in-secticide Emmanuelle Mignon a été reclassée aux archives ; Georges-Marc Benamou a été viré pour insuffisance et suffisance. Mais le chiffre total et secret des conseillers en soupentes rue du faubourg St Honoré avoisinerait la centaine, afin de "gouverner autrement" ! Chirac n'en avait que 58 à la fin !
La liste officielle est publiée sur le site de l'Elysée ici
Pourrai-je avoir un verre d'eau svp ?
Le cabinet noir fabrique une idée neuve par jour, deux projets de loi par semaine et des centaines de décrets.
Alain Juppé disait cet automne ne rien plus comprendre dans ce foisonnement en tous sens, Edouard Balladur réclamait au printemps du sérieux. La locomotive emballée ne répond plus, va falloir faire sauter le pont sur la rivière Kwaï. Où va-t-on, est bien la question qui court les rues.
L'activité hystérique du président de la République n'inspire pas confiance, encore moins lorsqu'on met en perspective ses caprices législatifs, la gravité de la situation économique et l'insécurité générale du pays. Ce matin, le directeur de l'INSEE à qui on opposait les chiffres rassurants du ministre Lagarde qui contredisaient les siens pour 2009, a répondu sèchement un "no comments !" qui en dit long à la question précise :" les 26 milliards du plan de relance sont-ils suffisants ? (pour atteindre le dixième de croissance garanti par Bercy)". L'économie française sans fondamentaux solides, va au fossé et nous avec.
Travail du dimanche, réforme de la classe de seconde, réforme de la pub sur France Télévision, ne méritent pas d'accaparer tout le débat national. Par contre il n'est dit mot du doublement de notre déficit budgétaire qui jette la relance économique dans la dette à défaut de faire simultanément des économies substantielles. Un gouvernement honnête, qui ne reporte pas les conséquences de sa gestion sur ses successeurs, aurait profité du séisme de la crise pour initier les réformes de fonds de cet Etat qui grève ce pays plus qu'il ne lui sert. Quelques pistes ?
Suppression du Sénat, suppression de 277 sièges de députés sur 577, suppression des conseils généraux, suppression des ministères ayant décentralisé leurs pouvoirs en régions, retour aux 40 heures légales et cessation des compensations aux entreprises, décapage à l'acide du Code du travail, transfert de la formation professionnelle aux entreprises et à leurs chambres consulaires qui chercheront par elles-mêmes leurs financements², cessation des subventions aux syndicats qui se financeront par leurs cotisations, destruction des niches fiscales, suppression de tous subsides publics préalable au réexamen de leur pertinence par la Cour des Comptes, etc... avec à chaque fois mise à la retraite d'office des effectifs participants, vous connaissez la chanson ... il faudrait un coup d'Etat ! Qui veut laisser une empreinte durable dans l'Histoire doit s'y mettre. Faut-il encore trouver un général Alcazar risquant sa pension dans l'affaire ! M. Sarkozy n'y a-t'il jamais songé ?
Dès lors qu'il servirait à quelque chose de grand, pourquoi attendre ? Même si le nouveau régime crée à son tour sa propre bureaucratie, il faudra du temps pour retrouver le niveau extravagant d'effectifs actuels. Et nos enfants pourront renouveler la purge puisque nous leur aurons montré que le grand nettoyage était du domaine du possible.
Note (1): C.E.: "Elle existe parce que Nicolas Sarkozy l'a fabriquée. On fait un placement, on le fait fructifier et, au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà..." (elle refuse d'aller aux Européennes comme tête de liste francilienne)
Note (2) : Fonds collectés et dépenses déductibles en entreprises (Les Echos)
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M. Sarkozy a été désigné troisième personnage de l'année par le magazine américain Time, derrière Barack Obama et Hank Paulson.
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