mardi 9 décembre 2008

Les tables de la loi Carrez-Mariton

tablesIl est intéressant de croiser des hommes politiques capables de borner les grands débats et les effets de manches qui les portent par la réalité des choses. C'est du camp de l'UMP que vient le Décalogue de la Relance. Gilles Carrez et Hervé Mariton sont redescendus du Sinaï jeudi dernier, le jour même des 26 milliards :
« L'unanimité apparente qui accompagne l'idée de relance ne doit pas servir une stratégie trop dispersée qui affaiblirait l'efficacité de la politique conduite tout en augmentant son coût, alors même que nos finances publiques sont en difficulté. Quelques principes doivent guider une bonne relance de l'économie. La relance n'effacera pas la crise. Bien conçue, elle pourra préparer la mutation tant attendue de notre économie.»
Suivent les dix commandements ...

1.- Maintenir la pression sur le système financier.
« La crise a débuté par une crise financière et bancaire. L'extension de la mobilisation publique ne doit se faire ni au détriment des moyens consacrés à la restauration du crédit, ni en atténuant les obligations de résultat faites aux acteurs financiers. L'attention ne doit pas faiblir sur les problèmes d'origine, leur traitement immédiat, la recherche de solutions durables.

2.- Tenir un discours de vérité aux Français.
Il s'agit d'une vraie crise de caractère mondial, à l'aune de laquelle les années précédentes ne sont plus si grises. Elle appelle des remises en cause et des réformes en profondeur.

Gilles Carrez3.- Expliquer que la relance aura un coût,
...que l'argent public est rare et oblige aux meilleurs choix, et qu'après l'exaltation du retour du politique, il faudra faire des efforts accrus pour accélérer l'indispensable rétablissement des finances publiques. Qui, sinon, pourrait payer pour la crise suivante ? Le G20 comme l'Union européenne ont rappelé que l'intervention publique doit se faire dans le souci de retour à meilleure fortune.

4.- La priorité doit être placée sur l'investissement, mais pas n'importe lequel.
D'un côté, l'investissement public doit avoir pour contrepartie une création d'actifs ; de l'autre, le soutien à notre économie doit permettre aux entreprises d'améliorer leur compétitivité durablement. Si des mesures de court terme sont nécessaires compte tenu du ralentissement de la croissance, elles ne peuvent porter uniquement sur le pouvoir d'achat. La prime à la casse automobile a le mérite d'être non reconductible, écologiquement intelligente, efficace à court terme. La simplification de l'aide à l'investissement locatif, que nous proposons de transformer en réduction d'impôt, pourrait utilement relancer le secteur du logement et l'emploi. L'objectif premier est de résorber le déséquilibre actuel du marché du logement.

5.- Choisir les priorités de moyen et long terme.
Nous ne pouvons différer les choix qui permettront à la France de rebondir lorsque l'amélioration économique viendra. Par exemple, des programmes de moyen terme, qui auraient un important effet d'entraînement sur l'économie, peuvent être lancés. L'amélioration des réseaux électriques, la régénération des voies ferrées, le développement et la modernisation des routes nationales, prêts à démarrer en quelques mois, auront plus d'impact que l'annonce d'un TGV Bordeaux-Toulouse en 2025.

hervé mariton6.- Au-delà de la crise, préparer les mutations.
L'industrie automobile souffre de ses produits trop chers et mal adaptés à l'évolution des coûts de l'énergie et des modes de vie. S'il faut soutenir la demande, cela ne doit pas se faire au détriment de l'indispensable mutation de l'industrie. Autant la relance financière doit être générale, autant la relance économique doit être ciblée.

7.- Mesurer l'équilibre entre l'initiative publique et le libre marché.
C'est à l'État de fixer les perspectives de long terme, les équilibres sociaux à respecter, c'est au marché d'en définir les modalités et la méthode la plus efficiente pour y parvenir. L'économie de marché est peut-être le pire des systèmes... mais à l'exception de tous les autres ! N'oublions pas les vertus de l'échange et de la libre concurrence, les inconvénients du dirigisme.

8.- Accélérer les décisions.
Cela ne coûtera pas très cher. Éric Woerth a cité l'accélération des remboursements de TVA et d'impôt sur les sociétés aux entreprises. On pourra aussi accélérer de quelques mois les versements aux collectivités locales (dotation globale d'équipement, fonds d'aménagement du territoire...). Certaines procédures publiques qui bloquent et retardent les investisseurs pourraient être allégées. L'ensemble des administrations doit être mis sous tension pour décider plus vite.

éric woerth9.- Lever les obstacles à la croissance.
La crise joue le rôle de révélateur. Nombre de propositions du Rapport Attali sont plus que jamais d'actualité. Elles coûtent peu, leur pédagogie est plus aisée en période de crise, leur urgence plus visible aussi. Sur la libération des professions réglementées, l'effacement des effets de seuil dans la vie des entreprises, le développement des « business angels », la promotion de l'équipement numérique, il n'est plus temps d'attendre.

10.- L'effort de redressement, pour être accepté et légitime, doit être partagé par tous.
Les classes moyennes ne doivent pas en porter l'essentiel. Il faut relancer le chantier de la fiscalité des stock-options, des parachutes dorés ou des bonus des dirigeants, à l'image de ce que font nos partenaires européens.»


Le Garde des Sous, Monsieur Woerth, penserait-il autrement ?



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