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Européennes : l'Alliance et l'Euro

louis d'orBattre monnaie est réputé souverain. Depuis la nuit des temps, les pouvoirs ont soutenu par tous moyens même violents leur exclusivité de la production de monnaie dont ils fixaient la composition. Les rois de France ne furent pas les derniers à trafiquer les teneurs en métaux de leurs écus.
Les Etats modernes ont fait de la "propriété" de la monnaie nationale la priorité absolue. L'intérêt de l'État à contrôler la création monétaire (surtout depuis l'abandon de la libre conversion-or) est évident d'un point de vue politique : il peut financer le clientélisme électoral par la planche à billets et en constater les effets par la dévaluation autoritaire, appauvrissant l'épargne populaire et les possédants au bénéfice des débiteurs qui remboursent plus facilement par l'inflation générée. Il en va de même de la mise à contribution de la Dette publique aux subventions sociales, dont on ne parle en France bizarrement que depuis que le pouvoir monétaire nous a été retiré par la BCE de Francfort.

hayekFriedrich Hayek, nobel d'économie, était plus sceptique que nous quand il écrivait en 1976 : « Si nous voulons la survie de la libre entreprise et de l’économie de marché, nous n’avons pas le choix : il faut remplacer le monopole actuel des hommes de l’État sur la production de monnaie par la libre concurrence entre des banques d’émission privées. Nous n’avons jamais eu de monnaie dont les responsables auraient eu pour seul et exclusif souci de donner au public la monnaie qu’il préfère à d’autres, leurs moyens d’existence mêmes dépendant de la satisfaction des attentes ainsi créées. Ce que nous devons organiser aujourd’hui, c’est un Mouvement pour la Banque Libre à l’image du mouvement pour le libre-échange du 19° siècle, qui ferait connaître non seulement les dégâts causés par une forte inflation, dont on peut soutenir que les institutions actuelles permettraient de l’éviter, mais aussi l’effet inévitable et plus grave des systèmes existants, qui est de multiplier les périodes de récession » (Dénationaliser la monnaie).

C'est vrai qu'il faut l'austérité vertueuse d'un "calviniste" pour ne pas céder à la tentation de la planche ou de la dette. La première chose que firent les prébendiers de 1981 fut de nationaliser les banques pour placer de force les bons du Trésor ; plus tard Chirac interdisait qu'on lui parlât de la Dette (dixit Francis Mer).
500 eurosNos cousins de la Frontière ne nous reconnaissant aucune vertu en espèces, exigèrent avant que nous ne prenions pour nôtre leur bonne monnaie tudesque sous le nom neutralisé d'euro, que nous brûlions la planche, et que par un pacte de stabilité nous freinions nos instincts de gabegie par la Dette. Nous n'avons eu depuis lors aucun répit pour leur réclamer notre liberté de mal faire puisque nous "voulons" être souverains maîtres de notre abaissement !

Cette monnaie unique (dont l'usage vulgaire déborde largement de l'Euroland), hors de portée des manipulations des Etats, s'apparente presque à la redoutable "monnaie privée" d'un Jean-Baptiste Say. On oublie que dans le passé, des économies nationales ont longtemps fonctionné avec des monnaies de banques privées (d'où vient le banknote). Le « contrat de monnaie » de telle ou telle banque remplaçait avantageusement le cours forcé imposé par la loi. L'intérêt d'une monnaie privée dépend de sa diffusion et de ses garanties. Ces banknotes était convertibles en or et grande était la masse en circulation, au point qu'on a pu mesurer la confiance qu'elles inspiraient à leur circulation qui excédait dix fois les encaisses métalliques. L'Ecosse fonctionna ainsi cent ans avant que la Banque d'Angleterre ne s'impose.
D'autres "monnaies privées" ont couru le monde, comme les briques de thé de la Horse Road (qui valent une fortune aujourd'hui) et on trouve leurs avatars modernes dans le "e-gold" de 1996 et le "Liberty Dollar" de 1974.

e_gold
L'abus d'usage qu'ont fait jusqu'ici les gouvernements français du franc depuis Poincaré les disqualifie de détenir à nouveau ce pouvoir "régalien". Et personnellement, comme bien des acteurs du commerce international, je me réjouis d'avoir oublié cette piastre peu sûre qu'était le franc français presque impossible à convertir hors d'Europe ou d'Afrique et qui ne pouvait affréter aucun bateau.

herculeL'abandon éventuel de l'Euro - toutes dépenses de reconversion mises de côté - ne devrait se faire que lorsque l'interdiction de voter des déficits budgétaires aura été constitutionnalisée en France - ce serait plus utile que le principe de précaution - , et quand après avoir retrouvé l'équilibre de nos comptes fiscaux et sociaux nous aurons remboursé tout ou presque de la Dette publique.
Alors devenus adultes, nous pourrons revendiquer de battre nous-mêmes notre propre monnaie. Jusque là il est normal que nous soyons considéré comme un Etat africain par la BCE de Francfort.

L'Alliance Royale a-t-elle l'ambition de faire nettoyer les écuries d'Augias françaises en dépassant le pacte de stabilité européen jusqu'à zéro ? Je n'en doute pas, même s'il ne suffit que d'être Hercule.



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Commentaires

  1. Ce pouvoir régalien ne pas être mis entre toutes les mains, mais les quatre autres dont vous parlez, non plus !

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  2. D'accord avec toi pour le commerce international. Le franc était la piastre chaude qu'on se passait de main en main pour ne pas la garder en caisse.
    Pour le fret, c'est vrai, tu ne savais pas la valeur de devise entre l'exécution du FOB et la délivrance du CIF à la grande exportation.
    Vive l'Euro et mort aux cons !

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  3. Quand on voit le dévissage de certaines devises comme la GBP, j'admets que l'euro nous a protégé pendant la crise, car un plan de relance, garantissant 300 miliards aux banques et doublant le déficit budgétaire, aurait coulé le franc français déjà pas très flambard.

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  4. J'apprécie en général ce blog, mais je me demande toujours ce qu'y font les liens vers I like your style sur la droite. En fait de "style", ces gens ont une tendance un peu trop prononcée à afficher des photos d'autres gens en uniformes feldgrau. Simple provocation ? Pour ma part je ne peux imaginer un royalisme complaisant avec cela. Peut-on imaginer un Louis XIV collabo ? Parlez-nous plutôt de d'Estienne d'Orves.

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  5. ILYS n'est qu'une porte d'accès à la "réacosphère" qui traite de sujets voisins aux nôtres sous un angle parfois différent.
    Le site est très prolixe et donc renouvelle l'affichage. C'est du blogging.
    Qu'aurait fait Louis XIV sue le web m'interpelle.

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  6. Certes nos gouvernants sont des irresponsables, et c'est pourquoi nous voulons un monarque, mais je n'entends pas cette propension à se réfugier dans les jupes de Bruxelles, ce qui n'a pour effet que d'éloigner le pouvoir décisionnel réél du pays; pouvoir que la souveraineté nationale démocratique laissait vacant dès l'origine il est vrai, encourageant les supranationaux à s'en saisir. D'ailleurs on fait souvent comme s'il existait la république démocratique d'un côté et l'Europe technocratique de l'autre (c'est le fond de commerce des souverainistes), mais ne sont-ce pas les premiers qui ont mis en place la seconde ? La trahison est donc bien présente de bout en bout, et il est parfaitement oiseux de vouloir blâmer les uns en gratifiant les autres...

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  7. Tout à fait d'accord, mais la question de l'euro n'est justement pas "dans les jupes de Bruxelles" mais dans celle des gouverneurs des banques centrales qui forment conseil à Francfort pour la monnaie des pays de l'Euroland.
    L'Euroland est le nouveau nom de la zone Deutschemark.

    Quant à ramener ce pouvoir à Paris, je ne pense pas que ce soit utile avant que les finances publiques aient été assainies car ce pouvoir ajoutera de la gabegie au désordre. L'Etat dépense 25% de plus d'argent qu'il n'en gagne !

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  8. Mais l'ordre c'est le roi ? Quelle crédibilité avons-nous en tant que royalistes si nous ne faisons pas valoir le roi comme le préalable indispensable qu'il est, si nous faisons accroire qu'il ne sert à rien ?

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  9. Dans la progression évoquée par Royal-Artillerie, le roi reprend les 4 pouvoirs régaliens et son gouvernement assainit les finances publiques (nationales et territoriales), ce qui prendra plus de dix ans.
    Quand nos affaires seront en ordre, sera venu le jour de s'interroger sur la pertinence d'un retour du cinquième pouvoir à Paris.
    Décider cela prématurément dans le désordre de départ peut ruiner la restauration en plus du coût exorbitant de la transformation, parce que les agences de notation déclasseront la note de crédit de l'Etat, en même temps que le franc dévaluera de mopis en mois, renchérissant le service de la Dette à un niveau insupportable. Le roi et son Etat seront dès lors mis en tutelle par le FMI ! Et nous nous serons "crevé le c.l" pour rien ! Mais en préservant les principes du Coran AF.
    :)

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  10. Je ne vois pas d’abord pourquoi cela prendrait dix ans. Ca peut être très rapide de faire des économies pour peu que quelqu’un d’assez bonne volonté veuille engager la réforme globale: personnel politique, syndicalisme, assoces, fonctionnariat massif, sécu, immigration, tout cela deviendra vite superfétatoire avec la mise en place de la subsidiarité corporatiste et fédérale. Vous avez dit « coûteuses », les réformes ? Quoiqu’il en soit, ce sont là des choses auxquelles les Français sont prêts, et c’est tout ce qui compte, parce qu’ils savent qu’ils en crèvent, de ces réformes qui ne se font pas: ils ont élu Sarkozy pour cela. La différence, c’est que nous, nous sommes prêt à les faire.

    Je ne vois pas en quoi ce « cinquième pouvoir » serait moins bien employé dans les mains du roi « pendant 10 ans » que dans celles de qui que ce soit d‘autre, au contraire. Elle fait de toute façon partie intégrante de la souveraineté dont les bons gouvernements qui viennent devront avoir la pleine maîtrise pour mener à bien leurs réformes !

    Quant à la tutelle du FMI, si vous me sortez cet argument CHOC c’est que vous n’avez pas encore saisi ce que signifie pour nous l’indépendance royale… indépendance vis-à-vis de la fripouille libérale apatride comprise, bien entendu !

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  11. "Coûteuse", je parlai de la transformation de la monnaie.
    Par ailleurs, je vous confirme n'avoir rien compris à beaucoup de choses. Ce qui devrait vous rassurer sur la viabilité de votre projet.
    :)

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