lundi 1 février 2010

Billet du mois : l'opportunisme

tract CRAFLa pénibilité de l'agit'prop royaliste devrait valoir aux militants une retraite anticipée, au moins des points de bonification. Cent ans de combat de société mené de main de maître par la crème intellectuelle du temps, relayé sur le terrain par des militants opiniâtres, courageux et bien formés, aboutit à l'enfouissement en décharge politique de l'idée de restauration monarchique qui, à entendre ci et là le niveau des questions posées par le vulgum pecus, n'est familière à quasiment personne dans ses principes les plus évidents. Les monarchies qui nous entourent nous évitent heureusement les quolibets sur la tyrannie du prince ou la mise en coupe réglée du pays par l'aristocratie nobiliaire. Mais que de clichés quand on nous aborde ! Sauf qu'on ne nous aborde pas si souvent.

tag VLRLes esprits forts débinent la démarche de l'Alliance Royale au motif que la monarchie ne reviendra qu'à la faveur (façon de dire) d'une rupture politique grave, consécutive à une crise majeure économique ou sociale ou pire, et jamais par l'élection. Les chapelles se préparent-elles à prendre leur avantage au moment critique de sauver la nation ? Beaucoup le croient. Avec quel prince, quel volontaire, pour une sorte de "coup d'état", et selon quel processus, est une autre affaire, qui nous dépasse.
Ce projet indéfini apporte au mouvement une culture de la crypte qui est néfaste parce qu'elle empêche par essence la recherche d'un consensus populaire sur le retour du roi. Comme il faut bien occuper les jeunes qui, à cet âge, sont normalement impatients, on compense le déni de propagande de masse par l'action de quelques brigades urbaines qui collent et tractent, et produisent du matériel de très bon niveau sur Internet, même si l'outrance fréquente, inséparable du genre, amoindrit un peu la pertinence du message.

tract UDTMais il n'y a pas que les jeunes qui soient impatients. Les vieux monarchistes aussi sont en droit de s'interroger sur la justesse de la voie d'accès tracée finalement en dehors d'eux. Les chapelles peuvent-elles se remettre en cause sur leur démarche militante, sur leur projet politique, au simple énoncé de leur nul effet à ce jour ? Il ne semble pas. Nous n'irons pas jusqu'à dire que la direction d'une chapelle est somme toute plus confortable que celle d'un plus grand mouvement politique, avec ses courants, ses ambitions personnelles, ses problèmes pécuniaires et forcément l'acharnement de ses ennemis, mais nous l'avons dit !
Or les Contes de la crypte, depuis si longtemps que nous en tournons les pages, n'ont pas de happy end. Il n'est pas besoin d'avoir poussé à "bac plus dix" pour subodorer qu'en ce XXIè siècle, le retour du roi passera par un plébiscite ou autre voie de consentement du peuple, obtenu soit préalablement, soit après un accès d'aubaine. Soutenir autre chose est tromper son monde, et je pense d'abord aux jeunes militants qui se donnent à fond dans la propagande royaliste. C'est sur cet axe réaliste d'acclimatation de la monarchie que se situe la frêle Alliance Royale qui ces jours-ci est à la peine. Elle est handicapée par sa taille, par le schéma étatique complexe qu'elle promeut, et par son "indépendance dynastique", mais la ferveur demeure. Il y a néanmoins une autre voie.
La suite du billet qui va décoiffer un peu, excusez-nous d'avance, est quelque part par ici.
[Billet "La Couronne d'argent d'abord" du 28.02.07]


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