Le 8 août, le maréchal Douglas Haig avait lancé la bataille d'Amiens qui ouvrit cent jours de retraite pour les Allemands. Les Français reprenaient le Chemin des Dames en engageant les jeunes divisions américaines, rompaient les lignes et poussaient vers le nord. La Champagne, l'Argonne, les Flandres étaient reconquises. Les offensives Ludendorff lancées au printemps en direction de Compiègne et Paris n'ayant pas abouti, l'armée allemande était affaiblie, sa ressource en diminution. Foch montrera ses meilleures capacités et son sang-froid légendaire en organisant cette offensive de rupture définitive du front. Il obtint le concours sans arrière-pensées de ses homologues anglais et américains, et de ses subordonnés. Il écrivait à Haig le 25 août : « Poursuivez vos opérations sans laisser de répit à l'ennemi et en étendant la largeur de vos actions. C'est cette étendue croissante d'une offensive nourrie par derrière et fortement poussée en avant, sans objectif limité, sans préoccupation d'alignement et d'une liaison trop étroite, qui nous donnera les plus grands résultats avec les moindres pertes... Les armées du général Pétain vont repartir immédiatement dans le même style. » Ce fut la bataille de Picardie qui sera décisive : 700 canons allemands et 3300 mitrailleuses allemandes capturés, un océan de morts. Quand le Reich mobilisait son dernier espoir, la classe 1920 ! les gros bataillons américains étaient déversés dans les ports atlantiques des Etats-Unis, les usines alliées tournaient à fond, chars et canons montaient au front sans répit. Démoralisée, l'armée allemande subissait la lassitude de cette vanité qu'est par moment la guerre, et la discipline gravement entamée par endroit laissait présager une insurrection générale. La mutinerie des marins de Kiel le 30 octobre, et l'écho rapide qui s'en diffusa par tout le Reich, signala que la société allemande craquait. Le chancelier allemand, prince Maximilien de Bade, avait fait approcher le président américain Wilson pour savoir si un arrêt des hostilités était envisageable. La cause allemande était mentalement perdue, l'armistice dès lors enclenché.
L'affaire sera rondement menée à Rethondes jusqu'à la capitulation de la jeune "République de Weimar" qui n'avait que deux jours. Guillaume II s'était exilé aux Pays-Bas. Le cessez-le-feu général sera sonné partout le 11 novembre à 11 heures. Toutes les cloches de France annoncèrent l'incroyable. La der des ders !
Score : dix-huit millions de morts et des millions de blessés pour... quoi ?
Pour casser la dynamique hégémonique de l'empire allemand et se défaire des empires centraux qui brimaient la marche en avant de la "démocratie" dans les nations sans état. Mais on n'y réussira pas. Par suite d'un traité de paix froidement juste mais humiliant qui fera le lit de la revanche, la guerre à venir sera plus terrible encore. Décidément !
Après le 122°RI et le 7°BCA, cette année, honneur au 129è RI, le régiment des "Rastapoils" formé au Havre en 1873 et dissous un siècle plus tard (1977) à Constance (FFA). Ce régiment qui fit Verdun avec beaucoup d'allant est connu malheureusement pour s'être mutiné à Coeuvres en mai 1917 au sein de la 3è Division². La mutinerie - on parle de 50 hommes et même d'officiers - n'est pas relatée dans le Journal de marche régimentaire, mais on peut y lire entre les lignes des indications qui la confirment :
On note d'abord des mouvements rapides inhabituels de l'unité dès le 30 mai 1917 :
Somme : Carrepuis le 30 mai, Roiglise, Margny-aux-Cerises
Meuse : Revigny le 1er juin, Clermont-en-Argonne le 7 juin.
Quelque chose s'est passé qui se précise :
- 07/6/17 : 2e et 3e bataillon employés à des travaux de réfection de routes, extraction de pierres (ndlr : ce n'est pas une activité d'infanterie de ligne) .L'unité purgée montera à Verdun en juillet.
- 12/6/17 : 12 officiers sont mutés dans d’autres régiments
- 18/6/17 : Lieutenant-colonel Bonnafont, commandant le régiment, relevé de son commandement et placé en réserve
- 19/6/17 : L’état-major et les officiers du 1e bataillon sont passés en revue par le général Guillaumat, commandant la IIe Armée, sur la place de l’église à Lochères (la rédaction laisse supposer que la troupe n'est pas présente et qu'il s'agit d'une reprise en main des cadres)
- 28/6/17 : 4 soldats condamnés à la peine de mort pour abandon de poste et refus d’obéissance devant l’ennemi. L’exécution a lieu à la sortie nord de Rarécourt (Meuse) à 4h30, par des hommes du régiment dont les noms suivent...
- 03/7/17 : 4 officiers sont mutés dans l’intérêt du service
- 05/7/17 : 279 hommes sont dirigés à destination des colonies lointaines
- 16/7/17 : le 1e bataillon est dissous, tous ses officiers sont mutés dans d’autres régiments
A partir de là, le 129è RI est normalisé. Il repasse à trois bataillons en accueillant un bataillon orphelin du 247 puis à quatre, en récupérant le 52è Bataillon de Tirailleurs sénégalais.
Il finira la guerre dans des combats impeccables en perdant jusqu'à 700 hommes dans le secteur de Soissons en juillet 1918. Le 11 novembre, le 129è RI veille au Mont d'Amance devant Nancy, et personne ne passera. Sur son drapeau sont brodés Zuccarello 1795, Loano 1795, Krasnoïé 1812, La Bérézina 1812, La Marne 1914, Verdun 1916, Le Matz 1918, AFN 1952-1962.
La fourragère du 129 est aux couleurs de la Croix de Guerre 14-18 avec 3 palmes.
Nous nous garderons bien de juger un seul mutin de la Grande Guerre. Louons plutôt le courage de ces innombrables héros qui tinrent des positions sacrifiées avec orgueil, ces volontaires en excédent pour des missions hautement risquées, tous ceux-là qui défièrent la mort et la reçurent, ce million et demi de valeureux Français aux noms gravés sur la pierre des monuments communaux, dont l'exemple est plus que jamais indispensable dans notre société affaissée, démoralisée, sans autre projet que ses pensions de retraite.
Comme chaque année pour commémorer l'anniversaire d'une victoire chèrement acquise, l'Action Française organise jeudi soir à 19h30 un hommage indirect aux soldats de jadis, à l'issue d'une journée militante, devant la plaque bleue de la manifestation estudiantine du onze novembre 1940 en haut des Champs-Elysées.
Dépôt de gerbe et allocutions.
Venez !
Note (1) : Le récit de la capitulation sur le terrain par un témoin direct est ici : Le commandant de Bourbon-Busset, chef du 2è bureau de la 1re armée, était à la tête de cette petite délégation : un gentilhomme de la meilleure race de France, au regard vif et clair, au masque fin, de haute et svelte taille, et portant avec une aisance souveraine l'uniforme sombre des chasseurs à pied ; on n'aurait su choisir un Français plus « représentatif ».
Note (2) : Cinq divisions (sur 110) seront hors d'état de manoeuvrer, les troubles touchant aussi les corps de troupe anglais. Le 129°RI ne fut pas le seul : des bataillons du 36, du 43 colo, du 66, du 162, du 370 et bien d'autres... se mutinèrent .
Note (2) : Cinq divisions (sur 110) seront hors d'état de manoeuvrer, les troubles touchant aussi les corps de troupe anglais. Le 129°RI ne fut pas le seul : des bataillons du 36, du 43 colo, du 66, du 162, du 370 et bien d'autres... se mutinèrent .
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Honneur à ceux qui se sont sacrifiés sous tous les étendards. Pardonnons aux mutins, car ils avaient beaucoup donné !
RépondreSupprimerEn revanche,quel dommage que les ouvertures de paix du bienheureux Charles d'Autriche aient été écartées !
Quand on voit dans de vieux villages de France, pas plus grands que des hameaux, la liste des morts au combat de la grande guerre, avec parfois 4 ou 5 fois le même patronyme, on peut imaginer l'horreur et la grandeur du sacrifice. Respect.
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