Les dignités, places et emplois publics ont été jusqu'ici la plaie de la France ; leur nombre et leurs avantages doivent être réduits au strict nécessaire tellement qu'ils ne puissent tenter la capacité de personne ; ce sera un travail occupant le moins possible de citoyens avec une rétribution juste mais modique¹. Tel devrait être le préambule de la loi Rigueur & Austérité déposée pour avis au Conseil Constitutionnel le lendemain de l'élection présidentielle de 2012.
En attendant la Règle d'Or, marchent entre Bastille et République les destinataires premiers de nos déficits : les régimes spéciaux et quelques vrais pauvres en renfort, en cas de micro-trottoir. On les comprend. Byzance, c'est fini ! Les caisses sont vides, les remplir obligent à acheter de l'argent aux fourmis du grand monde, qui de plus en plus se méfie des cigales ! Les uns, protégés par Le Statut, crient avant d'avoir mal quand les autres à demi-morts n'ont déjà plus de voix. Il est des gens dans ce pays qui toutes charges fixes payées, ne gardent que cent euros pour faire le mois. Personne ne s'en est jusqu'ici occupé et les revendications syndicales n'y prêtent apparemment aucune attention, ces gens ne votent pas aux élections professionnelles.
Le communiqué de la CGT, clic clac, se résume à faire payer les riches et la finance cosmopolite (gag ! venant de ce bord-là), mais à ne rien toucher de l'Etat-providence qui est à la base du désastre. On oppose l'enrichissement extravagant de l'un sur cent aux réformes fiscales touchant les quatre-vingt-dix-neuf autres. L'excès de gras est toujours dans la masse, ce qui n'interdit pas de faire justice, certes, en se méfiant quand même des vessies de l'égalitarisme.
La financiarisation de l'économie doit être traitée par autre chose que des slogans creux, et les jeux de hasard qu'elle couvre, séparés de l'économie réelle. C'est sûr qu'il vaut mieux revenir au Glass-Steagall Act² qui sépare le casino du comptoir de banque, même si je n'en attend aucun effet magique, les banques universelles n'étant pas plus mal en point que les banques spécialisées. Bien sûr aussi que les revenus capitalistiques n'ont aucun motif à prétendre à des faveurs fiscales et devraient être reclassés en revenus secs !
Un enfant de dix ans sait que pour couper l'eau du tuyau d'arrosage il vaut mieux fermer le robinet que de boucher le jet avec son pouce. Ainsi le gouvernement, tout à la campagne électorale du candidat naturel, cherche-t-il néanmoins à couper la gabegie à la source. «Le seuil de tolérance à l'endettement est dépassé» dixit François Fillon qui se répète depuis quatre ans et n'en peut mais ! Son plan n'y suffira pas, on ne comble pas les abysses.
Et Jacques Attali d'enfoncer le clou dans l'Express : « De fait, depuis quatre ans, on n’a entendu dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, à droite comme à gauche, ni proposer ni mettre en œuvre aucune solution concrète aux défis immenses qu’imposent de plus en plus les contraintes de nos déficits et des dérèglements des marchés. On n’a énoncé aucun choix précis, en dehors des échappatoires de l’éloquence (quand on est dans l’opposition) et de l’endettement (quand on est au pouvoir) [...] Parce que les solutions existent. Elles peuvent être appliquées rapidement. L’actuel président aurait tout le temps d’agir. L’opposition aurait tout le temps de proposer des solutions précises et chiffrées. Alors, s’ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités, que les événements les y contraignent au plus vite. Le pays aurait tout à y gagner ». Et de titrer son billet : Levez-vous vite, orages désirés. Nous sommes moins optimistes que lui, la réforme n'est pas dans les gènes français.
Note (1): © Boiffils de Massanne (1824-1907) proposant un amendement posthume à la constitution de 1791.
Note (2): loi financière américaine de 1933 séparant banques commerciales et banques d'investissements, chez nous banques de dépôts et banques d'affaires. Cette loi bancaire constamment contournée par la profession fut rapportée en 1999 sur pression de la City. Ce pare-feu avait été supprimé en France par les lois Debré de 1966-67.
Note (3): l'article a paru dans Slate.fr.
Note (2): loi financière américaine de 1933 séparant banques commerciales et banques d'investissements, chez nous banques de dépôts et banques d'affaires. Cette loi bancaire constamment contournée par la profession fut rapportée en 1999 sur pression de la City. Ce pare-feu avait été supprimé en France par les lois Debré de 1966-67.
Note (3): l'article a paru dans Slate.fr.
Que voulez-vous, la gestion paritaire profite à certains et ils n'ont aucune envie de voir tarir le réservoir à pognon. Qu'importe la réalité, il faut maintenir la solidarité parce qu'elle rapporte.
RépondreSupprimerSur les réformes, aucun gouvernement ne pourra sérieusement envisager de s'atteler à la tâche tant qu'il n'aura pas mis à bas le système français de représentation syndicale, véritable frein à toute avancée réelle :
- en finir avec le principe irréfragable de représentation et adopter un système fondé sur l'adhésion, comme dans tout pays véritablement civilisé.
- en finir avec la subvention des organisations syndicales, qui sont à l'heure actuelle financés par l’État à hauteur de 80% de leurs budgets.
C'est d'abord à mon sens une cécité provoquée par le diabète des déficits courants. Les forces vives protégées ne peuvent accepter l'équilibre des comptes publics s'il s'obtient par la réduction de la masse salariale engagée par le secteur public. Or c'est bien de cela qu'il s'agit et de rien d'autre.
RépondreSupprimerLe reste est de l'habillage. L'Etat français rapporté à la Nation française est trop cher. Le proxénète est trop rapace.
Ce billet continue sur celui du 14 octobre titré "Plus 3" où l'on parle du nécessaire excédent.
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