lundi 26 décembre 2011

42ème Lien légitimiste

Le Lien légitimiste est paru juste avant la Noël. De mon point de vue - j'en lis pas mal - c'est la publication la plus attrayante de la roycosphère. Et à mesure qu'elle se rapproche des considérations politiques d'actualités, elle gagne en intérêt. La 42ème livraison est très riche et carrée. En voici le sommaire :

*Les masques tombent (Gérard de Villèle) où l'on prouve (enfin) l'implication directe du pouvoir conventionnel dans les massacres vendéens.

*Un curieux synchronisme (Luc Boisnard), la page d'histoire consacrée aux révolutions du XIX°siècle décrivant une politique des réseaux maçons. A noter à côté de cet article l'exposition au Musée de l'Armée (Hôtel des Invalides) sur Napoléon III et l'Italie, titrée "Naissance d'une nation" ; jusqu'au 15 janvier 2012.

*Les Propos du lecteur - 18°volet (Jacques Rolain) qui allume très sérieusement le mode électif du chef d'Etat puis dans un second chapitre revient sur l'entêtement martial de Clemenceau.

*Du Bien commun (Patrick de Villenoisy) - Partie I.
Royal-Artillerie a déjà présenté ce grand texte ici.

*Mélanges, sur quelques livres et autres questions, où l'on parle du dernier Pinoteau, Clefs pour une somme, du bouquin de Guillotel, La désinformation autour de La Varende, des Sept Colonnes de l’héroïsme de Jacques d'Arnoux, et la mise à plat de l'imposture révolutionnaire par Augustin Cochin, Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne, ouvrage présenté par son éditeur, Jean-Gilles Malliarakis alias "l'Insolent".

*La page politique est confiée à Nicolas Ferrial: Ressusciter les fondamentaux ou pourquoi combattre les errements de la République depuis 40 ans.
Avec tous ça nous avons fait nos seize pages.
Revenons aux travaux de Seycher qui alimentent l'indignation de Villèle puis nous parlerons de Clemenceau.

Les guerres de Vendée (au moins utilise-t-on couramment le vocable "guerre" et non pas soulèvement, pacification, évènements) ont fait l'objet de récits contestés et d'analyses polémiques qui n'avaient jamais permis de trancher le vrai de la propagande, de quelque côté qu'elle vienne. Le mérite de Reynald Secher (Vendée, du génocide au mémoricide) fut de ne pas se contenter des contes de l'oncle Paul le soir à la veillée mais d'aller excaver des preuves aux Archives nationales comme le ferait un juge d'instruction. Bien sûr, la documentation existait en surface, maints ouvrages historiques accessibles sans frais, mais sortir des papelards sur la solution finale vendéenne portant la signature du "père" d'Hitler, il fallait oser. A l'âge où l'on apprend l'histoire dans le Mallet-Isaac, et en l'espèce, dans une version développée chez Balzac et Thiers, j'avais conçu l'affaire comme une jacquerie provoquée part la conscription, qui avait dégénéré en "compagnies de brigands", mouvement plus ou moins spontané que l'on faisait marcher derrière des bannières pieuses. Le comte d'Hervilly (Quiberon) n'était pas loin de penser ainsi. Les travaux de Seycher, plus que de m'intéresser à cette question, m'ont ouvert les yeux. Si les paysans, réfractaires certes, retournèrent leur faux pour la liberté promise et contre les accapareurs bourgeois, ils ne trouvèrent que le bas-clergé local pour les organiser et quelques officiers de l'ancienne armée pour les commander. Les princes vinrent ensuite. Que l'on répande donc la vérité chez nous sur notre histoire - Seycher devrait contribuer à la Wikipedia - et laissons tomber les lois mémorielles des génocides étrangers pour nous occuper d'abord de nos massacres d'Etat.

Jacques Rolain s'émeut de voir notre prochain roi choisi au mois de mai 2012 par référendum en contravention des lois fondamentales du royaume de France. Qu'il se rassure... le fond de la manoeuvre en cours est de faire réfléchir les gens à une proposition simple qui se limite toute à : "le roi, pourquoi pas ?". Mais il parlait aussi de Clemenceau l'intransigeant. Fut-il à l'origine du refus de paix séparée avec Charles d'Autriche ? Sixte de Bourbon-Parme qui mena les négociations avec son frère Xavier ne l'accable pas, mais attribue l'échec au président du Conseil Ribot et à l'incroyable légèreté du comte Czernin. Mais était-ce jouable sinon ? Nicolas Pavillon m'a dit un jour que les états-majors prussien et autrichien n'étaient pas en phase avec les monarques qu'ils dominaient. Ainsi la légende prit corps d'une paix ratée, au prix d'immenses sacrifices à suivre, alors qu'il était impensable que les deux empereurs de connivence parviennent à se faire obéir. Clemenceau dans sa haine gâcha le mortier de la revanche chez les Allemands, c'est sa plus grande connerie, mais vis à vis de Vienne, on ne peut l'accabler que d'avoir anticipé le délitement de l'empire austro-hongrois, les fermentations nationalistes même suscitées étant déjà très mûres. La guerre avait d'ailleurs commencé par là (Sarajevo).
Je fais un aparté sur un article de Frank Abed dans un Lien précédent, dénonçant le compromis nationaliste de Charles Maurras en 1914. Je ne sais pas où étaient les Abed en août 14 mais les miens étaient mobilisés et j'ai parlé avec eux. L'enthousiasme à la déclaration de guerre était général et les compagnies montaient en traversant les villages au cri de "à Berlin, à Berlin!". La suite fut moins drôle, à la Noël on avait tué ou blessé tout le monde (YMA - 1914, une tragédie européenne). Un parti politique qui aurait appelé en juillet à ne pas mobiliser serait devenu un parti de traîtres, et un journal d'opinion qui aurait titré contre la guerre à des motifs anti-républicains n'aurait pas été compris, dans le moins pire des cas. Il n'en demeure pas moins que si les royalistes n'étaient pas revenus à Saint-Cyr après le Ralliement de 1892, leur exemple aurait peut-être compliqué la mobilisation qui s'annonçait difficile chez l'état-major.

Les fondamentaux de Nicolas Ferrial. Il date l'affaissement de notre civilisation de 1968 et nous en fait l'inventaire. Est-il utile pour la thèse de n'observer notre société, certes bien malade, que dans ses aspects négatifs. Rien ne vaudrait en France aujourd'hui. J'espère qu'à l'heure où s'écrivent ces lignes M. Ferrial a pris son Mayflower. Ce qui lui évitera de côtoyer une jeunesse inventive et passionnée, loin des racailles qu'il exècre, et courageuse en plus, puisqu'elle compte faire sa vie dans ce pays-ci que finalement M. Ferrial ne connaît pas bien. Le problème de beaucoup de royalistes est de plaquer un pays rêvé sur l'image la plus défavorable d'un morceau détestable de l'épure qu'on généralise au tout, et de s'alarmer de l'écart irréductible constaté. Vivant dans ce siècle imparfait, je n'ai aucun mérite sauf peut-être celui de le connaître mieux que lui, et de m'indigner parfois et de m'enthousiasmer parfois aussi. On ne fait pas long avec les trains qui arrivent à l'heure. Mais le rédacteur n'a pas tout faux : l'amollissement du caractère masculin de notre société est un lourd handicap dans la période des tempêtes qui s'annoncent. Retrouvons un peu de la saine brutalité franque et ne nous laissons pas casser les c... vases de Soissons.


Bibliographie
- Vendée, du génocide au mémoride, mécanique d’un crime légal contre l’humanité, de Reynald Secher, 444p. aux Editions du Cerf, 24€
- La Vendée-Vengé : le génocide franco-français, du même auteur, 338p. aux PUF, 23€
- Gracchus Babeuf, La guerre de la Vendée et le système de dépopulation, présenté et annoté par Reynald Secher et Jean-Joël Brégeon, 236p. au Cerf, 24€
- Les Bouffons, d'Hubert Monteilhet, 398p. aux Editions de Fallois, 19€
- Histoire et Dictionnaire de la Révolution française de Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, collection Bouquins chez Robert-Laffont
- Discours et rapports à la Convention, de Maximilien de Robespierre, éditions 10|18
- Les Origines de la France contemporaine, de Hippolyte Taine, collection Bouquins chez Robert Laffont
- Le Coût de la Révolution française, de René Sédillot, à la Librairie Académique Perrin, 1986
- Les Illusions républicaines, de Claude Polin et Claude Rousseau, chez PSR Editions, 1993
- La symbolique royale française, d'Hervé Pinoteau, 896p. chez PSR Editions, 212,65€
- Le Chaos français et ses signes, étude sur la symbolique de l’État français depuis la Révolution de 1789, d'Hervé Pinoteau, 516p. chez PSR Editions, 93€
- La Désinformation autour de La Varende, de Gérard Guillotel, 110p. à l'Atelier Fol’Fer Editions, 20€
- Les Sept Colonnes de l’héroïsme, de Jacques d’Arnoux, 472p. Editions de Chiré, 29€
- Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne, d'Augustin Cochin, 224p. aux Editions du Trident, 20€



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3 commentaires:

  1. Les génocides sont souvent, mais pas toujours, perpétrés en temps de guerre, et la férocité sans frein des guerres totales y a incité. Exemples de génocides en temps de paix : celui des Ukrainiens avant, et celui des Mongols de Crimée après la seconde guerre mondiale.

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  2. L'homme est à l'homme tel un loup. C'est faux ! Les loups ne se mangent pas entre eux.

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  3. Très bon bulletin qui mériterait de grossir.
    Bonne année au Lien légitimiste.

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