mardi 24 juillet 2012

Par la France en France !


En 1942, les autorités du III° Reich avaient demandé aux pays occupés de récupérer les juifs apatrides pour les leur remettre, mais à d'autres demandes le gouvernement de Vichy avait tenu tête. La formule qui fait titre est de M. Hollande lors de la commémoration de la Rafle du Vélodrome d'hiver. Impliquant délibérément la nation française, elle n'est pas heureuse, mais nous ne l'analyserons pas au niveau sémantique. L'abomination n'en fut pas moins française, n'en déplaise à M. Guaino qui lui dispute la légitimité de pouvoirs concurrents, l'un à Vichy, l'autre à Londres, en oubliant Paris.

Décider de la légitimité d'un pouvoir en temps de guerre est particulièrement scabreux, à moins qu'il n'en sorte victorieux. Si l'on part du principe que la guerre fut déclarée par un gouvernement légitime (évidemment légal), qui le remplaça quand il disparut après l'avoir perdue ? Autrement dit, quelles sont les sources de la légitimité ?
La première de toutes est transcendentale. Mais quand on a tué Dieu, il faut bien autre chose. On cherche sa légitimité dans les yeux du souverain de substitution, qui en France est le peuple constitutionnel. A qui passa la légitimité de la IIIème République après la débâcle de 40 ? A l'applaudimètre, à l'Etat Français du maréchal Pétain sans doute aucun. Les Français n'en pouvaient plus. Ses fidèles plus tard ont regretté longtemps de n'avoir pas doublé le vote des chambres du 10 juillet 40 par un plébiscite. Le régime vichyste y aurait consolidé sa légitimité (qui en creux était donc estimée fragile).

On peut arguer aussi du fait que la légitimité n'est pas un adoubement de chevalerie à vie et donc qu'elle vient et peut aller, au gré des renoncements. Est-il possible de dire que le gouvernement de Vichy obtint légalement sa légitimité du régime précédent aussi sûrement qu'il la perdit quand il signa les accords de Collaboration avec l'Allemagne nazie ? Je le fais.
On peut donc dater l'évanouissement de la légitimité vichyste de la signature des accords Darlan-Abetz du 28 mai 1941, même si tous les corps de l'Etat continuèrent à obéir sans sourciller, n'en déplaise à tous leurs avocats qui se précipitent aujourd'hui encore à leur défense ; ils agirent sur ordre, nous dit le brontosaure de Belfort.

La Rafle intervint le 16 juillet 1942 dans le département de la Seine, donc en zone occupée. Elle est à mettre au débit de l'administration parisienne qui obéissait de loin au gouvernement de Vichy mais de près aux autorités allemandes résidentes. S'il faut désigner un coupable, il est très sûrement au Secrétariat général à la Police française et au Commissariat général aux questions juives qui ont organisé l'affaire, la main dans la main de la Gestapo de Paris.
Le patron de l'un était un ami de François Mitterrand (qui ne le renia pas), René Bousquet du même métal trempé que Papon et de la préfectorale comme lui ; l'autre était Louis Darquier dit de Pellepoix, antisémite hystérique ayant bouffé à tous les râteliers de la droite anti-républicaine jusqu'à sa caricature, et qui se plaignait dans les bureaux nazis que les gens à Vichy mettent un frein aux mesures absolument nécessaires qu'il sollicitait à l'endroit des communautés juives.
Le premier, bordé de relations à tous niveaux, traversera les filets de l'Épuration pour finir exécuté à l'ancienne, à 84 ans devant chez lui, par un demi-fou dont j'ai perdu le nom, mais qui fut défendu par Me Arnaud Montebourg pour "crime civique".
Le second, vrai salopard pathologique celui-là, s'éteindra dans son lit douillet à 82 ans pas loin de Malaga en Andalousie. Des âges avancés que si peu de leurs cibles ont connus.

Au final, quand l'histoire aura été libérée de la doxa gaulliste, on désignera comme coupables au premier degré - celui qui fait mal - le Commissaire aux questions juives et les patrons de la police parisienne assistée par la gendarmerie et assurée de la discipline irréfragable de troupes vaillantes, avec les faibles as usual ; sans dédouaner complètement les "autres" au motif du « qui ne dit mot, consent ». Et les "autres" sont très nombreux, à commencer par le général De Gaulle qui sut trouver les motifs de son indulgence dans la menace d'une "occupation américaine"(?!), puis toute la classe politique remise en selle, craignant les fouille-merde.

La brutalité ignoble des gendarmes du camp de Drancy fut passée au blanchissage de la résistance ultérieure du corps. Que la PP se soit soulevée comme un seul homme quand la victoire des Alliés fut certaine, ne peut effacer son zèle criminel sous l'Occupation. Lors de la rafle, on dut prendre les enfants en passant outre la consigne car on manquait d'hommes pour faire le chiffre prévu, ce qui ne manqua pas de surprendre les Allemands qui nous en félicitèrent. Comme Papon à Bordeaux qui lança le plan "Epervier" de l'époque pour rattraper deux fugitifs qui faussaient sa liste tapée à la machine ! On n'a jamais épuré les flics bien que le crime soit d'abord au niveau de l'exécutant primaire, contrairement à la jurisprudence faisandée qui veut que l'ordre reçu prime le coup donné.
Etaient-ils la France ceux-là ? Pas plus.




Postscriptum :
On lira avec profit cette analyse du blogue Thomas More.

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