lundi 30 juillet 2018

Bonnes Vacances


Le hollandais rentre au port


Avertissement de l'éditeur:

As an American of Dutch descent I find this video a unique and graphic representation of the Dutch people's struggle with the sea. They have pushed it back for farm land, sailed it to become leaders in world commerce and plied the rough waters of the North Sea with their sturdy sea-worthy viskotters. This video was originally posted by jacobuk61 in October, 2006 as "NG1 Jurie van den Berg uitstomende met slecht weer". The song, "Sailing Home", is by Dutch singer Piet Veerman.
The music and lyrics match the movement of the beam trawler and the waves in perfect harmony and conflict just as the Dutch have lived in harmony and conflict with the sea for centuries. This also serves as a poignant tribute to those who have plied the seas for their livelihood and a solemn recognition that not all have returned from the sea.
I do not own this song or video and there is no intent to infringe on copyrights or any other legal technicalities (Alhetmooie, le 6 mai 2012).






Temps mort !




En cadeau, c'est l'été, un cours de pilotage pour rentrer à la renverse sur la barre de Greymouth (West Coast, NZ); ©Brian J. Hunter, artiste de paysages néozélandais réputé sur Youtube.







dimanche 29 juillet 2018

Ahed libérée !

Radio France Internationale annonce la libération d'Ahed Tamimi dans sa rubrique [Israël - Justice]. Sans doute le stagiaire de BFM-TV a-t-il encore frappé. Qu'importe ! Ayant soutenu la jeune Palestinienne, le Piéton du roi se réjouit de la levée d'écrou d'une vraie résistante à l'occupation juive*. On peut partir en vacances le cœur plus léger.
* Depuis la révision constitutionnelle de Benjamin Netanyahou, Israël est dorénavant l'Etat-nation des Juifs, donc on peut indifféremment qualifier tout nom commun de "juif" ou "israélien".

Voici l'article de RFI en version libérée de droits :



samedi 28 juillet 2018

CMRDS dans 20 jours

 


GPS GRATUIT

Depuis Smolensk prendre la M1 vers Brest et Varsovie
Aller à Wroclaw puis Dresde vers Heidelberg
Remonter le Rhin rive allemande que l'on passe à Ottmarsheim vers Mulhouse-Lyon (A36)
Jusqu'à l'entonnoir de Beaune, après c'est facile !



lundi 23 juillet 2018

Souvenirs de Mai

Lors du prochain Camp Maxime Real del Sarte à Roanne, Bernard Lugan traitera de "Mai 68 vu d'en face". Le programme, que l'on peut consulter en cliquant ici et en zoomant dans son navigateur, propose bien d'autres chapitres dont un très intéressant sur la stratégie de l'Action française, à côté des sessions propres à l'année Maurras.


Ayant vécu de près les Evénements, le Piéton apporte sa contribution oculaire à l'histoire. Situons tout d'abord la géographie du témoignage : jeune cadre plein d'avenir tout juste libéré de ses obligations militaires, je travaillais avenue de l'Opéra et logeais pas loin dans un hôtel mono-étoile au carrefour de la rue de Richelieu et des Petits-Champs. Ce genre de disposition était encore possible à cette époque. A 17h40, je dévalais l'avenue vers les guichets du Louvre puisque l'histoire s'écrivait au Quartier latin. J'y suis allé tous les soirs en semaine et fort tard chaque fois. Parfois des copains m'y rejoignaient. Si on ne pouvait franchir les ponts, on passait par le métro.

L'ambiance de liberté y était extraordinaire et les opérations de police un spectacle inoubliable et gratuit quand on parvenait à passer entre les deux fronts. On y parlait beaucoup entre inconnus et personne n'achetait les délires mao-spontex et autres foutaises crypto-marxistes. Pas plus d'ailleurs que les opinions responsables des quelques gaullistes égarés là. Le centre d'intérêt général était la libération sexuelle. Le Quartier et ses arrondissements voisins était devenu un immense lupanar et j'avoue avoir prisé cette révolution. N'oublions jamais que le mouvement avait débuté dans les universités américaines dans le grand remue-ménage du Vietnam.

Pour ma culture générale, j'ai quand même fait la Sorbonne et l'Odéon, assommant déjà, mais des pépinières de radeuses surtout. Pourquoi j'insiste ? Personne des gens que j'ai connus ne faisait de la politique autrement que sur un zinc, même si les tracts affluaient de partout. Le sentiment le plus partagé était cette lassitude du pouvoir gaulliste posé comme un couvercle haute-pression sur le pays, avec toujours les mêmes têtes qui faisaient tourner les maroquins entre eux, et un vieux président autocratique qui n'en finissait pas de menacer le pays du chaos sans lui.

Quand nous sûmes que la volaille gaulliste avait décampé des ministères - seul restait d'Etat à Paris que le Premier ministre Pompidou et le Préfet de police Grimaud, le reste avait pris le maquis - nous comprîmes que la victoire sociale était à portée des syndicats. Je sus plus tard qu'Alain Peyrefitte, ministre de l'Education quand même, s'était planqué chez sa mère de peur que les sectionnaires de son imagination ne le débusquent à Provins et le traînent à quelque procès de rue improvisé.

L'annonce de la fuite à Baden-Baden (un Varennes réussi !) fit craindre un instant que le pouvoir désemparé (au point d'embarquer toute la marmaille de Gaulle dans l'hélicoptère) n'obtienne de Massu le déclenchement de Bâton Bleu, un exercice programmé en Allemagne depuis le retour du général aux affaires pour rétablir l'ordre en France. Après cinq minutes de crainte, tout nous montrait que Paris résisterait et que les régiments d'appelés que je venais de quitter, fraterniseraient. Aussi nous commandâmes un nouvelle tournée de Cinzano, garçon ?

Deux points pour finir : les conditions de vie du petit peuple étaient très serrées. Le salaire minimum garanti, qui évitait juste de tomber dans la misère, s'élevait à 373 francs bruts par mois pour quarante heures hebdomadaires, ce qui obligeait à réglementer les prix de la consommation nécessaire. Il passera à 534 francs après les accords de Grenelle mais l'économie étant à la merci de l'échelle mobile qui organisait la course entre les prix et les paies, l'amélioration fut dévorée par l'inflation. Le développement était tout dans le Plan quinquennal comme en Union soviétique et on y engloutissait des sommes faramineuses. Le pays était bloqué ! Il fallait payer les délires gaulliens sur le dos de l'intendance. On n'imagine pas qu'il existait encore dans la Petite Couronne des bidonvilles datant des années 50, celui de Nanterre était le plus grand et ne fut définitivement rasé qu'au moment de la construction de l'autoroute A14.

Bien des postes de travail étaient déjà abandonnés par les Français parce qu'ils ne permettaient pas d'en vivre tout simplement, et le patronat ramenait de la main d'œuvre d'Afrique du nord pour les remplacer à bas prix. Donc la révolte sociale était amplement justifiée. Le souffle de la Grandeur avait embué le panorama, le pouvoir ne voyait pas que le pays se crevait à rester "grand". Je pose souvent la question :
"Que reste-t-il concrètement des rêves gaulliens de grandeur aujourd'hui, qui coûtèrent au pays tant de milliards ?"
Rien, sauf la bombe atomique qui ne se mange pas ! La liste des faillites est très longue à commencer par le Plan Calcul et celle de tous les Kombinats protégés... Cherchez et dites-moi par la fiche de contact ce qui a survécu, à part la pure rhétorique destinée aux séances du Conseil de sécurité de l'ONU où nous nous mêlons toujours des affaires des autres et jamais de nous.

Second point (j'ai promis de faire court), je n'ai jamais vu l'Action française dans la rue ou les amphis pendant les événements. Les anciens "combattants" qui racontent leur guerre durent être très discrets jadis, sinon ils baisaient comme tout le monde devant la ronéo pendant les gazages !


Conclusion : le régime politique ne pouvait pas être renversé par les étudiants, car cette rupture de paradigme n'intéressait personne en dehors de quelques excités dont le discours antédiluvien de libération était incompréhensible du plus grand nombre. Par contre le régime économique était en péril car complètement inadapté au temps. Et son éventuel effondrement aurait ouvert la route à une soviétisation plus forte des rouages, ce que le Programme Commun de Mitterrand mettra en musique plus tard pour la plus grande ruine du pays. Nous le payons encore !

Au plan de la consommation (société si décriée) nous étions en retard sur tous nos voisins. La moindre escapade à l'étranger faisait toucher du doigt ce décalage. Tout y était nouveau, moins cher que chez nous, même en Suisse ! Pompidou a très bien vu l'obsolescence du système gaulliste qui écrasait le peuple au profit des chimères pour décider d'en discuter aux réunions de Grenelle. C'est lui et lui-seul qui a sauvé les meubles de la République, et non pas les autocars du Parti et du SAC vers les Champs Elysées ; ce qui nous permet d'affirmer qu'un homme capable suffit parfois, au bon endroit, au bon moment. A bon entendeur, salut. Il faudra attendre Raymond Barre pour que la France entre enfin dans l'ère moderne qu'avaient déjà explorée tous ses voisins.

mercredi 11 juillet 2018

Trump et l'OTAN



Le sommet atlantique à Bruxelles aujourd'hui est centré sur le partage du « fardeau ». Longtemps réclamé par les présidents américains et le Sénat des Etats-Unis qui gouverne la diplomatie américaine en dernier ressort, l'exigence d'un équilibre des contributions arrive à son terme avec le tonitruant Donald Trump ! Ce partage dépasse et de beaucoup l'arithmétique de l'Alliance parce que pour les Américains le problème est éthique et moral : la jeune et vaillante Amérique perfuse la vieille Europe qui distrait des crédits considérables pour assurer des privilèges inouïs à des armées de fainéants protégés. Au yeux des Américains, nous sommes une immense "SNCF" !

Il est donc facile et électoralement bénéfique pour Trump de venir nous menacer de représailles jusqu'à l'esquisse d'un renversement d'alliance puisqu'il rencontrera Vladimir Poutine aux lendemains du sommet atlantique. Tout le monde craint un assouplissement considérable sur l'annexion de la Crimée et une détente en mer baltique orientale, toutes choses que le joueur d'échecs russe attend patiemment.

On ne peut discuter la pertinence d'un partage équitable de l'effort de défense entre les deux rives de l'océan. C'est évident ! On ne peut non plus reprocher à l'Administration Trump une quelconque mauvaise foi. L'Europe se défonce aux budgets sociaux avant de se défendre, comptant sur le parapluie américain. Mais l'alliance de substitution à laquelle pensent certains technocrates en chambre n'est pas meilleure pour des motifs identiques : aucun pays n'a les moyens budgétaires ou politiques (dans le cas de l'Allemagne) pour palier un retrait de la dissuasion américaine, dissuasion prise au sens large de montrer sa force pour n'avoir pas à s'en servir.

Face à l'Europe, l'empire de Russie dispose de quoi nous incinérer dix fois et rien ne prouve que sa retenue offensive actuelle ne soit pas débordée dans le futur par l'accession au pouvoir de revanchards alcoolisés. C'est bien pourquoi les anciens pays du bloc oriental ne veulent rien entendre d'une Europe de la défense hors du SHAPE. Ils savent ne pas faire le poids et se défient des "démocraties" occidentales depuis 1938. Et pour finir au même point : où trouverions-nous l'argent nécessaire pour financer un outil de guerre de substitution ?

Pour notre chance, il est des Américains qui sont conscients d'une défense commune des valeurs occidentales dans l'Alliance au-delà des disputes budgétaires, mais rien ne sera réparé entre nos gouvernements respectifs tant que les budgets européens n'auront pas atteint le seuil de 2% du PIB comme nous l'avions tous promis aux Etats-Unis lors du sommet atlantique de Newport en 2014. Le Sénat de Washington vient de voter une motion de soutien à l'OTAN par 97 voix contre deux avant que l'avion de Donald Trump ne décolle (clic). C'est du pot !

On fera son profit de l'excellent article de Marie Normand pour RFI que nous sommes autorisés à vous offrir maintenant :




dimanche 8 juillet 2018

Maurras, les juifs...

Ch. Maurras à l'âge du procès Dreyfus
L'antisémitisme de Charles Maurras n'est pas douteux, n'en déplaise aux besogneux de l'amphigouri. Pour s'en convaincre il suffit de naviguer sur Internet où Google vous renvoie 240 entrées pertinentes pour les deux mots-clés associés (Maurras, antisémitisme). La radiation du livre des commémorations 2018 par la ministre belge de la Culture n'y est pas pour rien non plus ! Ceci étant posé, replaçons ce choix politique dans son contexte sans indulgence pour autant.

La France de Charles Maurras (1868-1952) est antisémite, mais elle l'était depuis longtemps comme bien des pays voisins. Se considérant eux-mêmes "à part", les Juifs furent toujours considérés "à part" par les pouvoirs successifs. Il faudra l'holocauste industriel allemand pour déclencher à leur endroit une réaction positive des sociétés où ils vivaient. Diviser une nation par deux finit par secouer l'intelligence la moins réceptive.

Jusque là, l'antisémitisme de l'Action française était un parti-pris politique (clic), respectable diront certains, parmi eux Bernanos, qui dénonçait Hitler pour avoir « déshonoré » l'antisémitisme. En Afrique du nord (alors française), l'antisémitisme était par contre viscéral, en plus exacerbé par le décret Crémieux de 1870 qui les favorisait outrageusement au dépens des musulmans dont certains avaient combattu dans les régiments de Turcos du Second Empire. Le mépris le céda alors à la haine, comme le montre ce texte orientaliste de 1887 de Guy de Maupassant :

Les Mozabites et les Juifs sont les seuls marchands, les seuls négociants, les seuls êtres industrieux de toute cette partie de l’Afrique.
Dès qu’on avance dans le sud, la race juive se révèle sous un aspect hideux qui fait comprendre la haine féroce de certains peuples contre ces gens, et même les massacres récents. Les Juifs d’Europe, les Juifs d’Alger, les Juifs que nous connaissons, que nous coudoyons chaque jour, nos voisins et nos amis, sont des hommes du monde, instruits, intelligents, souvent charmants. Et nous nous indignons violemment quand nous apprenons que les habitants d’une petite ville inconnue et lointaine ont égorgé et noyé quelques centaines d’enfants d’Israël. Je ne m’étonne plus aujourd’hui ; car nos Juifs ne ressemblent guère aux Juifs de là-bas.
À Bou-Saada, on les voit, accroupis en des tanières immondes, bouffis de graisse, sordides et guettant l’Arabe comme une araignée guette la mouche. Ils l’appellent, essaient de lui prêter cent sous contre un billet qu’il signera. L’homme sait le danger, hésite, ne veut pas. Mais le désir de boire et d’autres désirs encore le tiraillent. Cent sous représentent pour lui tant de jouissances !
Il cède enfin, prend la pièce d’argent, et signe le papier graisseux.
Au bout de trois mois, il devra dix francs, cent francs au bout d’un an, deux cents francs au bout de trois ans. Alors le Juif fait vendre sa terre, s’il en a une, ou sinon, son chameau, son cheval, son bourricot, tout ce qu’il possède enfin.
Les chefs, Caïds, Aghas ou Bach’agas, tombent également dans les griffes de ces rapaces qui sont le fléau, la plaie saignante de notre colonie, le grand obstacle à la civilisation et au bien-être de l’Arabe.
Quand une colonne française va razzier quelque tribu rebelle, une nuée de Juifs la suit, achetant à vil prix le butin qu’ils revendent aux Arabes dès que le corps d’armée s’est éloigné.
Si l’on saisit, par exemple, six mille moutons dans une contrée, que faire de ces bêtes ? Les conduire aux villes ? Elles mourraient en route, car comment les nourrir, les faire boire pendant les deux ou trois cents kilomètres de terre nue qu’on devra traverser ? Et puis, il faudrait, pour emmener et garder un pareil convoi, deux fois plus de troupes que n’en compte la colonne.
Alors les tuer ? Quel massacre et quelle perte ! Et puis les Juifs sont là qui demandent à acheter, à deux francs l’un, des moutons qui en valent vingt. Enfin le trésor gagnera toujours douze mille francs. On les leur cède.
Huit jours plus tard les premiers propriétaires ont repris à trois francs par tête leurs moutons. La vengeance française ne coûte pas cher.
Le Juif est maître de tout le sud de l’Algérie. Il n’est guère d’Arabes, en effet, qui n’aient une dette, car l’Arabe n’aime pas rendre. Il préfère renouveler son billet à cent ou deux cents pour cent. Il se croit toujours sauvé quand il gagne du temps. Il faudrait une loi spéciale pour modifier cette déplorable situation.
Le Juif, d’ailleurs, dans tout le Sud, ne pratique guère que l’usure par tous les moyens aussi déloyaux que possible ; et les véritables commerçants sont les Mozabites. Quand on arrive dans un village quelconque du Sahara, on remarque aussitôt toute une race particulière d’hommes qui se sont emparés des affaires du pays. Eux seuls ont les boutiques ; ils tiennent les marchandises d’Europe et celles de l’industrie locale ; ils sont intelligents, actifs, commerçants dans l’âme. Ce sont les Beni-Mzab ou Mozabites. On les a surnommés les "Juifs du désert".
(Au Soleil, récit d'un voyage en Algérie publié dans Le Gaulois par épisodes, Victor Havard Paris, 1884)

Concernant Charles Maurras, on peut dire à la lecture de ses nombreux pamphlets dans l'Action française, que les suites du combat perdu contre Dreyfus avaient transformé une hystérie lamentable qu'il s'est sans doute reproché sur le tard, en un antisémitisme logique comme le montre la coupure de journal ci-dessous saluant en 1941 le nouveau Commissariat général aux Questions juives (CGQJ) qui va traiter la complexité de leur séparation du reste de la société civile (il faut lire lentement) :

 - Extrait de l'Action française du Mercredi 2 avril 1941 -


Que l'antisémitisme maurrassien soit d'Etat, nul n'en doute, mais il aurait bien été le seul Français à ne pas éprouver également ce racisme social, alors que passé les boulevards des maréchaux, l'immense majorité des gens méprisait les Juifs et leurs spécificités visibles. Il suffit d'avoir connu des contemporains de Maurras pour s'en convaincre. Au triste privilège de l'âge, le Piéton a cet avantage.
Ça ira jusqu'à l'obsession quand on l'entendra s'écrier au verdict du procès de Lyon en 1945 : « C'est la revanche de Dreyfus ». En fait, la vraie revanche était passée par les cheminées du III° Reich en ce qu'elles sanctifiaient par le martyre et pour longtemps les descendants du peuple hébreu et assimilés, mais il ne pouvait déjà plus le comprendre, enfermé dans un système de combat obsolète, incapable de réévaluer un demi-siècle de polémiques lancées par lui-même. Qui l'aurait pu ?

Même si l'esprit de Charles Maurras n'était pas occupé du matin au soir par la question juive, tout ceci entame le crédit de l'œuvre mais ne l'anéantit pas, comme le voudrait la bien-pensance en cour. Des quatre tomes des Œuvres Capitales, un seul est consacré à la politique (le deuxième) et il contient des bases inexpugnables pour l'étude de la physique sociale. Si l'œuvre de Maurras est un océan, l'antisémitisme n'en est que sa mer noire. Il y a tout le reste, qui sans être de la meilleure fraîcheur en 2018, apporte bien des réponses aux défis qu'affronte aujourd'hui notre pays, comme se plairont à le démontrer les orateurs du camp Maxime Real del Sarte à venir. Il serait peut-être temps d'éditer le programme, chers amis !


En conclusion, défendre l'antisémitisme strictement d'Etat de Charles Maurras est contreproductif, une faiblesse dialectique. Il faut en convenir carrément pour désamorcer la mine et passer à autre chose selon le vent du moment. Faire attention quand même aux amalgames douteux, aux financiers cosmopolites, à la banque sans frontières, capital apatride et autres substituts sémantiques qui ne trompent personne mais affaiblissent le débat public et la communication de celui qui le mène. Que l'on déplore ou qu'on minimise l'antisémitisme de Charles Maurras, il nous faut faire avec, car il est bien là. A nous de trouver voies et moyens de le contourner pour accéder à la monarchie raisonnée du nationalisme intégral, dépouillée des scories qui l'encrassent. Il ne peut y avoir d'atermoiements, d'excuses, de coupable compréhension, l'image du Martégal dut-elle en souffrir.
Il faut prendre la crème du meilleur et jeter le reste sauf à vouloir entrer dans le tunnel des études comportementales du racisme ordinaire dans la France profonde de la Belle Epoque... Bon courage et temps perdu pour le futur !


dimanche 1 juillet 2018

Laïcité redéfinie comme avenir du nationalisme français

Une analyse de textes de Charles Maurras proposée par Philippe sur le site des Amis du Chemin de Paradis, Maurras.net. Il s'agit de revenir sur la notion de nationalisme bien galvaudée aujourd'hui. A partir d'ici c'est le texte de Maurras.net que nous recopions, à l'intention, entre autres, des campeurs du château d'Ailly au mois d'août prochain. D'autres billets viendront en temps utiles sur l'antisémitisme maurrassien par exemple. La page originale de l'analyse ci-dessous est accessible en cliquant ici.

[...] C'est intentionnellement, et bien sûr avec une pointe de provocation, que nous utilisons ici le mot de laïcité pour désigner ce que pourrait être une incarnation moderne du nationalisme maurrassien. Certes, ce mot de laïcité est galvaudé, polysémique autant que polémique, et tient dans maints discours une fonction de totem, de « grue métaphysique » selon l’expression de Paul Lafargue. Mais pas plus que d’autres mots semblables ; et c’est celui-ci, mieux que bien commun, mieux qu’intérêt collectif, qui transcrit au plus près, d’après nous, la pensée que Maurras exprime dans son Avenir du nationalisme français.

Nous n’y pouvons rien, mais le mot de nationalisme n’a plus, et ne retrouvera certainement jamais, le sens que Barrès lui a défini dans ses Scènes et Doctrines du nationalisme (1902). Quant à l’idéal politique que Maurras construit pas à pas dans l’Enquête sur la monarchie sous le nom si souvent mal compris de nationalisme intégral, il en donne un demi-siècle plus tard dans le même Pour un jeune Français, au chapitre 8.4, cette définition éclairante :

Lorsque nous rencontrâmes cette double notion, si riche, de l’État-Un et de son autorité-née, des États multiples et de leurs libertés-nées, nous appelâmes « Nationalisme intégral » le régime qui satisfait ainsi aux deux postulats de l’existence politique (ou indépendance nationale) et de la vie sociale (ou libertés civiles), ces deux aspirations de la France contemporaine.

Définition qui nous amène bien loin de ce « nationalisme poussé à l’extrême » auquel les adversaires de Maurras ont réduit sa pensée, sachant qu’en plus, de nos jours, le nationalisme n’est lui-même qu’un « patriotisme poussé à l’extrême ». Comme l’extrême est souvent entendu au sens du pire, et que l’extrême est ici au carré, l’extrême de l’extrême, on aura vite conclu au « pire du pire ».

Dans l’Avenir du nationalisme français, Maurras ne revient pas, bien entendu, sur le mot de nationalisme. Il rappelle d’ailleurs très simplement qu’« un mouvement de nationalisme français ne sera complet que par le retour du roi ».

Mais en attendant cette échéance, lui qui a entraîné ses amis à « travailler pour 1950 », qui ne doute pas qu’ils continueront de « travailler pour l’an 2000 », ce à quoi nous pouvons ajouter, en accord purement temporel avec les zélateurs du réchauffement climatique, « et maintenant pour 2050 », en attendant donc cette échéance, quels facteurs favorables à un dépassement des antagonismes partisans Maurras voit-il poindre à l’horizon ? C’est là qu’on le voit tourner autour du mot de nationalisme, aussi bien que de l’expression nationalisme intégral, comme s’il voulait à toutes forces établir un consensus et prévenir l’image caricaturale du pire des pires. Et il va en égrener une litanie de synonymes approchants ou imparfaits : l’intérêt national, l’intérêt français, l’intérêt public, le Bien positif, tous devenus le plus indispensable des compromis.

C’est en rentrant dans l’argumentation que le substitut le plus adéquat vient s’imposer, bien que Maurras ne l’utilise pas. D’ailleurs, le terme de laïcité est rare dans toute son œuvre, et n’y est guère utilisé qu’à propos de l’éducation. Que dit-il en effet ? Que la société française est traversée de désaccords profonds sur le plan philosophique ou religieux, et par conséquent qu’aucune décision collective ralliant l’accord de tous, ou de presque tous, n’est possible si celle-ci doit se fonder sur des prémisses ou des fins dernières d’ordre moral, philosophique ou a fortiori religieux. Il ne reste dès lors que l’intérêt commun, réduit à ce qui assure un minimum nécessaire de paix sociale, enjeu bien modeste en regard des rêves de l’esprit, mais dont Maurras refuse qu’il leur soit inférieur en mérite ou en dignité.

Ce Bien ne sera point l’absolu, mais celui du peuple français, sur ce degré de Politique où se traite ce que Platon appelle « l’Art royal », abstraction faite de toute école, église ou secte…

Le divorce, par exemple, étant considéré non plus par rapport à tel droit ou telle obligation, à telle permission ou prohibition divine, mais relativement à l’intérêt civil de la famille et au bien de la Cité…

Nous n’offrons pas au travail de la pensée et de l’action une matière trop inférieure ou trop indigne d’eux quand nous rappelons que la paix est une belle chose ; la prospérité sociale d’une nation, l’intérêt matériel et moral de sa conservation touche et adhère aux sphères hautes d’une activité fière et belle…

C’est ainsi que la France en sortira, et que le nationalisme français se reverra, par la force des choses…

Nationalisme, tout cela ? Au sens maurrassien, sans doute. Mais dans le langage actuel, les trois premières propositions ci-dessus relèvent de la laïcité de l’État, certes plus au sens où l’entend l’Église qu’à celui qu’emploient ou ont employé maints ministres laïcistes de l’Éducation.

Alors, une vraie laïcité, avenir du nationalisme français ? C’est en tous cas ce que Maurras semble bien nous suggérer.
(fin de l'analyse de texte sur Maurras.net)

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