Accéder au contenu principal

Lépante 447ème !

La bataille navale de Lépante devait décider du sort de la guerre ottomane en Méditerranée centrale et orientale au XVIè siècle. Les Turcs ayant conquis sur les Vénitiens l'île de Chypre et la forteresse de Famagouste dont le gouverneur sera pelé vif à l'été de 1571, le pape Pie V appelle à la croisade pour stopper l'énième poussée des "Barbares".

La rencontre des armées navales a lieu le 7 octobre 1571 au débouché du golfe de Patras sur la mer Ionienne, à proximité du site de la bataille d’Actium qui opposa la flotte de Marc Antoine à celle d’Octave en 31 avant JC. La Sainte Ligue écrase les Turcs, les livres d'histoire regorgent de récits, d'anecdotes et analyses ; nous n'avons pas la prétention de "refaire" l'histoire, mais relèverons deux points pour marquer cette commémoration : les forces engagées et l'issue de la guerre en Méditerranée. En attendant voici la célèbre fresque que Vasari posa au mur de la Sala Regia du Vatican en 1573 pour Grégoire XIII.



A.- Contributeurs à l'escadre de la Sainte Ligue sous le commandement de Don Juan d'Autriche (1545-1578), frère de Philippe II d'Espagne, et manœuvrée par des amiraux de talents tels que Marc-Antoine Colonna pour le Saint-Siège, le doge Sebastiano Veniero, Andrea Doria pour Gênes ou Andrea Provana di Leyni pour la Savoie à Nice :

202 galères et 6 galéasses vénitiennes armées de canons provenant des pays suivants :

- Royaume d'Espagne
- République de Venise
- République de Gênes
- Royaume de Sicile
- Royaume de Naples
- Saint-Siège
- Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (à partir de Malte)
- Duché de Savoie

La flotte de la Ligue perdra 12 galères seulement, mais 7000 hommes dans les assauts plus de nombreux blessés.

B.- Composition de l'escadre ottomane de Selim II sous le commandement d'Ali Bâcha, assisté de l'amiral Mehmed Siroco, gouverneur du Sandjak d’Alexandrie, du capitaine calabrais Ali Kilidj et du dey corsaire algérois Euldj Ali (qui capturera plus tard Miguel de Cervantès devant Barcelone):

210 galères plus 63 fustes et galiotes

Les Turcs abandonneront 117 galères à la Ligue et en laisseront 63 au fond, outre la chiourme en majorité chrétienne libérée par les captures. On parle au moins de 20000 morts au combat.




L'issue de la guerre vénéto-turque sera celle de la coalition qui se désagrègera par la détente. Les intérêts immédiats de chacun divergeaient. Les Vénitiens au contact du problème devront composer, dès lors que l'Empire ottoman avait reconstruit sa flotte et récupéré la suprématie navale en Méditerranée. Finalement Selim II conservera Chypre et l'année suivante le doge paiera tribut pour continuer à faire du commerce avec les Echelles du Levant et le bassin oriental.

La France de Charles IX et de Catherine de Médicis, embourbée dans les guerres de religion sur son propre territoire, aura d'autres priorités que de combattre le Grand Turc, avec lequel d'ailleurs François Ier avait scellé une alliance de revers contre Charles-Quint en 1536, alliance qualifiée d'impie mais qui aura l'avantage de nous ouvrir les routes commerciales de l'Orient et compliquera terriblement l'obsession française des Habsbourg. Les capitulations obtenues de la Sublime Porte (accords commerciaux) feront des jaloux chez les nations commerçantes comme les Pays-Bas ou ceux de la Hanse, mais la France moins mercantile n'en tirera pas tous les profits possibles (confer la Wikipedia).

Comme toutes les grandes pages d'histoire, Lépante est devenue une légende en Occident, de l'importance de Poitiers (732) pour la France, même si un succès militaire si éclatant ne put renverser l'équation géostratégique. Il faudra attendre que l'Empire ottoman pourrisse sur pied au XIXè siècle pour s'occuper à le détruire. Le résultat d'aujourd'hui sur ce qui fut et redevient sa zone d'intérêts n'est pas probant, les lambeaux du dépeçage Sykes-Picot peinent encore à se recoudre, et pour faire court, son aire de colonisation est à feu et à sang.

Il reste de tout ça que l'union est nécessaire parfois, et que la convergence d'intérêts européens peut les précipiter dans une force redoutable si nous voulons nous en donner les moyens, en mettant un bémol sur notre sacrosaint confort. A nous de nous en souvenir au moment où montent les périls. Les cadeaux diplomatiques n'existent pas sauf en présents de courtoisie. Nous risquons de danser sans choisir la musique si nous ne montrons pas les dents !




PS : Qui commémore Lépante avec nous ?

- La Société d'art et d'histoire du Mentonnais (ils y étaient)
- L'Agência Boa Impresa de Sao Paulo
- Le site Vivicentro de Naples avec une très belle vue de la bataille à vol d'oiseau
- Tempostretto de Messine
- Enna Press (Sicile)
- Il Cattolico