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Il s'est passé quelque chose d'important au Japon, une ère impériale nouvelle s'ouvre sur l'abdication du fils de Showa Tenno (Hirohito de son vivant), empereur controversé qui s'abandonna au projet de conquête du Pacifique que poussait le pouvoir militaire nippon pour établir son hégémonie sur les ressources de ses voisins, denrées qui faisaient défaut dans l'archipel.
Akihito a passé sa vie à réparer l'outrage à l'humanité que furent les guerres de cette époque. Epuisé, il cède la place à son propre fils, Naruhito, qui a déjà souhaité continuer sur le même axe de compassion pour les petits, les sans-grades, les victimes de l'économie intérieure, et pour la réconciliation des peuples d'Asie à l'extérieur de l'empire. Cet axe n'est pas l'orientation privilégiée par le premier ministre Shinzo Abe qui veut dissuader la Chine de confiner le Japon dans un second rôle sur la zone qu'elle laissera sous son contrôle.
M. Guibourg Delamotte [Inalco] a donné une note de synthèse à Radio France internationale que nous reprenons ci-dessous :
L'empereur n'a pas à avoir de rôle, il doit être dans une mesure constante, ne doit pas avoir d'action qui ait une coloration politique. Dans cette mesure, Akihito a été parfait, c'est à dire qu'il n'a jamais émis un avis sur un projet de loi, ne s'est jamais immiscé dans la conduite de la politique. Et en même temps, cet empereur, paradoxalement, avec toute sa discrétion, a réussi à avoir un rôle éminemment politique. D'abord parce qu'il incarne véritablement la nation, ce qui est son rôle. Les Japonais l'aiment énormément et ont beaucoup de respect pour lui. Il a su avoir les gestes forts en direction de son peuple, manifester toujours une compassion dans les moments difficiles, en particulier Fukushima. Il s'est déplacé pour voir les réfugiés. Il était assis avec eux dans les gymnases où ils étaient réfugiés. Et en même temps, il est connu pour être un personnage modéré, pour être favorable à une réconciliation avec la Chine et avec la Corée du Sud. Il est parvenu à se positionner comme une figure libérale au sens anglo-saxon, c'est à dire plutôt à gauche. Sur un plan politique, institutionnel, il a changé le rôle de l'empereur et sa fonction.
L'article d'Igor Gauquelin libre de droit sur RFi est à lire ici :
L'évènement a été traité par dessus la jambe aujourd'hui par les chaînes françaises qui ont caricaturé la tradition impériale, en s'abandonnant à des micros-trottoirs pour capter le désintérêt des passants, agacés, paraît-il, par un jour férié contraint. Lamentable as usual. Hier dimanche, seule la chaîne Euronews nous a offert de suivre les législatives espagnoles en direct, les autres chaînes d'abrutissement restant coincées sur la politique politicienne intérieure française, sauf à proclamer partout ce matin la victoire du Parti socialiste ouvrier espagnol. C'est bon de pouvoir écrire "socialiste" et "victoire" à la Une, même si c'est... à Madrid.
Addendum du 2 mai 2019 :
Podcast du commentaire avisé de Vincent Hervouet sur Europe 1. Synthèse élégante, amusée et complète :