Manfred Weber |
On a pu y croire à l'époque Giscard-Schmidt où l'Allemagne avait accepté de ne pas reconstruire une diplomatie et nous laissait le dernier mot au Conseil européen. Puis vint le programme socialo-communiste en France qui a beaucoup choqué nos voisins, pour s'apercevoir finalement que le déclassement de la France ne pouvait que lui profiter. A partir de là, l'amitié a muté en confrontation d'intérêts, amiable ou pas (abrogation du service militaire en France).
Les premières réactions négatives françaises à l'anschluss germano-allemand de 1990 (les Anglais partageaient nos réticences d'alors) ont convaincu les Allemands de "faire pour soi". Ainsi Kohl a-t-il offert la parité des marcs aux "orientaux" en déprimant sa propre économie cliente des produits français, et payé très cher le déménagement des troupes soviétiques hors du nouvel espace allemand, ce qui lui donnait la primature en Europe centrale OTAN.
De même quand Mitterrand a (dit-on) forcé la Chancellerie à prendre l'euro, les Allemands ont vite compris qu'ils étendaient la zone DEM à toute l'Europe occidentale, en prenant en plus la BCE à Francfort.
La France est moquée quand on l'appelle la "Grosse Nation". Nous ne leur servons plus à rien au plan politique, nous sommes plutôt encombrants dans certaines enceintes internationales où le business prend le pas sur les grands principes (nucléaire iranien). Dans leur esprit, les défis qu'ils affrontent ne nous convoquent pas à leur solution.
Les diplomaties obéissent à la dérive des plaques, c'est de la tectonique. L'Allemagne va accroitre sa zone de chalandise et son espace au détriment de la France impécunieuse et déjà mendiante (mutualisation des gabegies). Dans son compartiment stratégique, elle est prête à partager la Baltique orientale avec son plus gros fournisseur de gaz, aussitôt que Trump aura quitté la Maison Blanche.
Le couple franco-allemand est pour les Allemands une vieillerie de la guerre froide sans grand avenir et ce sont eux qui cesseront les premiers l'acharnement thérapeutique.