...ça y ressemble !
8 mai 2019 les Champs Elysées attendent le président |
Le verbiage trop convenu que la chaîne d'Etat nous a laissé surprendre à l'Arc de Triomphe, et la lenteur très arrosée du serrement de mains de monsieur le Président dévoilent les prémices de la cachexie politique. Si Emmanuel vit encore, Macron est mort.
Le prochain scrutin aura lieu le lendemain de l'Acte XXVIII de la révolte molle des Gilets jaunes chez qui le slogan le plus répandu est devenu « Macron ! Démission ! ». Les sondages, qui par habitude ne sont pas hostiles au chef de l'État - restons entre amis - donne 21,5% des intentions de vote à Calamity Loiseau (©Epoka) sur une participation attendue de 40% de l'électorat, soit un résultat calculé à 8,6% du corps électoral. Ce chiffre ridicule ne permettra de claironner aucune victoire dans aucun des deux camps arrivés en tête, et se posera à nouveau la question de la légitimité d'un président qui ne se relance pas.
Parlons alors d'Europe. Le projet européen d'Emmanuel Macron est au cœur du programme décennal. Il a commencé par là en visitant en premier la Chancellerie du Reich, réclamant une solidarité budgétaire à travers les eurobonds ou tout autre dispositif de mutualisation de la gabegie latine, ce qui provoqua l'humiliante rebuffade du chef de file de l'Europe sérieuse Mark Rutte, premier ministre du roi des Pays-Bas : "Réparez votre pays avant d'organiser les nôtres !". On notera sans y insister que cette année la France fut mise en minorité lors de la prolongation du Brexit à Bruxelles.
Le programme européen de madame Loiseau, qui fut si long à rédiger dans les soupentes du château, reste sur la trajectoire macronienne d'imposer à leurs frais notre modèle à nos partenaires, quels que soient leurs propres soucis. Synthèse RFi : Investir mille milliards d'euros d'ici 2024 pour les énergies et les transports propres, taxer le carbone des produits importés en Europe, un SMIC adapté à chaque pays européen, élargir Erasmus aux collégiens et lycéens.... Venant d'un pays exsangue qui finance son fonctionnement sur la Dette et les taxes pléthoriques, les propositions sont particulièrement osées. L'Europe sérieuse (dite du Nord) ne nous prend pas au sérieux justement, nous sommes un gros furoncle sur l'Eurogroup. L'Europe rieuse ou latine refuse pour sa part notre leadership, sachant bien que le pouvoir réel supranational qui les fait vivre est à Francfort et à Berlin. Reste l'Europe désoviétisée qui, au réflexe pavlovien du chat échaudé craignant l'eau froide, oppose les plus pressantes réserves aux demandes de la France socialiste, sauf si d'aventure nous demandions d'augmenter les transferts financiers vers elle, les PECOs n'étant venus que pour ça.
Si la défiance est au maximum à l'intérieur - 60% de soutien aux Gilets jaunes -, elle ne l'est pas moins chez nos voisins de plus en plus fatigués de la Grosse Nation. A la grande exportation, notre diplomatie n'est pas plus flambarde. Le copinage initié avec Donald Trump que monsieur Macron devait charmer irrésistiblement est un flop. Le magnat newyorkais ne prend en considération aucune difficulté que ces décisions causent chez les pays étrangers, alliés ou pas. La France seule ne le fera jamais plier et nos intérêts sont en remorque des intérêts allemands bien plus grands que les nôtres. A l'orient de nos défis, les efforts d'amélioration de la balance commerciale et stratégique avec la Chine populaire sont vains dès lors que le ministère chinois ad hoc a compris que le Marché commun est une union douanière intégrée et gouvernée à Bruxelles, et qu'aucune décision nationale de commerce extérieur n'y sera validée si elle ne s'applique pas à tous les autres partenaires qui en l'espèce ne sont pas des godillots. Même la chancelière Merkel a des difficultés à se faire comprendre des autorités politiques chinoises pour cette raison. Pékin, "rival systémique" assumé de l'Union européenne, pousse les routes de la soie chez les pays démunis et se s'inquiète pas du reste sauf à installer chez elle des chaînes de montage payées par l'industrie occidentale. Restons dans le concret, se disent-ils...
Le 27 mai au matin, après le vacarme des éditions spéciales, se réveillera un président pas moins honni que la veille, qui traînera comme un boulet le pourcentage de 8,6%+/-epsilon, pourcentage humiliant que ses adversaires colporteront sur tous les plateaux médiatiques. François Hollande avait subi une forte érosion de popularité qui, à la fin du processus, l'avait conduit à se retirer de la lutte électorale. On oublie d'ailleurs qu'il avait bien mieux gouverné après le jour de sa renonciation qu'avant. Emmanuel Macron n'aura pas franchi la moitié de son mandat qu'il se retrouvera déjà dans la même situation, un président rejeté par la rue et plus souvent moqué que son prédécesseur. Comment réformer alors ? En dissolvant la Chambre ! Il y est condamné.
Le désert du 8 mai - un président au coeur de sa garde approche de l'Etoile |