vendredi 15 novembre 2019

Décroissance fatale et monarchie



Qui se souvient du rapport du Club de Rome, qui après avoir étudié à fond la "Dynamique des systèmes" et les collisions probables, avait conclu à l'impérieuse nécessité d'une croissance économique ramenée à zéro sauf à promouvoir un péril croissant ? C'était en 1972 et les auteurs étaient la crème des scientifiques. Ce rapport fut mitraillé par tout ce que comptait la planète d'économistes distingués au motif premier que la majorité des problèmes civilisationnels étaient solubles dans la croissance. Quarante-sept ans plus tard, le doute renaît. *Les* croissances économique et démographique épuisent la planète, la réchauffe au point d'en détruire la civilisation des hommes. Stopper les croissances reculera l'effondrement en décarbonant progressivement la planète, mais chacun sait qu'il n'en est pas question encore pour de simples motifs de physique sociale, communément appelée "politique". Tous les gouvernements cherchent désespérément de la croissance, même faible. A quoi sert la croissance ?

La croissance est le carburant de notre civilisation moderne, ce qui ne préjuge pas de la pertinence de cette civilisation dans le champ clos d'une planète finie. Son interruption signe la fin de cette civilisation. Exemple, le régime courant des salaires :
Il est d'acception commune que le salaire de tout agent économique croisse avec le temps, ce qui se résume parfois à une prime d'ancienneté. Rien ne corrèle cette augmentation "normale" à une augmentation de la productivité individuelle qui rémunèrerait ce "surcoût". Mais si le PIB global croît, alors cette absurdité s'estompe puisqu'il y a plus de redistribution générale sous une forme ou une autre. Que le PIB diminue drastiquement et les salaires suivront.
Autre exemple, les régimes de retraite : le schéma de Ponzi qui paie les pensions actuelles sur la caisse des cotisations actuelles a besoin de croissance de façon à ce que le déséquilibre démographique actif/retraité permette un équilibre comptable soutenable. Sans croissance les pensions vont étrécir quand les cotisations augmenteront, si le régime par répartition est maintenu ; ce qui est très présomptueux.
Troisième exemple, le ressort de la démagogie : plaider pour l'amélioration des conditions de vie de ses clients exige que la croissance économique dégage ensuite les moyens augmentés correspondant au programme politique. Renier ses promesses déclenche déjà l'émeute, réduire encore plus les facteurs qu'on avait promis d'augmenter déclenchera la révolte. Reste à voler les vaincus et recharger la chaudière de la révolution.

Il est admis que la croissance économique aggrave les dangers liés au réchauffement climatique en ce qu'elle favorise l'effet de serre par la production induite de biens et services fondée sur les énergies carbonées. Comme les énergies renouvelables ne pallieront jamais la nécessaire réduction des énergies fossiles, réduction volontaire ou subie par épuisement des mines, la décroissance volontaire ou subie sera mise au programme des générations montantes. Nos civilisations de consommation n'étant opérables que par la croissance, s'ouvre alors la porte du chaos. C'est à ce stade que nous saurons que la démocratie dans son avatar démagogique est le plus mauvais régime, parce qu'il fonctionne sur la coalition précaire d'intérêts catégoriels contre des minorités non coalisées ayant perdu les élections. A charge de revanche, les sacrifices seront inversés à la législature suivante etc... Le modèle s'achevant dans la guerre civile de tous contre tous, il deviendra évident d'en changer, et c'est là que la monarchie a sa chance parce qu'elle permet la planification de temps long, la répartition des pénuries, l'invention de solutions substitutives non inféodées à un lobby particulier et, dans son modèle souhaitable, le gouvernement des sachants, des meilleurs, et pas des plus beaux ou plus habiles.

Autant la démocratie fut le régime des lendemains qui chantent, autant la monarchie planificatrice sera celui des temps noirs, des disettes mais aussi de l'éthique et de la justice. La monarchie permettra la sauvegarde des peuples à leur corps défendant car elle surplombera les désastres sans que ses arbitrages impliquent ses intérêts essentiels, alors que la démocratie renverse les intérêts du moment en convoquant une alternance revancharde à terme ; les vainqueurs pouvant à la limite supprimer les vaincus pour n'avoir pas à réduire leur propre empreinte écologique et empêcher l'alternance.

Restera à régler la prolifération démographique anarchique qui dévore les ressources et les plans de prévention du risque climatique, mais c'est un autre sujet, de chair et de sang. L'élévation des océans et les pénuries en tout genre neutraliseront un milliard d'hommes... seulement. Il faudra traiter !


Cet article n'est pas un billet catastrophique de plus, il est fondé sur des faits et pas sur des opinions. La déglaciation qui précéda l'aventure humaine sur terre a bouleversé tout le globe en accompagnant une hausse de 4° à 5°C sur dix mille ans, élevant le niveau des océans de cent vingt mètres. Nous parlons aujourd'hui d'un réchauffement de 2°C à l'échelle de quatre générations seulement. Mais hélas, qui croit sincèrement qu'on tiendra sur ce chiffre annoncé à Copenhague en 2009 ? Autant dire que le choc sera violent, plus violent encore si l'on a bercé le peuple d'illusions avec l'éolien et le solaire en lieu et place de l'énergie nucléaire (décarbonée) qui, avec l'hydro-électricité, permet d'alimenter les "machines" sans chauffer l'atmosphère. Il découvrira l'étendue du mensonge écologiste et la mort inéluctable du schéma productiviste actuel qui lui assurait ce niveau de vie étonnant que le tiers-monde nous enviait. Il saura alors qu'il fallait bouger bien plus tôt, c'est-à-dire pour nous : maintenant. Il collera au mur les politocards enrichis sur la Bêtise humaine et viendra le temps des dictateurs romains. Fin de la démocratie de Westminster.

5 commentaires:

  1. La solution, si elle existe, suppose une très forte coopération internationale. Pas sûr qu'une hypothétique restauration monarchique permette d'avancer davantage

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    1. Si nous parlons de la gestion du chaos annoncé, aucune coopération internationale ne sera plus recherchée.
      En revanche, des "coalitions-contre" verront le jour.
      Enfin, c'est mon pronostic gratuit.

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  2. Sur le principe 100% d'accord! Un(gros) bémol: pour mater le chaos vaut mieux Ivan le Terrible qu'Albert de Monaco. Et question souverain, les descendants des nôtres semblent plus aptes à gérer une etude de notaire à Vierzon qu'un pays en flamme! Sans parler qu'avec un dauphin de France né à NYC, perso je ne miserais pas un euro chez Winamax sur un retour de la monarchie ici! Dommage.

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    1. Vous avez noté que je n'ai à aucun moment évoqué la descendance de notre dynastie échouée. Tout ce qu'on pourrait lui demander, c'est de ne pas rester dans le passage !
      Je suis de votre avis pour la stature imposée par les évènements.
      Dans ses conférences, Jancovici qui est la pointure en crise climatique, promet le chaos et annonce la dictature. On n'est pas si loin...

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    2. Ce chaos et cette dictature sont très certainement souhaités afin de supprimer une partie de la population tout en conservant des moyens dorés à une infime minorité hors d'atteinte. Les époques passent, rien n'évolue mais tout empire. (Sans jeu de mots).

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