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Les ducs de Sussex ont soixante-treize ans à eux deux. Même s'ils cultivent un côté adulescent, ce ne sont pas des perdreaux de l'année. La tragi-comédie du retrait de la Firme, loin des yeux mais près des sous, plante un clou dans la poupée vaudoue de la dynastie Saxe-Cobourg-Gotha, naturalisée Windsor en 1917 pour se départir des Huns qu'on allait écraser. La gentry anglaise a toujours pris de haut ces nobles d'importation. D'ailleurs les Spencer ont plus d'une fois signalé qu'ils étaient seigneurs sur leurs terres bien avant que ne débarque la famille régnante. C'est le funeste épisode "Wallis Simpson" qui a entamé le prestige de la dynastie. Et c'est justement cette affaire qui remonte en surface dans le caprice de la duchesse de Sussex aujourd'hui. Le mariage très inégal du frère du futur roi d'Angleterre, le statut de divorcée de l'épousée, la condition d'actrice et sa matité héritée de maman, plus son américanité synonyme grand-breton de barbarie, résonnent dans le passé. Annonçaient-ils sa fuite au Canada, laissant le gentil prince Harry se dépatouiller seul avec la famille régnante prise au dépourvu. C'est ce que pense une majorité de gens qui ne lisent pas tous les tabloïds londoniens. Le peuple est déçu, sauf une poignée de républicains qui louent le caractère frondeur d'un couple décidé à vivre par lui-même et pour lui-même, loin des hypocrisies royales. C'est sûr qu'il n'y en a pas ailleurs !
Le prince est le fils cadet de Lady Diana, tuée, on s'en souvient, par les reporters-photographes dans le tunnel de l'Alma à Paris. Il a conservé de cette tragédie une exécration de la presse people devant laquelle ses fonctions dynastiques l'obligent à se présenter, quand son épouse, actrice remarquée outre-Atlantique, s'y ferait plutôt bien, si tant est qu'on ne l'accable pas pour des détails. Ce défaut d'axe entre eux va grandir dans le futur mais il est peut-être moins dangereux que le projet humanitaire qui n'en est pas vraiment un au fond. Manger sur du Charity Bizness n'est pas digne d'un duc, vendre des mugs à l'effigie du couple non plus. Si ce n'est déjà fait, Meghan Markle va comprendre qu'elle a épousé un prince de belle prestance certes, mais un peu immature. Comme d'ailleurs une bonne partie de la Firme. Que l'on pense à Margaret, sœur de la Reine, et ses amants officiels, au prince Andrew et Sarah Ferguson, et même, pourquoi le cacher, à Charles et Camilla Parker-Bowles. La Maison Windsor aurait pu faire mieux avec une pincée de bromure dans le five o'clock.
Dans un long article donné au New Yorker, Rebecca Mead démonte le termitage de la charpente monarchique anglaise et, partant de la monétisation de la marque "Sussex Royal", conclut en termes définitifs comme suit :
« This step is unlikely to please critics who insist that Sussex is a title, not a brand name, and that it is no more Harry and Meghan’s to exploit than Buckingham Palace is the Queen’s to sell off. This is a position in which the republican-leaning petitioners of Brighton and Hove find themselves in unlikely unity with the royalist and would-be Sussex canceller, Piers Morgan. That the monarchy is an intolerable institution can be widely agreed; the Duke and Duchess of Sussex are merely the latest and loudest to say it, just as George IV, with his bedizened escape hatch by the sea, was one of the most flamboyant to express it. There are many reasons to argue for the monarchy’s abolition; it is only lately that the human rights of those born and married into it have come into focus as among the most compelling arguments for the institution’s obsolescence.»
Harry est un pilote d'hélicoptère militaire (Squadron leader de la Royal Air Force). Il plairait à tout le monde qu'il monte une compagnie de services héliportés à Vancouver ou à Seattle, qu'il abandonne un métier de relations publiques qui le gave, et devienne patron de sa propre affaire et de sa propre vie. Si Meghan ne l'a pas épousé que pour le titre, elle le suivra et l'épaulera. A défaut, il continuera seul, jusqu'à trouver l'âme sœur moins éblouissante sans doute mais plus "raccord". C'est tout le mal que je souhaite à ce garçon si sympathique.
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