mardi 21 janvier 2020

Les voies de la Providence


[billet spécial initiés] - En ce 21 janvier, le Ciel a entendu monter vers lui les supplications des royalistes pour le repos du roi martyr. Que n'a-t-il réagi il y a 227 ans quand le pieux lieutenant du Christ Louis XVI, roi de dévotions, parfait chrétien, fut condamné à la décapitation ! Son épouse subit le même sort et l'innocent petit dauphin mourut ensuite, à ce que dit l'histoire officielle. Où était le Ciel ce 21 janvier 1793 ? Les voies de la Providence sont impénétrables, disent les savants qui n'ont rien vu. Si impénétrables qu'on peut douter de la démarche providentialiste qui s'en remet au Très Haut pour nous choisir un nouveau roi.

Et si le ciel était vide ? s'interroge le gueux et le chansonnier. Ce n'est pas un problème pour les *monarchistes de raison, ceux qui ont choisi de promouvoir ce régime d'administration des sociétés humaines après analyse des avantages et des inconvénients du modèle, qu'ils soient croyants ou agnostiques. Sans reproches ni murmures, ils accepteront la désignation d'un roi par la Providence, le but ultime de leur réflexion et de leur militantisme étant atteint. Qu'importe l'origine de l'énergie sollicitée par la restauration ! Un monarque sera rétabli dans ses pouvoirs régaliens. Point-barre, merci ! Merci qui ? Jésus ? Merci Jésus ! Ainsi passeront sur les voies de la Providence les étendards du roi :


Comme nous l'annoncions dans notre billet du 5 janvier, la Charte de Fontevrault abandonne le ballet de cour et cesse les mondanités entre chapelles. Et c'est bien ce qui intéresse le Piéton de Royal-Artillerie. Fini le colloque sourd des royalistes, la Providence n'en a nul besoin. Les Chartistes vont se battre par et pour eux-mêmes puisque nul autre ne le fera à leur place. Le credo providentialiste est très simple et puissant, qu'on en juge :
« La société ne peut exister selon le plan de Dieu que par la poursuite du Bien Commun qui est la paix, paix qui est la tranquillité de l’ordre, ordre qui est assuré à l’intérieur comme à l’extérieur par les fonctions régaliennes du roi. A l’extérieur par le roi guerrier, commandant et diplomate ; à l’intérieur par le roi père de famille, législateur et justicier.»



Jusque là tout va bien. Le principe originel du providentialisme est que le Christ est le vrai, seul et unique Roi de France. Il délègue son pouvoir à qui en est jugé digne et capable ; l'impétrant est promu lieutenant du Christ et exerce une royauté de droit divin. Il devient dès lors inutile voire incongru de pré-désigner quelque prétendant que ce soit par tel ou tel procédé si c'est à Dieu d'y pourvoir. Le providentialisme reclasse la Loi Salique à son rang statutaire de loi successorale au trône de France, ce que nous résumons d'un slogan facile à retenir :

Dieu dit, la Loi fait


La rupture monarchique de deux siècles modifie-t-elle l'ordre des facteurs ? Pour les royalistes en général, la rupture n'existe pas, le royaume est virtuellement continué et la dynastie capétienne l'incarne sans discussion dans ses descendants. Le choix opéré par la Loi - de facto celui des hommes - est proclamé au sacre à l'intention des légistes et des peuples. Par contre pour la Charte, la cassure actuelle est franche et modifie l'ordre des facteurs, puisqu'elle entend redémarrer la monarchie sur injonction divine quant au temps et au prince élu ! C'est là que le projet providentialiste aura maille à partir avec les autres mouvements royalistes français, tous rangés derrière un prétendant dont la légitimité est assise sur la somme des Lois fondamentales du royaume de France, royaume certes absent mais souterrain. C'est une révolution au Roycoland, sauf chez les monarchistes de raison, comme nous venons de le dire plus haut*.

Les sept piliers de la sagesse providentialiste sont solides et droits. Nous les reprenons avec un bref commentaire explicatif destiné aux nouveaux lecteurs.

1.- Le Christ, Roi de France : nous venons d'en parler ;
2.- Le Pacte de Reims de 496 : baptême du roi franc Clovis par l'évêque saint Rémi, forgeant l'alliance irréfragable du trône et de l'autel ;
3.- Le Sacre : c'est l'onction, l'adoubement, le recollement transcendantal, la naissance du lieutenant du Christ ;
4.- La Triple Donation de 1429 : Jeanne d'Arc exige et reçoit par acte authentique le royaume de France du Gentil Dauphin Charles VII, elle le donne à Jésus-Christ, Qui par sa bouche le remet au "Roi Charles". Le lendemain Charles VII part pour Reims au milieu de tous les dangers pour se faire sacrer ;
5.- Conflit entre les choix divin et personnels : c'est un des ateliers de la Charte qui anticipe une difficulté entre héritage et statut ;
6.- Priorité du choix divin sur les lois successorales : ces lois sont destinées à éviter les querelles dynastiques, mais elles procèdent du premier élu ;
7.- La Fonction régalienne comme une grâce d’état particulière issue du sacre. Un huitième pilier est en cours d'examen.




La Loi Salique (sous ce nom je regroupe toutes les lois fondamentales) représente un tunnel à voie unique qui désigne aux princes et aux grands du royaume le successeur statutaire du roi défunt. Nul n'en peut déroger jusqu'à disparition du sujet d'application : le royaume. Nous sommes en 2020 dans cette situation : le royaume de France a disparu, emportant avec lui ses coutumes politiques. Il n'est pas extravagant que désormais les royalistes se soumettent au choix qu'exprimera le Christ vrai Roi de France, quand Il le décidera, et qu'ils vouent leurs efforts à préparer Son retour dans les cœurs et les esprits français. Reste à reconnaître le "signe" qui désignera l'élu. Ils sont si nombreux à se prétendre capables de le reconnaître, que finalement le nom du vainqueur sera prononcé par une bouche humaine (?!).

Réactions ? On ne va pas se voiler la face. A mesure que son influence augmentera, la Charte de Fontevrault subira l'attaque de certains groupes royalistes ayant déjà choisi leur champion sans attendre Jésus-Christ par le principe de la légitimité héritée. L'Alliance royale restera neutre puisqu'elle promeut le modèle à travers une plateforme institutionnelle détaillée sans s'inquiéter du nom du prince pour le moment.
Les groupes reconnaissant le comte de Paris considèrent que le problème du prétendant est réglé par le principe de nationalité ; ils ne feront pas irruption dans la démarche providentialiste, d'autant que la Charte ne promeut plus aucun adversaire de la maison d'Orléans. Les groupuscules survivantiste, carliste, parmiste ou bussetiste n'ont pas d'effectifs. Par contre il en sera autrement dans le camp de l'aînesse espagnole des Bourbons dont la position est entamée par le outing franquiste du "roi de droit". Cette revendication publique ringardise des années d'imprégnation patiente de la population ciblée, essentiellement catholique. Dans une diatribe féroce de l'année 2008, les ultra-légitimistes de l'Union des Cercles voulurent démontrer que le providentialisme était « un péché grave contre la nature d'animal politique que Dieu nous a donnée » avant de devenir « un mal social terrible ». Les coups les plus durs contre la Charte de Fontevrault viendront de ce côté au fur et à mesure des progrès qu'elle fera dans le milieu tradi-catho-royaliste. Les mouches changeront d'âne, l'Usurpation connaîtra le répit.

Royal-Artillerie suivra la mutation de la Charte avec sympathie et curiosité car c'est un bien grand défi qu'ils se lancent avant d'avoir médité l'aphorisme de Péguy : « Tout commence en mystique et tout finit en politique ». Il y aura donc une suite.

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