Considérable d'importance ! Telle est la publication solennelle du repentir du chef de la maison d'Orléans pour la mort de Louis XVI, prononcé lors de la messe du 21 janvier dernier en la Chapelle royale de Dreux. Ce texte est accessible ici sur Royal-Artillerie. Il ressoude l'hérédité des fautes jusqu'ici niée par les descendants, en même temps qu'il la fait absoudre par Celui qu'il implore.
Les royalistes tenant pour la branche cadette - l'aînée étant pour eux éteinte et les surgeons en exil - opposaient le droit commun de l'inhéritabilité du crime à ceux qui prononçaient le nom de Philippe-Egalité à chaque argument de légitimité dans le cadre moisi de la querelle dynastique. Se fondant sur les grands auteurs, ils soutenaient que les D'Orléans contemporains étaient blancs comme neige des crimes commis par l'ancêtre que leurs contempteurs tenaient pour la pire ordure de la Révolution. Ce que le duc d'Orléans de jadis fut indéniablement. On ne reviendra pas sur le complot permanent, la spéculation sur les grains, le soudoiement d'insurgés et le vote fatal...
Mais si le défunt comte de Paris lors de chaque messe annuelle à Saint-Germain l'Auxerrois implorait le pardon pour l'ancêtre sanglant : « Pendant sept ans [...] nous avons fait des prières pour la famille royale assassinée et pour mon ancêtre. Nous étions présents, nous étions à genoux, et nous demandions pardon, nous demandions la paix », c'est bien que l'inhéritabilité ne suffisait pas. Dans cette même veine du doute intime, son fils Jean d'Orléans a ressenti la même nécessité d'en finir une bonne fois avec l'immaculée succession. Si nul n'hérite des crimes de ses parents en droit, le syndrome du péché transmissible court dans l'esprit des gens du commun, parfois sous des formes aussi triviales que "un chien ne fait pas des chats" ou "c'est un fils de voleur"... A faire campagne, il fallait régler cette question terrible de la seule façon qui vaille : l'appel au Ciel miséricordieux pour qu'il efface la tache originelle. Et comme depuis l'aube du monde toute imploration dans une position de grande humilité est entendue par les puissances célestes, le pardon est obtenu. Ceci va avoir des conséquences sur le microcosme royaliste. Mais auparavant il faut bien cerner l'obstacle du crime hérité en droit naturel.
Jean d'Orléans et ses aïeux revendiquaient l'héritage des quarante rois ; mais ne pouvaient le faire qu'en traversant le chaînon Philippe-Egalité qui les raccordait à Louis XIII. Beaucoup de Légitimistes jugeaient infranchissable l'obstacle du sang corrompu par le régicide, avant que de brandir l'usurpation sournoise de 1830 quand le duc de Chartres, futur Louis-Philippe, trahit sa mission de régence jusqu'à majorité du jeune duc de Bordeaux pour devenir roi à sa place, puis fit la guerre intérieure à ses fidèles dont la propre mère du petit roi, Marie-Caroline.
Le repentir du 21 janvier 2020 fait sauter le premier blocage mais pas le second, et l'on sait que Jean et Eudes d'Orléans sont de grands thuriféraires de la Monarchie de Juillet jusqu'à avoir promu il y a quelques années la création d'un Institut de Juillet. S'il veulent convaincre définitivement de leur légitimité, ils seraient plus avisés de travailler sur l'inévitabilité de la revendication de Louis-Philippe au spectacle d'une couronne perdue trop facilement par la branche aînée, plutôt que d'attaquer les prétentions des successeurs espagnols de Louis XIV. Cette dernière question est plus difficile à répondre que la première et pourtant, il y a matière : Charles X, belle prestance mais peu politique, se couchant à la première détonation, entraîne dans l'abdication son propre fils Louis-Antoine, prince courageux, capable d'initiatives comme il l'avait montré en Espagne et durant les Cent-Jours, au motif qu'ils partageaient les mêmes idées conservatrices. C'était faire fi de l'intelligence d'icelui. Seul problème dans cette dialectique, la réponse ne peut éviter de soutenir la débilitation de la branche aînée, morte sans postérité, ce que le populaire appelle des fins de race, et elle infirme la pertinence des Lois fondamentales du royaume de France qui les ont désignés pour ceindre la couronne. Si elles sont déficientes ici, elles le sont partout. Or la succession d'Orléans est fondée sur les Lois.
Avant de prendre congé, je ne peux m'empêcher de penser que si le comte de Paris d'alors avait fait cette même démarche de repentir solennel dans une grande église de Paris à la mort de Chambord, le ralliement des légitimistes en aurait été facilité voire complet. Onc humilité ne nuit !
Les royalistes tenant pour la branche cadette - l'aînée étant pour eux éteinte et les surgeons en exil - opposaient le droit commun de l'inhéritabilité du crime à ceux qui prononçaient le nom de Philippe-Egalité à chaque argument de légitimité dans le cadre moisi de la querelle dynastique. Se fondant sur les grands auteurs, ils soutenaient que les D'Orléans contemporains étaient blancs comme neige des crimes commis par l'ancêtre que leurs contempteurs tenaient pour la pire ordure de la Révolution. Ce que le duc d'Orléans de jadis fut indéniablement. On ne reviendra pas sur le complot permanent, la spéculation sur les grains, le soudoiement d'insurgés et le vote fatal...
Mais si le défunt comte de Paris lors de chaque messe annuelle à Saint-Germain l'Auxerrois implorait le pardon pour l'ancêtre sanglant : « Pendant sept ans [...] nous avons fait des prières pour la famille royale assassinée et pour mon ancêtre. Nous étions présents, nous étions à genoux, et nous demandions pardon, nous demandions la paix », c'est bien que l'inhéritabilité ne suffisait pas. Dans cette même veine du doute intime, son fils Jean d'Orléans a ressenti la même nécessité d'en finir une bonne fois avec l'immaculée succession. Si nul n'hérite des crimes de ses parents en droit, le syndrome du péché transmissible court dans l'esprit des gens du commun, parfois sous des formes aussi triviales que "un chien ne fait pas des chats" ou "c'est un fils de voleur"... A faire campagne, il fallait régler cette question terrible de la seule façon qui vaille : l'appel au Ciel miséricordieux pour qu'il efface la tache originelle. Et comme depuis l'aube du monde toute imploration dans une position de grande humilité est entendue par les puissances célestes, le pardon est obtenu. Ceci va avoir des conséquences sur le microcosme royaliste. Mais auparavant il faut bien cerner l'obstacle du crime hérité en droit naturel.
Jean d'Orléans et ses aïeux revendiquaient l'héritage des quarante rois ; mais ne pouvaient le faire qu'en traversant le chaînon Philippe-Egalité qui les raccordait à Louis XIII. Beaucoup de Légitimistes jugeaient infranchissable l'obstacle du sang corrompu par le régicide, avant que de brandir l'usurpation sournoise de 1830 quand le duc de Chartres, futur Louis-Philippe, trahit sa mission de régence jusqu'à majorité du jeune duc de Bordeaux pour devenir roi à sa place, puis fit la guerre intérieure à ses fidèles dont la propre mère du petit roi, Marie-Caroline.
Le repentir du 21 janvier 2020 fait sauter le premier blocage mais pas le second, et l'on sait que Jean et Eudes d'Orléans sont de grands thuriféraires de la Monarchie de Juillet jusqu'à avoir promu il y a quelques années la création d'un Institut de Juillet. S'il veulent convaincre définitivement de leur légitimité, ils seraient plus avisés de travailler sur l'inévitabilité de la revendication de Louis-Philippe au spectacle d'une couronne perdue trop facilement par la branche aînée, plutôt que d'attaquer les prétentions des successeurs espagnols de Louis XIV. Cette dernière question est plus difficile à répondre que la première et pourtant, il y a matière : Charles X, belle prestance mais peu politique, se couchant à la première détonation, entraîne dans l'abdication son propre fils Louis-Antoine, prince courageux, capable d'initiatives comme il l'avait montré en Espagne et durant les Cent-Jours, au motif qu'ils partageaient les mêmes idées conservatrices. C'était faire fi de l'intelligence d'icelui. Seul problème dans cette dialectique, la réponse ne peut éviter de soutenir la débilitation de la branche aînée, morte sans postérité, ce que le populaire appelle des fins de race, et elle infirme la pertinence des Lois fondamentales du royaume de France qui les ont désignés pour ceindre la couronne. Si elles sont déficientes ici, elles le sont partout. Or la succession d'Orléans est fondée sur les Lois.
Avant de prendre congé, je ne peux m'empêcher de penser que si le comte de Paris d'alors avait fait cette même démarche de repentir solennel dans une grande église de Paris à la mort de Chambord, le ralliement des légitimistes en aurait été facilité voire complet. Onc humilité ne nuit !
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