dimanche 23 février 2020

Un bilan royaliste

Dans le cadre de notre promotion du projet monarchiste de société diffusé par le Groupe d'Action Royaliste, nous lui empruntons une vidéo sur les occasions de restauration manquées, en guise de bilan du mouvement royaliste français. Le document est précédé d'un avertissement des auteurs que voici :
Ce dossier n’est pas écrit et diffusé en attente de polémiques ou de remontrances, ne cherchant aucunement à blesser ni rabaisser des personnes qui, pour la plupart, ne sont plus de ce monde. Il est fait pour l’histoire, avec les quelques connaissances que nous avons, sachant que celles-ci comportent aussi des lacunes. Nous gardons un profond respect pour les grands qui nous ont précédés. Ce texte permet par l’évocation de certains faits, sous un œil critique, d’analyser quelques évènements de notre histoire politique, afin d’éviter d’autres écueils dans les temps que nous vivons et dont nos enfants auront l’héritage et la charge.

Une demi-heure pas perdue ! Moralité : en matière de coup de force, il faut préférer l'athlète éveillé à l'intellectuel assis, car en paraphrasant Napoléon : "l'affaire est un art simple, et tout d'exécution". Mais j'apporte trois bémols personnels, tirés des témoignages familiaux directs. Les gros bataillons du 6-février étaient les Croix-de-feu du colonel François de La Rocque ; les Camelots du roi étaient une force d'appoint. La Rocque ayant fait rompre les rangs, l'affaire était pliée. Dans l'émeute qui suivit place de la Concorde, les Camelots encaissèrent le choc des forces de l'ordre mais aucun chef de l'Action française n'y fut tué ou blessé.
Deuxièmement : en août 14, il était impossible de ne pas faire bloc avec la Nation ; la France n'était pas royaliste même si les sections royalistes étaient nombreuses. Après l'amendement Wallon les républicains gagnaient régulièrement les élections partielles contre les candidats monarchistes. La paysannerie qui formait le gros des troupes n'aurait certainement ni compris ni accepté l'insurrection et, avec une propagande habile du gouvernement, aurait rangé les Camelots dans le camp des embusqués et profiteurs de guerre.
En 1917, les tentatives de paix séparée avec l'Autriche-Hongrie se heurtèrent à deux obstacles : l'état-major prussien n'aurait pas laissé faire l'empereur Charles, quitte à le liquider, tant les Junkers jouaient gros cette fois ; symétriquement, les généraux alliés avaient soif d'une victoire totale qu'ils estimaient possible maintenant que les Sammies débarquaient à flot continu. Souvenons-nous que Pétain fut meurtri de la capitulation allemande qui le privait de défiler à Berlin. Cette guerre jugée d'abord impossible sur un continent civilisé ne pouvait non plus s'arrêter à mi-chemin avant la mort de l'un ou l'autre. La puissance du levier AF sur les événements me semble surestimée dans le document vidéo du GAR. Peut-être Charles Maurras en a-t-il eu une meilleure perception que d'autres autour de lui.

Revenons au présent. Comme le laisse comprendre la voix off du SACR, le mouvement royaliste s'ossifie à nouveau autour de ses gloires enfuies dans un passé de plus en plus lointain. Les monarchistes sont convoqués aujourd'hui à faire autour d'eux la démonstration technique de la pertinence d'un roi pour le plus grand bénéfice de ce pays, et rien d'autre ! L'exaltation d'un passé, que l'opinion française ne connaît généralement qu'à travers le patrimoine et les émissions de Stéphane Bern ou Franck Ferrand, a un taux de conversion très faible.

D'un autre côté, la presse royaliste résiduelle est en état de cachexie et subit le reflux général de la presse écrite. Ce support n'est plus efficace mais d'aucuns lui accordaient sans raison un prestige improbable jusqu'à couler pavillon haut. Heureusement des revues ayant pris sa place dans la presse de grande diffusion font bon accueil aux idées royalistes et celles-ci sont également relayées sur des sites d'information en ligne autant qu'on leur en fournit.
D'autres canaux de propagande existent comme les chaînes TV via Internet et de nouveaux médiats verront le jour bientôt, mais faut-il encore avoir une stratégie éprouvée, à la fois une stratégie de communication et une stratégie de conquête du pouvoir ; sinon toute cette énergie se dépense en auto-satisfaction trompeuse, voire en discussions de cénacle dans les cercles royalistes qui se maintiennent ci et là. Effet nul pour l'objectif final, même si cultiver les traditions ne sera pas inutile plus tard, bien plus tard, quand sera retombée l'écume de la vague d'assaut ! Oui, l'empirisme organisateur doit s'utiliser pour éviter de tirer à blanc encore une fois ou s'épuiser à forer des tunnels qui ne déboucheront jamais.

A côté de cela, la recension du Projet de Société du GAR avance, mais j'ai reçu la boîte de Lego en vrac sans les instructions de montage. C'est un vrai travail de synthèse qui n'évitera pas l'antithèse sans foutaises, promis !



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